Quand une nana aux cheveux roses vient vers moi, genre, même si je suis à peine réveillée, et me demande avec des yeux de chaton battu (pire que le chat potté) et me demande d’aller à la patinoire avec elle, je ne peux qu’accepter. Premièrement, parce que je l’aime bien. Je sais pas, je la trouve amusante, gentille, tout ça, et franchement pas mal physiquement hein. Et en plus, elle était genre ma seule alliée lors du prime. Ensuite, parce que je suis, justement, à peine réveillée, et que le côté « salut j’te saute dessus pour te faire ouvrir les yeux » de Robin m’a un peu surprise, et j’ai un peu eu l’impression de ne pas avoir le choix. Et enfin, à cause du regard. Et voilà pourquoi je n’ai pu qu’accepter, alors que je n’ai jamais patiné de ma vie. Alors, on est à la patinoire, vers quatorze heures. « Prête ! » Et je m’élance. Genre, l’oiseau qui prend son envol, tout ça, tout ça. Au début, je vous assure, je me débrouillais. Non, sérieux, je glissais sur la glace, plus ou moins gracieusement. Jusqu’à ce que le drame arrive. Je sais pas ce qui m’a déconcentrée, à vrai dire. Mais tout à commencer à partir en n’importe quoi. « ROBIIIIIIIIIIIIIIN » cri désespérée, genre, je vais tomber, sauve moi. Je m’accroche à elle. « Si je tombe, tu tombes ! » Naaan, c’est pas du tout égoiste. Bon, c’est vrai que dans les films d’amour, bien romantiques et tout, en général, on entend plutôt un « si tu tombes, je tombe » mais bon.

Et bien ouais, elle était prête la demoiselle aux cheveux flamboyants. Chouette ! J'étais aux anges, on allait vraiment s'éclater. Nous nous dirigeâmes donc vers la piste, toutes contentes. Et, comment dire, au départ... tout était parfait. Je glissais très normalement sur la glace, aidée par l'habitude, suivie sans accroc par une Scampi apparemment à l'aise. APPAREMMENT. Non parce que, très très vite, elle se mit à crier. Croyant à une blague, je répondis, hilare : "Qu'est-ce qu'il y a, tu tombes ?" Meeeerde, elle m'accrocha, je croyais pas si bien dire en fait ! En fait, elle allait vraiment tomber. Et moi avec elle. Zuuuuut. "Non non non non non !" eus-je à peine le temps de marmonner... avant d'être tirée en arrière, de faire un tour sur moi-même et de me retrouver... à califourchon sur Scampi, mon nez à deux millimètres du sien. Whoooops. Mmh... hum... bon, relevons nous, hein ? Après un léger temps de flottement, je me relevai donc, époussetant mes fringues au passage. Et je tendis la main à Scampi, histoire qu'elle se relève aussi. "Tu veux de l'aide pour la prochaine fois, peut-être ?"

Et en plus, mon manque d’équilibre fait rire Robin. Genre, elle se moque de mon malheur, tsais. J’ai trouvé plus mauvaise que moi-même, finalement. Enfin, elle se moque, jusqu’à ce que je décide de l’embarquer avec moi, dans ma très probable chute. J’essaye pourtant bien de me stabiliser en m’appuyant sur elle, mais, bien entendu, il fallait s’y attendre, ce n’est qu’un pur échec, et je tombe, sur la glace, en me détruisant la fesse gauche, cedi dit au passage. Et puis, Robin, elle, elle tombe sur moi, à califourchon, vous voyez le genre. Et puis, on est proches. Genre, très proches, je sens sa respiration et tout, et mon nez touche quasiment le sien. Vous voyez. Et elle ne se relève pas tout de suite. J’ignore pourquoi. Alors, je reste là (je ne vais pas la pousser, genre, grosse brute, vous voyez) et mes yeux parcourent son visage. De ses beaux yeux bleus à ses lèvres roses et charnues. Jusqu’à ce qu’elle se relève finalement. J’attrape sa main, me relève, et grimace à cause de ma fesse gauche. Oui, oui. « Oh que oui, en fait, j’ai jamais patiné. Avant là. Dis, c’est quand même la deuxième fois en une journée que tu te retrouves à califourchon sur moi hein. T’essayes de me faire comprendre quelque chose, c'est ça ? » Je lui lance un regard, genre, « je sais que je suis irrésistible vas-y avoue » avant de rire.

Boooon, gamelle digne d'une mauvaise comédie à l'eau de rose hollywoodienne : fait ! Maintenant que j'étais debout, j'essayais tant bien que mal de passer à autre chose, genre, le patinage à la manière d'une très normale téléréalité où des fois, on s'ennuie. Où Scampiche, ou devrais-je plutôt dire Scamquiche, décida enfin de m'apprendre qu'elle n'avait jamais patiné auparavant. "Mais t'aurais pu me le dire ce matin ! Rooooh maintenant va falloir en plus t'apprendre à patiner !" m'indignai-je en rigolant. Je me dirigeai lentement vers le rebord histoire qu'elle puisse plus ou moins me suivre. "Bon, t'as déjà fait du roller ? J'espère que oui, parce que globalement c'est la même chose et ça me simplifierait vraiment la vie si c'était le cas." Ouais on était pas en cours de patinage là non plus ! Fallait pas abuser de ma très gentille gentillesse. Tiens, mais qu'est-ce qu'elle me dit la rousse là ? Que... quoi ? Que j'essaierais de lui faire passer un message à coups de califourchon ? Rrrrum, j'allais te le dire. C'était quand même pas de ma faute si elle était tombée hein ! Mais bon, si elle voulait se la jouer séductrice enflammée, pourquoi pas. Je lui rendis son regard avec un grand sourire, répondant sur un ton à peiiiine ironique : "Mais comment as-tu deviné ? En fait, dès que je t'ai vue, j'ai eu un énorme coup de cœur pour toi..." Je m'approchai légèrement d'elle, le sourcil relevé. "Mais, maintenant que t'as compris, ça me facilite la tâche c'est ça ?" Genre, maintenant que mon immense amour pour elle était révélé, je n'avais plus besoin de la faire tomber de ses patins pour me jeter sur elle comme une nymphomane en manque.