Vous savez je m’étonne moi-même dans cette aventure. Oui, je me rends compte que j’aime bien vagabonder dans des endroits dont je n’ai pas l’habitude. Du genre les champs, où Sir Caesar était intervenu pour m’aider à retrouver ma bague perdue. Je me demande si ce n’est pas parce qu’inconsciemment mon esprit d’homo-sapiens reprend le dessus et me guide vers des endroits plus naturels que la ville. Même si la ville est mon lieu de vie, mon lieu naturel du coup. Bref je comprends rien à ça moi, même si je suis sûre que j’ai un lien de parenté lointain avec Kant mais que je l’ignore ; du coup c’est pour ça que je pense à des trucs mais que j’ai la flemme de les développer tellement ils sont trop intelligents. Puis je voudrais pas qu’on me cite dans les cours de philo, trop ringard quoi. Tout ça pour dire que c’est limite si je ne passais pas plus de temps à l’extérieur que dans la villa, là par exemple je préférais aller bronzer dans un coin naturel plutôt qu’au bord de la piscine. Oui oui je sais-je mériterais le prix Nobel de la paix, mais n’allons pas jusque-là enfin. Soyons modestes. Bien que je sois quelqu’un d’assez parfait en soit. Apparemment quelques personnes avaient déjà visité l’espace vert du coin, je ne sais pas trop à quoi m’en tenir mais j’ai tenté de suivre les indications qu’on m’avait donné. Je suis tombée nez à nez avec un arbre, est-ce normal ? Bof, ça en avait l’air en tout cas. L’endroit ressemblait à une forêt, enfin quand y a pleins d’arbres alignés et de l’herbe verte avec des fleurs je suppose que ça en est. L’endroit était donc parfait, c’était bien ce qu’on m’avait décrit « c’est calme et tu pourrais y rester des heures » Bon bah parfait parce que pour avoir un bronzage digne de Miami il me faut rester des heures au soleil. Quoi que là je pigeais pas trop le truc, y avait beaucoup d’ombre ça allait être hard de trouver un coin. D’où la subtilité de l’endroit, hmhm je comprends mieux. Sortant ma serviette de mon sac, je m’installais tranquillement en mettant un peu de crème solaire et tout le bazar. Sachez que la crème solaire n’empêche pas le bronzage, au passage. En bikini, j’otais finalement le haut pour m’allonger tranquille, lunettes sur le nez et parée pour bronzer dans un des rares endroits ensoleillé que j’avais trouvé.

30 août ; &NANCY

Bonjour je suis la forêt et je suis ton rêve ultime, ton havre de paix dans ce monde pollué et égoïste. Voilà un peu la douce rengaine qu'entendait Clarence chaque fois qu'on lui parlait d'un bois ou d'une forêt. Pour lui c'était un peu le hammam des meilleures copines, le stade gigantesque du footeux sans limite, le chihuahua de Paris Hilton. En clair, rien ne valait pour lui cet endroit végétal, sauvage et luxuriant. Dès qu'il avait un coup de mou, il s'y plongeait. Dès qu'il se sentait on ne peut plus heureux, il s'y promenait. C'était un peu le John Smith convaincu par Pocahontas, le dévoué à Dame la Nature. Ca tout le monde l'avait bien compris et quand on comprenait que Clay allait se promener dans la forêt de Rollignton, inutile de lui demander de l'accompagner. Le refus serait net. Malgré le beau temps, il portait une chemise en jean assez cintrée pour le coup. Oui il faisait de plus en plus d'efforts du côté vestimentaire et il ressemblait de plus en plus à un trentenaire normal qu'à un garde-chasse obsédé par son travail. Ca lui avait valu quelques compliments, parfois quelques moqueries mais il s'en moquait: il se plaisait plutôt bien comme ça. Peut-être l'envie de séduire lui revenait peu à peu à force de côtoyer des belles plantes toute la sainte journée. Et puis n'oublions pas qu'il était filmé, autant être agréable à son public. Bref, il était parti les mains dans les poches sans se soucier de l'heure à laquelle il rentrerait. Il connaissait de plus en plus les lieux et c'était sans difficulté qu'il plongea à travers les arbres à la recherche de son coin préféré. C'était une petite clairière escarpée où les rayons du soleil passaient un peu plus qu'à l'ordinaire mais rien de bien estival non plus. En même temps on n'était pas sur une plage ! Cependant, lorsqu'il se trouva soudain nez à nez avec une jeune femme qui faisait du topless sur l'herbe verdâtre, il eut le doute existentiel pendant quelques secondes. Une nouvelle dimension venait d'apparaitre ou bien elle se gourait totalement d'endroit ? Pis après avoir bloqué juste dix secondes sur ses seins à l'air, il reconnut son visage bridé. Nancy. Quelle surprise au final... « Heu Nancy, t'es bourrée ou bien le bronzages zébré est revenu à la mode ?

