La nuit commençait tout juste à tomber. Il ne restait qu'un petit faisceau de lumière qui venait finir sa course sur mon visage juvénile. J'avais allumée une cigarette. Décidément, je fumais de plus en plus. Ce n'était pas bon. Aussi, prenais-je la décision d'arrêter. Mais pas tout de suite, pour le moment il me fallait ma dose. Je soufflais petit à petit ma fumée et une brise d'air pur venait la pousser sur mon côté droit. Le vent ébouriffait mes cheveux dans tous les sens et ma veste s'agitait un peu. Il faisait bon ce soir et les lumières de la ville s'allumaient une par une. Joli spectacle. C'est alors que j'entendis un bruit. Quelqu'un montait. D'un coin de l'oeil, toujours entrain de fumer, je regardais la personne en question qui n'était autre que Sarah. Pourquoi était-elle là ? Je n'en avais aucune idée ? Toujours est-il que je me recentrai sur le paysage, attendant qu'elle vienne m'accoster. Je tirai une taffe.

Sarah vint s'installer à côté de moi pour fumer. « Les grands esprits se rencontrent... Tu vas bien ? » Je continuais de fumer ma cigarette sans la regarder. Je regardais devant moi. « Oui et toi ? » Répondis-je, tout simplement. Puis, une fois ma cigarette finie, je la jetai du haut du toit et me levai. Je restai à côté de Sarah mais je regardais dans l'autre direction. « Sarah... j'en ai marre de jouer au jeu du romantique. Je suis désolé, je ne suis pas romantique. Je ne sais pas m'y prendre avec les filles tout simplement parce que je suis habitué aux relations d'un soir. Je ne suis délicat, je ne suis pas raffiné, je ne cuisine pas en général. Clarence est sûrement un bien meilleur homme que moi. » Dis-je, avant de baisser la tête. Voilà, c'était dis. Je commençai à m'éloigner doucement de Sarah. Allait-elle me laisser partir ? En effet, j'avais entendu beaucoup de gens, y compris la production, dire que Sarah était encore amoureuse de Clarence. Est-ce que cela était vrai ? Toujours est-il que je ne préférais pas m'initier entre eux deux si s'en était le cas.

« Attend, mais tu crois quoi, je ne suis pas moi depuis le debut. La fille gentille qui rougie et ferme sa bouche ce n'est pas moi. » Elle vint se placer en face de moi. Moi, j'étais là, mains dans les poches et je l'écoutais sans ne rien dire. « Tu ne va pas partir comme ça là si ? Juste parce que tu crois ce que les gens disent ? » Elle se déplaça pour me laisser passer. « Si tu avais eu l'intelligence de venir me parler au lieu d'écouter les autres tu aurais eu tes réponses. » La voilà la fille pour qui j'avais craqué. C'était cette fille caractérielle qui disait toujours ce qu'elle pensait tout haut. Je restai un moment ainsi, mais dans les poches, tête baissée à contempler le sol. Puis, j'entre-ouvris la bouche pour murmurer. « Je... je vais te dire où est mon malaise... » Je tournai doucement la tête vers elle avant de sortir les mains des poches et de m'approcher d'elle. J'arrivai juste en face d'elle et baissai la tête pour que nos deux visages soient à la même hauteur. Mon nez touchait pratiquement le sien. « J'ai l'impression de ne pas être un mec bien depuis quelques temps... J'ai passais mon temps à papillonner à droite à gauche alors qu'il y a des filles... comme toi... Qui méritent tellement mieux. » Dis-je, toujours en murmurant, mon regard bleu plongé dans le sien. En effet, les filles j'en avais fait des clones. Et bien que je les respectais toutes et les situées au dessus de l'homme, j'avais toujours eu l'impression qu'il n'y avait que deux types de femmes : les intéressantes avec qui on devient amis et les justes belles avec qui l'on couche. Mais je me rendais compte qu'il y avait un autre type de femmes, ce type de femmes caractérielles qui nous font totalement craquer et pour qui, on ne ressent pas que de l'amitié ni du désir sexuel mais bien autre chose. J'approchais encore un peu plus mon visage du sien, posant le bout de mon nez contre le sien. Je pris la liberté de passer ma main droite dans sa nuque avant de lui murmurer. « Mais aujourd'hui, ce ne sont pas des mots qui me brulent les lèvres... mais ce qui me brûle les lèvres... » Dis-je, en me rapprochant encore un peu plus. Je pouvais sentir son souffle doux et chaud sur mon visage. « ... ce sont tes lèvres... » Dis-je, pour exprimer mon envie de l'embrasser. Je m'approchai encore un peu plus, effleurant ses lèvres avec les miennes. Il ne lui restait plus qu'à avancer un peu pour que nos deux bouches s'unissent en un baiser. Mais, peut-être allais-je me prendre un vent comme la dernière fois. Toujours est-il, que cette fois-ci je ne le supporterai pas. Je crois que cette fois-ci, je ne m'en remettrai pas.

