Je me levai aux aurores, j'avais mal dormi et je n'avais pas l'habitude d'être un lève tard de toute façon. Quittant la chambre dans laquelle je dormai sur la pointe des pieds, je me dirigeai directement vers la cuisine, mon estomac ronronnant dangereusement. En boxer, je fouillai dans les tiroires à la recherche d'ustensiles, trouvai dans les placards un bol et des céréales. Le lait me fut rapidement accessible puisque ranger dans le frigidaire. Installé sur le comptoir, je mangeai donc mon petit-déjeuner dans la quiétude de la matinée. C'était le moment le plus agréable de mes journées... Ces matins, lendemain de fête ou de soirée, avaient toujours queqlue chose de magique. Comme si le temps avait arrêté sa course folle l'espace de quelques heures pour nous laisser récupérer. Pas un bruit, pas un chat, juste moi... Mes yeux scannaient la pièce tandis que, machinalement, j'avalais mes corn flakes. Bizarrement, je n'étais pas vraiment dépaysé et l'enfermement ne me gênait pas encore. Toujours était-il que nous n'avions passé ici que quelques heures mais les longues journées d'attente dans l'hôtel, juste avant le début de l'aventure, ne m'avaient pas non plus spécialement choquées ni gênées. Une fois mon repas terminé, je me levai de mon tabouret, me dirigeai instinctivement jusqu'à l'évier. A tout hasard, je tirai sur la poignée située juste en dessous de l'évier pour y découvrir, à ma plus grande surprise, un lave-vaisselle. Ravi, j'y glissai mon bol et ma cuillère, remarquant que les verres employés hier étaient déjà tous entreposés dans la machine. Personne n'ayant pensé à la mettre en route, je refermai la porte de la machine et cherchai à tâton à comprendre comment elle fonctionnait. Après plusieurs minutes, accroupi face à l'engin, je me mis à soupirer... « P*tain de machine... tu vas t'mettre en route où tu veux t'prendre un coup d'pied au cul ?!? » Colérique ? Plutôt impulsif et impatient, je dirai.

J'étais limite en train d'exploser la machine lorsque Mia fit son apparition. J'savais pas vraiment pourquoi j'en avais après cette fille mais elle m'obsédait. La production avait très certainement compris que nous serions le couple de la maison et je supposais que toutes les images qu'on diffuserait de moi à l'extérieur seraient celles où j'étais en compagnie de la ravissante blonde. Me redressant sur mes jambes, je l'obsèrvai, amusé. Il lui avait suffit de presser un simple bouton pour que le tout démarre. D'un regard tendre, je l'embrassai rapidement au coin des lèvres en guise de remerciement. « Qu'est-ce que j'f'rai sans toi, beauté. » lui susurrai-je, un rien amusé. En la regardant d'aussi près, je réalisai combien j'appréciai sa présence et sa compagnie. Moi qui étais d'habitude solitaire et envieux d'une certaine solitude, la présence de Mia ne me dérangeai jamais. « J'te sers un verre de jus d'fruit ? Ou tu t'sens cap' de prendre une coupe de champ' déjà ? » plaisantai-je en attrapant déjà un verre dans l'armoire. Si nous étions considérés comme un couple, finalement, c'était peut-être parce qu'inconsciemment, nous le souhaitions tous les deux. Personnellement, je ne tenais pas à parler de ce genre de chose, préférant laisser la nature avancer doucement. Si nous étions faits l'un pour l'autre, l'avenir nous le dirait. Et puis, l'isolement nous rendait tous un peu dingues du coup, nos sentiments avaient tendance à s'emporter plus rapidement. En tous les cas, j'aimais beaucoup Mia, et j'aimais passer du temps avec elle. Attrapant le berlingot de jus d'fruit, je lui en servai un verre avant de le lui tendre. « T'as bien dormi ? »

