J'étais rentré au petit matin de mon entrevue avec Lennon. Je ne souhaitais pas y penser ni en parler : rien de mieux qu'une petite sieste pour me remettre les idées en place. Ainsi, je me rendais dans ma chambre et m'assoupissais quelques heures. Lorsque je me réveillais, mon estomac cria famine. C'était l'heure de manger ! Je me précipitais vers la cuisine. Pas le temps de me préparer quelque chose de très élaboré, je prenais du pain et le pot de nutella. Rapidement, j'étalais la pâte à tartiner et prenais une grande bouchée. Hmmm c'était booon !! Je restais à manger là, avec ma tartine, et dès que je l'eus finie, j'en préparais une nouvelle. Seulement, j'entendis du bruit derrière moi et sursautais avant de me retourner .. Si vite et si bien que al tartine vint se coller sur la poitrine de la jeune femme qui était entrée dans la cuisine. Superbe. En plus c'était Berlioz et nous n'étions déjà pas vraiment en bons termes. « Oups ? » Je lui adressais un sourire et enlevais la tartine de ses seins. Il y avait une grosse tâche de nutella. J'aurais bien proposé de la lécher mais je ne sais pas si ça aurait fait bon effet. A la place, je cherchais rapidement des serviettes. « Je suis désolé Berlioz ! »

Je m'étais assoupie quelques heures dans le jardin, heureusement pour moi le soleil n'en avait pas profité pour me brûler la peau. Je ne savais pas pourquoi j'étais aussi fatigué en ce moment, peut être le fait que généralement, en dehors de ce jeu, mes journées étaient chargées. La journée j'allais en cours, lorsque j'avais fini je me rendais dans la salle de danse me défoulait un peu, puis je passais la nuit en boîte de nuit à servir des cocktails. Je crois que mon corps me faisait payer toute les heures de sommeils que j'avais à rattraper. C'est pourquoi lorsque je me leva du transat, je me rendis compte que j'étais prête à manger un sanglier comme Obélix tellement j'étais affamée. A croire que je n'avais pas mangé depuis des semaines. Et alors que je venais de mettre un pas dans la cuisine, Graham m'étala sa tartine droit sur ma poitrine. Je regarda le résultat avant de lever les yeux vers lui qui ne poussa qu'un oups. Je garda le silence pour le moment, sachant qu'il n'avait pas fait exprès, alors qu'il accouru pour aller chercher des serviettes après avoir retiré la tartine. Je plongea mon doigt dans le nutella se trouvant sur mes seins et l'apporta à ma bouche. J'avais bien envie de tartine moi aussi d'ailleurs. Pensant ce temps, Graham s'excusa enfin. C'était bien la première fois, je haussa donc un sourcil. « Tu t'excuses pour ça ou pour la gifle de la dernière fois ? » lui demandais-je, attrapant les serviettes qu'il avait dans les mains pour frotter. Oui, la gifle n'était toujours pas passé.

Je n'étais pourtant pas maladroit, d'habitude. Il semblait que le destin se jouait de moi, puisqu'il aurait pu choisir n'importe qui pour passer cette porte. Mais non, il avait choisi Berlioz. J'étais un peu gêné de ma chose surtout que j'avais bien visé avec ma tartine et puis c'était toujours de la nourriture gâchée .. Finalement, je trouvais une réserve de serviettes et les tendais à Berlioz pour qu'elle puisse se frotter. Je ne le faisais pas moi même car sinon, elle allait m'accuser de vouloir la tripoter. C'était quelque chose dont je n'avais pas besoin. « Les deux. Écoute je te déteste pas particulièrement, j'ai vraiment choisi au hasard, je pensais pas que tu le prendrais aussi mal .. » Je poussais un soupir en voyant que le t-shirt de la jeune femme était tout simplement foutu. Tant pis. Je pris une petite cuillère et plongeais dans le pot de nutella pour en ressortir une bonne quantité à lécher. « J'ai pas envie d'avoir des ennemis dans la maison même si cela semble me tomber dessus sans que j'y fasse grand chose .. Alors je te prie de m'excuser. Je suis pas méchant quand on me connaît. » Je lui adressais un sourire qui se valait rassurant.

