La dernière fois que je suis venue sur la plage c’était en escarpins. Bien sûr c’était totalement non désiré, j’avais tout simplement pas prévu d’aller me faire un face à face avec la mer. Cette fois-ci, si. Munie de tongs je paradais comme une déesse, bien que le chemin me parut long. Trèèès long. Pour tout vous avouer j’ai un sens de l’orientation pourrave, du genre vous avez jamais vu ça. Pour preuve je me suis retrouvée dans un endroit qui pue et trop glauque. Ouais, j’ai la fâcheuse tendance de rêvasser quand je me balade ; ce qui explique pourquoi j’ai dû suivre Caesar comme un petit chien lors de notre rencontre dans les champs. Ca me gonflait grave là, en plus les tongs c’est trop pas glamour. Heureusement que je suis du genre prévoyante. Sortant une superbe paire de stilettos m’ayant coûté une raie des fesses de mon grand cabas de plage, je les enfilais tandis que j’avais l’air d’une diva face à ce marécage dégueulasse craignosse. Je flippais un peu en fait, pas que je me sentais seule et perdue, noooon du tout. Mais y avait des bruits bizarres qui venaient des arbres aux alentours, j’avançais en même temps que le son se rapprochait. Faut pas croire je suis trop courageuse comme nana. Serrant mes tongs dans mes mains, je finissais par voir une ombre. Ca y est on venait me chercher pour me voler mes fringues ! « YAAAAAAAAAAAAAAAAH » Les chaussures en mousse foncèrent droit comme des fusées en direction de l’ombre. « Fais gaffe je suis alliée avec les gnomes du marécage okéééééé ?!!! »

Je crois que je me suis égarée. Non, vraiment, je voulais aller à la cascade moi, vous savez, genre, toute seule, comme une grande fille, en solitaire, mais au lieu de voir de l’eau tomber et de dire, les yeux émerveillés « waah comme c’est beau » je me suis retrouvée dieu seul sait comment dans un endroit qui pue, qui n’est pas des plus jolis, à râler, et à dire que j’ai une vie pourrie, et à haïr tout et tout le monde, et à accuser tous les candidats de vouloir me tuer, parce que, si ce n’était pas le cas, l’un d’eux aurait au moins pris la peine de m’accompagner en me voyant quitter la villa seule, parce que mes talents de fille qui se perd super rapidement, ils ne sont plus à prouver. Donc, si je suis perdue, c’est à cause d’eux, et c’est parce qu’ils ne m’aiment sans doute pas. Voilà, CQFD. La logique de Scampi. Alors, je marche, et parfois, je lâche un « mais pourquoi on m’aime paaaaaaas » digne des plus grands films dramatiques américains. Ca, jusqu’à ce que j’entende un cri, et qu’un objet s’aplatisse contre mon bras. Et une voix de nana. Je regarde mon bras. J’ai du caca de marécage dessus. A cause de la tong. « AAAAAAAAAAAH MAIS NAN MAIS SERIEUX QUOI. » Protestation. J’avance. Pour voir Nancy. « T’ES COMPLETEMENT MALADE ! REGARDE MON BRAS ! » ça pue. Je jetterai bien sur Nancy l’une de ses tongs, mais je les ai laissées là bas. « Déjà que je suis perdue ici, mais si en plus, tu m’agresses avec des trucs, non mais vraiment hein ! Vous vous êtes tous ligués contre moi, c'est ça, hein, avoue, tu m'aimes pas hein, comme tous les autres ici, hein, hein ? » Quelle idée aussi. Tss.

Oh la vache si je m’attendais à ça ! Un ours, oui. Une oie, oui. Un mille-pattes géant, oui. Mais pas une Scampi ! En plus elle m’agressait ! « Nan je veux pas voir cette horreur ! » dis-je en me cachant les yeux à l’aide de mes avant-bras, genre comme si quelque chose allait m’agresser férocement. Finalement je perdais de ma méfiance au fur et à mesure que la rouquine se montait la tête toute seule. D’où je ne l’aimais pas d’abord ? Et depuis quand j’étais liguée avec les autres ? J’vois pas d’où elle tirait ses idées. Regardant furtivement autour de moi je vérifiais si nous étions bien seules. « Non mais n’importe quoi ! En plus y a personne à part toi et moi ici ! J’vois pas avec qui j’aurais pu me liguer à part avec ce crocodile.» Je lui montrais la bestiole que je venais d’apercevoir lors de ma vérification des lieux. Mais attendez. Wait a minute please ! J’ai bien vu ce que j’ai vu quand même. Pause d’effroi, yeux écarquillés. « UN CROCODIIIIIIIIIIILE !!! TOUS AUX ABRIIIIIIS! » Je courais vers Scampi, elle allait me protéger c’est sûr. Cachée derrière elle, je m’accrochais à ses bras. « Tue le !!! Vas-y Scampi tue le ! Ah non berk c’est dégueulaaaasse ! » Ma main venait de glisser sur la boue que lui avait infligé ma tong, en oubliant presque l'animal je cherchais un endroit où essuyer ça. Ses cheveux peut-être?