Glace, glace, glace ! Là, il m'en fallait une ! J'avais besoin de frais, j'avais besoin de sucre, j'avais besoin de produits chimiques... euh non peut-être pas quand même ! Mais bref, me fallait une glaaaace ! Je me rendis au marchand de glace. Une fille y était déjà. J'attendais donc patiemment mon tour. Pour une fois que je suis patient, félicitez-moi ! La fille semblait péter son câble. « P A R D O N ?! Comment ça vous faites pas les trois boules ? » Pas de trois boules ? Ah ouais elle a raison de péter son câble la fille aux cheveux roses ! REBEEEEELLION ! Mais attendez... cheveux roses ? Mais c'est... c'est... c'est la nouvelle ! C'est Robin ! Ouais, je me souviens de son nom parce qu'il a était dis un paquet de fois hier ! J'arrivai à sa hauteur pour m'adresser aux marchands. « Vous avez pas la machine à faire des boules ? Si ? Beh vous collez trois boules dans un cornet et le tour est joué ! C'est pas sorcier ! Et vous me ferez la même glace que Madame, s'il vous plait ! » Dis-je, avant de me tourner vers Robin. « Hey ! Tu te souviens de moi ? Je m'appelle Justin et on s'est croisés en coup de vent lors de la soirée ! J'étais nominé, d'ailleurs ! » Lui dis-je, en souriant.

Apparemment, j'étais pas la seule à avoir chaud cet après-midi puisque ni une ni deux un jeune homme était à côté de moi - bordel il a le pouvoir de la téléportation celui-là ou quoi ? Ou alors il avait juste envie d'une glace et mon petit scandale lui avait permis de trouver le stand. J'allais lui résumer l'incompétence du glacier-qui-ne-faisait-pas-de-trois-boules, mais il avait sûrement déjà entendu l'affaire puisqu'il s'empressa de donner une leçon de trois-boulation au type. Oui oui, il lui apprenait son métier quoi. "Mais ça va déborder du cornet..." Roh mais quelle crêpe lui, et pour un mec qui faisait des glaces c'était plutôt un comble. "Ben tassez les boules, je sais pas moi ! Vous êtes glacier oui ou merde ?" Bon, je l'avais un peu vexé, puisqu'il nous fit nos glaces sans plus rien dire. Voilààààà. Enfin. La glace dans les mains, j'écoutai ce que me disait mon acolyte de rébellion pro-trois-boules. Ah ouais, Justin, en effet il m'avait salué juste avant de partir. Et il était rerentré - GG. "Ah oui ! Justin of course ! On dit justiiiin c'est ça ? T'es français ?" Question un peu conne puisque ce mec avait un prénom français, enfin, qu'on prononçait comme en français en tout cas. Chose difficile à faire pour une pure américaine, ouch, ma langue.

Le marchand de glaces disait que tout allait déborder du cornet ? Je me prenais la tête dans mes mains. Mais bon sang, quel incompétent ! « Ben tassez les boules, je sais pas moi ! Vous êtes glacier oui ou merde ? » Ouf ! Heureusement qu'elle était là Pink Girl ! Pour la peine, j'ai envie de dire PINK HAIRS POWAAAAAAAAAAAAA ! Voilà, c'est dit, c'est fait. « Ah oui ! Justin of course ! On dit justiiiin c'est ça ? T'es français ? » Je souris en l'entendant galérer à prononcer mon nom. « Oui voilà, je suis français. Je me suis installé aux States depuis peu. Mais ça va, je gère l'anglais non ? » Bah ouais, après tout je me démerdais pas mal ! Pour preuve, certains croyaient que j'étais anglais ! c'était flatteur ! Je parlais à Robin lorsque ma glace, qui fondait à cause du soleil, dégoulina sur mes chaussures. « Et meeeerde ! Voilà ce qui se passe quand on ne sait toujours pas manger une glace à 22 ans ! » J'attrapai une serviette que le marchand de glaces me tendit et je me baissai pour essuyer mes chaussures. « Et toi, t'as quel age ? » Ca c'est tout moi ! Je m'adapte tout le temps en toutes circonstances et je parviens toujours à soutirer les informations que je veux pour pouvoir faire connaissance avec la personne qu'il y a en face de moi.

