28 août ; &IVY

Se laisser tomber dans ces champs de coquelicots pour ne plus jamais s'en relever. N'être que la petite fourmi oubliée dans ce monde rougêatre et vivant, au gré des vents et des marées. Ouais, parfois Clarence aspirait à être réincarnée en fourmi. Travailler en groupe, se construire une survie avec ses semblables mais au fond finir toujours par errer seule par soi-même, aussi forte qu'intérieurement fragile. C'était une perspective plutôt sympathique et une alternative à ce quotidien qui devenait pesant à Rollington. Clay supportait de plus en plus mal l'enfermement et l'acharnement contre les aléas de son petit cœur. Non il n'était pas ce genre de garçons immatures, il était indépendant de l'avis des autres et souhaitait le rester. Malheureusement, avec toute cette médiatisation, il sentait qu'il s'inquiétait trop de la réaction de ses camarades. Après tout avec combien d'entre eux garderait-il contact par la suite ? Sitôt que l'émission se terminerait, on se hâterait d'oublier ces personnes qu'on supportait par dépit pour le bien de son image. Lui ne s'était jamais forcé à apprécier quelqu'un mais désormais il se sentait obligé de maîtriser son humeur qui serait des moins agréables pour quiconque oserait s'y frotter. Il s'était isolé dans ce champ de coquelicot parce que c'était encore là qu'on penserait le moins à le trouver. Les rumeurs allaient bon train et il ne résisterait plus à en entendre une de plus aujourd'hui. Aussitôt de ce qu'il croyait être le milieu du champ, il se laissa tomber au milieu des milliers des fleurs. A peine avait-il fermé les yeux et cru à la tranquillité qu'il entendit le froissement caractéristique de quelqu'un qui écartait les coquelicots pour se frayer un chemin. Clay s'appuya alors sur ses coudes en direction du bruit pour distinguer la personne qui venait vers lui sans le savoir. A moins qu'on ne l'ait suivi et auquel cas, il allait commettre un meurtre. Finalement, il se risqua à demander à voix haute: « Qui est là ? »

Étrangement, je commençais à apprivoiser un peu Rollington, malgré mon très mauvais sens de l'orientation. En même temps, après avoir parcouru la ville une bonne dizaine de fois - ne sachant pas quoi faire de ma pitoyable vie - j'avais bien fini par réussir à me repérer. Eh bah ouais, fallait croire que tous ces allez-retour légèrement énervant avait bien servis à quelque chose. Peut-être qu'un jour je réussirai à faire un plan du village, va savoir ... Mais bon, vu mes talents en dessin c'était peu probable. Breeefff, étant une véritable fan de la nature et de tout ce qui est en lien avec la nature, eh bah, j'étais plutôt tombé en amours avec les champs que possédaient la petite ville. En fait, le champ de coquelicot me plaisait bien parce que j'étais fanatique des fleurs et plantes en tous genre. D'ailleurs, toutes ces fleurs me donnaient bien envie de faire un bouquet, mais sur le bord de la route c'était bien moins marrant. Du coup, je me mis à m'enfoncer dans le champ tout en cueillant quelques coquelicots au passage. Pourquoi pas ? « Qui est là ? » Cette voix, venant de nulle part me fit légèrement sursauter. Euuuhhh, les plantes, sa parlent pas généralement, si ? Poussant une ou deux branches, je finis par apercevoir Clarence. Ouuufffff. « Naahhh, mais sur le coup je pensais que c'était les coquelicots qui me parlaient ... j'tavais pas vu quoi ... Mais ça me rassure que ce soit toi, j'suis pas folle ça veut dire, c'est cool ! » Je fis un énorme sourire à Clay, qui lui était couché en plein milieu du champ. Était-il en pleine dépression, en contemplation - ça se dit ? - du ciel ou il avait eu envie de communiquer avec la nature ... j'sais pas quoi. Jetant un coup d'oeil aux quelques fleurs que j'avais recueillie, je haussai les épaules avant de les tendre vers Clay. « Tiieenns, un p'tit bouquet pour le papy de la maison ! Faut bien s'occuper de toi, nah ? » Un petit sourire moqueur sur les lèvres, car oui je rigolais, je m'assis aux côtés du grand gaillard qu'était Clarence.

