just gonna stand here ~ le 6 septembre à 11h39

Cette semaine, la maison était scindée en deux et nous avions donc dû dire au revoir à certains de nos colocataires pour une durée plutôt éphémère. Une semaine. Cela n'est pas bien long dans la vie réelle mais dans un jeu comme celui-ci, il se passe beaucoup de chose en une semaine. J'étais donc installée sur le canapé, un pot de glace dans les mains quand je vis Caleb s'asseoir devant la vitre. J'engloutissais une dernière cuillère de glace avant de déposer le pot et de me diriger vers la vitre qui était notre seule moyen de communication. Je tapais trois légers coups sur celle-ci pour que le candidat se retourne vers moi. J'étais pas certaine qu'il m'entende, mais je prononçais quand même quelques mots « Caleb, tu attends quelqu'un ? » Après tout, il ne s'était pas mis contre cette vitre pour rien. Je jetai un coup d'oeil dans la pièce qui était vide pour le moment. « Hum, tu veux que j'aille chercher la personne que tu attends ? » Sinon, il pourrait toujours attendre un long moment mais c'était nettement moins pratique en fait.

FT CALEB

Vivre dans cette petite maison relevait du calvaire pour moi, je détestais cet endroit pour être honnête. Être éloigné de mes meilleurs amis dans l’aventure était difficile et c’est grâce à ça que je comprenais à quel point je m’étais déjà attaché à certaines personnes, étrange en trois semaines mais c’était vraiment le cas. Dimanche nous serions tous dans l’aventure depuis un mois, un mois ce n’était pas grand-chose à l’extérieur mais ici je peux vous assurer que c’était comme six mois. Vêtu d’un t-shirt Calvin Klein et d’un jean je débarquais dans le salon, il y avait cette horrible vitre qui nous donnait envie d’aller de l’autre côté pour rejoindre nos camarades même si ce n’était pas possible. Quelqu’un tapait à la vitre, je tournais la tête mon visage s’illuminant alors que je tombais sur la personne en qui j’avais le plus confiance dans cette aventure, m’appuyant contre la vitre je lui adressais un beau sourire. « Caleb, tu attends quelqu'un ? » Je n’entendais pas la jolie voix de Sahara comme lorsque nous parlions l’un à côté de l’autre mais c’était toujours mieux que rien. « Non, j’avais envie de te voir… Tu me manques Sah’ » Une moue boudeuse sur le visage je venais déposer ma main sur la vitre à quelques centimètres de la sienne. « Tu vas bien ? »

C'était quelque chose de vraiment étrange d'être si proche de quelqu'un sans vraiment être à ses côtés. C'était presque de la torture mentale en fait, pour voir lesquels d'entres-nous seraient suffisamment fort pour tenir après des séparations. Bien entendu, et ce même si certains me manquait, en particulier caleb, j'étais motivée à ne pas craquer. J'avais tenu bon jusqu'à maintenant, malgré le manque de mes enfants alors j'étais tout à fait dans la capacité de poursuivre ce jeu. « Non, j’avais envie de te voir… Tu me manques Sah’ » Je vis sa main se poser contre la vitre, et bien entendu, je fus attendrie devant son visage boudeur. Qui ne le serai pas après tout. Ce fût à mon tour de légèrement grimacer tandis que mes iris se posèrent dans les siennes. On s'entendait mal à cause des vitres, mais on s'entendait un peu et c'était déjà ça. « tu me manques aussi. » avouais-je finalement avoué en tentant un léger sourire, histoire de dire : mais ça va quand même. « Tu vas bien ? » Je penchais la tête, avant de répondre, ma main restant toujours en contact avec la vitre. « C'était mieux quand tu étais là mais ... ça va. Et toi, ça se passe bien de l'autre côté. » Je prenais soin d'articuler chacun de mes mots pour qu'il puisse tout saisir dans mes paroles.

