Ft. Justin


J’avais chaud. J’avais froid. Je n’arrêtais pas de tourner encore et toujours sous mes draps. Pourtant, cela faisait un moment que Morphée avait eu le culot de venir me chercher pour que je puisse me blottir dans ses bras. Je semblais agitée, comme si quelqu’un ou quelque chose venait troubler mon sommeil. […] Voilà qu’au bout d’une dizaine de minute la peur s’emparait de moi. Je faisais un bond, me redressant, m’asseyant. J’avais le souffle court. Je donnais l'impression d'avoir couru un marathon de plusieurs kilomètres durant des heures et des heures. Ma gorge était sèche, elle me piquait. Instinctivement, je venais passer mon bras par-dessus le matelas, dans le vide, pour attraper une bouteille d'eau et boire quelques longues gorgées de ce liquide sans aucun goût. Un craquement se faisait entendre. Il faut que le bois travaille ? N'importe quoi. Cette expression est une pure invention des religieux qui ne veulent pas voir la vérité en face et affirmer que les esprits existent. Moi, j'y croyais dur comme fer aux fantômes et encore plus depuis que je venais de me réveiller en sursaut à cause d'un cauchemar. Mon regard se baladait sur chacun des objets présents dans la pièce. Mes yeux étaient habitués à l'obscurité, pourtant je n’arrivais pas à distinguer autre chose que de vagues formes que je ne pouvais pas identifier, ou que je ne voulais pas identifier. La peur me bouffait de l’intérieur. Je pouvais sentir mon cœur cogner contre ma poitrine. La porte. Mes pupilles se posaient sur l’ouverture au même moment où un nouveau craquement se faisait entendre, comme s'il s'agissait d'un bruit de pas. Je ne cherchais pas à réfléchir plus longtemps. Ma couverture valsait sur le sol alors que mes pieds nus venaient caresser le carrelage froid. Mes doigts se serraient autour de la poignée dorée en même temps que je tournais le verrou afin de pouvoir m’échapper de cette prison de luxe. J’avais besoin de prendre l’air, de voir un tout autre décor. Dans la précipitation, l’un de mes poings venait cogner contre l’interrupteur qui éclairer alors le couloir d’une lumière blanche, éblouissante. Instinctivement mes yeux se plissaient pour filtrer cette clarté. Je faisais quelques pas en direction de l’extérieur. L’air s’engouffrait dans mes cheveux, me faisant frissonner. […] Au bout de quelques minutes, je me décidais à, enfin, rejoindre ma suite. Tout en étouffant un bâillement à l’aide de l’une de mes mains, l’autre ouvrait la porte que je laissais claquer derrière moi une fois dans la pièce. Mes yeux me piquaient. J’avais envie de dormir. Ou pas. Bizarrement, j’avais l’impression de ne pas être seule. Bizarrement, j’avais du mal à reconnaitre mes appartements. La fatigue, la peur devait me jouer des tours. Je me glissais sous les draps alors que Morphée m’arrachait un nouveau bâillement.

Sept heures du matin. Un réveil très matinal. Première cigarette de la journée avec de la musique dans les oreilles. Plus précisement "U2 - Van Diemen's Land". On aurait pût croire que j'étais dépressif en ces moments-là. Pourtant, non. J'étais très bien dans ma peau. Je regardais le soleil se lever, calmement. Ce serait sûrement le seul moment de la journée où je serais calme. Un petit moment de sérénité, de paix. Une main dans la poche de mon jean, l'autre pour tenir ma cigarette puis pour, une fois finie, la jeter par la fenêtre. J'attrapai mon blouson en cuir d'une main et allé me promener au bord de la piscine. Il faisait un peu frais mais, la balade matinale était très agréable. Toujours la même musique, en boucle. Elle semblait avoir un pouvoir sur moi, elle semblait réussir à me faire rester calme. Moi qui avais pour habitude de sauter partout, de déborder d'énergie. Après avoir regardée l'eau limpide de la piscine, je me décidai à revenir à ma chambre. Je pris une seconde cigarette. Puis, je poussai la porte de ma chambre, cigarette non allumée à la bouche. Je cherchai mon briquet que j'avais dû laisser sur la table de chevet. J'attrapai le briquet et c'est là que je vis une charmante femme couchée dans le lit de mon colocataire que je n'avais pas vu depuis quelques jours. L'une de ses conquêtes, peut-être ? La musique m'apaisait. En temps normal, j'aurais posé tout un tas de questions à la belle blonde. Mais là, je me contentais de la regarder dormir, un petit instant. Mais elle semblait à moitié réveillé. C'est pourquoi je passai doucement ma main sur son bras pour qu'elle ouvre les yeux. Et, tout en essayant d'allumer ma cigarette avec mon briquet qui ne marchait plus, je lui dis : « Bien dormis dans le lit de mon colocataire ? » Après tout, c'est bien là où elle avait dormi.

