João & Satine ♠ Chapitre 1

João & Satine.
18.12.2012 à 13h20.

Ce n'était un secret pour personne, j'étais une enfant timide dans un corps d'adulte. Je n'arrivais pas vraiment à aller vers les autres. J'avais envie de rester tranquille dans mon coin, mais si j'étais ici c'était, avant tout, pour combattre les quelques petits défauts que j'avais et qui me pourrissait la vie plus que jamais. Il ma fallait prendre sur moi et faire le premier pas avec les autres si je voulais devenir une autre personne, si je voulais être plus à l'aise en compagnie d'inconnus, voire même de ma propre famille. Je ne savais pas vers qui me tourner. Je n'avais aucune idée de qui allait voir en premier. Une jeune femme ? Trop banal. Un jeune homme ? Je risquais de passer pour une séductrice de pacotille qui se faisait passer pour une nana timide uniquement pour faire rougir les garçons et les attirer vers moi. Un groupe de personne ? Hors de question que je vienne à passer pour une arriviste qui s'invite au beau milieu des conversation et puis cela ne me ressemblait pas du tout, j'étais bien trop réservé pour aller faire la connaissance de plusieurs personnes à la fois. J'en avais les larmes aux yeux. Je ne savais pas par où commencer. Je me sentais totalement perdu. J'avais l'impression de ne pas avoir ma place ici. J'avais envie de me cacher et de pleurer toutes les larmes de mon corps. Je marchais dans le long couloir où plusieurs portes se trouvaient. Je ne faisais plus attention aux personnes que je croisais. Ils devaient tous me prendre pour une folle, mais je n'en avais plus rien à faire de toute façon. Avec hâte je poussais l'une des portes que je laissais claquer derrière moi. La pièce dans laquelle je venais de faire mon entrée n'avait strictement rien d'une chambre. Il y avait un billard et un baby foot ainsi qu'une table et des boîtes de jeu de société sur une étagère. Lentement je tournais sur moi même pour observer la pièce qui était d'ailleurs plutôt chaleureuse. Au bout d'un instant, je remarquais qu'un jeune homme me regardait et aussitôt mes joues viraient au rouge alors que mes mains venait se joindre le long de mon corps. « Bonjour. » Ma voix était douce et timide comme d'habitude. Finalement peut-être que je ne me trouvais pas ici par hasard et que mes premiers pas dans mon envie de changement allait s'effectuer ici et maintenant.

Mon envie inconditionnelle de rester seul et éternellement seul ne m'a pas lâché depuis le premier prime : à la moindre occasion j'en profite pour m'éclipser. Parce que clairement, les autres n'ont aucune conversation, ni une belle gueule pour la plupart. Du coup, je me barre dès que je le peux. De toutes façons c'est pas vraiment comme si on monopolisait mon attention ou ma présence ; de toutes façons à part des conversations futiles, on ne peut pas dire que mes rencontres aient été particulièrement fructueuses. Tout ce que j'ai retenu ? C'est juste la tronche des gens en fait. On a des brunes, des blondes, une meuf aux cheveux rouges, et puis les mecs se ressemblent tous. Voilà, c'est simple. Bref. Alors que j'entendais des candidats converser entre eux dans différentes pièces du chalet suédois dans lequel nous avons été placés – quelle belle connerie vraiment –, je me barre, le plus vite possible – cependant je ne cours pas on va me prendre pour un taré –, et me glisse dans la première salle vide sur laquelle je tombe. Mon regard valse le long des murs, du sol, ou bien des objets que cette pièce contient et je dois dire que c'est un peu « la » bonne surprise de la journée ; une salle de jeux. Putain, en plus c'est pas comme si on se faisait chier par ici, tiens. Je m'avance un peu, referme légèrement la porte derrière moi et m'approche du billard. J'ai l'air d'être un enfant qui vient d'avoir le meilleur cadeau de noël du monde entier, mais faut dire que jusque ici j'ai pas particulièrement eu de moments... intenses, oui voilà. Je me surprends presque à esquisser un sourire. Évidemment, celui-ci je ne le cache pas, puis qu’évidemment il n'y a personne dans la salle à part moi, du coup personne ne saura que je peux évidemment sourire. Ouais, c'est un vrai problème chez moi. Faut dire que j'ai jamais essayé, aussi, c'est un truc de gentil, et je suis pas un gentil, je suis un gros méchant pas beau. En vrai je suis trop un beau gosse mais j'essaie de le cacher parce que vous savez, les mecs, c'est vite jaloux, hein. Et puis, la réalité me frappe en pleine figure : je ne vais pas y jouer seul, à ce truc. Bah ouais, ce serait con. Je me sentirai presque triste, tiens, de ne pas pouvoir y jouer. Mon sourire part aussi vite qu'il est parti ; je me rappelle soudainement qu'il y a plein de caméras ici. Putain, des millions de gens m'ont vu sourire, je suis fichu. Et puis, un bruit me faire me retourner vers la porte. Une blonde, pas celle avec laquelle je dors visiblement, vient de pénétrer dans la pièce. Elle est rouge tomate, les yeux humides. Elle s'est regardée dans le miroir pour être si choquée ou bien ? « Salut. Qu'est-ce que t'as ? » Je suis direct et pas du genre à tourner autour du pot. Je manque de tact, mais j'm'en tape complet. Au pire, là, je viens de lui rendre service, si elle veut se confier et m'endormir en même temps, ça m'arrangerait. Ce serait gentil, en fait.

