Ft. Graham


Voilà bientôt une semaine que je n'avais pas eu la chance de pouvoir me blottir dans les bras de Graham. Je n'avais pas eu l'occasion de pouvoir lui donner un simple baiser, même furtif, avant notre séparation et plus les jours passaient, plus j'avais envie de me retrouver avec lui pour ne jamais plus le quitter. Pour cette avant dernière nuit dans la maison cachée j'avais bien du mal à trouver le sommeil, m'endormant une heure pour rester les yeux ouverts à fixer le plafond durant de très longues minutes. J'avais la gorge sèche et je n'arrêtais pas de me tourner encore et toujours sous mes draps. Au bout de quelques minutes j'envoyais valser ma couverture sur le sol, me retrouvant en petite tenue, pour me lever avec grâce et délicatesse afin de traverser la maison d'un pas plutôt lent. L'une de mes mains venait étouffer un bâillement alors que j'attrapais un verre dans lequel je laissais couler de l'eau fraîche avant d'en boire quelques gorgées et de rejoindre la vitre qui me séparaient des habitants de la maison principale. Rien en bougeait dans la grande villa, tous devaient dormir. Et alors qu'un nouveau bâillement venait me rendre plus sexy que jamais, je venais m'asseoir sur le sol, posant mon verre à mes côtés, ramenant mes jambes contre mon buste et laissant ma tête trouver sa place contre la baie vitrée. Quelques minutes passaient, je guettais le moindre geste avant de m'endormir là, assise au beau milieu du salon à la vue de tous.

Elle me manquait. Son parfum, sa peau douce .. Et j'étais conscient que les habitants de la maison se moquaient de nous. Que nous n'étions pour eux qu'un couple de pacotille. Mais plus le temps passait, plus mon affection envers la jeune femme augmentait. Combien je m'étais senti coupable de ce qu'il s'était passé lors du prime ! Heureusement, je n'avais pas causé son élimination. La possibilité avait quand même traversé mon esprit et m'avait laissé vidé. Mais savoir que je passerai ma semaine loin d'elle avait été tout de même difficile. Nous ne nous étions pas vu la semaine dernière, surtout à cause de ma nomination qui m'avait lessivé. J'étais revenu, en forme et prêt à aller loin dans cette aventure, mais tout avait été si compliqué. Seulement, le sommeil m'avait quitté. Ma première nuit avait été longue, mais je m'étais écroulé à cause de la fatigue. La deuxième avait été plus dure : je pouvais penser. Penser, penser, penser. Activité qui selon certains n'était pas ma favorite, elle semblait pourtant occuper une grande place de ma journées dans cette aventure. Comment faire autrement ? Je m'ennuyais ferme. Il devait être trois ou quatre heures du matin lorsque je me dirigeais vers la cuisine pour me prendre un verre d'eau. Et si ? Je m'avançais vers la baie vitrée. Et je la vis, endormie. Comme je l'avais déjà dit, elle paraissait presque .. paisible. Je toquais alors légèrement sur la vitre avec un petit sourire. « Tu m'attendais ? »

J'étais tout bonnement incapable de vous dire depuis combien de temps je me trouvais là contre la vitre à dormir comme un bébé, mais je me sentais bien plus proche de lui ici que dans la chambre collective au milieu des ronflements de Caesar et Caleb. C'était comme si rien ni personne ne pouvait venir troubler mon sommeil et pourtant quelqu'un venait taper contre la vitre me sortant peu à peu des bras de Morphée. J'avais bien du mal à ouvrir les yeux et telle une petite fille mes poings venaient frotter mes yeux clairs qui devaient être un petit peu rouge en raison de mon manque évident de sommeil. J'étouffais un long bâillement avant de poser mon regard sur la vitre, sur la seconde maison et notamment sur Graham. Mes pupilles s'éclairaient alors que mes lèvres s'étiraient en un sourire béat d'admiration et que l'une de mes mains venait se poser sur la baie vitrée comme si je voulais l'atteindre, comme si je voulais le toucher et me blottir dans ses bras forts et puissants. Sa voix me parvenait mais semblait étouffée par l’étanchéité du verre qui nous séparait. Je secouais la tête de haut en bas tout en gardant cet air timide sur le visage. Oui je l'attendais et j’espérais secrètement qu'il allait venir et le bon dieu avait eu la gentillesse d'exaucer mon vœu.  « Tu me manques. » Mes doigts glissaient sur la vitre alors que mes yeux n'arrivaient pas à se détacher des siens. Si seulement je pouvais effleurer sa peau rien qu'un instant.

