(12/08 ; 00h37) → une petite pause

12 août ; &SARAH

Le prime était tout juste terminé, il était temps de faire connaissance avec tout le monde. Tous les candidats n'avaient pas intégré la maison et dès la semaine prochaine, deux nouvelles têtes feraient leur entrée à leur tour. Clay était soulagé de ne pas se trouver dans cette situation, il sentait déjà qu'il allait devoir faire des efforts avec tout ce beau monde. Sortir de sa petite bulle et s'intégrer un peu au mode de vie qui ne ressemblait pas du tout au sien. Il avait bien rigolé avec quelques personnes, avait foutu Felix le joueur sous la douche pour les inaugurer, avait papoté avec des jeunes femmes plus sublimes les unes que les autres. Mais la pression commençait à retomber pour faire place à la fatigue. Clarence savait que la nuit ne faisait que commencer. Une petite musique avait retenti et déjà des candidats s'étaient précipités sur la piste pour danser jusqu'à pas d'heure. Piètre danseur, le garde-forestier en avait profité pour dérober quelques mets, se resservir de ce champagne plutôt sucré et goutu avant de s'éclipser à l'extérieur. Le jardin était illuminé de plusieurs spots colorés qui rendaient l'endroit particulièrement chaleureux et reposant. C'était parfait pour se ressourcer un peu. Il était habitué au calme, aux quelques cris des animaux qu'il avait à sa charge mais les braillements des humains, c'était une toute nouvelle expérience. Il sortit sur la pergola qui était bien installé et prit place sur l'un des fauteuils. Posant son petit goûter sur la table basse en bois, il se frotta le visage des deux mains pour souffler. Sa queue de cheval commençait à pâtir de la soirée et plusieurs mèches rebelles s'étaient échappées et retombaient lourdement. il buvait une nouvelle gorgée quand il entendit la porte vitrée coulisser, signalant l'arrivée de quelqu'un. Il se retourna légèrement et reconnut Sarah. C'était étonnant, il l'avait connue plus fêtarde que ça. « Alors, tes premières impressions ? » Il lui tendit poliment l'assiette de gourmandises pour qu'elle n'hésite pas. Après tout, il n'y avait plus de gêne à avoir entre les deux jeunes gens depuis le temps qu'il se connaissait. « J'en reviens pas qu'on va se retrouver ensemble dans une aventure comme ça... » Voyant qu'une caméra zoomait allègrement sur eux, il entoura son épaule de son grand bras et fit un 'yes' du pouce tout en articulant les lèvres pour dire, sans son, qu'il la connaissait. Il s'écarta légèrement d'elle puis reprit une gorgée de son champagne.

Tout avait été très vite ce soir, trop vite peut-être. Je ne sais pas si j'ai eu le temps de rencontrer tout le monde, mais peu importe, ça se fera au fur et à mesure. Il y a du beau monde en tout cas. Beaucoup de jeunes gens, remplis d'énergie. M’intégrer ne serait pas trop compliqué, enfin je suppose. Je suis quelqu'un d'assez sociable en général, donc nous verrons bien. Je les entendais rire et s'éclater. Certains étaient déjà trempé, tout va vraiment très vite ici. Ils semblaient en tout cas bien occupé. Je pris donc la décision de faire un petit tour toute seule, histoire de me remettre les idées en place. Bien que de toute évidence on ne reste pas longtemps seul par ici, beaucoup de monde croise mon chemin, un petit signe de la tête par-ci, un petit signe de la main par-là et je continue ma visite. Je suis du genre fêtarde en temps normal, seulement là, je ne sais pas, la ferveur du premier soir, l'enthousiasme de tout le monde, ne me donnait pas vraiment envie de me mêler à la foule. Je parcourais les chambres. -Sympa- Franchement, je ne peux pas renier le fait que nous soyons très chanceux d'être là. Je vis mes valises un peu plus loin et rêvais de troquer ma robe, bien trop moulante à mon goût, pour un jean et un t-shirt, bien plus confortable, mais il fallait faire bonne figure, déjà que la régie avait eu du mal à accepter mes chaussures pour le prime, alors je n'allais pas en demander trop. Je tiendrais le coup. Je fini donc ma visite par l'extérieur, où se trouve une vue incroyable. Quelque chose que jamais je n'aurais pensé voir. Et puis quand même je me décide à rentrer à l'intérieur, histoire de faire un peu connaissance avec toutes ses personnalités, qui nous promette beaucoup de rebondissement et sans aucun doute une aventure riche en émotion. Lorsque je le vois, lui. Clay. Bizarrement je suis bien contente qu'il soit là. Je me sens quelque peu moins dépayser. Un peu comme à la maison. « Et bien, bruyant ? » Je lui fis un sourire et pris un petit four qui se trouvait sur son assiette. « Merci. Et toi ? » Je portais le petit four jusqu'à mes lèvres avant de prendre une coupe de champagne. « Comme tu dis, franchement si on m'avais dit ça, je crois que j'aurais éclaté de rire. Le monde est vraiment petit tout compte fais. » Je ne sais pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose qu'on soit ensemble dans ce jeu, car je me connais et je sais déjà que Clay se trouvera être ma force autant que ma faiblesse, mais le temps nous le dira, seulement pour le moment, je n'en étais pas mécontente.