« Arrête de croire que je mérite mieux, tu ne me connais pas assez pour savoir ce que je mérite ou pas...» C'est à ce moment que Sarah franchit les quelques millimètres qui séparaient ma bouche de la sienne. Mes yeux se fermèrent. Je touchais enfin ses lèvres, pour la première fois. Elles étaient douces et délicates. Je prolongeais le plaisir alors que ma main remontait le long de sa nuque pour atterrir dans ses beaux cheveux châtains. Je caressais doucement son cuir chevelu tout en continuant de l'embrasser, y mettant un peu plus d'intensité au file des secondes. Puis, je descendis les deux mains pour m'arrêter à sa taille et la serrer un peu plus fort contre moi. Je décollais légèrement ma bouche de la sienne pour pouvoir lui murmurer quelque chose. « Je... je t'aime... » Mon nez touché encore le sien et mes lèvres venaient caresser les siennes. Il était peut-être trop tôt pour lui dire ça, peut-être que tout allé trop vite, peut-être que cela n'était pas crédible mais, après tout, l'amour n'arrive jamais à une horaire précise. L'amour peut nous tomber dessus en quelques jours sans que l'on s'en aperçoive. « Après ce baiser, tout est clair dans ma tête... voilà ce que je ne comprenais pas... ce que je ne comprenais pas c'est que je t'aime et qu'il me fallait un déclique pour m'en apercevoir... voilà pourquoi je suis prêt à faire des efforts... à me surpasser... Sarah, je t'aime... » Je ne me reconnaissais pas, moi-même, dans ces propos. Pourtant, j'étais tout ce qu'il y a de plus sincère. J'aimais Sarah et aujourd'hui je l'avais enfin compris. Quelques semaines m'avaient suffit à tomber sous son charme et je m'étais senti désorienté pendant tout ce temps parce que je ne comprenais pas, moi-même, la nature de mes sentiments pour elle. Mais, aujourd'hui, je le savais. J'aimais Sarah et peu importe ce qu'il se dira sur moi, peu m'importe s'il on dit de moi que je suis un garçon facile ou un menteur, parce que moi je sais la vérité.

« Je sais que j'embrasse bien, mais quand même...» Je lui souris. « Non, mais non, tu ne m'aimes pas, tu aimes ce que je représente, toutes ses filles que tu n'as jamais eus. Celle qui n'écartais pas les cuisses à chacune de tes belles paroles...» Elle recula et je restai là, à la regarder en l'écoutant parler. « Je vais te dire, je n'ai jamais eu besoin de dire des belles paroles aux femmes pour qu'elles couchent avec moi. C'est toujours elles qui sont venues me le demander d'ailleurs... Je ne suis pas ce genre de mec qui dit des belles paroles pour emballer. Tout ce que je t'ai dis là était sincère. Moi-même, j'ai du mal à me reconnaitre dans mes propos mais, c'est la stricte vérité. Je n'essaie pas de te mettre dans mon lit, ce n'est pas ce que je veux avec toi. Mais, peut-être ai-je eu tord de te dire ce que je viens de te dire, peut-être ne me crois-tu pas ? Peut-être me prends-tu pour un simple charmeur ? » Je fermai la fermeture de ma veste. « Mais si c'est que tu crois... » Dis-je, en prenant une cigarette pour l'allumer. Je commençai à fumer. « ... alors autant que je m'en aille... » Dis-je, en tirant une taffe. Je la regardais droit dans les yeux et je m'y perdais. Mes paroles étaient sincères, franches, si elle me prenait pour ce genre de mecs alors mieux valait-il que je m'en aille.