Elle ne sembla pas se réveiller tout de suite. Encore dans les vapes, elle bailla avant de me jeter un regard et de me reconnaître. Pendant un moment, la possibilité que la vitre soit à sens unique me fit froid dans le dos. Mais non. Son sourire s'étira, entraînant le mien. Cela me faisait tellement de bien de la voir. Ce qu'elle me manquait ! J'avais envie de la serrer dans mes bras, mais ce ne serait pas possible avant le prime. La production était vraiment cruelle. Elle posa une de ses mains sur la vitre et je posais la mienne de l'autre côté, comme espérant ressentir quelque chose au lieu de ce froid effrayant. Lennon était tellement différente, selon les moments. Elle ne gardait jamais la même attitude, c'était une chose que j'aimais chez elle. Elle était .. imprévisible. Dans un bon sens. Elle m'annonça que je lui manquais, et mon sourire s'affaissa un peu, attristé. « Tu me manques aussi. Tellement. » Cela faisait même mal, dans le torse, de se sentir à la fois si loin et si près d'elle. Je me demandais parfois si mes sentiments n'évoluaient pas au delà de ce que je pouvais supporter. C'était très étrange. J'enlevais finalement ma main de la vitre, parce que cela me déprimait. Nous ne pourrions pas nous toucher avant longtemps. Ce n'était pas un manque de sexe, même si je pouvais aussi me plaindre de ça. Mais juste le contact, un simple contact, chaste, me remplirait de joie. « Je crois que je tombe amoureux de toi, Lennon. »

A la vue de la silhouette du garçon je ne pouvais m'empêcher de sourire tout en étant béate d'admiration devant lui. J'avais tellement envie de le prendre dans mes bras, de pouvoir me blottir contre lui et de profiter de chaque instant comme s'il s’agissait du dernier, mais je ne pouvais pas à cause de cette maudite baie vitrée qui me séparait de lui. Alors que je posais l'une de mes mains sur la vitre froide il ne tardait pas à faire de même, établissant un contact imaginaire entre nous. Un contact qui me faisait tellement de bien et qui ranimait la petite flamme qui vivant dans mon coeur encore quelques jours auparavant lorsque je me trouvais à ses côtés. Je lui murmurais qu'il me manquais avant qu'il ne vienne à reprendre mes mots tout en rajoutant l'adverbe tellement qui ne faisait qu'intensifier le sourire de gamine que je portais sur le visage. Un sourire qui cachait mon mal être vis à vis du manque que je ressentais. J'avais mal au niveau de la poitrine, un petit peu comme si mon coeur se brisait en mille morceaux. Il retirait sa main de la vitre et c'était avec des pupilles pleines d'incompréhension que je plongeais mes yeux dans les siens. J'avais peur qu'il vienne à tourner les talons et qu'il m'échappe en s'éloignant de moi. Pourtant il ne le faisait pas, prononçant des mots qui me rendait timide, gênée et je pouvais sentir mes joues brûlaient de plaisir. Je laissais un silence calme et apaisant s'installer entre nous avant de prononcer d'une voix toute douce, toute innocente et qui devait lui parvenir étouffait: « Et je crois bien que c'est réciproque Graham.»

J'avais l'impression que Lennon me voyait pour plus que je n'étais. Et cela me faisait plaisir. Réaction tout à fait normale, non ? Même si j'avais eu souvent dans ma vie des jeunes filles pour baver devant mon physique d'Apollon, elles ne m'avaient jamais vraiment apprécié pour moi. Comme je ne les avais jamais appréciées pour elle. Et Lenny, elle, semblait apprécier pour mes qualités et surtout mes défauts. Et lorsqu'elle me regardait comme ça, comment ne pas craquer ? Je savais bien que son air béat cachait quelque douleur qu'elle n'osait pas me dire plus explicitement que comme un manque. En tout cas, je l'espérais secrètement, espérant que mes sentiments n'étaient pas à sens unique. Et c'était à cause de là que j'avais dit quelque chose que je n'avais jamais dit à quiconque, ou alors sans le penser. Je me sentais mal, après l'avoir dit. A nu. Surtout que le silence s'étendit et je m'attendis à ce qu'elle me laisse dans l'attente indéfiniment. Je devenais fou. Et lorsqu'elle prit la parole, et que je l'entendis dire que c'était réciproque, j'eus envie de la prendre dans mes bras. A la place, je ne pus que lui montrer un sourire triste. Je commençais à me mettre en colère, j'avais envie de donner un coup de pied dans cette vitre pour la briser même si cela ne marcherait sûrement pas. « J'espère qu'on sera pas encore nominés, ça serait cruel que l'un de nous deux parte après avoir passé notre dernière semaine séparés .. » J'avais l'impression que peu de personnes nous appréciaient, surtout en couple, dans cette maison.