Je me sentais vraiment bizarre aujourd’hui, je n’aurais jamais cru que Sahara ferait naitre un tel sentiment de manque, je n’étais de toute manière pas habitué à ressentir le manque de n’importe quelle personne. Ce que je dis n’est pas prétentieux, je n’avais cependant jamais été proche d’une personne au point de ressentir le manque sauf peut-être ma famille, pas mes parents, ma grand-mère à qui je cachais toujours ma situation parce qu’elle ne méritait pas de se faire du soucis pour moi, elle avait déjà beaucoup de mal financièrement à subvenir à ses propres besoins alors si elle se mettait en tête de me venir en aide je risquais de la mettre dans le pétrin inutilement et là je m’en voudrais vraiment. Dans cette aventure c’est grâce à elle que je tenais, elle était ma principale source de motivation même si je ne lui avais jamais dit justement. Bref, tout ça pour dire que lorsque j’avais vu Sahara derrière cette horrible vitre mon cœur s’était pincé, elle me manquait affreusement et j’en venais à avoir quelques questions qui m’envahissaient sur ce que je pouvais éventuellement ressentir pour elle, de l’amitié ? Une profonde amitié ? Plus ? Je n’en avais aucune idée. « Tu me manques aussi. » Je souriais, restant appuyé contre la vitre. Il n’y avait personne dans les environs, tous les autres étaient surement dans la chambre ou dehors. « C'était mieux quand tu étais là mais ... ça va. Et toi, ça se passe bien de l'autre côté. » Je souriais une nouvelle fois touché par ses propos. « C’est horriiiiible… Je m’ennuie ici mais je survivrais, peut-être que je ferais une ou deux tentatives de suicide avant la fin de la semaine mais je m’en sortirais ! »

Je n'avais qu'une seule envie à ce moment même : briser cette vitre une bonne fois pour toute. Ce qui me permettrait de pouvoir retrouver un peu Caleb. rien qu'un peu. Peut-être que Clarence pouvait m'aider non ? Il est tout musclé et en plus, ça lui permettrait de voir Sarah. J'suis certaine qu'il ressent encore beaucoup de choses pour elle et qu'elle lui manque. Par contre, je suis incapable de dire ce que je ressens moi-même. Je suis incapable de poser des mots sur les sentiments depuis que j'ai divorcé, je pense que ce divorce m'a obligé à me remettre en question. A tout remettre en question. Bien entendu, les questions banales firent leur apparition, mais elles avaient lieux d'être posée vu ce que nous subissions. J'allais pas véritablement mal, disons que ça allait même si j'avais déjà connu de meilleurs jours. « C’est horriiiiible… Je m’ennuie ici mais je survivrais, peut-être que je ferais une ou deux tentatives de suicide avant la fin de la semaine mais je m’en sortirais ! » Je grimaçais, me mordais les lèvres tandis que je fixais un instant le sol. Il pouvait pas aller si mal ? Si. ça me donnait d'avantage envie de briser cette vitre, parce que si il y a une chose que je ne supporte pas c'est de voir que les gens vont mal. Alors quand il s'agit en plus de ceux que j'apprécie, je vous raconte pas. « On se reverra bientôt » Avais-je finalement dit, ayant l'impression que ça l'aiderait tandis que ma gorge, mes poumons et mon coeur se serrèrent un petit peu. Puis les chroniques du prime me revinrent à l'esprit, ainsi que son moment torride avec Berlioz. Une question me brûla alors les lèvres. « Berlioz et toi, c'est purement sexuel ? » et soudainement, je m'en voulais de poser cette question. Je baissais les yeux, rougissant légèrement.

