27 août, &ROSALINE

Un prime sadique et cornélien. Voilà les mots qui caractérisaient ce dimanche soir selon Clarence. Il n'avait pas chômé malgré son visible retrait ce soir-là. 5 candidats venaient de quitter Rollington et même à la fin de la soirée il avait encore du mal à réaliser. Après la disparition de Laura Wilcox, sexy présentatrice de l'écran, la fête avait continué dans la villa jusqu'aux alentours de 3 heures. Clay avait fait acte de présence bien que le cœur n'y était pas. Avec Esteban, ils avaient réalisé un coup de maître dans les duels qui allaient opposer des équipes à la sienne toute la semaine. Mais côté humain, il avait tout raté. Une fois de plus, sa relation tumultueuse avec Sarah n'était pas passée inaperçue et les seuls mots qu'on retiendrait de lui c'était: triangle amoureux. Autant vous dire que sur le coup, le blond avait eu envie de s'accrocher un boulet à la cheville et de se laisser plonger dans la piscine pour ne plus jamais en sortir. Mais soit, il fallait reprendre du poil de la bête et après plusieurs verres bien remplies, il décida de prendre une dernière douche fraiche avant d'aller se coucher. Légèrement bourré si on peut employer les mots pour décrire les bonnes situations, Clarence entreprit de retirer cette chemise bordeaux beaucoup trop cintrée, cet élastique dans les cheveux beaucoup trop serré, ces chaussures trop vernies et ce pantalon trop pincé. Il ne prit même pas la peine de se mettre entièrement nu, comme à son habitude pour prendre une douche normal quoi, puis fonça sous l'eau avant d'actionner le bouton. L'eau se déversa soudainement sur ses cheveux qui s'alourdirent et cette vue sembla provoquer chez Clay une hilarité brève. Trop occupé à rester debout, il n'entendit même pas qu'un autre candidat fit son entrée.

J’avais quitté le prime un peu avant la fin, il était rare de me voir rester jusqu’au bout, je ne suis jamais la dernière à partir. Cela devait faire au moins vingt minutes que j’étais partie, j’avais profité de ce temps pour me mettre en pyjama, enfin, ce n’est pas vraiment un pyjama mais plutôt un vieux short de sport qui s’est un peu agrandi avec le temps – à moins que je n’ai maigris, mais ça j’en doute fort – il est gris chiné et assez court, par dessus, j’ai mis un t-shirt deux fois trop grand avec écrit dessus i love london. C’est le premier truc que j’ai ramené d’Angleterre, c’est typique, j’adore ramener des t-shirts de ce genre lorsque je pars à l’étranger ou même lorsque je vais à Paris. J’en ai des tonnes ! Du coup, j’en achète parfois plusieurs, un normal à ma taille et un énorme pour me servir de pyjama. Ils sont tellement confortables que je crois que je vais les porter tout le temps. D’ailleurs, tellement il est grand, c’est limite si on ne voit plus mon petit short en dessus de cet énorme t-shirt noir. J’ai les jambes considérablement à l’air, je le conçois, mais je ne peux décemment pas dormir avec un pyjama d’hiver, en plus on me prendrait pour une petit fille toute timide ce que je ne suis pas. Enfin, je ne me trimballe pas non plus à poil, j’ai un minimum de pudeur ! Finalement j’entre dans la salle de bain, presque prête à aller au lit. J’entends les autres rentrer à peine du prime, alors que moi je suis déjà prête à dormir. Il ne me reste plus qu’à me brosser les dents, comme tous les soirs, et hop, je peux dormir. Je ne peux pas m’endormir sans m’être brossée les dents, question de principe, mes parents m’ont tellement sermonné quand je ne me les brossais pas, que maintenant j’y pense sans arrêt. Enfin bref, lorsque j’arrive j’entends que quelqu’un prend sa douche, mais je n’y prête pas grande attention, enfin je dis juste « il y a quelqu’un ? C’est qui ? » me résignant à ne pas avoir de réponse, j’attrape ma brosse à dent, ainsi que mon dentifrice et je commence à me brosser les dents. Je me dirige alors vers la cabine de douche, intriguée de savoir qui se cache à l’intérieur. Il n’y a pas de doute possible, ça ne peut être que Clarence. « Clay ? » je m’entends dire, alors que le dentifrice passe à travers mes dents et me donne la voix d’une fille en train de manger à marshmallow.