Le bruit des vagues est bien agréable cependant je trouve que le vent soufflant dans les branchages l’est d’autant plus. J’allais presque finir par m’endormir avec cette légère brise rafraichissante ; l’avantage c’est que je n’allais pas suer de partout comme un gros porcelet. Profitant des joies de la nature tout en me faisant plaisir (ouais, parce que chez moi ça va pas ensemble ces deux trucs là), je n’entendis même pas le grand méchant loup arriver. Une grosse voix se prononça près de moi, levant mes lunettes en arquant un sourcil, je sursautais en voyant cette carrure à laquelle je ne m’attendais pas. Une fois l’individu identifié je pu remarquer que j’étais en compagnie du doyen de la maison. Le vieux. El padre. Le papito. Le temps de quelques secondes je me demandais ce qu’il pouvait bien chercher ici, pour un surfeur il y a peu de vagues ici, tout comme les trentenaires à serrer contre un arbre sont inexistantes. De toute façon je m’en fichais, tant qu’il ne me draguait pas encore avec ses techniques à deux balles. Faisant mine de rien je rabaissais mes solaires sur mon nez, faisant comme s’il n’était pas là. Il n’y connaissait rien en bronzage lui, comme si j’allais finir en âne de la savane. « N’importe quoi. On m’a même conseillé l’endroit figure-toi.» Puis de toute façon, pourquoi venir ici pour d’autres raisons ? Y a rien à faire dans une forêt. Découvrant mes yeux, je tournais mon regard vers Clarence qui se tenait debout ; ahlala il faut tout lui dire ! « Mais pourquoi t’es là en fait ? Viens, je t’invite pour la bronzette. » Me décalant sur la serviette qui n’était rien d’autre qu’une serviette pour pro’ de la carpette ; soit XXL, je lui laissais la place. « Clay montre-moi tes fesses montre-moi tes pecs ! » Je faisais jouer mes sourcils en mode perv'. Ok j’avoue que mon remix de chanson paillarde était pourave. Mais bon, je suis tellement chanteuse dans l’âme. A la Mariah Carey, you know. Je vois bien le doyen chanter du Robbie Williams d’ailleurs. Vous savez quand il est dans un mangeoire à chevaux en train de faire le beau gosse. C’est un peu cette image que j’ai du surfeur de la villa.