Je me plaignais de cette petite maison depuis le début de la semaine mais au fond je relativisais, je me retrouvais au moins abrité sous un toit, je n’étais plus à la rue depuis le début de l’émission et c’était reposant, j’en avais presque les larmes aux yeux rien que de repenser qu’à la sortie je n’avais rien qui m’attendait, personne ne m’attendait à la maison à part mon morceau de carton s’il n’avait pas été emporté par les camions poubelles. Rien que d’y repenser mon cœur se serrait, je baissais la tête me sentant stupide de lui avoir dit que je n’aimais pas cette maison. « On se reverra bientôt » Je souriais mon visage étant comme illuminé même si je me demandais comment allait être mon retour dans l’émission dimanche si je n’étais pas nominé et éliminé d’ici-là. « Oui et puis… N’exagérons rien, cette maison est peut-être aussi bien qu’un salon de torture dans Hostel mais au moins je ne suis pas à la rue ! » Un petit sarcasme mais elle était la seule à savoir pour ma situation et ça me faisait en quelque sorte du bien de voir qu’elle ne changeait pas malgré cette annonce de ma part. « Berlioz et toi, c'est purement sexuel ? » Je me sentais honteux à présent, je ne regrettais pas cette matinée mais ce n’était pas quelque chose de prévu au départ. « Entre Berlioz et moi c’était purement sexuel, il n’y avait rien de prémédité… » Je me sentais mal parce que j’espérais peut-être sans le savoir quelque chose avec Sahara mais je ne lui montrais pas.

Bien entendu, je savais pour Caleb et le fait qu'il n'ai aucun logement. Aucun travail non plus sans doute. Mais je lui ai promis de ne pas le prendre en pitié, je ne veux pas qu'il pense que je l'apprécie uniquement pour ne pas qu'il soit seul. Non, je l'apprécie pour d'avantages de choses dont sa gentillesse à mon égard, une certaine douceur qu'il dégage par moment. Cependant, je me voyais mal terminer ce jeu et le laisser dans la rue, tout seul. Non pas parce que j'éprouve de la pitié mais surtout parce que je tiens à lui que je ne veux pas qu'il se retrouve encore une fois à la rue. Je connais peu de personne qui laisseraient leurs amis crécher dehors comme si c'était la chose la plus normale au monde. « Oui et puis… N’exagérons rien, cette maison est peut-être aussi bien qu’un salon de torture dans Hostel mais au moins je ne suis pas à la rue ! » Ma main glisse légèrement le long de la vitre tant je me sens impuissante face à la situation de Caleb. « ça fait combien de temps ? » Je grimaçais, je me demandais également comment il s'était retrouvé là et pourquoi il n'avait aucun contact dans la possibilité de l'aider mais je ne voulais pas l'assaillir de question. Chaque chose en son temps. Puis l'épisode Berlioz m'étais revenu à l'esprit, nous n'avions pas pu en discuter tous les deux et pourtant je tenais à le faire. Est-ce que cela me dérangeait ? un peu oui. Mais j'étais incapable de l'avouer à voix haute. Parce que dans le fond, je n'avais aucune raison valable pour lui interdire de faire ce qu'il veut et avec qui il le veut. « Entre Berlioz et moi c’était purement sexuel, il n’y avait rien de prémédité… » Savoir que ce n'était sexuel me rassurait un peu, au moins, ce n'était pas sentimental. « D'accord. » J'hochais les épaules un moment. « J'veux pas que tu te justifie ... ça me regarde pas. J'suis désolée.» Désolée de me mêler ainsi de sa vie. De m'imposer.

A ce stade de l’aventure s’il y avait bien une personne pour qui j’aurais été prêt à sacrifier ma place ça aurait bien été Sahara. Nous étions vraiment très proches l’un de l’autre, d’une manière qui n’était pas dans mes habitudes, quelque chose de sincère et malgré le fait que ce soit essentiellement amical pour le moment je me demandais s’il n’y avait pas une pointe de romance en plus, pour être influencé à ce point par elle c’était impossible autrement. Je n’étais pas un garçon qui tombait facilement amoureux, pas comme un certain Graham ou Justin par exemple, non, tout devait se faire tranquillement et généralement j’étais déjà en couple avec la fameuse personne avant d’avoir l’impression d’être enfin amoureux, il n’y avait pas d’autres manières de savoir si tout collait vraiment bien. Je constate que la main de ma petite Sahara glisse le long de cette horrible vitre que j’avais vraiment envie d’exploser, un bon coup de poing la briserait en un rien de temps… Mes doigts avec je vous l’accorde. « Ça fait combien de temps ? » Je me mordais la lèvre, je savais très bien qu’il y aurait un moment où j’allais devoir répondre à ses questions mais j’avais tellement honte de ma situation que c’était très dur. Baissant la tête je répondais gêné. « Sept mois si on compte les semaines dans l’aventure… Sinon six mois ! » Elle était la seule à qui j’avais envie d’en parler, elle était une oreille attentive et j’étais sûr qu’elle ne me jugerait pas, elle n’était pas comme ça. Sahara était une femme en or qui avait déjà trop souffert hélas. « J'veux pas que tu te justifie ... ça me regarde pas. J'suis désolée.» Je fronçais les sourcils restant toujours appuyé sur cette vitre. « T’inquiètes pas… J’avais envie de me justifier avec toi ! » Je me mordillais la lèvre.