12 août ; &SARAH

C'était toujours compliqué et paradoxal avec Sarah. Sans elle, l'aventure aurait sûrement été plus sereine mais terriblement moins amusante. Il s'était fait violence en s'inscrivant à ce genre d'émission parce qu'il avait besoin de se sortir de son quotidien naturel et routinier et quand bien même Sarah ne faisait plus partie de sa vie depuis près d'une décennie, elle lui rappelait sa jeunesse qui avait un peu la même allure que la maison. Au final, elle n'avait pas changé: quelques traits de maturité sur le visage, une silhouette toujours aussi fine et délicatement musclée. Il n'attendait plus que de la voir tous les jours, au réveil, de mauvaise humeur, dans ses colères comme dans ses joies. Clay pouvait compter sur elle pour l'aider à l'intégrer, elle était bien assez sociable avec une personnalité affirmée mais suffisamment supportable pour que tout le monde l'aime. L'homme n'oubliait pas qu'il y avait un jeu qui se déroulait avec une somme importante à la clé pour le gagnant. Mais pour l'heure n'était-ce pas la première soirée où tout le monde était censé profiter gaiement et insouciamment ? Quand elle lui caractérisa ce premier moment de bruyant, il ne put s'empêcher d'acquiescer, la bouche pleine. « C'est le moins qu'on puisse dire. Je crois qu'on a de sacrés numéros par là-bas ! Mais ça nous donne une seconde jeunesse, il y a quelques années tu étais aussi bruyante qu'eux. » Dit-il d'un air taquin en lui donnant un léger coup de coude. Le monde était petit. Les USA surtout. Elle n'avait jamais mis les pieds à Yellowstone comme il lui avait proposé de le faire il y a des années de ça, quand ils s'écrivaient encore des mails. Aujourd'hui c'était après un silence radio qu'ils se retrouvaient et c'était plutôt difficile à aborder: « Hé, je te surprends toujours autant pas vrai ? » Il fit une moue triomphante, visiblement satisfait d'avoir créé la surprise. Buvant une nouvelle fois dans son verre qui descendait plus vite que prévu - l'alcool apaisait les tensions n'est-ce pas, il la détailla de la tête au pied puis lui sourit malicieusement: « En revanche ce qui ne me surprend pas c'est que tu aies refusé de porter des talons. Tu es superbe dans cette robe, vieillir te va bien. » Et hop la boutade bien placée pour contrebalancer le compliment. Clay était avare de ce côté-là, le côté préservation tout ça tout ça.