Les rayons du soleil commençaient tout doucement, mais surement, à pointer le bout de leurs nez. Ils ne me gênaient pas vraiment, mais avaient le don de me sortir des bras de Morphée. Je m'étirais une toute première fois, arrachant une bâillement à mes lèvres. Je devais avoir l'air d'une grosse feignasse, mais après tout, tant pis. Je n'ouvrais pas les yeux pour autant, changeant de position. De sur le ventre, voilà que je me retrouvais sur le côté, le visage en direction de la porte. J'étais tellement fatiguée que j'étais tout bonnement incapable de distinguer le moindre petit bruit. Depuis quand étais-je en train de dormir depuis ce fameux cauchemar qui m'avait poussé hors de mes draps durant quelques minutes ? Une heure. Ou peut-être même deux. Carrément trois ou quatre même. Feignasse. [...] Quelqu'un, quelque chose venait frôler l'un de mes bras. Esprit sort de cette chambre. Un frisson venait parcourir mon échine alors que mes yeux s'ouvraient bien trop vite à mon gout, la clarté m'éblouissant. L'un de mes mains venait se poser non loin de me pupilles que je venais d'agresser sans le vouloir. Le fantôme baragouinait quelque chose que je ne comprenais pas vraiment. Non, je n'étais pas autiste. Je ne comprenais juste pas comment je pouvais me trouver dans le lit de son, soit-disant, colocataire alors que j'étais dans ma chambre. Retrouvant la vue, j'essayais d'observer la pièce. Bizarre, je ne reconnaissais pas mes appartements. Mon regard se posait alors sur un jeune homme, debout, juste à côté du lit, juste à côté de moi. Instinctivement, je me redressais, ramenant mes longues et fines jambes vers moi, sous le drap. J'étais tellement complexé par mon physique que je n'en oubliais pas que j'étais en tenue de nuit, en pyjama, limite en sous-vêtement quoi. « Le lit de ton colocataire ? Pardon, mais il doit y avoir erreur, une grosse erreur même. Lorsque je me suis couché hier soir, j'étais dans ma chambre, dans mon lit. » Ou pas. Mes yeux se baladaient sur les murs, sur le bordel ambulant qui se trouvait dans la pièce. Punaise, mais c'était Bagdad dans cette suite, à croire qu'une tornade venait de s'abattre sur la prison de luxe dans laquelle je me trouvais depuis quelques jours, quelques semaines. Et l'autre type qui était en train de me reluquer comme si j'étais une extraterrestre ou comme s'il allait me sauter dessus. Il arrivait presque à me faire peur. « Pas besoin de me kidnapper pour que je passe la nuit avec toi ou avec je ne sais quel colocataire imaginaire. Il suffisait de demander. » Euh, ouai. Côté remarque débile, j'étais la reine et surtout lorsque je venais de me rendre compte qu'il avait raison. J'avais horreur d'avoir tort. Sans rien demander à personne, je me levais avec grâce, m'enroulant dans le fin drap blanc, histoire qu'il ne puisse pas poser ses yeux sur mes fesses ou ma poitrine, avant de faire quelques pas en direction de la porte. Minute papillon. Je rebroussais chemin, attrapant avec délicatesse la clope qu'il tenait ainsi que le briquet qu'il avait en main avant de lui tourner le dos pour allumer le tabac que j'avais entre les lèvres. J'inspirer une bouffée toxique avant de jeter le briquer sur le lit.

