30 août, &SARAH

Le temps était beau, la gueule de bois passée, les journées redevenaient normales. A l'approche du prime et du conseil des villageois d'ailleurs, Clarence avait décidé de ne pas se prendre la tête avant l'heure. Les candidats étaient répartis en équipes durant toute la semaine et il n'était pas sans oublier qu'il était responsable des échanges de nominations. Si toutefois quelqu'un dont il avait besoin s'avérait en danger, il comptait tout faire pour le sauver de la nomination, au dépens de certains autres qui ne prouvaient pas encore leur innocence aux yeux du garde-chasse. Pour l'heure, c'était la détente privilégiée. Clay avait demandé à la production de lui fournir une corde à sauter assez grande pour lui. Il avait besoin de se dépenser et ça passait toujours par le sport. Finalement on l'avait appelé en début d'après-midi et il avait trouvé son du, sagement posé dans le cellier. En short de sport rouge, une serviette à la main, il se dirigea alors vers le jardin pour aller faire ses séries de saut. Il avait l'impression de s'empâter ici, la nourriture était abondante et la plupart des soirées étaient arrosés. Autrement dit, rien de bon pour la ligne. Il sortit de la villa et fit face à un grand soleil éclatant. C'était parfait pour transpirer ça. Il marcha pied nus dans l'herbe verte du jardin, à croire que des lutins s'affairaient la nuit durant à l'arroser pour qu'elle paraisse toujours aussi verte. Il remarqua au loin une silhouette allongée sur un transat mais ne prit pas la peine de chercher à la reconnaitre. Il y avait tellement de jolies filles autour de lui... Il commença alors par des séries lentes et courtes histoire de se mettre en condition. Clay s'était posté près de la piscine, sur un sol dur car l'herbe ralentissait la corde. Ses cheveux bougeaient au rythme de ses sauts et venaient barrer son visage mais il n'en tenait pas compte. Seulement au bout d'un quart d'heure, la soif se fit ressentir à cause de la chaleur. Faisant une pause, il remarqua qu'il avait oublié de quoi boire. Jurant intérieurement, il tourna son visage vers dos du transat puis lança au hasard: « Excuse-moi, t'aurais pas une boisson près de toi s'il te plait ? J'ai oublié la mienne... »

30 août, &SARAH

Au fur et à mesure que Clarence s’essoufflait, il sentait que ces petits sauts étaient bénéfiques. En plus de faire travailler son cardio, ça lui donnait l'impression de planer d'oublier un peu cette terre sur laquelle il était trop de fois reposée et dont il ne profitait même plus ces derniers temps. Le manque de certaines personnes se faisait-il ressentir ? Il était incapable de l'avancer lui-même mais toujours est-il que les tensions de la semaine dernière ne s'étaient pas pour autant apaisées. Assoiffé, Clay préféra arrêter pour l'instant son activité pour demander de l'eau à la jeune fille non loin de lui. Il s'approcha alors d'elle puisqu'elle se redressait, apparemment détentrice de l'eau sacré. Puis il reconnut aisément la silhouette de Sarah. Approche pour le moins inattendue et sur le coup, Clay dénonça un coup du destin moqueur. Pourquoi avait-il fallu que ça tombe sur lui alors qu'une dizaine de filles restait encore dans la villa ? Ils ne s'étaient pas parlés depuis et il ne savait toujours pas comment aborder le sujet délicat. D'autant plus qu'il se sentait toujours vexé de ses reproches et il en était sûrement de même pour Sarah qui avait tout autant de fierté que lui. Quand elle lui demanda si c'était tout ce qu'il avait trouvé, Clay resta interdit une seconde avant de répliquer: « Ne t'inquiète pas, si j'avais su que c'était toi, je t'aurai laissé tranquille. » Il n'avait pas voulu déranger sa sainteté dans son moment bronzage ! Il saisit la bouteille puis se désaltéra, vidant la moitié d'eau qui restait. Sarah lui rappela plutôt méchamment ? qu'il lui devrait une nouvelle bouteille puis se leva sans cérémonie pour le planter là. Se moquait-elle de lui comme ça à jouer les snob ? Gardant la bouteille à la main, il fronça les sourcils, plutôt vexé dans son orgueil qu'elle ose l'ignorer comme le dernier des habitants. « Ah oui donc dis-moi si désormais je dois te considérer comme n'importe quelle candidate, y'a pas de souci je ne viendrai plus t'importuner ! »

