Nathaniel & Satine.
23.12.2012 à 10h12.


Quoi de mieux qu'un bon petit déjeuné pour commencer la journée ? C'était encore en pyjama - un shorty noir et un débardeur blanc - que je venais disposer tout un tas de chose à manger sur un plateau. Pain grillé, confiture, beurre, lait, café et jus d'orange sans oublier la mythique pâte à tartiner à la noisette. Après cela il fallait que je me mette au sport et vite au risque de me voir prendre un petit kilo dans peu de temps. Remarquez peut-être que cela ne me ferrait pas de mal. Je n'étais pas maigre, mais disons que je n'étais pas des plus rondelettes. En y pensant, j'haussais les épaules un petit peu comme si, au final, je n'en avais pas grand chose à faire. Me faire plaisir ne pouvait pas me faire de mal et je comptais bien me sentir bien au moins une fois dans ma misérable vie. J'hésitais encore entre la véranda et la cuisine pour déjeuner, mais finalement mon choix se portait sur la cheminée lorsque je voyais les quelques morceaux de bois de la veille encore en train de se consumer. Souriante, un air de gamine sur le visage, je venais m'installer en tailleur sur le rebord en pierre de l'édifice après avoir posé le plateau de nourriture juste à côté de moi. Sans attendre un instant de plus, j'attrapais une tasse dans laquelle je versais une bonne dose de café noir avant d'en boire une première gorgée. J'étais tellement bien que je n'entendais plus ce qui se passait autour de moi. Je ne voyais même pas qui s'approchais de moi ou pas. Je portais une nouvelle fois la tasse à mes lèvres tout en posant mon regard sur le sol.« AAAAAAAAAAAAAAAAH !! » La vision horrible d'une toute petite araignée me rendait hystérique et voilà que je poussais un cri strident tout en ramenant mes jambes vers moi et en serrant ma tasse brûlante tout contre moi. J'avais horreur de toutes ces petites bêtes, ce qui faisait un nouveau défaut à ajouter à la longue liste de ceux que j'avais déjà.

Quoi qu'on en dise les journées au chalet étaient épuisantes. L'air de la montagne, sûrement. On avait beau glander au final fallait toujours se creuser la tête pour trouver une activité et les trucs remue-méninges moi, perso', ça empiétait sur mon énergie. Sans compter le fait qu'il fallait aussi se coltiner des bouffons à longueur de journée; partie la plus difficile de l'aventure. Soit j'étais parti pour une bonne nuit avant que ce trou du cul d'Ulysse ne vienne se coller à moi comme un bébé en manque de lait maternel. Après avoir tenté de le repousser maintes et maintes fois je fus contraint d’abandonner. Son rêve -ou plutôt fantasme- et son sommeil étaient plus forts que moi. L'écrasant au passage, je sortais de la chambre de mauvais poil, direction salon. Si je pouvais pas dormir dans mon lit alors j'irais jeté mon dévolu sur un canapé. A peine fus-je installé qu'un cri hypeeeer perçant parvint jusqu'à mes oreilles. J'attendis un instant mais... non il fallait que j'aille voir, ma curiosité prenait le dessus sur ma flemmardise. Je ne savais pas trop d'où ça venait mais bizarrement en passant devant la cheminé je crus en trouver la cause. Satine toute recroquevillée à côté d'un plateau qui me faisait saliver d'avance. Oui en fait mon regard était plus attiré sur la bouffe mais je me repris rapidement en m'approchant d'elle. « Qu'est-ce qui se passe petite Sardine ? » A un moment ou un autre il fallait que je la fasse, voilà là c'était sorti. Je m'accroupis à côté d'elle, peut-être avait-elle vu un visage dans les flammes de la cheminé, que sais-je.

« Je ... Regarde. »D'un index accusateur voilà que je venais pointer l'horrible bête à l'origine de mes cris. Elle était toute petite, mais tellement pleine de poil qu'elle me donnait encore un petit peu plus la chair de poule. Je continuais de reculer, mais sans réel succès à cause du mur de pierre contre lequel je me trouvais déjà collée. Je tremblais comme une feuille et finalement mes yeux venaient quitter l'araignée pour se poser sur le visage de Nate qui s'était accroupis à mes côtés. Si sa présence me rassurait ? Pas du tout. Tant que la bête de Satan serait en vie, je ne pourrais pas me sentir tranquille, à l'aise et déjà que j'avais du mal à être dans mon élément dans la vie quotidienne imaginez le désastre. « Tu ne veux pas la tuer pour moi s'il te plait ? » demandais-je avec une toute petite voix toute douce et presque enfantine alors que je lui faisais les yeux doux pour qu'il accepte. Je devais avoir l'air stupide, mais je serais prête à tout pour voir une araignée en train d'agoniser. Alors que mon regard se portait à nouveau sur l'affreuse bébête je ne pouvais m'empêcher de lui donner un petit coup de poing dans le bras. Il ne devait pas avoir mal vu ma force de moucheron, mais après tout pourquoi pas hein. « Et depuis quand tu m'appelles sardine toi ? Je sais que mon prénom est ridicule, mais pas besoin d'en rajouter. » Un discret sourire en coin venait trahir mon côté sérieux. J'avas envie de rire, mais je n'en faisais rien et je me contentais de baisser les yeux vers le parquet.

