J’ai toujours apprécié les balades à la campagne, d’ailleurs je me considère un peu comme une vulgaire citadine, sachant pertinemment que les gens qui vivent à côté des champs tout les jours en ont rien à faire des petits chemins et des bosquets. Ce que je comprends, si je vivais à côté de la tour eiffel, je verrais tout le monde s’émerveiller, alors que moi je n’en aurais plus rien à faire de savoir que je dors à quelques mètres du symbole de la France. Enfin bon, je ne suis pas assez riche pour penser à ça, et honnêtement, je crois que je ne me lacerais pas d’une vue pareille, mais qu’importe. Gambader dans la nature et cueillir des fleurs c’est mon truc, mais n’allez pas non plus vous imaginer que je porte une robe à fleur et une couronne faites de végétaux sur la tête, j’suis pas Sélénia princesse du royaume des minimoys, vous voyez le genre ! Bon bref. Je décidais de m’aérer un peu l’esprit en me baladant dans le jardin. Je n’avais pas encore réellement prêté grande attention à cet endroit en journée. Le soir des soirées y étaient organisés et nous le traversions souvent lors des primes, mais la journée l’ambiance était bien différente. Mes parents ont un jardin qui lui ressemble un peu, même s’il est un peu plus boisé, mais tout aussi grand. En effet, il y a assez de place pour faire un foot’, mais pas sur un vrai terrain je vous rassure, ce serai bien trop grand. Ce jardin me rappelle énormément mes parents et ma famille qui me manque terriblement, mais bon, je vais arrêter de penser à eux pour chasser toute cette nostalgie de mon esprit. Je m’assoie sur l’un des poufs du jardin, continuant à l’admirer, sans même entendre les bruits derrière moi.

J'étais tranquillement à la cuisine en train de manger une tartine de Nutella. Il me semblait que je découvrais le plaisir de la nourriture, moi qui étais d'habitude si raisonnable. Je m'étais pesé et j'avais pris 200 grammes, ce qui m'obligeait à faire un peu plus attention que d'habitude. Une tartine par jour, et c'était tout ! Finalement, je finissais mon petit goûter avant l'heure et décidais de me diriger vers le jardin pour voir un peu qui il y avait. Pas grand monde apparemment. A part pendant les soirées où tout le monde y était posté, le jardin était plutôt désert durant la journée. Il devait être dans les environs de quatorze heures. Je vis Rosaline assise sur un pouf l'air rêveuse et décidais de m'approcher d'elle pour venir l'embêter. Je me laissais tomber sur un pouf à côté d'elle mais elle ne semblait même pas m'avoir remarqué. « Allo ? La terre appelle Rosa ? » Je pouffais et lui tapotais l'épaule. Elle sembla enfin me voir.

J’étais complètement à l’ouest dans mes pensées, enfin, plutôt dans le rien, je ne pensais à rien juste à savourer cet instant. Il faisait beau, on se serrait cru dans un conte, un peu genre blanche-neige. Je n’ai même pas entendu quelqu’un se posait à côté de moi, autant vous dire que j’étais réellement déconnectée. Tout à coup, j’entendis une voix, qui me fit un peu sursauter je dois l’affirmer. Et quand je me tournais et que je vis Graham qui se trouvait à côté de moi, je fis une tête effroyable qui restera sans doute dans les anales. En fait, je crois que je fais tout le temps des têtes un peu bizarre, mais bon personne ne me fait la remarque, alors je m’en fous. Enfin bref. Après m’être remise de mes émotions, ce qui me prit quelque chose, comme dix secondes je dirais. Je dis enfin, toute sourire, comme à mon habitude. « ah tiens Graham, justement je voulais te voir. Ecoutes, si tu veux encore plus conquérir Lennon, il va falloir être un peu romantique, et je doute que dans ce domaine tu sois très doué. Nous français avons un sens inné du romantisme, rien que notre langue respire la sensualité. » j’ai la voix de quelqu’un qui veut vous vendre un meuble égyptien du dix-huitième siècle, mais bon, on s’en fiche, il faut qu’il soit romantique !

Alors comme ça je n'étais pas doué pour être romantique ? Elle n'en savait rien ! Elle n'avait jamais goûté au Grahamoso ! Spécialité italienne aux chandelles sur la Tamise ! N'empêche que ça me faisait vachement plaisir que Rosaline se mêle un peu de ma relation avec lennon pour l'améliorer. Au début, on aurait pas dit qu'on deviendrait les meilleurs amis du monde, un peu le contraire en fait. Mais je décidais de l'écouter histoire de voir ce qu'elle avait à me proposer. Je pensais que c'était bon avec Lennon, on l'avait fait, plus besoin de sortir les violons et les recettes de cuisine extravagantes, mais apparemment ce n'était pas de l'avis de Rosaline. « Enfin le romantisme c'est fini je crois, vu qu'on a couché ensemble. A moins que je doive continuer encore après ça ? Mon dieu, c'est tellement compliqué ! Rosa tu dois en savoir beaucoup plus que moi à ce sujet, conseille moi ! » Je faisais un peu l'idiot en imitant quelqu'un de désespéré mais cela m'amusait. De toute façon, grâce aux chroniques du prime, Rosa était au courant de tout en ce qui concernait Lennon et moi. Merci la production ..