« Le lit de ton colocataire ? Pardon, mais il doit y avoir erreur, une grosse erreur même. Lorsque je me suis couché hier soir, j'étais dans ma chambre, dans mon lit. » Je souris un peu. Décidément, elle était perdue ! Qu'avait-elle pût faire cette nuit ? S'était-elle payé du bon moment avec mon colocataire ? Visiblement, elle semblait le nier. Peut-être s'était-elle tout simplement trompé de lit. Mais pourquoi ne l'avais-je pas vu ce matin en me levant ? « Pas besoin de me kidnapper pour que je passe la nuit avec toi ou avec je ne sais quel colocataire imaginaire. Il suffisait de demander. » Je ris. La kidnapper pour que je passe la nuit avec elle ? Etait-elle folle ? « Si j'avais voulu passer la nuit avec toi, j'aurais été bien plus courtois. » Elle devait entretenir des relations étranges avec les hommes pour dire quelque chose comme ça ! C'est alors qu'elle me vola ma cigarette et mon briquet. En premier temps, je fis surpris. Puis, je me mis à l'admirer lorsqu'elle alluma la cigarette alors que j'avais galéré pendant deux heures à faire marcher mon briquet. Je l'attrapai par la couette et la tirai vers moi. La couette se déroula et fini par tomber par terre. Quant à elle, elle s'arrêta contre mon corps. Je la tenais doucement par les épaules pour ne pas que l'on se touche trop. Elle n'était pas beaucoup habillée c'est pourquoi je m'interdis de regarder par simple respect. Mon visage très près du sien, la regardant dans les yeux, je lui chuchotai : « Tu joues à un jeu dangereux en me volant ma cigarette. » Je lui récupérai la cigarette de la bouche pour la remettre dans la mienne.

Suis-je folle ? [...] J'en venais à me poser la question lorsque mes pupilles pouvaient clairement distinguer le décor de la pièce dans laquelle je me trouvais, de la chambre où j'avais eu le culot de venir m'incruster. Je n'osais même pas poser mon regard sur le jeune homme qui se trouvait. Il devait me prendre pour une dingue. Remarquez, ce ne serait pas la toute première fois que quelqu'un me prendrait pour une tarée. Je faisais quelques pas, mon coeur cognant contre ma poitrine. Mon dieu, quelle cruche je faisais. J'avais du mal à avaler ma salive, à déglutir quoi. Limite, je ne respirais plus. Je n'avais qu'une envie, celle de me faire toute petite, de partir d'ici, de ne plus croiser le regard de ce type qui se trouvait là à me regarder d'un oeil pervers. Heureusement qu'il n'y avait pas de caméras dans le coin, si mon père venait à voir ça, et si Noah venait à tomber sur cette scène, autant vous dire tout de suite que je pouvais creuser moi même ma propre tombe. Il fallait sérieusement que j'arrête de réfléchir. C'était pire que quand je parlais. Même là, j'arrivais à me donner mal à la tête. La seule chose qui parvenait à me sortir de ces rêveries ? Le fait que je me retrouve à moitié nu devant un homme que je ne connaissais pas. Certes j'étais du genre à m'exhiber à droite, à gauche et la nudité ne me dérangeait en rien, mais de là à défiler en tenus d'Eve - ou presque - devant un homme que je connaissais depuis deux minutes, c'était comme se jeter dans la gueule du loup car il ne pourrait pas résister bien longtemps à mon corps de déesse. [...] Ou pas. Non, je n'étais pas du genre à me jeter des fleurs. J'étais même plutôt du genre à complexer en réalité, mais après tout on s'en fout de ça. Je me tenais à quelques centimètre, à peine, de lui, ses mains sur mes épaules à l'origine de la distance qui se trouvait entre nous. Son regard plongeait dans le mien. La gamine que j'étais buvait ses paroles comme s'il était en train de me dicter l'évangile. Je n'arrivais pas à détacher mon regard de lui. Son murmure frôlait ma peau. Voleur. Tout ça pour une clope. Pfff. « Je ne vois pas de quoi tu parles. » Stupide. J'étais stupide. L'air de rien, je venais dénicher la clope qui se trouvait entre ses lèvres histoire d'en tirer une bouffée de plus. Voilà que maintenant je me plaisais à le provoquer. A croire que j'aimais jouer avec le feu.