30 août, &SARAH

Sarah jouait sur l'ironie et c'était bien une chose que Clarence détestait par-dessus tout. Il avait envie de la secouer pour ce manque d'attention, pour l'indifférence dont elle faisait preuve depuis presque une semaine. Elle soupirait bruyamment, elle préparait ses affaires. Voulait-elle réellement qu'ils fassent comme s'ils ne se connaissaient pas plus que ça jusqu'à la fin du jeu ? Voulait-elle vraiment qu'il ne pense qu'à lui ? D'ailleurs elle le lui avait bien dit la semaine dernière avant qu'ils ne se déchirent bêtement mais aujourd'hui, elle lui reprochait presque de ne pas avoir été vers elle plus tôt. Clay n'était pas quelqu'un qui revenait sur ses décisions, qui revenait après une dispute pour s'excuser même quand celui-ci avait tort. Il avait une fierté bien trop gigantesque et d'autant plus quand il s'agissait d'une personne telle que Sarah. Quand elle s'indigna de ce qu'il osait dire, il tombait des nues. Plus contradictoire qu'une femme c'était deux femmes, bon dieu ! « Tu m'as demandé de jouer pour moi. Suite à notre dispute, je ne pense pas que revenir comme une fleur aurait été de mise. Je ne tiens pas à me ramasser une gifle, surtout de ta part. » Elle l'avait déjà giflé peut-être une fois ou deux durant leur relation amoureuse et Clarence s'en souvenait très bien. Il avait horreur qu'on atteigne sa fierté physique autant que la morale. Et Sarah était particulièrement douée pour le faire à sa manière. Enroulant sa serviette autour de sa jolie taille, elle en profita alors pour remettre le sujet sur la table. Mais diable pourquoi s'entêtait-elle ? N'avait-elle pas compris le caractère de Clay depuis le temps ? Jamais il n'ouvrirait son coeur aussi facilement et encore moins devant les caméras. Quitte à passer à côté de beaucoup... « Tu sais très bien que je ne peux pas faire ça comme ça comme si je te disais bonjour. J'ai déjà gâché nos retrouvailles, je ne tiens pas encore à détériorer tout ça. » Sa voix était froide, son ton était dur. Il fallait qu'elle se contente de ce qu'il était capable de lui offrir pour l'instant et si ça ne lui convenait pas, qu'elle reste à flirter avec Justin qui avait des allures d'homme parfait pour l'instant. Tripotant la bouteille d'eau dans sa main qui craquait désagréablement sous ses doigts, il hésitait à rebrousser chemin. Il fuirait cette fois mais au moins, une nouvelle dispute n'éclaterait pas. « Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Ton chemin est déjà tracé dans la villa, j'ai pas envie d'être le bleu du triangle amoureux de mes deux comme on me le fait déjà passer à chaque prime. »

30 août, &SARAH

Il n'y avait rien de pire que des mots bien cinglants pour énerver Clarence. Il pouvait se prendre toutes les beignes du monde, jamais il ne serait aussi furieux que lorsqu'on savait le remettre à sa place verbalement. Et le pire c'est que Sarah avait été longtemps douée à ce petit jeu malsain. Une fois de plus ils se retrouvaient l'un en face de l'autre à se regarder comme des chiens de faïence, sas savoir comment débloquer la situation. C'était la première fois qu'ils faisaient face à une telle incompréhension et en plus d'être frustré, Clay ne voulait pas agir devant les caméras. Celles-ci étaient trop avides de leur petite histoire et il ne tenait pas à dire des choses privées qui seraient servies sur un plateau à l'Amérique entière. Si ses parents le regardaient, sans doute le reconnaissaient-ils là: plutôt bavard mais très silencieux dès que ça dépassait les futilités. Sarah tentait d'expliquer la nuance de ses propos mais il l'avait déjà bien saisi par lui-même, il ne souhaitait juste pas faire plus d'émules. L'ignorance était donc la moins pire des solutions. Cependant quand elle laissa entendre qu'il se ferait passer pour une victime si toutefois elle le giflait, sa main se referma violemment sur la bouteille, faisant craquer son plastique. « C'est pas tes petites mains qui me feront pleurer au confessionnal, Sarah. Mais comme notre altercation nuit à mon jeu pour le moment, j'ai préféré te mettre de côté. » Clay sentait que la colère lui montait au nez de nouveau, aussi vite qu'une moutarde extraforte. Lors de leur soirée grandement arrosée, Justin lui avait fait des révélations mais pour l'heure, il mettait ça sur le compte de l'alcool et attendait impatiemment le prime pour faire la lumière sur cette rumeur. C'était donc hors de question d'en parler à Sarah pour le moment. « Pourquoi reprendre contact avec toi quand on sait que ma façon de vivre ne t'a jamais convenu ? C'est l'aubaine pour toi de me trouver dans un jeu comme ça et de me réclamer des explications, tu n'y aurais même pas pensé si je n'avais pas été là. » Insinuait-il qu'elle jouait un peu devant les caméras ? Après tout c'était vrai. Jamais elle ne serait venue taper à sa porte pour lui demander ce qu'elle exigeait tant de lui aujourd'hui... « Oui ça me gêne de passer pour un mec stupide devant les autres, moi je l'assume. J'étais là pour représenter quelque chose qui me tient à coeur et pour l'instant, les seules fois où on parle de moi c'est pour en rajouter, combien mademoiselle ne se décide entre deux hommes, à quel point elle flirte avec l'un pour réclamer à l'autre qu'il s'ouvre. Je marche pas comme ça, Sarah, j'ai jamais été enchainé à une relation comme ça ou bien ce qu'il en reste, et c'est pas aujourd'hui que ça va commencer. » Il la pointait du doigt comme si tout ce qu'il disait pouvait mieux l'atteindre. Clarence était un homme sympa, ouvert, joueur, etc mais avant tout quelqu'un d'extrêmement fier et ça n'était pas la peine d'espérer quelque chose de lui si ça pouvait lui nuire en premier. « Revois tes priorités, tu vas te faire lamentablement marcher dessus et je serai pas là pour t'en défendre. »