Je ne m’étais pas rendu dans la salle de sport pour faire de la gym’ depuis mon expérience douloureuse avec Lennon. En effet, en faisant une vrille au sol, d’ailleurs je ne sais pas quelle mouche m’a piqué ce jour là, sachant que je ne fais jamais de vrille, sachant pertinemment, que lorsque j’atterris une douleur plus qu’insupportable se fait sentir à ma cheville. J’aurais bien aimé oublier cet épisode douloureux de ma vie, seulement, il m’est rappelé chaque fois que je fais le moindre mouvement trop brusque. Parfois c’est juste une petite douleur, qui passe en deux minutes, mais d’autres fois je ne peux plus marcher, à part à cloche pied, pendant plusieurs heures, ce qui est, je vous le confirme, extrêmement embêtant. J’étais revenu ici, mais pour faire autre chose, comme de la musculation par exemple, même si je n’aime pas trop ça. Mais aujourd’hui, l’appel de la gym’ est trop fort, je dois en faire, je ne peux pas m’en passer aussi longtemps, je me demande d’ailleurs comment j’ai fais pour ne pas en faire pendant une semaine, à part mon grand écart quotidien au réveil. Je vous assure que ça réveille ! Je rentrais dans la pièce, vêtu d’un short gris et rose, ainsi que d’un t-shirt à bretelles rose, moulant. En fait, d’habitude je ne met pas trop de choses moulantes, mais pour la gym’, c’est différent, je suis un peu obligé, sinon je me raccroche dans mes habits, ce qui est un peu embêtant. E fais environ dix minutes d’étirements, histoire de bien chauffer mes muscles pour ne pas me faire mal, et je monte sur la poutre. Personne n’est là, enfin maintenant, ça ne m’étonne même plus ! Je commence quelques enchaînements, don des saltos, des souplesses, ce genre de choses. Alors que je suis en position de pont, je vois, à l’envers certes, la porte s’ouvrir. Je remonte debout, droite comme i, pour voir de qui il s’agit !

20 août ; &ROSALINE

Après le réconfort, l'effort. Clarence s'était autorisé une escapade gourmande ce matin même en allant dans un des meilleurs coffee shop américains qu'il lui avait été donné de visiter. A vrai dire, ça faisait des années qu'il n'y avait pas mis les pieds et le tournage de l'émission lui donnait l'occasion de retrouver les petits plaisirs des Etats-Unis. Cependant, après être rentrée, il s'était trouvé envahi d'un sentiment de culpabilité et avait donc rejoint rapidement le gymnase dans l'espoir d'éliminer un peu toutes les calories ingurgitées. Il avait besoin de se défouler et étant donné qu'il stagnait tout au long de la journée à buller, les machines de musculation étaient le meilleur remède. Armé d'un short noir de sport, torse nu et d'une serviette pour éponger la future transpiration salvatrice, il ouvrit la porte du gymnase pour se diriger droit vers ce qui ressemblaient étrangement à des machines de torture. Cependant, Clay se stoppa net à l'entrée quand il remarqua quelqu'un debout sur la porte à guetter son arrivée. Décidément ils se croisaient partout en plus de dormir dans la même pièce. Il l'appréciait plutôt, comme toutes les personnes de sa dépendance à vrai dire. C'était une chambrée éclectique mais avec des personnalités bien distinctes. Du moment qu'il ne se rendait pas compte qu'il dormait parmi les loups... Il fit quelques pas en sa direction pour l'observer quelques minutes avant d'aller se dépenser lui-même. « Comment se porte la championne ? Remise du prime ? »

C’est Clarence qui est rentré dans la salle, c’est lui, ce n’est pas possible de se tromper. Il n’y a qu’un seul mec dans la maison qui a les cheveux longs, et c’est lui. A moins que ce soit une fille ? Mais ce n’est pas possible, déjà qu’une fille soit aussi grande, musclée, et torse nu surtout ! Cette dernière chose est vraiment très très rare chez les filles. Décidément à chaque fois que nous nous parlons il est torse nu, à croire qu’il tente, inconsciemment de mettre ses atouts en valeurs. Et je dois dire qu’il y arrive plutôt bien. Je lui ai déjà dit la semaine dernière, il est sexy et mignon, deux choses bien distinctes d’après moi. Tout d’abord être sexy, c’est objectif d’après moi, là dessus les filles sont d’accords, même si elles n’ont pas les mêmes goûts. Un homme sexy est un bien précis, il doit être musclé et grand, en général, et doit avoir un beau visage (enfin avoir tout là où il faut). Par contre, un homme mignon, ce n’est pas pareil. Ce jugement est totalement objectif, deux filles n’ont pas du tout les mêmes goûts et ne trouvent pas mignon, les même mecs. Bref, tout ça pour dire, en gros, que Clarence est mon type d’homme physiquement, voilà, mais en fait je ne suis pas très difficile là-dessus, je m’intéresse bien plus au caractère. Même si auparavant e ne voulais sortir qu’avec des cannons de beauté presque hors du commun, vu toutes les expériences désastreuses que j’ai eu avec ce type d’homme, je préfère faire attention maintenant. Il me demanda, après quelques minutes à m’observer, ce qui fut assez gênant je dois bien l’avouer, surtout qu’il n’y avait aucun bruit dans la salle ; comment j’allais. « j’vais bien et toi ? » dis-je en recommençant mes enchaînements. A la fin de ma traversée de poutre, à l’atterrissage, je sentis une énorme douleur dans ma cheville. Mais c’est pas vrai, encore, je ne peux plus bouger, je tiens en équilibre sur une jambe, je suis prête à tomber. A moitié désespérée et en criant, je dis « aides-moi s’il te plait, fait quelque chose, prends moi sur ton dos ou je ne sais pas, mais fais quelque chose, je t’en supplie ! »