Waw, heureusement qu'on avait insisté pour la triple glace, c'était vraiment cool. J'avais déjà à moitié mangé la boule citron et attaquais gentiment le chocolat - le mélange était cool. Des fois j'avais envie de m'auto-congratuler pour avoir si bon goût, huhu. Le petit Justin - ahem, petit - me répondit qu'il était en effet français. UN FRENCHIIIIIIIE mwahah j'allais l'appeler comme ça maintenant tiens. Plus prononçable que Justin. "Han la classe. C'est vrai que maintenant que tu le dis t'as bien un petit accent mais bon, ça passe crème dans une baraque remplie de gens des quatre coins de l'Amérique." Véridique, il y avait des accents particuliers quand même. Genre l'accent texan, elle avait un peu du mal, mais elle survivait. Pour une fille qui avait grandi dans une petite ville du New Jersey, je prenais un peu cher des oreilles. Donc c'était pas un accent français léger qui allait me perturber. "Et ça va c'est pas trop dur ? Enfin j'dis ça parce que je suis jamais sortie de mon petit patelin moi." Ou comment raconter sa vie ! Frenchie pendant ce temps... laissait dégouliner sa glace sur ses chaussures noires. Hum. "Mais noooon, c'est juste que tu es hypnotisé par ma magnificence..." Je blaguais bien sûr, et pour bien le faire comprendre j'ajoutai un clin d’œil, au cas où. "J'ai vingt ans, comme dans la chanson de ton pote là, Aznavour... un truc sur des fleurs itout..." Ouais, en bonne amerloque je pensais que tous les français connaissaient La Bohème sur le bout des doigts.

« Han la classe. C'est vrai que maintenant que tu le dis t'as bien un petit accent mais bon, ça passe crème dans une baraque remplie de gens des quatre coins de l'Amérique. » La classe de quoi ? D'être français ? J'aurais plutôt dis que la classe c'était d'être américain, mais bon ! Chacun à son point de vue à ce sujet, je suppose. « Et ça va c'est pas trop dur ? Enfin j'dis ça parce que je suis jamais sortie de mon petit patelin moi. » Je hochai les épaules. « Non c'est cool. On s'y habitue vite. » De plus, l'anglais était vraiment une langue que j'aimais ! « Mais noooon, c'est juste que tu es hypnotisé par ma magnificence... » Me dit-elle, alors que j'étais entrain d'essuyer mes chaussures. Je ris. « Et ta connerie elle t'aveugle ? Meuuh j'rigole ! » Dis-je, amusé. Je me relevai après avoir fini d'essuyer mes chaussures. « J'ai vingt ans, comme dans la chanson de ton pote là, Aznavour... un truc sur des fleurs itout... » Je levai un sourcil. Mon pote Aznavour ? Oulala le gros cliché sur les français ! c'est comme quand nous on dit que les américains bouffent tous des hamburgers. Quoi que c'est un peu plus vrai... « Je suis donc ton ainé. Tu me dois le respect et patati et patata... » Dis-je, ironiquement. Généralement, les vieux tiennent ce genre de discours totalement débiles. Ils se croient au dessus de tout le monde tout ça parce qu'ils sont plus vieux. Mais redresses-toi sur ta canne papy avant de parler ! T'as le dos courbé, tout le monde te regardes de haut ! Bon voilà, c'était la minute méchante ! Mais moi, faut pas me marcher sur les pieds ! Sinon je les aime bien les petits vieux tout gentils.