Accroupi pratiquement à sa hauteur, je pouvais voir aisément ce que me désignait Satine avec son doigt. Une araignée. Pas étonnant, chez les nanas c'était un genre de rituel de criser devant ces bestioles à huit pattes. Pour le coup la blondinette avait carrément l'air effrayée, tellement qu'elle se confronta au mur déjà très proche d'elle en tentant de reculer. Eh ben. Un léger sourire amusé vint se dessiner sur mes lèvres tellement son sérieux était alarmant. Elle tentait même de m'amadouer pour que j'aille écraser la bébête moi-même. Même sans ses yeux doux d'enfant sage j'y serais allé, mais bon elle était mimi avec ses airs de gamine perdue donc je laissais durer le suspens. « Ca peut se faire. » Et quel suspens, hein ! La bestiole était tellement petite que je ne comprenais même pas comment on pouvait avoir peur d'une telle chose. Un petit coup sur l'épaule attira de nouveau mon attention sur Satine. Satine, sardine, c'était tellement similaire que je m'étais autorisé le rapprochement. A tort apparemment puisque la concernée ne semblait pas apprécier, quoi que j'hésitais là. Elle paraissait si sensible, mais en même temps a en voir son visage elle n'était pas si vexée que ça. Me regard rieur vint chercher le sien. Autant dire que j'étais pratiquement la tête à l'envers.« T'en fais pas, tu le portes à merveille. Le Sardine, hein. » Le Satine aussi, par la même occaz'. J'esquissais un sourire avant de me lever pour aller écraser l'araignée carnivore qui l'inquiétait tant. « Et voilà. Il faudra que tu la ramasses maintenant. » Ahah.

Je n'avais aucune raison d'avoir peur de ce genre de bestiole aussi petite, pourtant je ne pouvais m'empêcher de crier à chaque fois que mon regard se posait sur l'une d'elle. Un petit peu comme maintenant en fait. Nate se trouvait pas les parages et n'avait pas hésité à venir à mon secours. De ce fait je ne me gênais pas pour lui demander de tuer, sans aucune pitié, l'animal. Il me répondait que effectivement ce genre d'acte pouvait se faire, mais il ne bougeait pas pour autant. Mes pupilles se balançaient entre sa silhouette et celle de l'araignée avant que l'un de mes poings ne vienne s'écraser contre le bras du jeune homme. Il trouvait bon de me surnommer sardine et je ne tardais pas à lui faire comprendre, tout en rigolant car bien entendu je trouvais cela plutôt bien trouvé et drôle, que cette appellation ne me plaisait pas vraiment. Sa réponse ne se faisait pas attendre. D'après lui je portais plutôt bien ce nom commun. Son regard amusé cherchait le mien et je lui adressais un sourire avant de déclarer d'une voix douce, mais légèrement plus assurée que d'ordinaire: « Fais attention je peux me montrer cruelle, voire sadique lorsqu'on s'en prends à moi et plus particulièrement lorsqu'on déforme mon ... magnifique prénom. » Je n'y croyais même pas moi même à ce que j'étais en train de dire, mais après tout pourquoi pas. Finalement le garçon se levait pour écraser la bête avant de déclarer d'un ton neutre qu'il ne me manquait plus qu'à la ramasser pour la jeter. Pardon ? « Parce que tu crois vraiment que je vais ramasser cette ... chose alors qu'elle est peut-être uniquement à l'agonie et qu'elle risque de se réveiller, de me piquer et que je suis capable de mourir de cette même piqûre et tout ça uniquement car tu ne l'auras pas assez écrabouillé. Merci, mais sans façon. » Ah oui, j'avais aussi un fâcheuse tendance à me faire des histoires pour rien. Sinon je me sentais plutôt à l'aise en compagnie de Nate.

Waw, que se passait-il ?! Satine la toute sage ne serait qu'une façade ? L'assurance qu'elle venait de prendre me choquait presque, pourtant ce n'était que des mots banals que n'importe quelle fille aurait pu sortir par taquinerie, mais bizarrement je n'associais pas la notion de "n'importe quelle fille" à Satine. Les triplés "cruelle", "sadique" et "magnifique prénom" me titillèrent l'oreille, j'avoue. Je me redressais, agitant les mains comme une fillette. [icolor=teal]« J'en suis terrorisé d'avance ! »[/color] Mis à part ça j'étais vraiment curieux de la voir à l'action, en montrant les crocs et en se montrant féroce comme une garce enragée. Ouais non j'abusais peut-être un peu. Pour elle le cruel devait être associé à une petite insulte ou truc du genre. J'écrasais finalement le fameux monstre qui la terrorisait tant, lui indiquant qu'il faudrait tout de même qu'elle envisage de venir la ramasser. Je voulais bien faire le sale travail pour elle mais il fallait qu'elle y mette aussi du sien. L'excuse qu'elle me sortit n'eut pas le don de me faire sourire mais d'éclater de rire. Oui au moins j'avais attendu qu'elle ai terminé avant d'exprimer mon amusement. Elle pouvait partir super loin quand même ! « Ah ouais ?! j'écarquillais les yeux, feignant de prendre ses paroles au sérieux Mais elle est super mesquine en fait ! Je ne l'imaginais vraiment pas comme ça. Elle doit être jalouse de toi et de ton hm... magnifique prénom pour vouloir ta mort à ce point. » Oui oui, c'était certain. Allant chercher une feuille d'essuie-tout à la cuisine, je revins pour ramasser l'araignée afin de jeter ça au feu. Voilà, on en parlerait plus. Je revins vers elle, m'asseyant de l'autre côté du plateau. « Bon alors qu'est-ce que tu m'as préparé ? Il manque un café là j'crois. » Ouais, le mien.