Dix ans c'est long et court à la fois. Notre séparation il y a dix ans, avait été assez brutal et puis je n'avais que quinze ans, c'est dur d'accepter que son premier amour vous laisse à cet âge là. Sincèrement, si je jeu ne nous avais pas réuni, je ne suis pas sûre que j'aurais fait les démarches pour revenir vers lui. Je ne sais pas, souffrir encore ? Non merci. J'ai assez morflé pour cette vie. Et puis dans un sens ça me fais quand même bien plaisir qu'il soit là. Le hasard, fait parfois bien les choses. Il n'avait pas beaucoup changé. Ses cheveux étaient plus long et ça lui va assez bien. Son regard toujours aussi expressif arrive encore à me perturbé, bon dieu, ce que j'aimerais que ça change. Et puis il ne faut pas oublier qu'il a quatre ans de plus que moi. C'est la classe de se dire qu'à quinze ans, je suis sortis avec un garçon qui en avait dix-neuf. Et bien oui, je suis assez douée dans mon genre. Bon et puis franchement je ne faisais pas mes quinze ans. Loin de là. « Oh arrête Clay, tu n'es pas si vieux que ça. Tu ne veux pas qu'on t'appelle papi aussi ? Quoi que...Non je plaisante. » Je lui balançais un petit coup d'épaule avant de sourire et de regarder autour de nous. C'est vrai qu'il n'y a pas si longtemps j'étais comme eux. Qu'est-ce qui avait bien pu m'arriver ? Enfaite je n'avais pas changé, j'étais toujours moi. Les conneries en moins, enfin...« Oh mais ,je le suis toujours, seulement à petite dose mon cher ami. » J'avalais la dernière gorgée de mon verre avant de poser celui-ci sur une table non loin de nous. Ne surtout pas trop boire, voilà mon mot d'ordre pour la soirée. « Encore plus que tu ne l'imagines. » C'est vrai que malgré tout ce qui s'était passé entre nous, Clay avait et aura toujours ce don de me surprendre. Tant mieux après tout. J'aime ça dans un sens, surtout lorsque ça vient de lui. « Mais me surprendre c'est ce que tu fais mieux que personne. » J'attrapais un autre verre avant de lui faire un clin d'oeil. Comme quoi il avait encore un certain pouvoir sur moi. « Tu me connais trop, les talons je laisse ça aux jolies filles. » C'est vrai, les talons et moi, ça fait douze, j'en porte seulement sous la torture et encore. « Je te retourne le compliment.» Je lui fis un sourire avant de me mettre sur la pointe des pieds et de déposer un baiser sur sa joue. « Tu m'as manqué Clay. Dix ans c'est trop long. »

12 août ; &SARAH

Clarence ne se souvenait plus de la raison pour laquelle ils avaient perdu contact de la sorte. Une relation plutôt longue pour leurs âges qui avait fini par les détruire tous les deux. Ils avaient eu la bonne résolution de se séparer mais ça avait également contribué à leur éloignement. Même avec tous les efforts du monde, il était incapable de se remémorer les raisons exactes, ses derniers mots, le dernier souvenir de son visage. Mais il fallait faire table rase du passé. Il n'était pas venu là pour se faire rattraper par les événements, il était là pour une raison bien précise et personne ne saurait l'en écarter. Même s'il gardait une affection particulière pour Sarah, il ne souhaitait pas prendre de risque pour le moment. A croire que la production était assez finaude pour réunir des oubliés et chambouler les esprits. Elle jouait avec ses candidats. « J'ai hâte de voir ta conception de la petite dose. Tu sous-estimes toujours ton caractère. » Dit-il sur un ton de défi. Sarah s'était toujours cru juste et entière, ce qu'elle était parfois au détriment de personnalités un peu plus effacées. Clay avait su dès le début la canaliser et c'était certainement parce qu'il lui tenait tête que des disputes éclataient souvent. La maturité avait du bon parfois. Quand elle avoua qu'il la surprenait toujours, il passa une main gracieuse dans ses cheveux comme s'il s'en vantait. L'homme aimait les surprises et les changements de plan, s'il voulait annuler une sortie en amoureux parce qu'il trouvait ça plus fun de l'entrainer à la plage pour surfer, il n'hésitait pas sans se préoccuper de ce qu'on pourrait penser. « Aux jolies filles ? Oui c'est vrai que tu laisses à désirer parmi toutes ces poupées. » Sarah le tapa à l'épaule en guise de protestation mais il ne s'en protégea même pas. Il aimait à la taquiner, comme toutes les filles de la maison à vrai dire la production avait choisi des égo fragiles c'était mieux pour l'audimat. Sarh se pencha alors sur sa joue pour y déposer un baiser, tout en lui faisant comprendre qu'elle lui avait manqué. Déstabilisé, il ne trouva rien de mieux à faire que l'attirer brutalement jusqu'à lui - il manquait toujours de délicatesse avant de la serrer dans ses bras, ses gros bras autour de sa nuque. « Tu m'as manqué aussi, gamine. » Sans la lâcher, il libéra une main pour aller chercher sa flute de champagne. Tout ces événements le perturbaient trop, il avait besoin de lâcher prise. Après avoir reposé son verre, il se tourna vers Sarah: « Et si tu me disais quel pouvoir tu as maintenant, on pourrait s'arranger ! En souvenir du bon vieux temps ? »