« Que tu t'en ailles ? Alors, là c'est trop facile, tu ne peux pas me dire que tu m'aimes et te tirer juste parce que je n'ai pas réagi de la meilleure des manières. Je ne vais pas m'excuser pour ma réaction, tout simplement parce que tu m'as prise par surprise. Mais partir serait la solution de facilité. » Sarah alla se poser sur le bord du toit. Je la suivais du regard tout en continuant de fumer ma cigarette. « Je n'ai pas envie de me prendre la tête avec toi. Je ne pense pas que tes paroles n'étaient pas sincère, mais tu n'as pas le droit de m'en vouloir...» Elle s'alluma une cigarette à son tour alors que moi, je tirai une taffe. « Je n'ai pas envie que tu sois quelqu'un d'autre que toi-même avec moi. » Sur ces paroles je lui souris et jetai ma clope. Je mis mes mains dans mes poches et m'approchai d'elle. Je restai derrière et je regardai la lune qui était pleine ce soir. Puis, je m'accroupis et sortis les mains de mes poches pour enrouler mes bras autour de son cou et poser délicatement mon menton sur sa tête. « Je m'excuse, je suis bien trop maladroit. Peut-être que je ne m'y suis pas pris comme il le fallait. Mais, je n'ai pas l'habitude d'être autant attiré par une femme. Je ne te parle pas d'attirance sexuel mais, d'une vraie attirance comme l'on voit parfois dans les films à l'eau de rose. Tu sais, ces films qui énervent et où tu as envie de taper le personnage principal parce qu'il est trop con ? Beh maintenant, je crois que je comprends pourquoi ce personnage peut paraitre con. C'est bête à dire mais, c'est parce qu'il est amoureux. On a l'impression que c'est un gamin, que le film est exagéré mais non, l'amour arrive vraiment sans prévenir... » Je me relevai. L'envie me venait de me donner une claque après ce discours qui ne me ressemblait pas. Je ressemblais à ce personnage débil du film à l'eau de rose. Je me mis à rougir, mince ! J'avais l'air con, là !

Sarah se retourna pour me regarder. « Tu n'as pas a t'excuser pour tes sentiments Justin, seulement il faut que tu comprenne que j'ai le cerveau complètement retourné, je ne sais plus où j'en suis et je me doutais bien qu'un jour ou l'autre tu finirais par en avoir marre de jouer "les gentils garçons", seulement je ne m'y attendais pas si tôt.» Elle me sourit et je lui fis un petit sourire à mon tour. Je comprenais plus que bien son point de vue. « J'ai juste besoin de voir le vrai toi, celui que tu es en dehors de cette villa, celui que tes potes reconnaîtrons en te voyant à la télé. Montre-moi qui est ce garçon-là et laisse-moi le temps de mettre les choses au clair dans ma tête. Juste de faire le point. » Je me relevai et remis mes mains dans mes poches. « Tu veux voir le vrai moi ? Alors rendez-vous à la zone des surfeurs, demain. C'est d'accord ? » Dis-je. En effet, j'aimais le surf tout autant que le skate. C'était une vraie passion pour moi et j'avais appris qu'il y avait une zone de surf pas loin. J'avais vraiment hâte de m'y rendre et avec Sarah ce serait encore mieux.