Trois semaines que j'étais dans ce jeu et je commençais à ressentir le manque de mes proches. En vérité, l'anniversaire de l'un de mes frères approchaient et j'imaginais ma mère qui préparait sa fête d’anniversaire, alors que lui continuerait à lui dire qu'il n'a aucune envie qu'elle fasse une fête pour lui, puisqu'il préférait sortir avec des amis. Et puis ma mère râlerait un bon coup, avant de pleurer en disant que personne ne veut rester avec elle et mon frère qui avait beau avoir la carrure de Mohamed Ali, il s'excuserait et ma mère obtiendra donc ce qu'elle voulait. Rien que cette pensée me faisait sourire, avant de me rendre morose. Je ne savais pas qu'être aussi loin de ma mère pouvait me faire aussi mal, mais je n'avais pas le droit de jouer la déprimé à l'intérieur de la maison, j'étais là pour jouer et pour rien d'autres. Je me leva tout de même assez tôt, n'arrivant plus à fermer les yeux et j'allais en profiter pour pouvoir être un peu seule. J'étais loin d'être une solitaire, au contraire, je pense qu'on ne pouvait pas faire plus sociable que moi, mais il y a du moment où être seule, ça pouvait faire du bien au moral -ou pas-. Je me dirigea vers la salle de bain où nous étions obligé de prendre nos douches en maillot de bain, ce qui pouvait être drôlement chiant à force. Je me plia tout de même à cette règle et me trouva sous l'eau pour prendre une douche froide, ça faisait du bien et me changeait les idées, c'est pourquoi après plus d'un quart d'heure, je me décida enfin de sortir de sous l'eau, m'enroulant comme un nems dans une gigantesque serviette. Et puis, en parlant de nems, Nancy fit son entrée dans la salle de bain, je la salua avec un grand sourire.

« I WANNA BREAK FREE ! » Neuf heures pétantes, la chanson résonnait dans la maison tandis que je shakais mes fesses au rythme de la musique. Rien de mieux que de se réveiller en pleine forme pour être d’attaque pour la journée qui se préparait. Tout en swing je m’enfilais une petite craquinette pour seul déjeuner avant de me diriger vers la salle de bain, linge à la main. Parée pour la douche. Le matin l’eau est toujours plus chaude, bien que le jet froid de la fin est primordiale pour rester fraiche, pimpante, et sexy. Entre temps je passais par le dressing où je shootais dans une basket qui alla se fracasser dans une étagère, faisant tomber l’une des rares piles de linge encore bien rangée. « GOAAAAAAAAAAAL ! » Je sautillais, de trop bonne humeur, pour finalement me prendre le pied dans un linge. Le temps de quelques secondes j’eu un effet balle de flipper dans tout le dressing avant de me retrouver propulsée en son dehors. Soit, j’étais partie pour prendre ma douche de toute façon. Lors de mon entrée triomphale dans la salle de bain je vis Berlioz à qui je rendais, par politesse, son sourire avant de faire une méchante glissade sur le sol trempé. Disons que je n’avais pas l’habitude de marcher pieds, confronter une flaque était l’incident assuré. Tel Scoupidou je tentais d’éviter la chute puis finalement mon cul frappa violement le sol. Là, tout de suite, j’aurais bien aimé m’appeler Arizona, histoire d’avoir un airbag quoi. « PUTAIN ! Dora est passée par-là avec sa couche trouée ou quoi ?! » Je n’étais pas spécialement en colère mais j’avais un putain de mal de cul ! Et en ce qui concerne Dora, je ne la connaissais pas mais c’était qu’une blondasse inintéressante. Bref là j’étais scotchée au sol comme une conne.

La jeune femme fit une entrée incroyable, avant de faire une chute magistrale. Je ne pus qu'assister la scène, impuissante et m'obligea à fermer les yeux dès que le choc se fit entendre. Je la regarda alors, parler sur Dora et une couche trouée ou je ne sais plus trop quoi. Bref, cette fille était à la fois tellement marrante et tellement ahurissante. « Rien de cassé ? » lui demandais-je en lui présentant ma main pour la relever. Personnellement, ça me faisait toujours rire moi lorsque je tombais de cette manière, mais Nancy ne semblait pas être le genre de fille à se moquer d'elle-même, enfin je ne la connaissais pas tellement et je n'aimais pas juger sur les gens sans les connaître vraiment. Personnellement, elle ne m'avait jamais rien fait alors j'étais aussi gentille avec elle qu'avec un autre candidat. « Pour ce qui est de l'eau sur le sol, je suis désolé, je pense que c'est de ma faute. » Bah oui, car j'étais la seule à avoir pris ma douche et en être sorti trempé et puis en arrivant dans la salle de bain, juste avant de me laver, il n'y avait pas de goutte d'eau sur le sol, donc ça ne pouvait qu'être de ma faute. Je mordillais la lèvre, vraiment désolé de l'avoir fait chuter.