Connaître Clay fut sans aucun doute la meilleure chose qui me soit arrivé, surtout cette fameuse année. J'étais au plus mal, les moments en famille n'étaient pas top alors être avec lui me permettait de m'apaiser, il me calmait et me déstressait. Mais nous avons dû nous éloigner l'un de l'autre. Il est partit et je suis resté. Ces choses-là arrive, ont fait avec et on continue d'avancer point final. Et aujourd'hui le retrouver dans le jeu pouvait être une bonne comme une mauvaise chose. Le jeu risquait d'être quelque peu chamboulé. Enfin il faudrait juste que je calme ma possessivité naturelle et tout irait bien. « C'est vrai, j'oubliais que tu me connaissais si bien que ça, enfin, tu connaissais la gamine de quinze ans. J'ai grandi depuis. » Mais pas vraiment changé, mon caractère est resté le même voir pire je pense. Je suis bien plus caractérielle et impulsive que je ne l'étais adolescente. Aujourd'hui je pars du principe que je n'ai rien à perdre et tout à gagner donc rien ne me fait vraiment peur au final. Clay était l'un des rares personnes que je connaisse à pouvoir me calmer et me faire me remettre en question. C'est qu'il a toujours été doué avec moi. « Je le savais, il n'y a que les bimbos de Miami qui t'intéresse. Goujat. » Je lui fis un petit sourire et le laissait me taquiner, c'est notre façon de fonctionner, nous avons toujours été comme ça. On s'envoie des pics, on se prend la tête, mais au final on ferait n'importe quoi pour l'autre. Je tirais sur le bas de ma robe, c'est une impression ou elle n'arrête pas de remonter ? Alors qu'il m'attirait contre lui, je t'entais tant bien que mal de me dégager de ses bras. Les effusions de "tendresse" en public aussi stupide soit elle, c'est pas pour moi. « Gamine ? Ah oui, tu as oublié que je n'ai plus quinze ans ? Gamine...On a que quatre ans de différence. Vieux. » Je ne laissais surtout rien paraitre, mais être dans ses bras me perturbais un peu. Non beaucoup. « Bien sûr, soyons fous alors je suis...Même pas en rêve beau bond. » Je me penchais vers lui et lui fis un petit sourire. « Mais, sache que quoi qu'il arrive, je serais toujours de ton côté...En souvenir du bon vieux temps. » Je lui faisais un clin d'oeil et attrapais une coupe de champagne, après tout, autant en profiter.