Je n'étais pas quelqu'un de rancunier, mais tant que la personne ne c'était pas excusé, je ne lui adresserais pas la parole. C'est pourquoi je n'avais pas parlé à Graham depuis qu'il m'avait mit une claque, sauf à ce moment précis, car il m'avait quand même étalé de la pâte à tartiner sur la poitrine. Lorsque je lui demanda s'il s'excusait pour ça ou pour la gifle, je lui tendais tout de même une belle perche pour qu'il se décide enfin à me demander pardon. Il s'excusa finalement pour les deux, ce qui n'était pas plus mal. Il ne pensait pas que je le prendrais aussi mal. En même temps, c'était une claque quand même. Lorsque je remarqua que son regard s'attarda un peu plus bas, je baissa la tête pour voir que mon t-shirt aussi avait eu le droit au même sort que mes seins. Ce n'était pas le plus grave, je n'étais pas une fille qui attachait une grande importance à ses fringues. « Je te pardonne. Tu sais je crois que tu le fais pas exprès, que tu dois être un garçon pas très doué avec les filles. » Ce n'était pas un reproche, c'était surtout un constat. Je sais que les garçons n'aimaient pas qu'on leurs disent cela, mais là c'était bien le cas. Il était maladroit dans ses dires et ses gestes. « Allez, partage un peu. » lui dis-je, en attrapant la cuillère qu'il tenait dans ses mains pour la plonger dans la pâte à tartiner et pour ensuite me mettre à la lécher. Je savais qu'il n'était pas bien méchant Graham, il n'en avait pas l'air en tout cas.

Elle avait raison. Je n'avais jamais été très bon avec les filles : juste à les draguer et les laisser le lendemain. Je n'avais pas d'expérience en relation ou comment me faire bien voir d'elles. Après tout, d'habitude, il suffisait que j'enlève mon t-shirt et tada c'était bon. J'affichais un grand sourire grâce à son pardon et continuais à manger mon nutella comme un goinfre. Je n'avais pas peur de perdre mes tablettes de chocolat -je passais souvent à la salle de gym-, tout cela serait bien vite éliminé. Finalement, elle me piqua ma cuillère et la prit pour manger elle même. J'étais tout d'abord surpris avant de rire. « Moi, pas doué ? Tu n'as rien vu. » Je lui piquais la cuillère et faisais le tour du comptoir pour ne pas qu'elle me la prenne à nouveau. « Tu veux dire que .. ça, ne te fait rien ? » dis-je en soulevant mon t-shirt et en dévoilant mes muscles. Bien entendu, j'étais en train de plaisanter. Je n'étais pas en train de la draguer : j'avais reçu ma leçon sur ça depuis le début du jeu. « Ou alors, ça ? » dis-je en léchant la cuillère sensuellement.

Graham n'était pas méchant, on le voyait dans sa manière de parler. Après tout, il s'excusait quand même. S'il aurait voulu être méchant, il n'aurait pas demandé pardon pour la gifle et pour la tache aussi. Je n'étais pas sûr de pouvoir devenir sa plus grande amie, certes, mais je pouvais tout de même rire avec lui. La preuve, je m'entendais bien avec la plupart des candidats, alors pourquoi pas avec lui ? D'ailleurs, il semblait déjà d'humeur joueuse, puisqu'il m'arracha des mains la cuillère que je venais moi-même de lui piquer. Il se mit à courir jusqu'à derrière le comptoir, avant de lever son t-shirt pour me faire montrer son corps en me demandant si ça ne me faisait pas quelques choses. « Mais bien sûr que si ça me fait quelques choses, si tu savais, c'est le tsunami dans ma culotte. » Bien entendu j'étais ironique. Graham était beau, certes, mais je n'étais pas le genre de fille à tomber sous le charme de type comme lui. Puis il se mit à lécher la cuillère d'une façon exagérément sensuel. Je leva les yeux au ciel, souriant malgré tout à son délire. Je m'approcha de lui et plongea mon doigt dans la pâte à tartiner avant de l'étaler sur la joue de Graham. Je me pencha alors de l'autre côté du comptoir, toujours face à lui et lui lécha la joue sensuellement, avant de me reculer. « Tu es tellement irrésistible, je ne résiste pas. » lui dis-je, avant d'éclater de rire. il valait mieux pour lui de ne pas jouer à ce jeu avec moi, j'étais bien plus forte que lui.

