Je suis dans la petite maison avec des gens, soyons honnête, avec qui je n’ai pas sympathisé jusque là. Je ne leur ai pas beaucoup parlé mais ce sera sûrement l’occasion de faire connaissance. Les autres me manquent, Graham, Justin, Carolyn, Dora, malgré notre fausse dispute nous nous entendions plutôt bien, et surtout Clay. Je sais que les sentiments que j’ai envers lui ne sont pas réciproques, enfin je ne lui ai pas dit que je l’aimais, je lui ai fait comprendre, lui m’a fait comprendre qu’il n’était pas intéressé. Apparemment à ce que j’ai compris dans les chroniques il serait toujours amoureux de Sarah, son ex-copine, qui elle par contre semble bien s’entendre avec Justin, mais qui joue avec le feu en flirtant avec Clay. Un vrai triangle amoureux ! J’ai besoin de savoir si mes chances avec Clay sont égales à zéro ou non, et quoi de plus simple que de lui demander ? Je me poste dans le salon, un magasine à la main, histoire de me détendre un peu. Régulièrement je jette des coups d’œil à la vitre, histoire de voir ce qui s’y passe. Avec un peu de chance je verrais Clay passer et nous pourrons discuter. Visiblement la chance est avec moi, je le vois passer, je me lève alors, je toque à la vitre et lui fais signe d’approcher, j’espère qu’il va venir, sinon j’aurais compris le message.

04 septembre, &ROSALINE

La maison était scindée en deux et le moins que l'on puisse dire c'est que la production avait joué un sacré coup. La plupart des binômes étaient séparés, la plupart des affinités l'étaient aussi. Il allait falloir vivre une semaine entière avec des gens avec qui on aurait pas forcément pensé à passer de bons moments dès le début. Après réflexion, Clarence n'était pas le moins bien loti. Il était resté dans la grande villa avec toutes les commodités auxquelles il était habitué. Il avait Carolyn avec lui, Sahara avec qui il s'entendait très bien. En revanche, il y avait également Justin qui était bien la dernière personne avec qui il avait envie d'échanger sous risque de lui refaire le portrait. Il le tenait responsable pour le départ de Sarah quand bien même elle aussi n'aurait pas récolté grande attention. Et puis Rosaline était de l'autre côté et après lui avoir dit qu'il comptait sur elle, voilà qu'elle allait passer une semaine loin de lui sans la voir tous les matins au réveil et partager un petit-déjeuner d'ogre ensemble. Ca faisait déjà deux jours et Clay s'acclimatait tant bien que mal, risquant quand même des coups d’œil derrière la vitre de temps en temps. Cet après-midi là il sortait de la cuisine après s'être concocté un casse-croûte de son cru et l'avoir avalé en quelques secondes. Il se promenait dans la maison un verre de jus de fruits à la main à la recherche d'âme qui vive mais bientôt un petit toquement contre la vitre attira son attention. Il reconnut Rosaline et sourit sincèrement. Il avait besoin de revoir sa tête, ça faisait toujours du bien. S'approchant de la glace, il colla presque son nez dessus pour pouvoir l'entendre. Ouais le son passait très mal et puis c'était un fana de grimace, c'était son petit côté gamin. Après avoir avalé une gorgée, il lui fit signe de la main avant de dire d'une voix étouffée: «Ca va là-dedans ? »

Lorsqu’il s’approcha de moi, je ne pus réfréner un sourire. J’aurais bien aimé lui parler de vive voix, mais il y a cette vitre qui nous sépare, tant pis je vais faire avec. Il se colla presque à la vitre, ce qui me fit penser qu’en fait, quelques centimètres seulement nous séparait, pourtant vous avions l’impression d’être à des années lumières l’un de l’autre. Il me manque et j’aurais bien aimé le serrer dans mes bras, l’embrasser aussi, mais je me serais pris un vent, alors je me serais contentée d’un câlin. Il me demanda comment ça allait dans la maison. A vrai dire ce n’était pas la grande joie, cette conversation allait être le rayon de soleil de ma journée, espérons qu’il ne soit pas gâché par un nuage. « bof. » dis-je assez tristement. Je repris ensuite, très sérieusement « il faut que je te parle. Si je suis nominée cette semaine, je vais sûrement partir, alors il faut que je te dise certaines choses avant de sortir de la maison. » je n’ajoutais rien ensuite, attendant de voir ce qu’il avait à dire, avant de me lancer et de me prendre le plus gros râteau de la terre devant des millions de téléspectateurs, mais qu’importe, il faut que je dise ce que j’ai sur le cœur.