« Non ça va, mon cul de Bronx Gurl a amortit le choc » Comme si j’avais d’aussi grosses fesses que ces nanas bling-bling dégueulasses et sans aucune classe. J’acceptais sa main qui m’apporta une grande aide pour me relever ; contrairement à celle d’Esteban que j’avais catégoriquement refusé lors de la première semaine. Disons que Berlioz ne m’avait pas fait grâce d’un croche pied, elle. « Merci baby » Je la gratifiais d’un baiser dans le vent en sa direction ; genre trop pimbêche. Allez savoir pourquoi je trouvvais cette fille très jolie. Je trouve qu’elle a un quelque chose, un charme qui diffère des autres filles fades de cette maison. En ce jour j’étais super bien lunée, j’acceptais donc ses excuses. J’en avais un peu rien à faire en fait, ça m’énerve sur le coup mais après peu m’importe. Vu le nombre de fois où je me suis cassée la gueule dans la rue à cause d’escarpins instables, hein. « Ah non mais pas du tout ! T’excuse pas ! Je m’en fou c’est que trois gouttes, un rien du tout. » Je gesticulais ma main pour lui dire de laisser tomber avec mes sourcils en mode macro qui gère son affaire. « T’aurais pas vu un gel douche à la rose des îles Salomon vanillée ? J’arrive pas à remettre la main dessus depuis hier !» Ce pourquoi j’avais emprunté un liquide puant à l’un de mes colocataires. Tranquillement je commençais à me déshabiller. Alors que j’en étais l’étape du bouton de jean, je marquais une pause. Ok, fallait que je lui dise. « Tu sais j’adore ton bikini mais c’est pas très sexy. J’te vois plus avec un truc rose bien girly avec une forme plus originale. » J’ai été styliste dans une vie antérieure.

Je ne savais pas pourquoi, mais Nancy semblait beaucoup plus méchante avec les autres qu'avec moi. En même temps, je n'allais pas dire que c'était mal, au contraire, c'était tant mieux, je n'avais pas la tête à me disputer avec quelqu'un aujourd'hui. La jeune femme accepta mon aide pour la relever et elle ne sembla pas m'en vouloir pour l'eau, en fait elle c'était aussi vite calmé qu'elle s'était énervé, cette fille était vachement surprenante. Elle me parla ensuite de son gel douche qui venait de je ne sais où qu'elle n'arrivait pas à retrouver depuis la vieille. Je tourna bêtement autour de moi-même, comme s'il aurait pu apparaître à un moment ou un autre, mais je croisa seulement le mien que j'attrapais farouchement et que lui proposa. « Tiens si tu veux le mien, c'est senteur coco et il vient de mon supermarché. » lui dis-je, souriant de bon cœur. Je trouvais ma vanne plutôt marrante, mais comme généralement lorsque je faisais une blague personne ne la comprenait, je rigolais souvent seule. Et alors qu'elle se déshabillait pour surement aller prendre sa douche, elle me parla de mon bikini qui était loin d'être sexy. Je baissa la tête vers celui-ci. C'est clair qu'il n'était pas sexy, mais j'étais pas le genre de fille à porter des trucs sexy, n'étant pas totalement à l'aise avec mon corps, je préférais m'abstenir à des trucs banales. Elle me parla de quelques choses de rose et de girly, ce qui n'était pas du tout mon genre. « Tu as du remarquer que ce n'était pas trop ma tasse de thé le rose. Je suis beaucoup plus à l'aise avec mes vêtements noirs et classique par moment. » Oui, car ma tenue vestimentaire était loin d'être classique, puisque je m'habillais plus avec des vêtements rock et surtout des vêtements court. En fait j'étais assez paradoxale, je détestais qu'on voit mon corps en maillot de bain, mais j'aimais être à l'aise et porter des shorts court, tout comme les t-shirts. Et pourtant, moi qui voulait devenir danseuse de salon, j'avais plus intérêt à m'habiller comme Nancy. « Mais merci du compliment quand même. » lui dis-je de nouveau en souriant.

« Ah merci, j’adore la noix de coco ! » La plupart des gens s’en foutent mais moi je trouve ça super intéressant. J’acceptais donc son gel douche et l’ouvrais pour le sentir. L’observant, je constatais qu’elle avait raison. A quoi bon se vêtir de choses dans lesquelles on se sent mal, c’est un peu comme se travestir. C’est endosser la personnalité de quelqu’un d’autre. Au moins elle avait l’audace d’être elle-même, c’est quelque chose de fort appréciable. Le fait qu’elle ne m’envoie pas chier l’était tout autant, je connais un paquet de gens qui auraient lancé une remarque dégueulasse en retour. Le hic c’est que ces gens, à force de tous me reprocher la même chose, sont assez fades, pas originaux. Du coup je l’aimais bien cette petite Berlioz, elle était amusante et cool. « C’est tout aussi avantageux, le principal c’est de se sentir bonasse après tout » Je haussais les épaules pour ponctuer ma phrase. Elle me remerciait et je lui adressais un énième sourire en retour. Enlevant mon top, la vue de mon super ventre bien entretenu m’évoqua quelque chose. « Mais je pense que tu devrais profiter de ton ventre plat tant qu’il est encore là. Pour essayer des trucs funkys, tu vois. » Je marquais une pause, jetant mon haut dans une corbeille telle une basketteuse professionnelle. PANIER ! « Parce que Lennon par exemple bientôt elle ne pourra plus se le permettre. C’est bien fait, elle avait qu’à être plus prudente franchement.» Mes prunelles démontraient à quel point je jugeais que la grande brune avait fait une erreur monumentale. Berlioz n’était-elle peut-être pas au courant ? En fait je ne sais même pas si je suis la seule à savoir ou non, après tout je l’ai su même avant la principale concernée ; alors pour le protagoniste masculin nommé Graham-je-saute-tout-ce-qui-bouge il est presque certain que… Oh tant pis j’men fou, ça me fait quelque chose d’intéressant à raconter, et puis bien fait pour elle ; je raconterais son histoire sans aucun remords s’il le faut.