30 août ; &NANCY

Retrouver Nancy en pleine milieu d'une forêt sauvage et inquiétante dès que la nuit approchait, c'était un peu comme si Karl Lagerfeld faisait de l'accrobranche en jogging: drôle à l'idée mais bizarre à l'image. D'abord il avait cru à une blague, d'autant plus qu'elle avait toujours l'attirail parfait de la nana qui allait bronzer. Elle faisait même du topless. Mais pour qui ? Les biches en avaient certainement rien à faire des petits melons qui se baladaient sur la poitrine de l'asiatique ! Elle le regarda calmement, comme si tout ceci était normal. Avait-il raté un épisode ? Il ne put s'empêcher de lui faire une remarque qui traduisait sa perplexité. Mais le flegme de Nancy achevait de lui donner un coup sur la tête. Non non, elle se portait très bien ici et pensait même que c'était recommandé. Avait-on voulu se jouer d'elle parce que dans ce cas, c'était grandement réussi. A mi-chemin entre l'hilarité et l'inquiétude quant à son état de santé mental, il posa son menton dans le creux de sa paume, intéressé par le spectacle. Il tentait tant bien que mal de garder ses yeux clairs rivés vers son regard bridé mais il ne cachait pas que c'était plutôt difficile pour le moment. « Figure-toi que je n'ai pas amené ma crème solaire, avec de tels rayons, je ne veux pas rentrer écrevisse. » Bien sûr c'était de l'ironie mais restait à savoir si elle le comprendrait ou non. Toute guillerette de sa trouvaille, elle s'écarta pour laisser une place minuscule à Clarence sur sa serviette. Espérait-elle qu'il y pose une fesse tout juste ? M'enfin, il ne voulait pas contrarier la gente féminine et s'installa donc à ses côtés. Du bout des doigts, il récupéra le haut de maillot de bain de Nancy pour le lui poser sur les jambes: autrement dit, rhabille-toi ou je fais une crise cardiaque avant la fin de la journée. Puis elle se mit à fredonner un air arrangé qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, suggérant de se dénuder à son tour. Si elle voulait ses fesses autant le surprendre sous la douche, ça serait moins incongru qu'au milieu des bois parmi les plantes urticantes et les monceaux de terre. Se reculant pour s'appuyer sur ses avant-bras, il tourna sa tête vers Nancy. « Que nenni, je montre pas la marchandise comme ça moi. Puis je tiens à mon bronzage naturel, je me permet d'insister: la forêt ne t'apportera que piqûres de moustique et hâle douteux. » Pourquoi diable n'avait-il pas d'appareil photo sur lui ? Il espérait alors que même chaque arbre de la forêt de Rollington était équipé de caméras. On ne pouvait pas rater ça pour rien au monde.

« Figure-toi que je n'ai pas amené ma crème solaire, avec de tels rayons, je ne veux pas rentrer écrevisse. » Je le regardais, murmurant un petit « Ah » de compréhension. Lorsqu’il accepta mon offre, je l’avoue, j’étais ravie ; ça allait me faire une bonne compagnie. Les bruits des feuilles d’arbres c’est sympa cinq minutes mais bon… je préfère le bavardage. Clarence était bien loin des personnes que je fréquentais habituellement, c’était un séducteur très gentleman bien que son style laisse à désirer. Peu de temps après qu’il ait posé ses fesses à mes côtés, je sentis quelque chose sur mes jambes. Un insecte ? Un lion ? Un morse ?! La bougeotte nerveuse me prit alors soudainement « HIIIIN MAIS C’EST QUOIIIII ? » Ah mais en fait il ne s’agissait que d’un haut de bikini. Le mien d’ailleurs. Donc ici les maillots de bains ne tombent pas des arbres, Dieu que c’est décevant. Dorénavant assise, mes prunelles passèrent de mon bikini à Clarence. S’il insistait alors, j’allais me revêtir ; pas question d’être pleine de rougeurs causées par d’éventuelle piqûres d’insectes dégueulasses. C’était mignon la façon dont il était prévenant, je dirais même touchant. En plus de ça il était mystérieux. En règle générale ça a la capacité de me gonfler rapidement mais lui il dégageait quelque chose de très masculin ; pas le type mal dans sa peau ou qui souhaite se faire envier. Il avait quelque chose de plus enivrant même si, en soi, montrer son torse c’est pas la mer à boire. Peut-être est-il tout simplement chochotte ? Du genre à avoir peur d’un coup de soleil ou d’un bébé moustique. C’est pas le tout mais je ne suis pas eslatigirl moi. Plaquant les deux triangles contre ma poitrine, je me tournais à demi vers le candidat. « Tu peux me le rattacher s’il te plait ? » Je me retournais, c’était l’occasion idéale pour faire un peu connaissance. Là, de suite, je me demandais surtout pourquoi il était là si ce n’est pas pour bronzer. Je ne vois pas en quoi sert une forêt, techniquement parlant, et comment on peut s’y distraire ou quoi. « Et pourquoi t’es venu là alors, si tu sais que c’est dangereux et inapproprié pour bronzer ? »