28 août ; &IVY

Clarence était toujours blasé des surprises plus ou moins bonnes dont ses colocataires étaient capables. Ils survenaient toujours là où on les attendait pas, comme si la production régissait leurs rencontres à la manière d'un scénario. En tout cas, c'était clair pour lui: jamais on ne l'obligerait à faire ci ou ça, à aller là ou là. Il avait volontairement choisi le champ de coquelicot, s'y était affalé volontairement et avait une envie horriblement volontaire d'envoyer paitre la première tête qui se présenterait à lui. Seulement quand des longs cheveux lisses se distinguèrent d'entre les fleurs rouge pour laisser finalement apparaitre Ivy, toute idée malsaine s'envola immédiatement. Il la kiffait cette petite et remerciait la production d'avoir envoyé deux bombes (dans les deux sens du terme) lors de la deuxième semaine. Elles égayaient la maison chacune à leur manière et le jeu n'en était que davantage palpitant. Comme à son habitude, elle lui sortit une remarque des plus particulières mais tellement naturelle... Malgré son humeur maussade, il ne put s'empêcher de sourire légèrement, amusé par sa façon de parler. « J'aurais pu essayer d'imiter les voix des coquelicots mais ils n'ont jamais voulu m'adresser la parole... » Déclara-t-il, faussement frustré. Puis sans attendre, elle lui tendit le bouquet qu'elle s'était certainement constitué sur le chemin. Secouant la tête de droite à gauche, toujours attendri par Ivy, il se redressa juste assez pour récupérer les fleurs. Bon, il avait beau être un garde-chasse émérite qui savait survivre dans la forêt pendant deux mois, il était tout bonnement incapable de conserver des fleurs ou des plantes. Elles mourraient toutes systématiquement à croire qu'elles n'aimaient pas sa compagnie... « Merci bien. Le papy n'en attendait pas tant. » Ce surnom persistait quand bien même on avait réalisé qu'en fait Clarence n'était que le deuxième plus vieux de la maison. Ce sobriquet avait été immédiat et il l'avait accepté avec beaucoup d'auto-dérision, il en jouait même parfois pour se faire servir ou pour justifier une flemme immense mais rien de bien méchant. Ivy finit par s'assoir à ses côtés et Clay en profita pour poser sa tête sur les genoux de la demoiselle. Ouais si elle voulait jouer avec ses cheveux blonds, elle pouvait. Il adorait les nanas pour plusieurs raisons dont celle-ci: elles ne pouvaient jamais se retenir de lui tripoter ses mèches longues et l'homme adorait tout simplement qu'on s'occupe de lui. Au pire elle ne ferait rien mais il ne bougerait pas sans qu'elle ne le lui demande. Elle était plutôt confortable et Clay avait besoin de réconfort malgré son isolement. « Qu'est-ce que tu faisais là ? Tu cherchais si les fleurs ne cachaient pas des reliques elles aussi ? »

J'étais moi-même, la tactique pour laquelle j'avais opté durant le jeu. Après une semaine, je m'entendais plutôt bien avec la majorité des candidats, mais j'avais l'impression que quelques-uns pouvait me trouver envahissante ou énervante, va savoir ... Enfin, si c'était le cas, je ne pouvais pas vraiment y changer quoique ce soit et c'était malheureux, on but c'était pas forcément de me faire des ennemis, loin de là. Eh puis, après tout, s'il y avait des gens que je devais éviter, je le ferais et je n'avais qu'à me tenir en compagnie des gens qui m'appréciait bien, un peu comme mon fournisseur de bonbons personnels, quoi. Ouais, le fournisseur, c'était Clarence ! « Qu'ils sont méchants ces coquelicots ... Ils ont beau être joli, il sont pas très causant et vachement snob je trouve ! » ... Au fait, si un coquelicot pouvait parler, ça aurait surement une superbe voix, non ? Bah oui, un truc aussi joli ne pouvait qu'avoir une voix magnifique, le contraire était plutôt impossible selon moi ... Quoique ma voisine, elle était bien belle, mais sa voix, alors là, elle était horrible. Impossible de la supporter plus que quelques secondes, insupportable ! « Eh bien, si ça fait tout de même plaisir au papy, c'est géniale ! » S'il n'aimait pas les fleurs je m'étais gouré, mais s'il ne les aimait pas, je ne voyais pas vraiment la logique de venir se réfugier dans un champ de coquelicot, franchement ? À peine étais-je installer sur le sol que Clarence se coucha sur mes jambes. Ouuuhhh, les longs cheveux, j'adorais. Je ne pris même pas la peine de lui demander la permission avant de commencer à lui jouer dans les cheveux. J'pourrais éventuellement lui faire une tresse, il aimerait eut-être ... ou pas, mais pour le moment je ne faisais que passer mes mains dans ses mèches de cheveux. « J'cueillais des fleurs quoi .... Et j'suis tombé sur toi ! Géniale, nah ? ... Et toi, tu fais quoi, coucher en plein milieu des coquelicots ? » Ce n'était peut-être pas de mes affaires, mais généralement, je pensais peu avant de parler, donc bon, je n'avais pas songer que c'était peut-être personnel ou même encore qu'il aurait rester préféré seul et que j'aurais du me pousser après l'avoir croisé ....