04 septembre, &ROSALINE

Au même instant que Rosaline, Clarence réalisait qu'il était rarement aussi près d'elle et que là ça semblait presque vital. Cette vitre avait beau ne pas être très épaisse mais les différentes atmosphères de par et d'autre de celle-ci laissait comprendre qu'il y avait presque deux mondes qui cohabitaient. Il ignorait tout de ce qui se passait à l'intérieur, et aurait bien voulu en savoir plus. Peut-être la gymnaste pourrait-elle le renseigner ? Parler aux autres était encore le meilleur moyen, il n'avait pas souvent vu les habitants dans le salon de l'autre maison, ce qui indiquait qu'il y avait des lieux bien plus intéressants. Son verre à la main, Clay lui demanda comment elle allait et malgré elle, elle lui avoua qu'on pouvait mieux faire. C'était exactement la même chose pour lui, l'ambiance de la maison principale avait un peu pâti de ce dernier prime pourtant riche en rebondissements, en disputes, en révélations et tant d'autres choses. «C'est la distance avec ceux d'ici ? » Tenta-t-il de deviner avant qu'elle n'exige de lui parler. Elle parlait comme si elle avait déjà fait ses valises pour partir la semaine prochaine. Posant sa main libre sur la vitre pour essayer de la rassurer, il posa son front contre le dos de celle-ci. « Faut pas t'inquiéter Rosaline, le jeu n'est pas terminé au contraire. » Malgré tout, il commençait à s'inquiéter. Qu'avait-elle à lui dire ? Elle aussi lui avait-elle caché des choses ? N'avait-il pas eu son lot de vérité le week-end dernier ? Lâchant un soupir, il finit par ajouter: « Va-y je t'écoute. » Elle aurait pu attendre qu'ils soient réellement l'un en face de l'autre, ça n'était pas la meilleure des positions pour parler sérieusement d'autant plus quand il regardait l'air grave de Rosaline. Qu'avait-elle appris de l'autre côté pour qu'elle ressente le besoin de lui en parler ici et maintenant ?

Il tenta de me rassurer mais ce n’est pas la peine, je n’ai besoin d’être rassurée, si je pars tant pis, j’aurais passé une bonne aventure et j’aurais découvert des choses sur moi, des choses que je pourrais sans doute améliorer dans le futur, en tout cas je ne serais pas déçu, enfin si, peut être un peu, j’aurais bien aimé gagné. Comment je parle ? on croirait que je suis déjà partie, mais non, je ne le suis pas encore, alors profitions ! Si ça se trouve je ne serais pas nominé, mais j’en doute, avec les loups qui rodent, on ne sait jamais. Je ne pouvais plus faire machine arrière, je vais devoir dire ce que j’ai sur le cœur. Bon commençons par quelque chose de pas trop difficile. Je le regarde dans les yeux avant de dire « je suis désolé pour l’autre jour, dans la salle de sport, j’aurais pas du réagir comme ça. » je voulais rajouter que ce baiser m’avait plus contrairement à lui, mais bon, je ne le fis pas. Il faut que je me mette à l’eau. Je baisse la tête t regarde mes pieds qui n’arrêtent pas de se tortiller, je suis mal à l’aise, je ne dis pas souvent ce genre de choses à des garçons, enfin pas dans de pareilles circonstances, d’une voix presque inaudible je me force à avouer « je…je…t’aime. » bon voilà c’est dit. A croire que me prendre un râteau m’a pas suffit il faut que j’en prenne un deuxième !

04 septembre, &ROSALINE

L'air intimidé de Rosaline ne laissait rien présager de bon. Il ne l'avait jamais vu aussi embarrassée de lui parler, qu'avait-elle de si secret à lui dire ? Ils n'avaient jamais échangé aussi longuement que depuis leur première rencontre alors qu'elle lui était lâchement tombée dessus au petit matin. Depuis ils se parlaient régulièrement et Clay avait appris à l'avoir à côté de lui à peu près tous les jours. Qu'importe les rumeurs et les petits désagréments qu'il y avait entre eux, il avait toujours été sincère avec elle et elle faisait partie des personnes qu'il estimait le plus malgré le jeu qui grignotait peu à peu toute la confiance qu'il avait ici. Puis elle s'excusa de son comportement dans la salle de sport. Interloqué, il ne put réprimer un faible rire. Tout ça pour ça ? C'était déjà oublié et puis en y repensant il trouvait ça plutôt drôle et attendrissant. Qu'avait-elle à s'excuser ? « Tu n'as pas à t'excuser, Rosaline. Tu as agi comme ton instinct le dictait, c'est pas bien grave. » Il attribuait parfois cette folie passagère au jeune âge de Rosy. Lui aussi à son âge avait envie de faire ce qu'il voulait, peu importe si des règles étaient enfreintes. Pouvait-il l'en blâmer pour ça ? Quand elle serait plus mature, sans doute apprendrait-elle à réguler ses gestes, y méditer avant de se lancer. Mais elle semblait n'en avoir terminé puisqu'elle se confondit en hésitation, ses pieds trahissant son stress. Et puis elle lâcha une nouvelle bombe atomique. Avait-on décidé de faire tourner Clarence en bourrique jusqu'au bout ? Sur le coup il ne sut quoi dire. Ca ne pouvait être vrai, ils se connaissaient depuis seulement quelques semaines, il n'avait laissé entrevoir aucun signe qui pourrait laisser penser qu'il éprouvait quelque chose pour elle ? Confus, il ne sut que dire sur un ton bas. « Pardon ? » Oui il utilisait l'épaisseur de la vitre pour lui demander de répéter. C'était peut-être supplice pour elle mais il ne pouvait lui répondre sans être certain et surtout sans y avoir réfléchi auparavant. Tout ça devenait horrible.