30 août ; &NANCY

Clarence se demandait depuis combien de temps Nancy avait supporté le bruissement des feuilles et les chants des oiseaux, sans péter un câble. Si les paris devaient être lancés, il n'hésiterait pas à une seconde à miser moins d'une demi-heure. Il suffisait de l'observer dans la maison pour s'apercevoir que cette nana ne tenait pas souvent en place et qu'elle était plus stilettos ultra-fins et cabines d'UV que plaines vertes et pêche à la ligne. Il s'assit donc à côté d'elle pour augmenter un peu sa durée de survie dans cette terre hostile puis lui refila son haut de bikini pour qu'il puisse au moins lui parler correctement sans loucher sur ses deux machins-là toutes les trente secondes. Fort heureusement, elle n'insista pas pour rester dans cette tenue et lui demanda de l'aider à le rattacher. Chose qu'il fit avec soulagement. Quand elle était seule, Nancy n'était pas cette garce qui aimait critiquer ouvertement et qui ne se gênait pas pour se clamer mieux que les autres. Elle le faisait trop souvent à son goût dès qu'elle était avec d'autres nanas ou même en séance collective mais malheureusement ça semblait un aspect récurrent de sa personnalité. Clay n'était plus habitué à côtoyer de telles personnes et chaque fois qu'il lui causait, il avait l'impression que des dimensions les séparaient. Nancy se mit en tête de l'interroger sur les raisons qui le menaient ici: certainement pas les mêmes que les siennes en tout cas. Légèrement amusé d'une telle candeur en matière de forêt, il passa une main dans ses cheveux, signe qu'il réfléchissait avant de dire: « Déjà ça n'est pas dangereux c'est juste inutile. Et puis il y a des bons côtés que je trouve à la forêt que tu trouverais totalement stupides ou puérils. » Il la regarda du coin de l'oeil puis scruta les alentours. Comment avait-elle pu se tromper de la sorte alors que tout indiquait que ça n'était pas un endroit pour se prélasser. Savait-elle seulement les créatures qui peuplaient ses bois ? « Par exemple, tu portes un bikini de couleur vive. Sais-tu que les couleurs non naturelles excitent les sangliers ? Et figure-toi que c'est pile leur repère pas loin d'ici. Un sanglier ça charge et ça chargera tant qu'il n'aura pas embroché l'intrus. » Tout en parlant, il risquait parfois des coups d'oeil en sa direction. Il devait l'ennuyer avec ses histoires d'animaux, elle devait tout juste supporter la présence d'un chat tout doux ou d'un petit chien à poils courts non ? « En fait, je viens presque en sauveur, t'es heureuse hein ? »

On m’a souvent dit que j’étais puérile et stupide. Du coup ça m’a incitée à aller lire la signification de ces mots dans le dictionnaire, et à en apprendre le sens. J’ai tellement souffert lorsque j’ai découvert ça que je me suis juré de ne jamais rien qualifier de la sorte. Ok, j’ai péché depuis. Mais qualifier la forêt qui ne m’avait rien fait de cette manière, ce n’était pas mon genre. J’étais donc toute ouïe à son explication. « Du genre ? Je suis curieuse de savoir pourquoi je les trouverais puérils et stupides, ces choses.» Je m’étais tournée face à lui depuis, l’ayant au préalable remercié pour sa précieuse aide. J’écoutais son histoire, mes yeux s’écarquillant un peu plus à chacun de ses mots. Finalement ce n’était pas de l’aide, il voulait tout simplement que je me fasse tuer embrochée par un sanglier. Je flippais là, genre énormément ! J’ai vu une fois un sanglier à la télé, c’était super laid ! Et super étrange, je ne veux pas que ça me touche ! Mon corps était figé, au fur et à mesure qu’il parlait je rapprochais mon sac vers ma poitrine, comme pour en faire un bouclier ; il en connaissait des chose, je me demande où il a pu apprendre ça. Des histoires défilaient à toute vitesse dans ma tête, je me voyais déjà rôtir au barbec’ du conseil des sangliers. « En fait, je viens presque en sauveur, t'es heureuse hein ? » Je ne sais même pas là ! Je suis vraiment partagée entre le fait qu’il vienne me sauver ou qu’il veuille me livrer aux gros cochons poilus. Superman ou assassin ? Mario ou Bowser ? « Je sais pas trop là, tu m’as fait remettre mon bikini en sachant que j’allais attirer les monstres ! » Ma voix subissait quelques petites défaillances et mes yeux le fixaient nerveusement. Mais qui était-il exactement? Trop d’identités se prêtaient à lui, d’abord un dragueur lourdingue, ensuite un type gêné, après un sauveur et pour finir un méchant bucheron. J’ai peur. Peur de cette sensation. De cette chose qui me chatouille. Sans même regarder, je gesticulais ma jambe dans tous les sens et sautais m’accrocher à Clarence. Il avait l’air de s’y connaître, c’était l’homme idéal en cette situation… même s’il jouait double-jeu avec moi. Accroupie et collée à côté de lui, je lui agrippais le bras de mes poings serrés « J’ai peur de finir en pâté Clarence. J’aime pas le pâté ! C’est gras et calorique je ne veux pas finir dans un pot en verre mangée vulgairement sur du pain ! Je fixais le sol, lancée dans ma théorie puis mon regard divergea vers son visage. Dis-moi qu’il y a des animaux plus forts que les sangliers pour me sauver! » Princesse Nancy cherche chevalier, casting ouvert aux grizzlis, loups et marmottes.