20 août ; &ROSALINE

Clarence avait indubitablement aimé leur moment en tête-à-tête de la dernière semaine. Il avait appris à découvrir une femme qui était bien loin de l'image qu'elle pouvait dégager au premier abord. Rosaline était encore bien jeune, tout juste majeure aux dernières nouvelles mais elle paraissait déjà d'une maturité étonnante et d'un côté enfantin qui lui seyait plutôt bien. Il avait connu une fille frustrée par une ancienne passion pour la gymnastique qui avait fini par lui nuire et déterminée par des études plutôt difficiles d'astronomie. Elle avait de l'ambition et pour Clay, ça faisait partie des clefs de la réussite. Chaque fois qu'ils se croisaient, il était en petite tenue mais ça ne l'avait jamais perturbé. L'homme était totalement à l'aise avec son corps et sa nudité sans aller jusqu'à l'exhibitionnisme de certains. Il ne croyait pas que ça puisse la troubler de le voir toujours torse nu et c'était donc détendu qu'il l'avait rejoint. C'était la première fois qu'il la voyait dans son élément et Rosaline n'avait jamais été aussi gracieuse. Même si elle était en train de parler avec lui elle était capable de poursuivre sur ses enchainements sur cette poutre qui paraissait bien trop fine. Clarence était certain qu'il aurait l'air d'un gros ours maladroit si toutefois il se risquait à grimper dessus, c'était bien la raison pour laquelle il exécrait la gymnastique. Lui était plutôt dans le développement musculaire, au final c'était bien plus utile pour soulever d'énormes bûches que de savoir faire la roue. « Ca va bien. Tu m'impressionnes tu sais. » Il souriait. A la regarder, tout semblait facile. Quand tout à coup, Rosaline se blessa à la cheville. C'était certainement la responsable de son arrêt et il ne comprit pas pourquoi elle ne faisait pas plus attention. Elle lui cria de venir l'aider et pris au dépourvu, Clay lâcha son équipement sur le sol avant de s'approcher de la poutre à grandes enjambées. Il glissa une main autour de sa taille puis une autre sous ses genoux ce qui lui permit de s'accrocher à son cou pour qu'il la retire de la poutre maléfique. Elle était légère comme une plume. « Tu sais, la marque des grands sportifs c'est de savoir combien de blessures ils ont enduré puis surmonté. » Sur ces paroles sages, il avança jusqu'à une chaise qu'il attira d'un geste du pied puis la posa dessus. « Tu veux quelque chose pour ta cheville ? »