La conversation semblait être partie d'un bon coup, car au lieu de me traiter comme un idiot et de ne pas percevoir l'humour que je mettais dans mes phrases, Berlioz fit en sorte de jouer avec moi. A sa première phrase, j'éclatais de rire. Je savais bien qu'elle ne me trouvait rien de spécial et je ne le cherchais pas particulièrement, pas avec ce qui s'était passé avec Lennon. Berlioz s'approcha alors et me mit du nutella sur la joue avant de le lécher. « L'honneur d'avoir la bave de la grande Berlioz sur ma joue !! » Je m'essuyais avec une serviette et plongeais le doigt dans le nutella à mon tour avant de la chasser autour de la table. Une fois que je pus l'attraper, je lui mettais du nutella sur le nez avant de lui faire des peintures de guerre sur les joues et le front. « Vous êtes charmante comme ça mademoiselle. » Je léchais le reste de nutella sur mon doigt et l'observais en attendant sa revanche, qui serait sûrement terrible.

Tout avait été très vite, on était passé à des excuses presque émouvant (j'ai bien précisé) à une presque bataille de nourriture. Il venait tout juste de jouer le macho dragueur qu'il était et j'étais rentré dans son jeu, histoire de l'avoir à son propre jeu. Je lui lécha la joue, un geste plus enfantin qu'autre chose, d'ailleurs Graham l'avait parfaitement compris, puisqu'il s'en moqua et se mit à me poursuivre, le doigt plein de pâte à tartiner. Je me mis à courir autour de la table, en criant comme une folle pour pas qu'il m'attrape. Il m'étala donc du chocolat sur le front et les joues, alors que j'essayais de me débattre en secouant la tête, tout en rigolant tout de même. Il continuait à me provoquer avec ses petites phrases. Je suis sûr qu'il attendait à ce que je riposte immédiatement avec le pot de nutella, mais j'étais bien plus vicieuse que ça. J'ouvris le frigo et en pris deux œufs. Le premier que je lui balança, il l'évita et ce dernier s'écrasa en plein sur la fenêtre qui donnait sur le jardin. Une grosse tache qui faisait tâche, sans mauvais jeu de mot. Puis alors que Graham aussi regardait la fameuse tâche, je lui balança le deuxième œuf qui s'écrasa à l'arrière de sa tête et qui se mit à dégouliner le long de son dos. « Je t'es eu pauvre petit poulet. » La cuisine n'allait plus ressembler à rien, mais on finirait par nettoyer à un moment ou un autre.

Je ne savais pas à quoi m'attendre avec Berlioz. Elle semblait aimer jouer, et lorsqu'elle se rapprocha du réfrigérateur, j'eus soudainement peur. J'en profitais pour manger un peu plus de nutella mais lorsque je la vis sortir avec un œuf dans sa main .. Mon sang ne fit qu'un tour. Elle m'en balança un et je me baissais, l'évitant de justesse. La fenêtre par contre venait d'être bien tâchée et je me retournais vers celle-ci pour la regarder. C'était horrible ! Nous n'allions pas devoir ranger ça après, hein ? J'espérais que non. Et alors que je ne regardais pas, elle me balança un deuxième œuf qui dégoulina dans mon dos. Je frissonnais et me retournais pour la regarder, un peu dégouté. « Je t'es eu pauvre petit poulet. » Mon regard se fixa sur des placards qui étaient près de moi. Je me précipitais vers ceux-ci et examinais leur contenu. De la farine, du sucre, de la semoule .. Bon, la farine ferait l'affaire. Je sortais le paquet et l'ouvrais rapidement avant de courir vers berlioz et de jeter le contenu du paquet sur elle. Elle était toute blanche ! Et un peu moi aussi au passage. « T'as mal calculé ton coup avec les œufs ma chère. »