« Sept mois si on compte les semaines dans l’aventure… Sinon six mois ! » Sept mois, ces mots résonnèrent dans ma tête. C'était énorme, comment faisait-il pour être encore envie ? A mon avis, il avait bien plus de force morale que ce qu'il laissait paraître, parce qu'il en faut pour vivre sous un carton. Cela faisait seulement deux mois et demi que j'avais divorcé et que je devais me débrouiller par moi-même et j'avais déjà l'impression d'étouffer et d'avoir besoin d'aide. Bien entendu, j'étais trop fière pour l'admettre, mais avant ça, je n'étais pas habitué à ce genre de vie. Mon mari subvenait à tous mes besoins sans aucun soucis, et j'avais décidé au divorce que ce n'était plus à lui de prendre soin de moi. Il m'avait fait trop mal. Il m'avait blessé et je pouvais pas le laisser dire que je lui devais encore tout. « Comment as-tu fait pour survivre ? » Ma main vint reprendre sa place sur la vitre tandis que je n'avais qu'une envie, la traverser pour aller le serrer dans mes bras, me blottir contre lui et respirer son odeur. Mais était-ce normal pour quelqu'un comme moi d'avoir ce genre d'envie ? En avais-je seulement le droit ? J'en étais pas sûre et j'avais peur de l'image que cela pourrait donner de moi. Bien entendu, je n'étais pas sur le point de lui promettre fidélité et amour éternel, tout simplement parce que je ne sais pas encore qualifier et quantifier ce que je ressens mais aussi parce que j'ai toujours fais partie de ceux qui prennent leur temps avant de se lancer dans une histoire. Je suis incapable de dire 'je t'aime' comme je respire. « T’inquiètes pas… J’avais envie de me justifier avec toi ! » Je le fixais, longuement, encore et encore. Inlassablement. Ses mots me faisaient plaisir bien entendu, parce que cela voulait dire que j'avais un minimum d'importance pour lui, tout comme il en avait pour moi. « Qu'est-ce que ça veut dire au juste ? pourquoi est-ce que je me sens obligé de te poser ce genre de question ? Je ... Pourquoi tu me manques déjà alors qu'on s'est quittés il y a peu ? Pourquoi est-ce que j'ai tant envie d'être auprès de toi ? » J'étais perdue, clairement. Je fermais les yeux un instant, reprenant mes esprit. J'allais pas chialer quand même.