12 août ; &SARAH

Il est vrai qu'ils avaient tous deux grandi. Loin de l'autre. Ils se connaissaient par cœur tout comme Clarence avait la désagréable impression que beaucoup de choses lui échappaient encore quand il s'agissait de Sarah. Il avait toujours eu goût pour des filles douces, un peu naïves, avec un répondant parfois limité parce que ça lui donnait l'impression d'être le grand protecteur qui sauvait sa dame de tous les dangers. L'égo de Clay reposait énormément sur son besoin de se sentir utile et indispensable à l'autre, chacun avait ses petits défauts. Sarah avait été la première à casser les codes et il fallait croire que c'était l'unique exception qui confirmait la règle jusqu'à aujourd'hui. Quand il la regardait, il n'était pas compliqué de comprendre pourquoi il l'avait aimé tout autant que la raison pour laquelle ils avaient fini par rompre. Leurs ambitions, leurs rêves d'avenir n'étaient pas du tout les mêmes. « Oui je suis un grand amateur de superficialité et de bijoux qui brillent partout sur vos frêles poignets, c'est évident. » Quand bien même Clay était amateur de féminité, il la décelait parfois là où d'autres l'ignoraient. Il avait une conception bien précise de la femme parfaite et autrement dit elle était inatteignable jusqu'alors. il lui avoua également qu'elle lui avait manqué mais ne put s'empêcher d'utiliser ce sobriquet que jadis il usait déjà quand il voulait interpeller Sarah. Elle s'en défendit avec véhémence et c'était cette combativité qu'il admirait chez elle. « Effectivement, j'ai oublié, toutes mes excuses. » Néanmoins il ne perdait pas le nord et tenta tant bien que mal de lui faire cracher le morceau quant au rôle qu'elle jouait ici mais bien sûr elle ne céda pas. Il espérait alors qu'ils étaient dans le même camp mais ça, il lui était incapable de le savoir pour l'instant. C'était bien le plus dérangeant. « Tu dis ça maintenant mais dès que j'approcherai de la victoire, tu me tireras dans les pattes comme tous les autres. » Clay était assez ambitieux pour se voir aller loin dans le jeu, même s'il n'avait pas encore eu l'occasion d'évaluer tous ces rivaux. La gardant contre lui - c'était plutôt une habitude qu'une marque réelle d'affection, il but dans son champagne comme si tout était normal. « Allez balance. Y'a des personnes ici qui t'inspirent ou pas après cette première soirée ? »

Avoir eu cette relation avec Clay avait été bénéfique pour moi en tout point, même si rien n'avait été facile entre nous, aujourd'hui je peux dire que sans lui je ne serais surement pas devenue la femme que je suis aujourd'hui. J'ai grandi, appris beaucoup sur moi et vécu de belles choses. Maintenant je suis une femme prête à oublier le passé et vivre l'instant présent. Il était là avec moi dans ce jeu, tant mieux, on pourra enfin démarrer une belle amitié du moins je l'espérais. C'est vraiment ce que nous méritions après tout ce que nous avions traversé ensemble. « Bien sûr oui, c'est tout toi ça. Monsieur superficialité en personne. » Je levais les yeux au ciel et lui donnais un petit coup d'épaule. « Alors, dis moi, comment va ta vie amoureuse ? » Quoi on ne peut pas se poser ce genre de question entre exs ? ça me ferait mal. Je peux quand même me renseigner après tout, curiosité quand tu nous tiens. Je crois que Clay était la dernière et d'ailleurs seule personne au monde à m'avoir appelé "Gamine", c'est sans doute pour cela que je ne disais presque rien lorsqu'il me le disait. Oui j'ai bien dit "presque" parce que si je ne crisais pas un peu ça n'aurait rien de drôle. « Tu sais quoi ? Je suis tellement gentille que j'accepte tes excuses. » Bien qu'il est tenté de connaître mon rôle dans le jeu, je ne peux pas vraiment lui en vouloir, je m'apprêtais à faire la même chose, bien que j'aurais tout de même attendu quelques jours de plus...Enfin. Bizarrement sa phrase me vexa. Je pensais qu'il me connaissait mieux que ça. « Comment tu me vexes, tu me connais si mal que ça ? Je suis sans doute la personne qui te sera le plus fidèle dans ce jeu, boucle d'or. » Je le regardais le plus sincèrement du monde, si il ne croyait pas ça, pas en moi, alors je ne pourrais plus rien tenter. Je regardais autour de nous et m'attardais plus ou moins sur certaines personnes. « Faut voir, certaines personnes que j'ai rencontré à l'hôtel, comme Carolyn ou Justin, ils ont l'air sympa. Les autres...Je ne sais pas encore, c'est à voir. Et toi tu en penses quoi ?»