J’aime bien ramener sur le tapis le fait que je suis française. Je ne me considère absolument pas comme une anglaise ou une américaine, puisque je ne le suis pas, mon cœur appartient entièrement à la France, c’est indéniable. Tout le monde sait que les français sont bien plus raffinés que les autres personnes. En effet, la base de la cuisine française n’est pas un hamburger, hotdog ou encore fish and chips, même si je dois avouer que le dernier est très bon. Tout le monde s’accorde à dire que les français domine la cuisine, même si les pays asiatiques ne sont pas en reste, avec quelques recettes succulentes et presque sans calories. Mais il n’y a pas que ça, il y a aussi la mode, avec la fashion week parisienne, jean paul gauthier, chanel et autres grands couturiers de renoms qui habillent les plus grandes strars hollywoodienne, tel Natalie Portman dans sa robe dior des années cinquante aux oscars. Et il y a aussi toute cette culture littéraire, molière, corneille, maupassant, tant de noms connus de tous ! Bon je vais m’abstenir de parler de musique et de cinéma, domaine dans lequel nous n’excellons pas mondialement, malgré le festival de Cannes et le succès indéniable du film The Artist. « ne crois pas que c’est parce que tu l’as mise dans ton lit qu’elle va y rester ! Il suffit qu’un mec un peu plus romantique passe et tu peux lui dire adieu. Une femme n’est jamais acquise d’avance. Mon conseil est le suivant : sors lui quelques mots de français et elle va fondre comme neige au soleil. »

Elle avait l'air d'être très fière d'être française. J'étais moi même fier d'être américain. J'avais beau ne rien savoir de l'histoire de mon pays, de sa culture, de sa musique, de sa cinématographie et tout le reste, j'aimais quand même les Etats Unis. J'aimais la langue, j'aimais les gens, j'aimais la philosophie, le drapeau .. Bien sûr, je ne pourrais pas vous citer les présidents à part celui en place à ce jour et juste avant. Rosa m'apprit alors qu'il ne suffisait pas d'avoir couché avec Lennon pour qu'elle soit définitivement à moi et je l'écoutais attentivement pour savoir ce qu'il fallait faire ensuite. Sortir quelques mots en français ? Mais je n'en savais aucun ! « Je sais dire « voulez vous coucher avec moi ce soir » mais je doute que ça soit très romantique. Aide moi donc Rosaline. Apprend moi des phrases en français pour la faire tomber dans mes bras ! Et s'il y a du sexe après ça serait encore mieux .. » Je rigolais face à ma propre bêtise. Parfois, j'étais un peu obsédé.

Connaître des mots français et des phrases, pour un étranger c’est très classe, en plus, parfois il y a l’accent ultra sexy qui va avec et c’est encore mieux. Mais bon, parfois ça ressemble à un charabia de syllabes qui n’ont absolument aucun sens, ce qui nous fait bien rire, nous français ! Ce qui m’amuse beaucoup c’est que les américains ou les anglais, ou tout autre personne non française, se formalisent sur certaines phrases. Ils connaissent deux mots en français et ne peuvent pas s’empêcher de vous les sortir à chaque fois qu’ils vous voient, sachant que vous êtes français. Combien de fois ais-je entendu, alors que j’achetais mon pain – oui parce que je ne peux pas vivre sans mon pain, vous ne pouvez pas vous imaginer la galère que c’est pour trouver une boulangerie en Angleterre – l’un des vendeurs me dire « au revoir » avec un accent british très prononcé, ou « bonjour comment ça va ? » toujours avec ce même accent qui est en fin de compte un mélange entre un anglais et un français de la haute bourgeoisie. « oui je doute que ce soit très bien, enfin remarques si elle ne sait pas ce que ça veut dire, ça peut toujours le faire, mais bon, ne tentes pas le coup, on ne sait jamais. Déjà il faut commencer par des mots simples, et si tu connais un poème c’est encore mieux, il ne suffit que de ça pour qu’elle soit tout à toi ! »

Bien sûr que je voulais charmer Lennon, faire qu'elle reste avec moi. Mais en même temps, je ne voulais pas lui donner l'impression que notre relation était trop sérieuse. J'étais toujours un Graham, et un Graham en laisse ça fait pas bon ménage. Pas que je voulais draguer d'autres filles, non, mais .. J'avais juste peur de l'avoir en « copine ». Alors je ne voulais pas que les conseils de Rosa soient trop forts et réussissent à faire que Lennon soit à peu près accro à moi. Des poèmes, j'en avais sûrement appris au lycée mais bon ça revenait à loin. « J'ai une tête à connaître des poèmes en français, moi, Rosa, sérieusement ? Non allez balance les phrases qui les font fondre et je les utiliserai sur Lennon. Par contre si ça marche pas, ça sera ta faute ! » Je l'observais avec un petit sourire. J'avais bien envie de tester mes propres techniques de drague sur Rosaline mais je doutais qu'elle le prenne bien. De toute façon, elle était accro au papy selon la chronique alors je n'allais pas gâcher leur amour fou. Même si elle s'était pris un râteau, apparemment.