Oh, il répondit bien évidemment qu'on s'habituait. Ouais ouais ouais, comme si moi j'allais aller en France et m'habituer comme ça en claquant des doigts ? Psshhh. Bon après le français était une langue bien chelou et l'anglais un peu universel, donc c'était pas tout à fait la même chose. Mais quand même ça pétait du feu. "Ouais, enfin chapeau quand même mec." C'était sincère. Il enchaîna en me demandant... si ma connerie m'aveuglait. Bon. Hum. Évitons de sortir un truc méchant de suite, hum ? Je préférai me renfrogner silencieusement en me cachant derrière ma glace. Et maintenant il me sortait qu'il était mon aîné... Bon. Il me gonflait un peu quand même là. Il me connaîssait depuis trois secondes et me parler de ma connerie ? Puis du respect que je lui devais ? Mon humour avait quelques limites quand même. Je voulais pas me fâcher, juste le remettre un peu en place. "Ouais, tu te fais vieux. T'as une ride, là." Et de pointer un coin de son front avec mon doigt. "T'as vu, mon unique neurone me permet de voir encore un peu, pas vrai ?"

« Ouais, enfin chapeau quand même mec. » Me dit-elle, quand je lui dis que l'on s'habituait vite à l'anglais. Suite à cela, je l'avais un peu chambrée. Ironisant sur pleins de choses. Mais visiblement, elle ne semblait pas le comprendre. « Ouais, tu te fais vieux. T'as une ride, là. » Dit-elle, en pointant mon front avec son doigt. « T'as vu, mon unique neurone me permet de voir encore un peu, pas vrai ? » Elle semblait s'énerver. J'enlevais doucement sa main de mon front en prenant la parole. « Du calme, j'ironise. je fais juste exprès de parler comme ça. Je fais comme si j'étais un vieux. » Dis-je doucement avant de reprendre sur le ton de la rigolade. « Pour tout te dire, ce qui m'a éblouis ce sont tes cheveux roses ! J'aime beaucoup personnellement ! Ca fait rock'n'roll ! » Mais en plus c'était trop ça, la meuf était juste trop rock'n'roll ! Je continuai de manger ma glace qui fondait. Pour ne pas que cela dégouline, à nouveau, sur mes vêtements, je rattrapai tout ce qui dégoulinait avec ma main. « Je fais le vieux con et je ne suis même pas capable de manger une glace correctement ! » Dis-je, en m'essuyant les mains et en me retenant de rire.

Ouais, j'étais partie pour bouder, ça m'arrivait de temps en temps. Et une simple vanne devenait parfois un sujet à drame, parce que j'étais un peu soupe au lait. UN PEU. Je pouvais pardonner facilement aussi, je n'étais pas une rancunière de première. Puis allez, c'était pas comme si c'était très grave non plus, je suis pas débile. Et le Frenchie était sympa, la preuve il m'expliqua gentiment qu'il ironisait juste. Mouais. Heureusement pour lui une voix dans ma tête m'interdisait de faire la guerre dès le premier jour, m'interdisait de faire la guerre tout court d'ailleurs. "Ouais. Désolée. Je monte vite au créneau." Et aux rideaux aussi, mais bon c'pas le sujet. Il reprit en me disant que mes cheveux roses c'était trop cool et rock'n'roll. Je souris. Pas mal de gens disaient ça ici, ça me faisait assez plaisir d'ailleurs. "Apparemment ça plaît beaucoup ici. Limite ça me fait bizarre ! Chez moi tout le monde me regardait de travers." Véridique. Tout le monde. Sauf le disquaire-trop-cool-of-ze-life. "Mais je m'en tamponnais le string moi hein. Rock'n'roll, tu dis." Véridique aussi. Ou presque - les regards noirs de la caissière c'était lourdingue. La glace de mon acolyte dégoulinait à nouveau. "Nan mais j't'explique : la technique c'est manger la glace le plus possible sans toucher au cornet jusqu'à ce que ça soit un peu enfoncer pour pas que ça dégouline. Huh ?" Oui je lui apprenais à bouffer une glace. Pauvre petit Frenchie.