28 août ; &IVY

Dès que Clarence avait le malheur de faire un peu d'humour, Ivy fonçait tête baissée dans ses délires. Elle n'avait pas peur de paraitre ridicule et était capable de converser pendant des heures sur les coquelicots. Ca amusait Clarence et ça le déridait un peu en fait. Ces derniers jours il pensait trouver son père dans le miroir, un peu aigri et rabat-joie parce que tout ne roulait pas comme il voulait. Secouant sa tête de droite à gauche, il signifiait combien Ivy était à la fois folle et tellement comique. Il aimerait parfois que les végétaux puissent lui parler, il se sentirait moins seul dans son parc national. Les touristes avaient beau abonder à Yellowstone, parfois c'était bien compliqué d'évoluer dans la nature sans se sentir isolé du reste du monde. Elle lui offrit quelques brins et Clay les accepta avec plaisir. Il les mettrait sur sa table de chevet, dans sa chambre, afin d'aiguiser la curiosité de tous ses colocataires. Rosaline allait-elle le relever ou bien était-elle déjà passé à autre chose depuis ? Ivy était satisfaite de son cadeau impromptu et le garde-chasse les sentit quelques secondes avant de les poser à côté d'eux. Calmement, il s'installa alors de manière à avoir sa tête sur ses genoux. Il avait cet élan d'affection avec Ivy qu'il n'avait pas avec les autres. Peut-être lui rappelait-elle sa soeur ? Non, il ne savait pas en fait. Par chance, ses doigts fins trouvèrent le chemin de ses cheveux blonds et Clarence remercia presque le ciel de sa présence. Finalement, mieux valait-il être bien accompagné que bien seul ? Le regard dans le vide, il l'interrogea sur ses activités jusqu'à ce qu'elle ne tombe sur lui. Il ferma les yeux puis soupira. « A la base j'étais venu pour être seul au milieu de nul part. Mais il faut croire que je ne suis pas le seul à apprécier la compagnie des fleurs rouges... » Posant sa main sur le genou d'Ivy, il demeurait calme. Il avait besoin de se confier mais était si réticent à le faire. Personne ne savait sur qui compter dans cette maison, et Clay craignait trop de se faire berner pour se laisser aller à la confiance. « Alors tu as continué de fouiller les chambres après la mienne ? Des trouvailles croustillantes ? »