27 août, &ROSALINE

D'un geste vif, Clarence tourna les robinets pour que l'eau se refroidisse. Oh oui, il avait besoin d'avoir les idées claires même si l'alcool les lui avait plutôt embrumé. Il ferma les yeux puis s'appuya contre la paroi de la douche qui avait au moins le mérite de lui apporter un peu de fraicheur. Il pensait déjà à son lit douillet ou Esteban ne viendrait pas le rejoindre avant un bon moment. Derrière ses airs de garçon casé et de magicien incompris, il aimait rester avec les autres mais parfois Clay doutait que ce soit par pure spontanéité. Il soupçonnait son colocataire de lit d'être un peu stratégique voire de cacher pas mal de choses mais comme pour l'heure il était incapable de le prouver, il restait le bon pote qui lui ronflait aux oreilles et l'écrasait chaque fois qu'il le pouvait durant son sommeil. On n'était jamais mieux pour espionner ses potentiels rivaux que tout près d'eux. Mais ça c'était le combat d'une autre heure, le garde-chasse avait juste envie de se laisser vivre quelques heures peu importe ce qu'on dirait de lui. Après tout, bien de ses camarades étaient bien plus bourrés que lui dans la pièce d'à côté, les autres s'étaient déjà couchés sitôt le prime terminé, désireux de reprendre des forces après de tels événements. Il entendit alors une voix lui demander qui c'était mais en fait, il n'avait même pas envie de se montrer. La nana allait sûrement se pomponner alors qu'elle allait finir dans le noir puis aller se coucher et le laisser tranquille. Il garda donc le silence, retenant un faible hoquet dû à l'agitation de ces dernières heures. Mais le destin ne semblait pas l'entendre de cette oreille, cette personne l'avait reconnu semble-t-il. ET comment, il n'avait même pas ouvert la bouche. Clay tourna la tête vers la porte embuée de la cabine et distingua une fine ombre juste derrière. Il était si gros que ça pour qu'on le reconnaisse même flou ? Se dirigeant lentement vers la porte, il l'ouvrit brusquement pour laisser passer sa tête mouillée. Ses mèches blondes lui tombaient devant le visage et venaient goutter sur les pieds nus de la jeune fille. « Moi-même, qui me demande ? » Demanda-t-il sur un ton un peu fort avant de relever le menton. Il tomba nez à nez avec Rosaline, une brosse à dents fourrée dans le gosier. Il lui sourit faiblement sans bouger pour autant. « Tu veux la place ? T'es pas avec les autres ? »

En fait, il n’était pas bien dur à reconnaître, malgré le verre flouté de la cabine de douche. Tout d’abord parce qu’il est immense, qu’il a les cheveux longs – oh lala qu’est-ce que j’aime ses cheveux – et aussi des muscles à en faire palier plus d’un. J’espérais aussi que ce soit lui, je n’en étais pas totalement sur, surtout après les quelques verres de champagnes et autres diverses boissons alcoolisées. Je n’étais pas bourrée attention, j’étais sobre, mais mon esprit n’était plus certains de ce qu’il voyait, peut être aussi car tous les évènements arrivés ce soir m’avait un peu chamboulés. Tout d’abord la nomination d’office de mon équipe, qui était en grande partie ma faute, ensuite les échanges d’argent, puis mon immunité et enfin, par ma faute, ce n’était pas deux mais cinq candidats qui avaient quittés la maison. Je ne pouvais pas remettre la faute sur Sahara, elle n’avait fait que me suivre dans mon idée. Heureusement, les candidats partis étaient parmi ceux avec qui je n’avais pas réelles affinités. Et puis ma chambre est encore pleine, personne n’est parti ! C’est génial, on est encore tous là et j’espère que ça va durer. Pour le moment, il n’y a personne avec qui je suis proche qui est parti depuis le début de l’aventure, mais ça ne va pas tarder, jusqu’à ce que ce soit moi qui parte. Je sens que je vais être très triste quand l’étau va se resserrer. Bon bref, là n’est pas le sujet ! Finalement, peu de temps après m’être interrogée pour savoir si c’était Clarence à l’intérieur de la cabine de douche, la porte s’ouvrit, et je le vis là, grand et beau comme toujours. Il avait des mèches blondes tombant devant ses yeux ce qui le rendait d’autant plus craquant. Bon, faut que j’arrêtes de penser à ça, il ne veut pas de moi, enfin il m’aime bien comme amie – enfin je crois – et c’est tout, et à ce que j’ai compris il y a une histoire avec Sarah, donc vaut mieux laisser tomber. Des goûtes d’eau pas très chaudes tombent sur mes pieds, je me pousse un peu histoire qu’ils ne soient pas trempés, la sensation ne serait pas très agréable dans le lit. En fait il ne me vit pas tout de suite, je me sens toute petite et frêle à côté de lui. Regardez ses épaules, il es taillé comme un nageur de compétition. Il a un petit côté Michael Phelps, j’adore Michael Phelps. Ne croyez pas que je ne connais que lui, j’en connais d’autres, c’est juste que lui c’est le dieu de la natation, l’athlète qui détient le record du nombre de médailles olympiques c’est un extra-terrestre. J’aime bien regarder la natation, et pas juste pour voir des beaux mecs musclés en maillot de bain, j’aime bien regarder un peu tous les sports en fait. « non merci, je venais juste me brosser les dents en fait, je vais aller me coucher. Tiens. » dis-je en lui tendant une serviette. Je me dirige vers le lavado et je crache mon dentifrice, me lave la douche et nettoie ma brosse à dents.