12 août ; &SARAH

Clarence pouvait bien jouer tous les rôles possibles et imaginables au sein du jeu, il était maintenant automatiquement grillé. Sarah ne le connaissait que trop et s'il se serait mis en tête de jouer les grands séducteurs propres sur lui, elle l'aurait démasqué en moins de temps qu'il faut pour le dire. Il l'appréciait tellement qu'il redoutait un peu les prochaines semaines. Garder ses distances avec elle tout en restant amical était une bonne solution, en guise du bon vieux temps comme ils le disaient si bien, parce qu'elle aurait vite fait de l'embobiner qu'elle y soit obligée ou non. Mais c'était dès lors impossible pour l'instant de concevoir l'indifférence avec Sarah. C'était bien ce qui l'inquiétait le plus. Elle l'interrogea sur sa vie amoureuse et Clay manqua d'avaler de travers sa gorgée sous le choc. Ecartant son verre presque vide de ses lèvres, il la toisa, soupçonneux. « Pardon ? » Elle le regardait toujours, l'air interrogateur et il comprit qu'elle ne plaisantait pas. « Elle se porte très bien. Mes biches sont comblées par mes soins et mon amour ! » Il parlait bien sûr des créatures qu'il avait à charge à longueur d'années. Clay n'était pas un coureur de jupons et surtout un piètre séducteur quand il essayait de le faire sans spontanéité. C'était souvent sa maladresse et son côté bourru qui plaisaient c'est pourquoi il ne se forçait plus à plaire aux gens. Ca passait ou ça cassait. « Et toi, tu fais toujours tourner les têtes des plus matures ? » Il ne savait pas vraiment s'il avait envie de savoir, c'est pourquoi il s'était contenté d'une question lancée à la volée comme ça. Il avala une bouchée d'un toast et lança les hostilités quand à la fidélité de Sarah dans le jeu. Elle en fut offusquée et ça n'était pas étonnant. Mais il ne pouvait pas se permettre de perdre, pas cette fois-ci. « Appelle-moi boucle d'or encore une fois et je te sors d'ici à grands coups de pied où je pense ! » Détourner la conversation, c'était encore la meilleure des fuites. Puis il fut curieux de savoir si quelques personnes interpelaient déjà l'attention de Sarah. Elle se trompait rarement sur les gens. Elle désigna une blonde qu'il n'avait pas encore eu l'occasion de connaitre et un jeune homme plus loin en grande discussion. Clay haussa les épaules. « J'ai fait la connaissance de Sahara là-bas. Je pense qu'elle mettra à l'amende quelques personnes un peu trop hautaines, elle fait partie des plus vieux avec nous deux. Les jumeaux sont sûrement très forts, ils sont deux. La petite asiatique est très extravagante, mais elle en fait trop pour être stupide. Je peux te dire qu'on a une belle brochette d'acteurs, ils sont joueurs tous. »