Je lui tends son verre en souriant. Sa beauté me subjugue toujours un peu plus chaque jour. Dans les fins rayons de soleil qui transpercent les vitres, elle semble pareil à un ange. Je lui souris, sans la quitter des yeux. Ses propos me font pouffer de rire discrètement tandis que je prends appui sur le comptoir derrière moi. Croisant les bras sur ma poitrine, je repense à notre nuit de la veille en levant les yeux au ciel. Ouais, Steven et João vont pas être des cadeaux. Et si la prod' avait décidé de nous mener la vie dure, en choisissant ces deux macaques comme partenaire de lit, elle avait visé juste. « J't'en prie, c'est normal ! » Je posai mes mains derrière moi, y prend appui et me soulevai de sorte à m'assoir près d'elle, sur le comptoir toujours. Mes yeux ne la quittaient pas un seul instant, comme envoutés, comme charmés. Entre nous, c'était juste naturel sans pour autant être prise de tête. J'avais pas envie de m'avancer ni de brusquer les choses parce que rien n'était encore clair ! Nous n'avions jamais discuté réellement de ce que nous désirions et ce que nous attendions l'un de l'autre mais j'comptais pas l'faire. Etant un mec qui ne se prenait pas la tête à la base, j'allais pas m'enquiquiner à chercher à mettre un mot sur notre relation... du moins pas pour l'instant. « Faut pas t'en faire, ça leur passera. Ils supportent pas d'avoir personne contre qui s'blottir alors que moi, j't'ai toi ! » Un petit clin d'oeil bien placé et le charme opérait. « Ils sont peut-être pas si méchants, j'pense qu'ils ont juste besoin d'se prouver qu'ils sont des hommes... » rigolais-je en la regardant boire un peu de son jus d'fruit.

Ahah ! On était presque bien, après tout, même si les autres se posaient des questions, pour ma part, je laissais les choses se passer simplement. Faut croire que j'ai toujours été beaucoup plus terre-à-terre et moins réfléchi que la plupart des gens. Dans mon entourage, je n'acceptais que les personnes capables d'autant de liberté et de futilité... les gens qui se posent mille et unes questions, trop peu pour moi ! J'étais là, prostré devant Mia alors qu'elle semblait brusquement se braquer. Tout allait presque bien et puis, là, elle me balança soudainement qu'elle n'aimait pas qu'on pense qu'on puisse être ensemble. Dans ma tête, ça fit comme un déclic ! Elle apportait au regard des autres bien trop d'importance à mon goût ! Quant à sa réplique, elle m'arracha un petit sourire. Elle se leva de sa chaise et puis tourna les talons, prêt à quitter la pièce. Elle s'arrêta en chemin, sans se retourner pour autant. Elle attend quoi ? Une réponse ? J'y arriverai pas... non, j'étais pas blessé, juste amusé. Là, j'me contrôlais plus du tout, alors j'éclatai de rire ! « Tu peux quitter la pièce Mia, si tout ce que t'attends de moi c'est que je te retienne. » J'ai toujours été le mec cool qui prend les choses comme elles viennent. Si Mia voulait se la jouer solo et surtout se la jouer j'me pose des questions, j'veux pas qu'on m'juge mal, c'était son problème, pas le mien. Et puis, on était encore une dizaine en lice dans l'aventure, des c*ls, y en avait des tas. J'avais pas b'soin d'm'encombrer d'elle... Puisqu'elle me "rendait ma liberté", j'allais en profiter. « On va pas s'buter à croire qu'on pouvait vivre quelque chose ici... Tu l'savais autant que moi que tout ça, c'était juste pour le fun ! Pas b'soin d'en faire tout un fromage, non plus. » lui murmurai-je alors que j'ouvrai le frigidaire à nouveau pour attraper un nouvel encas. T'sais pas c'que tu loupes Mia ! Je souriais en coin, tout en continuant ma petite cuisine sans même la regarder partir.

Elle aurait dû quitter la pièce, me laisser seul avec mon verre de jus d'fruit mais non, elle surenchérit. A croire qu'en plus de trop réfléchir, elle sait pas s'arrêter quand il est temps. « T'inquiète pas Mia. » Je me retournai et lui fis alors face, esquissant un large sourire. « T'as pas à t'en faire, ça casse rien. J'suis là si t'as b'soin d'parler, j'suis là si tu veux déconner... J'vais pas t'rendre la vie impossible, j'suis pas c'genre d'mec là. » Je lui fis un petit clin d'oeil en buvant d'une traite mon verre. « On s'est bien marré... » Je reposai mon verre dans l'évier et puis m'approchai d'elle sans me départir de mon sourire. « L'aventure fait que commencer, tu tiendras pas long avant d'retomber dans mes bras poupée. » lui murmurai-je à l'oreille, amusé. Et puis, l'embrassant délicatement sur la joue, je pris congé d'elle et quittai la pièce. Pas la peine de poursuivre et de continuer à se justifier, on avait pas b'soin d'ça.