Je venais de pénétrer dans une pièce dont j'ignorais totalement l'existence. Le décor était tout aussi magnifique que pour le reste du chalet. Mes pupilles brillaient, mais j'étais incapable de dire si cela était dû à mes larmes récentes ou bien à mon enchantement. De toute façon, je n'avais pas le temps de m’apitoyer sur mon sort sur déjà je pouvais remarquer la présence d'un jeune homme. Comme à mon habitude, je lui adressais un mince sourire plutôt timide, voire gêné, avant de le saluer presque dans un murmure et d'une voix douce. Il ne tardait pas à me répondre en me posant une question sur mon état. Ainsi mon mal être se voyait tant que çà ? Mes joues s'empourpraient encore un petit peu plus et comme pour me rassurer, ou essayer de faire disparaître cette couleur disgracieuse de mon visage, mes doigts venaient pincer l'un des lobes de mes oreilles. Je serais les dents car la douleur ne faisait pas du bien, mais je savais qu'il s'agissait du seul et unique remède miracle contre les rougeurs dont j'étais victime. Un truc de ma grand-mère et même si j'avais eu énormément de doutes au départ, je devais bien avouer que cela m'avait sauvé la vie plus d'une fois, un petit peu comme maintenant en fait. Soyons clair, ressembler à un coquelicot alors qu'on se trouve devant un inconnu, surtout quand ce dernier est plutôt mignon, ce n'est pas vraiment classe. Remarquez, je n'y connais rien en séduction et peut-être que je me trompe sur toute la ligne, mais bref, on s'en moque. Je venais de me perdre dans mes pensées sans me rendre compte que je devais le fixer depuis une bonne grosse poignée de secondes. Instinctivement mes yeux venaient trouver le carrelage et je n’arrivais à articuler que quelques mots pour justifier mes yeux bouffis et mon visage écarlate: « J'ai attrapé quelque chose dans l'oeil, mais rien de bien méchant je pense. » Il n'allait pas me croire c'était sûr et certains, mais après tout je n'avais pas spécialement envie de parler de mon plus grand défaut et du fait que je n'arrivais pas à me faire rien qu'une petite place dans l'aventure. J'expirais brièvement, comme pour me donner un brin de courage, avant de reprendre d'un voix toujours aussi douce: « Je ne te dérange pas j'espère ? »