Ah nan mais quelle débile je vous jure ! Je savais très bien que fallait pas que je sois si brusque, mais c’est plus fort que moi, je ne peux pas m’en passer, et puis ça va passer. Dans deux minutes je serais debout en pleine forme, comme si rien ne s’était passé. En fait j’avais surtout besoin de lui pour qu’il me descende de là, parce que je n’aurais pas pu le faire toute seule, c’est certain ! Il m’attrape un peu à la manière de Cendrillon, et je dois dire que ça me plait bien, enfin c’est déjà mieux que la dernière fois où je n’étais traitée que comme un vulgaire sac à patates. Il s’améliore de jour en jour, je me demande ce que ce sera après ? Bon bref, oublions ça ! Comme la dernière fois, il prit une chaise avec son pied et l’attira vers lui, et me posa avec toute la délicatesse dont il est capable, soit pas énormément en fin de compte, et me demande gentiment si je veux quelque chose pour ma cheville. A force de tout le temps avoir mal à cette foutue cheville, je commence à savoir ce qu’il faut faire. Je dois la tourner lentement, puis de plus en plus vite et la douleur s’en va, et je peux recommencer mes exercices comme-ci de rien n’était. « merci c’est gentil, mais je n’ai besoin de rien. Et encore merci de m’avoir…descendu de la poutre. » qu’est-ce que je peux avoir l’air d’une débile franchement, on croirait une petite fille toute timide. Bon, je l’attire vers moi pour lui faire un bisou, en signe de remerciement. Bouche, joue, bouche, joue ? C’est dur de choisir ! Je ne devrais même pas avoir à faire ce choix normalement, il est évident, joue, mais c’est comme-ci ses lèvres me disaient « embrasses-moi ». Nan mais qu’est-ce qui me prend franchement ? J’me suis fait piquer par quelque chose ou quoi ? Je vais devenir spider-man, mais au féminin, je vivrais une histoire compliqué avec un super beau mec et tout. D’ailleurs pourquoi est-ce qu’il y a toujours des histoire compliqués avec les filles dans les comics , enfin, bon, on en est pas là. Faut que je fasses un choix, lèvres ou joue ? Je tente le tout pour le tout et dépose et léger baiser sur ses lèvres. Je sens bien que je vais me prendre un râteau monumental, mais bon, ce n’est pas comme-ci c’était la première fois. J’en ai déjà connu plus d’un, alors un de plus, un de moins.

20 août ; &ROSALINE

Clarence s'était précipité sur Rosaline pour lui éviter une nouvelle douleur lancinante. Il ne savait pas vraiment ce que c'était la frustration d'un sport qu'on aimait: il ne s'était jamais blessé et pour cause, il préférait toujours la musculation ou la course à de réels sports. Il était plutôt solitaire en général dans sa façon de s'entretenir et comme il avait aperçu sa colocataire dès l'entrée du gymnase, il avait déjà enregistré qu'il n'oserait pas s'entrainer sur les machines tant qu'elle serait dans les parages. Il n'aimait pas s'exposer de cette façon, il n'aimait pas montrer spontanément ses capacités physiques. En revanche dès qu'un ami à lui lui lançait des défis, il les relevait toujours avec une ardeur féroce. Il avait le sens de la compétition et sa force résidait dans le fait que personne ne le comprenait vraiment derrière ses airs amicaux. Il s'enquit alors de son état, lui proposant quelque chose si ça pouvait soulager sa blessure. Il ne comprenait pas pourquoi Rosaline s'entêtait à forcer dessus. Certes, c'était probablement dur de renoncer mais ne faisait-elle pas qu'aggraver son cas finalement ? Ne voulant pas passer pour le donneur de leçons qui n'avait rien à faire ici, il recula légèrement d'elle. « C'est normal je n'allais pas te laisser te casser la figure devant mes yeux. Quoique ça aurait pu être drôle quelques secondes avant que tu ne m'assassines. » Il haussa un sourcil interrogateur. Bien sûr qu'elle l'aurait tué de ses propres mains s'il avait fait l'affront de se moquer de ses faiblesses. Elle voulut le remercier et approcha de son visage. Tout content, Clay tendit la joue mais ne s'attendit pas à ce qu'elle ne dépose un baiser sur ses lèvres. Il resta interdit un instant puis fronça les sourcils, en quête d'une réponse. Pourquoi avait-elle fait ça ? Avait-il lancé des signaux quelconques qui pouvaient être mal interprétés ? S'accroupissant pour être à sa hauteur, il finit par reprendre ses esprits. « Je veux bien que tu me sois reconnaissante pour mon aide mais, pourquoi ? » Sur le coup il fut légèrement agacé parce qu'il n'aimait pas se faire surprendre de la sorte mais il ne le laissa pas paraître.

Ce qui est fait, est fait, on ne peut pas revenir en arrière. Et puis de toute façon je n’ai pas super envie de revenir en arrière. Tant pis si je me prends un râteau, au moins j’aurais tenté ma chance, qui ne tente rien n’a rien comme dit le dicton. Enfin, arrêtons de croire les dictons, car il y en a franchement, faut vraiment être dans le déni pour y croire, « une de perdue dix de retrouvé » tu parles ! Cette histoire, ça marche juste pour les kilos. T’as déjà vu en bas de chez toi, après une rupture, dix nana qui attendent, « bah vous êtes qui ? » « on est les filles du dicton ». Bon bref, après cette petite citation d’un humoriste français bien connu, Gad Elmaleh, revenons à nos moutons. Je crois que vu comme il me regarde, je peux me barrer, attraper un pot de glace et regarder des navets toute la journée. Enfin il ne m’a pas rejeté, il n’est pas parti, mais il reste planté là, l’air de ne rien comprendre. S’il ne veut pas de moi, j’espère tout de même qu’on pourra rester amis, parce que je l’aime bien – ouai bon ok un peu plus que ça – et il est vachement sympa, ce serait con de gâcher une semaine d’amitié – c’est long une semaine ici – pour un pauvre petit baiser innocent. Après tout ce n’est pas comme-ci je l’avais embrassé comme il faut, c’était juste un tout petit baiser de rien du tout. J’ai l’impression d’être une enfant de quatre ans comme il me parle, enfin vu notre différence d’âge – on s’en fout un peu de ça – je dois avoir l’air d’une petite fille à côté de lui. J’ouvre grand la bouche, on dirait une attardée mentale, mais je ne dis rien, avant de finalement dire « je…je…je suis désolé. Mais c’est tes lèvres, enfin j’veux dire elle m’envoie des signaux qui disent « embrasses-moi ». Bon je devrais peut être me taire, j’aggrave mon cas » à ce moment, j’ai trop l’air d’une conne. Je baisse la tête comme un enfant qui a fait une bêtise. Il va me prendre pour une folle, c’est sur !