27 août, &ROSALINE

Il avait fallu qu'il ne croise une fois de plus Rosaline alors qu'il était à moitié nu. Chaque fois qu'il voyait son joli minois, Clarence n'était pas franchement vêtu, elle allait finir par croire qu'il le faisait exprès depuis qu'il savait qu'il lui plaisait plutôt pas mal mais que nenni. Les choses avaient bizarrement évolué avec elle. Elle avait tenté de l'embrasser quelques jours plus tôt dans le gymnase, sa mémoire surprise s'en rappelait encore. Évidemment, ça n'avait pas échappé à l'oeil avide des caméras et les chroniqueurs s'étaient empressés d'en parler à toute l'assemblée ce soir même. Encore un détail agaçant qui avait tenu Clay éloigné des autres durant la soirée. Il détestait ce côté médiatique, ce manque d'intimité quand bien même il avait cru s'y être préparé avant son départ. Il n'avait pas vu la réaction de Sarah mais après tout qu'est-ce qu'elle aurait pu bien dire ? Elle flirtait avec Justin, tôt ou tard c'était leurs deux bouilles à eux que Clay verrait se bécoter dans l'écran plat. A cette idée, toute envie de profiter de l'eau s'évapora rapidement. Garder la face en toute circonstance, c'était là son principal objectif désormais. Peu importe ce qu'on raconterait sur son compte ou sur ceux des autres, jamais il ne se laisserait envahir. Poliment, il demanda à sa colocataire de chambre si toutefois elle avait besoin de la douche. Question stupide au vu de ses vêtements qui laissaient plutôt penser que elle aussi allait se coucher. Finalement, il prit la serviette qu'elle lui tendit puis sortit enfin de la douche. Oui son sous-vêtement noir était trempé et alors ? Il avait le droit d'être un peu éméché comme tous ces jeunes là-bas. S'essuyant d'abord le visage, il frotta ensuite la serviette sur ses cheveux blonds pour les sécher et leur redonner un peu de volume. On avait beau prendre Clay pour un homme des bois, sachez qu'il prend très soin de ses cheveux. Levant ses yeux clairs vers le miroir pour observer Rosaline, il demanda: « Je comprends que tu veuilles te coucher, la soirée a été rude je crois. » Particulièrement pour elle qui avait fait quelques mauvais choix qui avaient influencé à jamais le cours de l'aventure. Lui n'en avait pas souffert mais elle devait quand même se sentir coupable. Pour la réconforter, il passa son bras autour de son cou pour attirer son visage vers le sien puis colla un gros bisou sur sa joue. Oui, alcoolisé, Clay était affectif, première nouvelle ! « Je ne pense pas que les autres t'en veuillent, hein. »