Pendant sept mois je m’étais demandé comment est-ce que j’allais faire pour survivre, le peu d’argent que je gagnais pendant mes quatre à cinq heures de service au bar la semaine ne me permettait même pas de m’acheter à manger. Au départ tout avait été tellement difficile pour mes épaules, dix-neuf bougies au compteur, à la rue, abandonné par sa mère et dans l’appréhension d’entrainer sa grand-mère dans la même misère que la mienne. Oui, je m’étais en quelque sorte sacrifié en lui faisant croire que je vivais dans un bel appartement, par chance elle avait cru mes mensonges et ne demandait donc pas à venir le voir par elle-même, à partir de maintenant j’allais devoir hélas lui dire la vérité, elle ne me regardait à la télévision après tout. « Comment as-tu fait pour survivre ? » Bonne question, la période hivernale avait été terrible, maintenant j’étais habitué mais les premiers jours j’avais cru mourir, mes bras glacés, mes jambes congelées et mes lèvres qui n’étaient capable que de grelotter tellement il faisait froid sous la neige. Je m’en étais sorti malgré tout, la psychologie faisait beaucoup de choses en vérité, sans ça je serais déjà mort sinon. « Honnêtement ? J’ai gardé le moral, je tiens peut-être même à la vengeance… » Je me mordillais la lèvre, c’était la première fois de toute ma vie que je parlais de cette situation à quelqu’un et j’étais tout retourné, je me sentais mal, pour la première fois depuis que j’avais été mis à la porte je sentais l’émotion qui me gagnait, je n’avais pas versé une seule larme me sentant trop fort pour ça… Il faut croire qu’aujourd’hui je me rendais compte que je n’étais vraiment pas chanceux. « Qu'est-ce que ça veut dire au juste ? pourquoi est-ce que je me sens obligé de te poser ce genre de question ? Je ... Pourquoi tu me manques déjà alors qu'on s'est quittés il y a peu ? Pourquoi est-ce que j'ai tant envie d'être auprès de toi ? » Je n’avais qu’une envie, me faufiler de l’autre côté de la vitre pour la prendre dans mes bras, m’inhiber de son parfum et de pouvoir l’embrasser. Quoi ? J’étais encore plus troublé par cette pensée. « Je n’en sais rien… Je ne peux pas dire d’être fort pour tout décrypté sentimentalement parlant mais… Tu me manques et j’ai envie de mettre toute mon énergie à briser cette vitre pour venir te prendre dans mes bras… La seule chose qui me fait tenir c’est de savoir que dimanche on sera réunis… »

Si il y a bien une chose que j'espérais, c'était simplement, que mes enfants n'aient jamais à connaître ce que Caleb bit actuellement. Je ne veux pas qu'ils se retrouvent un jour confrontés au monde de la rue, de l'insécurité, des vols et crimes en tout genre. Je ne connais pas la famille de Caleb, je ne sais pas expliquer comment il s'est retrouvé là et ce que font ses proches mais je ferai mon possible pour protéger les miens. « Honnêtement ? J’ai gardé le moral, je tiens peut-être même à la vengeance… » Je pense qu'il avait eu le bon état d'esprit, il n'y avait que ça pour s'en sortir et continuer à vivre malgré la douleur, la faim et tout ce que ce monde peut nous laisser imaginer. La vie n'est déjà pas facile tous les jours, mais personne ne se rend vraiment compte de la difficulté que d'autres personnes ont. Je le sentais fragile, et je ne pouvais rien y faire actuellement. Cette vitre n'étaient décidément pas notre meilleure amie. Je bénis le premier qui la brise. « Je n’en sais rien… Je ne peux pas dire d’être fort pour tout décrypté sentimentalement parlant mais… Tu me manques et j’ai envie de mettre toute mon énergie à briser cette vitre pour venir te prendre dans mes bras… La seule chose qui me fait tenir c’est de savoir que dimanche on sera réunis… » Une larme coula le long de ma joue, j'étais incapable de la retenir, je la balayais cependant rapidement d'un coup de la main qui ne se trouvait pas contre la vitre. « Tu me manques aussi Caleb. Vraiment. Et on est pas obligé de tout décrypter tu sais, ce n'est pas essentiel. J'veux juste te retrouver et on verra ensuite... » Nous n'étions pas obligé de tout savoir après tout et de poser des conclusions trop hâtives. Tout ce qui comptait c'était simplement de pouvoir profiter l'un de l'autre pas vrai ? Advienne que pourra. Pour une fois, j'oubliais l'image que je pouvais renvoyer, je voulais juste me montrer entièrement honnête avec lui parce qu'il le mérite plus que quiconque. « Je... j'espère vraiment qu'on se retrouvera dimanche. Je déteste cette vitre » Après tout, nous étions tous nominés et j'avais autant de chance de quitter ce jeu que lui.