J'avais repris ma cigarette et j'avais recommencé à fumer tranquillement. Tout en gardant la jeune femme collée contre moi. « Je ne vois pas de quoi tu parles. » C'est alors qu'elle me repris ma cigarette et en tira une nouvelle bouffée. Wouaw ! Elle faisait un peu "femme fatale" et je dois avouer qu'elle ne me laissait pas indifférent. Toujours à basse sonorité, je lui répondis : « Je m'appelle Justin. A qui ai-je l'honneur ? » Autant connaitre son prénom. Puis, je lui repris ma cigarette et m'éloignai d'elle. J'enlevai alors mon blouson en cuir et mon t-shirt, puisque je crevais de chaud. Je me retrouvai torse nu, laisse mes beaux abdominaux à la vu de la jeune femme. Je lui tournai le dos pour regarder par la fenêtre tout en fumant. « Tes habits sont là ? » Lui dis-je, en lui montrant ses habits du bout du doigt. Ils étaient posés en vrac sur le lit de Caleb. Mais je me retournai avant qu'elle atteigne son lit et la retint par le bras. « Ceci dit, tu n'es pas obligée de te rhabiller. » C'est vrai quoi, j'aimais beaucoup sa petite tenue.

Ainsi, il s’appelait Justin. « Lennon. Je m'appelle Lennon. » Et voilà que moi aussi je me mettais à murmurer, à parler à voix basse, un petit peu comme si je ne voulais pas briser le cocon qui venait de se former autour de nous. « Mais les intimes me surnomment Lenny. » Un doux sourire provocant venait s'installer au coin de mes lèvres. Jouer les allumeuses, les aguicheuses de service, n'était pas dans mes cordes même si je m'amusais à user de mes charmes de temps en temps. Justin s'éloignait quelque peu de moi, reprenant sa clope, son bien, pour en tirer quelques barres avant de retirer son cuir et de faire valser son haut à l'autre bout de la pièce. La situation devenait limite gênante, moi à moitié nu et lui s'affichant torse à l'air afin de me faire admirer sa musculature tel un dieu grecs. Remarquez, je n'allais pas me plaindre de la vue, il était plutôt bien fait. Il me tournait le dos et telle une idiote je ne pouvais détacher mes pupilles de lui. J'étais certaine qu'il allait faire un malheur auprès de la gente féminine une fois qu'il se trouverait dans le jeu, au sein de l'aventure. Sa voix s’élevait tel un couperet. Bon et bien il ne me restait plus qu'à partir. Il n'avait pas l'air d'avoir envie que je reste et de toute façon je n'en avais pas l'intention. Ou pas. C'était timidement que j'avançais vers l'endroit qu'il me désignait du doigt, le lit de son colocataire, celui dans lequel j'avais, apparemment, passé la nuit. Je faisais un pas, puis un deuxième et enfin un troisième avant qu'il ne vienne empoigner mon bras et qu'il ne rajoute quelque chose. Le rouge montait à mes joues. La gêne me brûlait les pommettes. Mes yeux couleurs javel glissaient vers un miroir qui reflétait ma silhouette avant même qu'ils ne s'arrêtent sur le buste du garçon. « Quand à toi tu n'es pas obligé de rester aussi chaudement habillé. » Un battement de cil plus tard, mon sourire se faisait aguicheur, mielleux alors que je m'approchais dangereusement de lui. Tiens, j'étais d'humeur joueuse ce matin.