Faire renaître les sentiments du passé serait vraiment une très mauvaise idée, surtout dans ce jeu ou tout le monde devenais fourbe et manipulateur à un moment ou un autre. J'adore Clay, j'ai toujours pu compter sur lui, seulement aujourd'hui tout était plus compliqué, plus faux. Est-ce qu'il pouvait me faire confiance ? C'est une évidence, jeux ou pas je ne suis pas le genre de fille à trahir mes amis, même pour un jeu. Est-ce que moi je pouvais lui faire confiance ? Je n'en savais encore trop rien. Le temps nous le dira. Je voulais juste lancer la conversation, mais de toute évidence je n'avais pas choisi la bonne question. « ça je n'en doute pas. » Je le regardais et fronçait les sourcils. « Sérieusement Clay, depuis combien de temps tu n'as pas eu de vraies relations avec une femme ? » Je ne voulais pas être indiscrète loin de là, bien qu'entre nous je ne pense pas que nous puissions parler d'indiscrétion. Nous étions amis à présent, du moins je le pense, j'en sais trop rien. Notre relation reste surement encore à définir. « Moi ? Joker...» C'est vrai que mes dernières relations amoureuses n'en étaient pas. Un soir, c'est pas une relation ? Non, je n'ai jamais réussi à me stabiliser depuis toutes ses années. Pas que je ne le veux pas, juste que je ne tombe jamais sur la bonne personne. « Tu sais l'homme de ma vie m'a quitté il y a quelques années et depuis je suis tombé dans la débauche et la folie...» Je lui fis un petit sourire pour lui expliquer que je plaisantais...plus ou moins, comme mon père m'as toujours dit, dans chaque mensonge il y a une part de vérité. Allez savoir laquelle ! « C'est vrai que "papy" c'est tout de suite plus flatteur. » Les surnoms c'est débile je n'ai jamais aimé ça, surement parce qu'on m'en trouvait toujours tous plus stupides les uns que les autres. Alors, je pense que je faisais le coup à Clay pour le faire un peu enrager. Qui aime bien châtie bien. Je l'écoutais me parler des candidats, tout en essayant de suivre ce qu'il me disait. « C'est vrai que d'être deux, c'est pratique. Sahara, okay. Ah oui c'est Nancy l'asiatique, elle partage ma chambre. Avec l'un des jumeaux il me semble, mais impossible de te dire lequel. Tant mieux si ils sont joueurs, nous sommes là pour ça après tout. »

12 août ; &SARAH

Tout était différent désormais. De la manière dont ils s'étaient quittés, ils n'avaient jamais eu l'occasion d'explorer la phase amitié post-relation tous les deux. Et savoir qu'il allait devoir maintenant le faire sous l'image des caméras angoissait légèrement Clarence. il ne voulait pas passer pour l'ex transi ni pour le goujat qui ne gardait aucune amitié pour celle qui fut sa copine durant pas mal de temps. Il n'irait pas jusqu'à dire que cette dernière relation l'avait guéri des femmes mais il ne portait plus la même attention à la gente féminine qu'il avait pu avoir à 19 ans passés. Sarah s'inquiéta de cette solitude pourtant bien vécus et Clay haussa les épaules, agacé qu'elle le fasse parfois passer pour un vieux garçon. « Depuis une dizaine d'années à peu près. J'ai flirté avec quelques-uns amis rien de sérieux, je préfère me concentrer sur mon travail. Il est plus fiable à long terme. » Il lui offrit un sourire rassurant, préférant qu'elle change enfin de sujet. Il lui retourna bien entendu la question - qui n'était jamais curieux de ce genre de sujet mais Sarah resta plutôt vague. Comme toujours. C'était une femme très secrète qui se défendait beaucoup du mal qu'on pouvait lui faire et s'il en était admiratif au fond, c'était parfois compliqué à gérer. Elle le mentionna comme l'homme de sa vie qui l'avait quitté et Clay éclata d'un rire assez jaune, mais histoire de garder la face. « A cet âge-là, tu as du avoir trois ou quatre hommes de ta vie, forcément. » C'est vrai qu'ils n'avaient été qu'adolescents: ils en avait eu des rêves fous et irréalisables. Soudain, pour détendre l'atmosphère, Sarah lui rappela combien il était presque le plus vieux de tous. Papy... C'était bien un surnom terriblement désagréable qu'il espérait ne jamais entendre avant longtemps. « Merci Sarah, tu es toujours douée pour faire des compliments. » Dit-il, la moue renfrognée. Discuter des autres habitants était bien plus intéressant. D'autant plus qu'ils avaient presque une opinion sur chacun mais il ne fallait pas se fier aux premières impressions surtout quand elles étaient télévisées. « Certes, nous sommes là pour ça mais j'aimerais autant en mettre quelques-uns hors d'état de nuire avant qu'ils ne décident d'éliminer le vieux croûton pour rester entre jeunesse... » Achevant son verre d'une traite, Clay eut un regard furtif vers la maison animée. « Il faudra qu'on se voit un peu plus souvent comme ça, histoire de débriefer. D'accord ? »

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