Je suis entouré de tarés, c'est ça ? Juste une simple question, hein. Parce que franchement, pourquoi elle pleure, la blondinette ? Ses petits parents lui manquent déjà ? Ca ne fait même pas une semaine qu'on est là, connasse, alors ressaisis-toi, bon dieu. Ouais, ça me saoule, les gens qui pleurent à moitié comme ça. Franchement y a pas de raison pour avoir les yeux aussi embués. Enfin peut-être qu'à l'occasion je lui demanderai la raison, mais.. nan en fait je m'en fous, je préfère me foutre de sa gueule c'est bien marrant. Et, alors que je lui demande ce qui se passe – voyez comme je suis adorable et gentil, quand même – , je la vois en train de rougir, tout ça. Je sais que je suis beau, mais, quand même, faut arrêtez, là, sinon c'est moi qui vais rougir.. ouais. Ah non, je ne rougis pas. C'est peut-être parce que j'ai l'habitude de donner ce genre de réaction aux gens, tiens. Allez voilà, on va dire que c'est ça. Et puis, là, je l'aperçois, elle est en train de me fixer, j'ai l'impression que d'une seconde à l'autre elle va foutre toute sa tristesse dans ses poings et venir me frapper la face – enfin je dis « sa tristesse » mais ce n'est évidemment qu'une supposition, hein – mais en même temps je me dis que ce n'est pas avec ses petits bras qu'elle risque de m'assommer, la blondasse. Ce « long » échange de regard me permet de me rappeler d'un truc : je l'ai déjà vue quelque part, elle. Je réfléchis, fouille dans ma mémoire un instant et soudainement je me rappelle : bah ouais, elle était à l'hôtel avant que l'aventure commence. Que je suis con. Je blague, soit. Elle glisse son regard sur le sol et me sort une excuse rocambolesque qui me fait rire. Elle croit vraiment que je vais gober ce qu'elle me raconte ou elle fait exprès ? N'importe quoi. « Fais gaffe tu vas peut-être devenir aveugle. Enfin c'est pas comme si ça m'importait en fait. » Elle peut se faire écraser par un lampadaire que je m'en foutrai complètement. Après si elle a des sous je peux me marier avec elle et puis voler tout son fric et partir au Brésil, ou un pays dans le genre. Ouais, j'trouve ça beau le Brésil. Bref. La jeune femme reprend alors la parole. Si elle dérange ? Je lui répondrai volontiers « oui », mais en même temps je me dis qu'on pourrait jouer au billard, histoire de faire passer le temps. Mais je me demande aussi si je serai capable de supporter sa voix fluette quelques minutes de plus ou si j'allais lui foutre un scotch sur la bouche – non pas qu'elle parle trop, mais pas assez, justement, tiens. Et puis merde. Je me retourne, prends l'une des queues du billard et la lui tend. Elle a sa réponse. Et qu'elle en profite, je ne suis pas du genre à faire ça d'habitude. Non, je l'aurai plutôt frappée avec si je voulais. Mais bon, y a des caméras alors je me contiens. Je me retourne, prend une deuxième, glisse les boules dans le triangle. Qu'elle veuille jouer ou pas, elle n'a pas le choix, je préviens. « Tu tapes dans les boules ou pas ? » Manière détournée de lui demander si elle veut commencer et, oui, c'est une allusion sexuelle.

Il avait un air plutôt dur sur le visage, un petit peu comme s'il n'aimait pas se mélanger à la foule, comme s'il voulait rester seul en permanence et qu'on ne vienne pas l'enquiquiner. Dans un sens il était un petit peu comme moi avec la timidité en moins. [...] Non, en fait, il n'était pas du coup comme moi. Alors que j'avais envie d'apprendre à m'ouvrir aux autres personnes, lui préférait rester dans son coin à jouer les misanthropes. Je ne le comprenait vraiment pas. A sa place je serais la plus heureuse du monde de pouvoir échanger quelques paroles avec des inconnus sans pour autant rougir et me mettre à bégailler comme une pauvre idiote. Enfin, après tout, il faisait un peu ce qu'il voulait non ? Après un court instant de silence voilà que je venais répondre à sa question par une bêtise. Il ne devait pas me croire, c'était même certains, mais finalement je n'en avais strictement rien à faire de ce qu'il pouvait penser de moi et puis je me voyais mal lui raconter mes petits problèmes alors que je ne le connaissais ni d'Adam, ni d’Ève. Il ne tardait pas à me répondre en me disant de faire attention, que je pouvais finir aveugle. Cela me faisait sourire, me redonnant brièvement confiance en moi. Peut-être n'était-il pas aussi méchant que ça après tout. Mon sourire s'envolait bien vite lorsqu'il m'indiquait que de toute façon il n'en aurait strictement rien à faire si jamais je devais voir ma vue baisser un jour ou l'autre. Je le trouvais vache sur ce coup là. J'avais envie de lui répondre, mais je me contentais d'ouvrir la bouche, puis de la fermer en ayant bien trop peur des représailles. Il arrivait presque à me faire complexer le type, mais je ne disais rien et mes pupilles trouvaient le sol une fois de plus. La voix masculine du garçon faisait surface à nouveau alors qu'il venait de me fourrer une queue - et ouai moi aussi je sais faire des allusions sexuelle mon mignon - de billard entre les mains. Je ne savais pas vraiment ce qu'il voulait que je fasse avec. Enfin si, j'avais une vague idée, mais je ne savais pas du tout jouer à ce jeu. Je regardais le long bout de bois qui se trouvait entre mes doigts d'un oeil perplexe. « Je veux bien mais je ne sais pas comment on manipule cette chose. » avouais-je d'une petite voix presque honteuse. Je faisais un pas en avant, posant mon regard sur lui tout en lui faisant un petit sourire. « Tu m'apprends ? »

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