Il faut dire que j'étais exactement le genre de personnes qui aime bien faire des cadeaux à tous le monde, comme ça et sans raisons particulières. En fait, généralement ce genres de petits cadeaux plutôt inutile - oui, je l'Avoue - je les faisais à mon petit frère, mon petit coeur, quoi. C'est fou `quel point il était adorable et il ne m'avait jamais juger et c'était un vrai amour, il était derrière moi peu importe ce que je pouvais faire et malgré son jeune âge, il m'avait déjà défendu à quelques reprises ... C'était étonnant, je dois l'avouer, en même temps de mon côté j'étais pas vraiment doué pour argumenter et me défendre moi-même ... En fait, j'étais pas douée pour grand chose, un vrai boulet. Bref, je me demandais encore comment j'avais fait pour être choisis comme candidate à l'émission ... Enfin, l'important, c'était que malgré que je ne sois ici que depuis pas très longtemps, je m'ennuyais énormément de mon petit frère. Dans ma valise, j'avais ammener des tonnes d photos de lui, mais ça ne le remplaçais pas malheureusement ... Bref, jouer dans les cheveux de Clarence arrivait tout de même à me distraire et lorsque ce dernier parla il réussit à me faire sortir de mes pensées pour me concentrer sur sa personne, ce qu'il disait ... Oups ? « Ohhh ... J'suis vraiment désolé ! Si tu veux, je peux partir, hein et on fer comme si tu m'avais jamais vu, ça te va ? » Automatiquement, mes doigts se décrochèrent de sa chevelure et je me levai presque sans attendre son consentement, mais avec lui sur les jambes c'était plutôt impossible. Zut, j'avais pas voulu le déranger, hein ... Alors que je me sentais un peu mal à l'aise, mes doigts se remirent `jouer dans se cheveux. Oups fois 2. « Aheeuummm et bah non ? .... Après ta réflexion sur l chambre de l'avarice j'étais plus trop sur, quoi ... » Bon, je déduis que le grand gaillard voulait bien de moi à ses côtés ... « Diiitt, tu trouve pas que tu serais beau avec des tresses ? Ça fait super viril ! » Dis-je, pas du tout convaincante, le sourire aux lèvres.

28 août ; &IVY

Ce qu'appréciait Clarence chez Ivy c'était sa façon d'aborder les gens. Elle était d'un naturel sympathique et plutôt drôle mais si toutefois elle gênait, elle n'était pas le genre de personne à s'imposer peu importe si ça plaisait ou non. Oh il y en avait pas mal dans la maison et quand ils étaient tous réunis ensemble, autant dire que Clay préférait quitter la pièce. Il aimait la franchise et qu'on soit bien dans sa peau mais il y avait certaines limites surtout quand on vivait en communauté. Il fallait mettre de l'eau dans son vin et parfois faire des efforts et c'était des concessions que pas tout le monde n'acceptait ici. Mais Ivy avait beau vouloir le laisser tranquille, il secoua légèrement la tête. « Non non, tu es quand même plus causante que les coquelicots ça fait plaisir. » En gros, il lui demandait de rester mais dès qu'il s'agissait d'être gentil ou de faire un compliment à une demoiselle, il le faisait toujours si maladroitement ou subtilement que parfois celle-ci ne s'en rendait même pas compte ! Quand elle voulut se lever pour s'en aller, Clay émit un grognement mécontent digne d'un ours mal luné. Non, maintenant elle était condamné jusqu'à ce qu'il veuille bien se redresser tout seul. C'est qu'il avait une tête lourde le monsieur ! Il en profita pour l'interroger sur ses visites secrètes de toutes les chambres de la maison mais Ivy lui fit comprendre qu'elle avait cessé cette curiosité. Dommage, elle n'aurait plus le droit à ses sucreries qu'il gardait toujours jalousement... « Dommage, en ce moment, être là au mauvais moment permettrait de chopper quelques informations croustillantes. C'est que ça bouge dans la maison ! Tant pis tu reviendras uniquement pour les bonbons. » Il est vrai que de plus en plus de rumeurs couraient dans la maison, si certaines n'évoquaient qu'un baiser ou une dispute futile, d'autres étaient plus étranges et plus inquiétantes. Mais Clay comptait sur le prime pour démêler le vrai du faux. Ivy changea de sujet et se mit à parler de ses cheveux, avec des tresses dedans... La représentation de cette suggestion l'effraya un peu et il se redressa soudain, manquant d'éborgner Ivy avec sa tête. Menaçant, il se pencha au-dessus d'elle pour la faire tomber dans les coquelicots, avant de relever sa lèvre supérieure vous savez comme les chiens qui sont près à mordre. Ses deux mains étaient de chaque côté de sa tête et s'il voulait, il n'en faisait qu'une bouchée. « Le jour où je vois des tresses dans les cheveux, crois-moi que tu ne vivras plus très longtemps... » Dit-il, l'air faussement méchant. En fait avec ses cheveux blonds qui lui tombaient de part et d'autre du visage, il avait l'air pas du tout convaincant mais tant pis !