J’ai envie de m’en aller en courant. Pourquoi est-ce que j’ai fait ça ? Je n’étais pas lucide, j’aurais jamais du dire que je l’aimais, on aurait du rester simples amis, moi avec mes sentiments et lui avec son amitié, mais non il a fallut que je lui dise. En même temps ça crève les yeux, tout le monde l’a vu je pense, je n’ai plus envie de me cacher, tant pis si je finis toute seule, l’important est qu’il le sache en fin de compte, parce qu’il est un peu concerné par le truc quand même. Pour une fois j’aurais du écouter ce grand philosophe qu’est Patrick Sebastien, et fermer ma gueule. Je me demandais si, quand il me dit pardon, il était sérieux, il n’avait réellement pas entendu ou alors il était tellement étonné et sonné qu’il voulait que je répète pour être sure. Je ne pouvais pas le redire une deuxième fois. Je tenta donc le langage des signes, je pointais un doigt vers moi, je fis en suite un cœur, qui pointa un doigt vers lui. Je crois que je vais finir par pleurer, mais je ne sais pas pourquoi. Peut être toute cette pression depuis le début, ce sentiment de ne pas être prise au sérieux, si je continue comme ça je vais fondre en larmes devant lui.

04 septembre, &ROSALINE

En fait c'était un canular c'est ça ? On avait affublé Clarence de dizaines de caméras pour le piéger jour après jour et guetter ses réactions. Toujours appuyé contre la vitre, il but une gorgée de son jus de fruits histoire de faire passer la nouvelle. Etait-ce seulement possible qu'elle l'aime réellement ? Non ça devait être la proximité, l'enfermement qui intensifiait les sentiments qu'elle avait pour lui mais ça n'était certainement pas de l'amour. Ca faisait plus de dix ans qu'on ne l'avait pas aimé et il avait un peu perdu de cette sensation de plénitude sitôt qu'on le lui disait. Il lui demanda de répéter, tant pis si c'était dur pour elle. Il voulait en avoir le cœur net pour savoir quoi lui dire, savoir comment réagir. Rosaline prenait de tels risques en faisant ce genre de déclarations de derrière une vitre, les conditions n'étaient pas excellentes pour qu'il puisse être réellement là pour l'écouter. Elle décida alors de réitérer mais par les gestes cette fois-ci. Elle, un cœur, lui. Ok le doute n'était plus permis maintenant il pouvait aller se pendre de honte puis ne plus jamais revenir. Levant ses yeux clairs vers elle, il remarqua combien elle était bouleversée, peut-être sur le bord des larmes. Il voulait lui prendre la main, la prendre dans ses bras mais pour l'heure il était impuissant. Si seulement cette vitre aussi il pouvait la briser ! Écartant ses doigts sur la surface comme pour qu'elle mette les siens dessus et établir un contact entre eux, il finit par dire à demi-mots: « C’est pas possible Rosaline... » Il ne voulait pas être l'auteur de sa peine et pourtant il ne pouvait feindre ce qu'il ressentait pour elle. Ca serait se jouer d'elle et on avait trop joué de lui ces derniers jours pour qu'il ait envie de le faire. « On se connait à peine, tu dis ça parce qu'on s'entend bien, je suis là pour toi Rosaline mais... Je ne peux guère plus. » Le jeu tournait au vinaigre. De plus en plus il s'interrogeait sur les raisons qui le poussaient à rester ici parce que parfois, il était sacrément pris de l'envie de dégager.