Lorsqu'il se trouvait à mes côtés mon coeur se mettait à cogner contre ma poitrine bien plus vite qu'à l'ordinaire et je me sentais toute bizarre, un petit peu comme si des milliers de papillons s'envolaient tous en même temps à l'intérieur de mon ventre et cette sensation ne faisait que s'intensifiait lorsqu'il me prenait dans ses bras ou encore lorsqu'il appuyer ses lèvres contre les miennes. Je n'avais presque jamais eu l'occasion de ressentir ce genre de chose lorsque j'étais en compagnie d'un garçon. C'était nouveau et pourtant si agréable. Les mots qu'il venait de prononcer m'avait donné ce genre de sensation et j'avais la folle envie de me blottir tout contre lui et d'entendre son coeur battre durant des heures. Il m'adressait un bref sourire remplit de tristesse qui faisait naître en moi une envie de me mettre à pleurer, mais je ne devais pas le faire devant lui de peur de voir son visage encore plus décomposé que ce qu'il ne l'était déjà. Mes doigts glissaient le long de la vitre alors que je me rappelais que je ne pouvais pas glisser ma main dans l'une des siennes. Il reprenait la parole et mon coeur se serrait un instant. Si je venais à quitter le jeu au prochain prime je ne pourrais pas supporter de l'abandonner, de le laisser là sans avoir pu lui dire au revoir, sans avoir pu lui donner passer un instant avec lui. Bon sang ce que j'avais envie de lui à cet instant précis. « Ils ne peuvent pas nous séparer tant que je n'ai pas eu l'occasion de t'offrir mon corps une dernière fois. » Je préférais ne pas lui faire part de mon inquiétude à ce sujet. Je voulais tant voir un sourire amusé, complice sur son visage.

Ils pouvaient nous trouver ridicules. Niais. Mais en attendant, j'étais bien heureux d'avoir Lennon dans la maison. Cela m'apportait un peu de réconfort, moins d'ennui, un peu d'action dans les journées mornes que nous passions ici. Bien entendu, tout ça avant que nous soyons séparés. Je n'avais aucune idée de la popularité de Lenny dans la maison ou à l'extérieur et j'espérais sincèrement qu'elle était appréciée. Je ne pourrais pas supporter de la voir partir, et à me voir déprimer, ils me sortiraient sûrement aussi la semaine d'après. En temps normal, je me serais dit que bien, bon débarras, une fille de moins j'en retrouvais dix. Mais là, c'était différent. Peut-être était-ce le fait d'être toujours avec les mêmes personnes qui intensifiait les sentiments. Je me sentais changer, aussi bizarre puisse cela paraître. A la phrase de Lennon, un maigre sourire apparut sur mon visage. Je n'avais pas la tête à rigoler, comme à mon habitude. Mais c'était vrai qu'elle me manquait comme ça .. également. Quand on y avait goûté, c'était dur de s'en passer. Ils pourraient quand même organiser une petite pièce, une love room ou quelque chose pour les visites conjugales ! Même en prison, on y avait droit. « ça serait bien leur genre » Je soupirais et passais mes mains dans mes cheveux. Finalement, je décidais de me détendre un peu et de ne pas penser au pire. « ça te dirait pas de me donner un avant goût ? Un petit strip tease derrière la vitre ? » Je lui montrais un sourire amusé. Et puis même, j'étais presque à demi sérieux ..

Je n'avais que faire des remarques de mes petits camarades. J'étais heureuse aux côtés de Graham et je ne comptais pas aller voir ailleurs avant un bon moment, du moins tant qu'il voudrait bien encore de moi. Etre si lui de sa personne et à la fois si proche de lui me donnait des envies de meurtres. Je n'aurais pas hésité une seule seconde à sacrifier l'un de mes colocataires pour passer rien que quelques minutes avec lui. Une preuve d'affection parmi tant d'autre qui montraient parfaitement bien les sentiments que j'éprouvais à son égard. Il me parlait d'une nouvelle séparation, mais cette fois lorsque l'un de nous deux viendrait à quitter le jeu. J'avais envie de lui dire que cela risquait d'arriver bien plus vite qu'il ne pouvait le croire, mais je ne voulais pas le démoraliser encore plus. J'avais tellement envie de voir sur ses lèvres ce fameux sourire complice et charmeur que j'aimais tant chez lui. Finalement, je plaisantant tout en faisant allusion à nos ébats à venir qui risquaient d'être des plus torrides après une semaine de séparation. Lui, ne tardait pas à me répondre en me proposant de lui donner un petit avant goût avant de m'inviter à me dévêtir juste pour le plaisir de ses beaux yeux clairs. Mes pupilles vacillaient sur mon corps et ma tenue un très court instant. Je ne portais que de la lingerie difficile de faire durer le suspense. D'une voix qui se voulait mielleuse et innocente voilà que je venais lui répondre: « Et tu veux que j’enlève quoi d'autre ? » Quelques battements de cils totalement innocents et voilà que je me tournais légèrement pour me retrouver dos à lui, dos à la vitre. Sans un regard, mes doigts remontaient le long de mes côtes avant de se perdre dans mon dos pour venir défaire les agrafes de mon soutien-gorge que j'enlevais avec délicatesse avant de couvrir ma poitrine de l'un de mes bras. Mon buste pivotait à peine et je reprenais toujours aussi innocente: « Mais c'est donnant donnant. »