Je ne souhaitais à personne de vivre dans la même situation que moi, il était rare que je puisse me faire des amis auprès de ceux qui étaient comme moi, des clochards pour des motifs tous différents les uns des autres. J’avais été lâchement abandonné par ma mère afin qu’elle puisse pleinement vivre son histoire de cul, d’autres étaient devenus alcooliques et avaient tout perdu à cause de cette dépendance, d’autres n’avaient jamais rien fait de mieux. Bref, nous étions tous ici pour une raison précise et il n’y avait aucune pitié de mise, chacun se tirait dans les pattes pour un morceau de poulet avarié dans une poubelle, je ne prenais plus le risque de prendre un coup de couteau pour ça depuis un bon moment. Je m’achetais de la nourriture avec le peu d’argent que je gagnais et même si je n’avais plus d’argent pour le reste je me sentais plus en sécurité. J’avais mes propres règles dans la rue, je savais ce que je devais faire ou non et je mettais également un point d’honneur à être respecté, il n’y avait que comme ça que l’on pouvait s’en sortir. Alors que je m’ouvrais peu à peu à Sahara concernant ma vie mais également mon éventuel coup de cœur pour elle je remarquais qu’elle sabrait d’un simple coup de main la larme qui coulait le long de son visage, mon cœur se brisait encore plus. Ma main appuyée de toutes mes forces contre la vitre je bouillonnais, pourquoi la production nous faisait ça maintenant ? Cette maudite vitre me pourrissait la vie. « Tu me manques aussi Caleb. Vraiment. Et on est pas obligé de tout décrypter tu sais, ce n'est pas essentiel. J'veux juste te retrouver et on verra ensuite... » Je souriais restant appuyé contre cette horrible vitre, principal objet de torture cette semaine. « Je... j'espère vraiment qu'on se retrouvera dimanche. Je déteste cette vitre » Cette semaine il n’y avait pas cinq ou six nominés, nous y étions tous, mon deuxième SAS s’annonçait rude, j’avais peut-être deux chances sur dix-neuf d’être éliminé mais je me rendais compte que les plus faibles candidats avaient tous été éliminés, à présent il ne restait que du lourd et je n’étais pas sûr de faire le poids. Moi qui avais été discret pendant les deux premières semaines. « Je suis sûr que tu reviendras du SAS. Si je devais partir… Je t’attendrais à la sortie pour en savoir plus sur tout ça… Apprendre à te connaitre encore plus… » Je lui adressais un petit sourire, je n’étais pas effrayé à l’idée d’être éliminé.

C'était étrange d'être tous nominés, parce que j'étais incapable d'émettre une hypothèse sur les départs de dimanche. Serait-ce moi ? Serait-ce Caleb ? Ou bien d'autres personnes. Au fond de moi, j'espérais que ça soit d'autres personnes, des gens à qui je ne m'étais pas encore attachée, des gens qui n'en avaient rien à faire de moi sans doute. C'était peut-être mes derniers moments en compagnie de Caleb et je les passais derrière une vitre comme si l'un d'entre nous avait été mis en quarantaine. C'était cruel. Mais nous restions aussi fort que possible. Puis cette vitre n'avait pas que des désavantages si on y réfléchit bien. C'est en ayant été éloigné du candidat que je m'étais rendu compte que je tenais à lui. Qu'il comptait bien plus que ce que j'avais longuement cru. « Je suis sûr que tu reviendras du SAS. Si je devais partir… Je t’attendrais à la sortie pour en savoir plus sur tout ça… Apprendre à te connaitre encore plus… » J'avalais péniblement ma salive. J'avais encore quelque chose à lui dire avant qu'il ne décide de m'attendre pour en savoir plus. Je devais lui parler d'un point essentiel de ma vie et si il décidait de tout abandonner ensuite, je ne pourrais pas lui en vouloir... Il est encore jeune et il doit profiter de sa vie au maximum. Je le comprends. « Caleb, il faut que je te dise quelque chose. » J'étais pas certaine d'avoir déjà évoqué mes enfants en compagnie d'un autre candidat. « J'ai trois enfants, dont deux de dix ans. Alors si tu décides que c'est trop pour toi ... t'es pas obligé de m'attendre. Je t'en voudrai pas. Mais je tenais à ce que tu le saches. » Je ne tenais pas à ce qu'il l'apprenne ailleurs et par quelqu'un d'autres. « Mais si malgré tout, tu veux continuer à me connaître ... Je t'attendrai aussi. » Je baissais la tête un instant, plutôt confuse.