Bon faudrait peut être que je parte avant d’aggraver les choses, même si je crois que ça ne peut pas être pire là. Je me sens humiliée, même si c’es de ma faute. En fait, ça me rappelle quand mon ex petit copain m’a sorti qu’il se tapait ma meilleure amie, que du coup il rompait avec moi pour aller s’installer avec elle, attendez ce n’est pas tout, sinon ce n’est pas drôle et ça rentre dans les ruptures classique. Là où il a vraiment abusé je trouve, parce que me tromper passe encore, enfin il faut quand même pas que je le croise dans la rue sinon je lui botte le cul comme il faut, mais c’est lorsqu’il m’a donné la raison de sa tromperie, ne vous imaginez pas une histoire hyper romantique d’un mec qui tombe amoureux de la meilleure amie de sa copine, non, c’est juste parce qu’elle a des plus gros seins que moi, sur ce coup là j’étais vraiment dégoûtée. D’ailleurs en pensant à ça, je ne pus empêcher des larmes passer mes yeux pour couler sur mes joues, je baissais alors la tête pour ne pas qu’il l’est remarque, même s’il ne doit pas être si débile et qu’il a sûrement vu les larmes avant que je baisse la tête, mais bon soit, passons. Il était quand même gentil avec moi, il ne m’avait pas envoyé bouler méchamment, il avait été plus doux même si j’avais bien compris qu’il voulait juste être amis. Il n’y a pas de problèmes là-dessus, je veux bien, il faut juste que j’oublie un peu mes sentiments, et ça, ça ne va pas être facile. « ne t’en fais pas, c’est pas grave. Tant pis. »

04 septembre, &ROSALINE

Après s'être pris un prétendu râteau lui-même face à cette histoire sordide de triangle amoureux, voilà qu'il se sentait obligé de jouer les brise-coeur à son tour. Clarence ne savait pas quelle peine il était en train de lui causer mais pour lui c'était le même résultat: il faisait souffrir une jeune fille malgré lui. En fait, il avait l'impression que c'était peut-être son attitude qui avait trompé Rosaline. Peut-être s'était-il montré trop naturel, trop tactile envers les gens qu'il appréciait ? Peut-être le monde d'aujourd'hui réclamait distance et retenue envers les autres, ce qu'il n'avait pas tellement fait depuis son arrivée ici. L'homme ne la quittait pas des yeux comme pour anticiper la moindre mauvaise réaction. Elle pouvait lui en vouloir, il n'en tiendrait pas compte. En fait depuis le prime, il avait réfléchi et s'était estimé responsable de toutes les histoires dans lesquelles il avait été impliqué. Il n'avait qu'à se montrer plus méfiant après tout, ce qu'il comptait bien faire cette semaine. La pensée d'une mission de la part de la gymnaste traversa son esprit mais elle ne mit pas longtemps à disparaitre quand il remarqua les larmes sur ses joues. C'était à cause de lui ? Clay se colla presque à la vitre comme pour essayer de l'atteindre mais peine perdue, il était coincée dans cette foutue maison qui ne lui plaisait plus autant qu'avant. « Pleure pas hein, Rosaline. » C'est bien parce qu'en plus de mettre des râteaux, il disait des énormités plus faciles à débiter qu'à faire. Elle essaya de minimiser la situation mais ça ne convainquait pas Clarence sur ses fautes. « En même temps j'ai presque l'âge d'être ton père. J'aurais pu changer tes couches tu sais. » Un peu d'humour nan ? Ca ne marchait pas. Bon et un peu de délicatesse ? « Et puis tu me manques, il faut pas que tu baisses les bras et que tu reviennes vite ici ! »

Je suis vraiment trop nulle, je suis là en train de pleurer devant Clay, enfin plutôt devant une vitre. Je fais vraiment pitié, il tente de me réconforter, mais ce n’est pas la peine, je n’ai pas besoin d’être réconfortée. Ni qu’on tente de me faire rie, même si la phrase de Clarence me fit lâcher un petit rire nerveux, mais je préfère pleurer que rire. Sa phrase a beau être un peu drôle, elle n’est pas réaliste, j’espère juste qu’il s’en rend compte, ça voudrait dire qu’il a eu un enfant à onze ou douze ans, autant dire que dans le genre précoce on ne fait pas mieux. En plus il n’a rien de mon père, mon père est…bien plus gros on va dire ça comme ça, depuis qu’il a arrêté sa carrière de gymnaste, je parle là d’un temps que les moins trente ans ne peuvent pas connaître, pour devenir entraîneur, il fut d’ailleurs mon entraîneur, ce qui était assez bizarre, mais bon. « ouai, mais bon on dit l’amour n’a pas d’âge c’est bien connu, mais toi tu dois avoir un âge. » ok, je suis vraiment une merde pour dire des trucs un peu philosophique. En gros dans cette phrase il faut comprendre : ok je sais que tu n’es pas amoureux de moi. Je relevais ma tête tout en essuyant mes larmes avec le revers de ma manche, puis je le regardais droit dans les yeux.