30 août ; &NANCY

Derrière ses apparences de nombriliste, il fallait croire que Nancy cachait une réelle curiosité pour ce qu'elle ne connaissait pas. Parce qu'en étant honnête, pour espérer bronzer sous ses arbres feuillus et peu accueillants, sa culture des endroits naturels devait être sacrément limitée. Mais Clarence ne la prenait pas pour une inculte qui ignorait tout des réelles choses de la vie comme certains snobs s'accorderaient à le dire. Si elle était avide d'apprendre, il ne se ferait pas prier deux fois. Il se lança donc, sans aucune hésitation. « Par exemple, le calme ça a beau être ennuyeux, c'est reposant. Ferme les yeux et ouvre les oreilles, moi je suis sûr que tu pourrais t'habituer à ce paisible endroit, sans musique pop sur les oreilles, sans le bruit des téléphones. » Tout en parlant, il avait rabattu toutes les mèches longues de Nancy en arrière pour découvrir ses oreilles percées. Il la força à fermer les yeux puis à écouter la légère brise qui agitaient lentement les feuilles de la forêt, les bruits de pattes des écureuils à peine audible sur l'écorce des arbres, les petits chants d'oiseaux qui duraient à peine quelques secondes et qui se répondaient les uns les autres. Bref, la nature quoi. « Un truc vraiment swag comme vous dites, c'est ça pour moi nan ? Il y a pleins d'autres choses que je pourrais te montrer mais le temps nous manque et la liste est trop longue. » Puis il lui parla des sangliers et de leur haine pour les couleurs qui agressaient leurs pupilles sauvages. Et Nancy ne put s'empêcher de paniquer. Enfin, elle devait comprendre que si un sanglier trainait vraiment dans les parages, il ne serait pas assis sereinement à ses côtés. Tout sourire, il haussait les épaules. Libre à elle de le prendre pour un tueur de damoiselles à coups de sangliers enragés ! Soudain, Nancy s'accrocha à lui désespérément comme si sa vie en dépendait. Décidément il était abonné ! Chaque fois qu'il venait ici, une fille finissait par lui sauter au cou, effrayée. Mettant une main en arrière pour ne pas perdre l'équilibre, il tenta de déceler ce qui lui avait fait tant peur. Malgré tout, il rit à gorge déployée. De son autre main, il posa son index au sol et une chenille toute verte grimpa lentement dessus. La mettant sous le nez de Nancy, il prit un air dubitatif: « Tu crois qu'elle al a force pour faire de toi du pâté ? Et puis tu dois pas être si désagréable en bouche, un petit pâté exotique... » Hop un autre compliment maladroit, et c'est parti Clarence ! A sa question, il fit mine de réfléchir longuement: « Bah y'a pas d'ours, de loups ça m'étonnerait, et encore un sanglier déterminé rien ne l'arrête. En revanche le gros yéti que tu es en train d'étrangler à la limite il pourrait te sortir de là, si tu ne l'étouffes pas avant. »