Le problème d’une semaine avant autant de nominés c’est que les fans de l’émission n’allaient pas mettre deux cent euros dans des SMS ou des appels pour nous venir en aide dans cette semaine délicate. Les votes allaient donc être dilués et il y avait fort à parier que les plus gros candidats comme par exemple Nancy ou encore Lennon allaient être sollicitées amplement par le public et les derniers allaient avoir trois ou quatre pourcentages pour eux. Je le voyais gros comme une maison et j’étais persuadé d’être l’un d’entre eux, j’espérais néanmoins être soutenu, avoir un caractère qui plaisait aux téléspectateurs, c’était mon but même si je restais moi-même malgré tout, je n’étais pas le genre de mec qui s’abaissait pour plaire aux autres, on m’appréciait ou pas pour mes qualités et mon caractère. Je ne voulais pas être aimé par tout le monde on s’ennuyait trop comme ça de toute manière. « Caleb, il faut que je te dise quelque chose. » Je m’attendais au pire, avait-elle soixante ans en réalité ? Que pouvait-elle avoir de terrible à me dire ? « J'ai trois enfants, dont deux de dix ans. Alors si tu décides que c'est trop pour toi ... t'es pas obligé de m'attendre. Je ne t’en voudrai pas. Mais je tenais à ce que tu le saches. » Je ne réagissais pas pour le moment, elle n’avait pas fini de me parler. « Mais si malgré tout, tu veux continuer à me connaître ... Je t'attendrai aussi. » Je souriais amusé ne la quittant pas du regard une seule seconde. « Je ne suis pas effrayé par trois garnements rassures-toi. » Une simple réponse de ma part même si je n’étais pas certain de maitriser à la perfection tout ce qui concernait les enfants soyons honnêtes, je n’avais que vingt ans après tout.

A ce moment précis, j'avais décrété qu'il était essentiel pour moi d'évoquer mes enfants. Je n'avais pas encore parler d'eux autres et ce n'était pas parce que je ne pensais pas souvent, très souvent à eux mais simplement parce que je voulais pas qu'on me voit en tant qu'une mère. Une mère complètement déboussolée après un divorce qu'elle n'attendait pas, je voulais qu'on me voit comme la personne que je suis à part entière. Sahara Johnson. Désormais, Caleb devait savoir que je n'étais pas un électron complètement libre puisque j'aurai toujours avec moi les trois personnes qui me sont les plus chères, mes enfants. Savoir qu'il m'attendait me faisait plaisir, mais je ne voulais pas qu'il pense que je lui avais caché cette part de moi pour jouer avec lui. Ce n'était vraiment pas mon but, je ne joue jamais avec les sentiments des gens. Jamais. « Je ne suis pas effrayé par trois garnements rassures-toi. » Un sourire radieux illumina mon visage, même si j'aurai accepté qu'il se défile, j'appréciais le fait qu'il souhaite quand même apprendre à me connaître. Ce qui ne nous engageais en rien pour le moment. « J'veux pas que tu te sentes obligé de quoi que ce soit, mais j'estimais que c'était une information importante à te communiquer. J'voulais pas que tu penses que je t'avais cacher ce genre de chose. » Il s'était ouvert à moi en évoquant sa vie lorsque nous étions dans les égouts , et désormais, je m'étais ouverte à mon tour. « Je veux que tu saches que je ne te demande rien, surtout, continue à être celui que tu es » parce que c'était à ce Caleb là que je m'étais attachée. Il était libre de faire ce qu'il désirait et ce, même si ça impliquait de papillonner avec Berlioz. Je n'étais pas là pour lui poser des interdits, aucunement. La seule chose qui comptait pour moi c'était de profiter de lui, de sa présence. J'avais déjà hâte d'être le soir du prime, espérant qu'aucun de nous deux ne quitterait ce jeu.

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