20 août ; &ROSALINE

Si on avait dit à Clarence qu'il se ferait embrasser par une de ses jeunes colocataires de chambrée en entrant ici, sans doute aurait-il ri aux éclats. Il appréciait beaucoup Rosaline, c'était indéniable et s'il pouvait se montrer super nature et très joueur, il n'en restait pas moins quelqu'un qui n'embrassait pas au hasard. D'ailleurs jamais il ne se serait attendu à donner ou recevoir un baiser durant l'émission. Il s'était bien fixé ses propres objectifs avant son arrivée. Déstabilisé, il ne savait pas quoi faire. Envoyer bouler la jeune femme était la moins bonne des solutions, ils allaient encore devoir cohabiter le plus longtemps possible. Et puis ça n'était pas un geste répréhensible, juste un acte un peu trop irréfléchi qui ajoutait quand même beaucoup de tendresse à la personne de la gymnaste. sans doute aidée par le fait qu'il avait volé à son secours suite à sa torsion de cheville, elle s’était penchée sur lui pour déposer un baiser sur ses lèvres. Pas la grosse galoche non plus fort heureusement, Clay en serait tombé à la renverse. Incapable de réfléchir, il lui avait simplement demandé la raison de ce baiser et sa réponse fut plutôt comique, destinée à détendre l'atmosphère. Elle ne devait pas s'en sentir coupable, c'était plutôt flatteur même. Il eut un rictus amusé. « Dans ce cas toutes mes excuses, je leur demanderai désormais d'être moins aguicheuses. » Quand elle baissa la tête à la manière d'une enfant réprimandée, Clay n'en fut que plus attendri. Bah quoi il restait un homme avec un cœur tout de même et quand une jolie fille était abattue il ne pouvait décemment pas rester inactif. Il releva son visage puis déposa un bref baiser sur son front. C'était tout ce qu'il pouvait offrir aujourd'hui. Puis se redressant debout, il tapa sur son torse bombé: « Et puis ça veut quand même dire que je suis méga sexy ! »

Qu’est-ce que je fais maintenant ? Je devrais peut être partir en courant après m’être ridiculisé de cette façon. Mais ça n’arrangerait rien, déjà nous sommes dans la même maison vingt-quatre heures sur vingt-quatre et aussi dans la même chambre. Nous allons forcément beaucoup nous croiser, et forcément nous parler. Bon, faut que je me reprenne, ce n’est pas le premier râteau que je prends, mais le premier devant tant de monde en tout cas. J’imagine les gens devant leurs télés se foutrent de moi, je ne suis qu’une pauvre nulle à cet instant. Il relève ma tête et me dépose un doux baiser sur le front, ce qui a le don de me faire sourire. Je dois avoir un sourire béat absolument horrible, mais bon, on s’en fout ! Vous savez ce que c’est quand vous voyez quelqu’un de séduisant qui vous sourit et que votre cœur se met à fondre comme du beurre chaud sur une tartine grillée ? Et ben je crois que je ressens cette sensation pour Clarence, je sais ce que ça veut dire : je suis amoureuse. Ce n’est pas comme-ci c’était la première fois que ça m’arrive, j’ai l’habitude maintenant. En fait je crois que je ne mérite que les cons infidèles, tous les mecs bien ne veulent pas de moi, sûrement parce que je ne suis pas assez bien pour eux, ce qui est sur ! « oui, tu es terriblement méga super trop sexy » dis-je les yeux brillants. Bon, il faut que je me ressaisisse, allez, ce n’est qu’un râteau comme les autres. Il faut que je trouve quelque chose à dire, si possible pas trop débile, mais bon rien n’est moins sur. J’ai le don de sortir des choses assez inappropriés ou ridicules, surtout lors de situations comme celles-ci. « on peut rester amis si tu veux ? » exemple de la question débile, j’aurais peut être du en choisir une autre.