Ft. Rosaline


Ce n'était un secret pour personne, j'étais une dingue de mode, une acheteuse compulsive qui ne pouvait pas se passer de faire chauffer sa carte bleu même dans les boutiques les plus miteuses. J'avais un dressing immense, remplit de vêtement que je n'avais jamais eu l'occasion de porter, un placard à chaussures où des centaines de paires se disputaient pour être mon coup de coeur du jour et des milliers d’accessoires dont je n'avais plus rien à faire après les avoir porter une fois. Vivre à New York n'arrangeait rien. Je passais mon temps à faire les boutiques dans les plus grands magasins du moment et à fouiner dans les friperies histoire de dénicher la perle rare. Ah le shopping !! Je pourrais passer ma vie entière à en faire. Je n'avais pas encore eu l'occasion de me rendre dans la boutique de fringue de la ville, étonnant. Je décidais d'y remédier bien vite en m'y rendant ce matin même. Peut-être que j'allais trouver la perle rare qui ferrait le petit plus de ma tenue lors du prochain prime. Je fouiner dans les rayons, passant d'une allée à l'autre tout en m'arrêtant aux présentoirs à bijoux, devant les sacs, les chaussures. J'avais le sentiment d'être une gamine dans un parc d'attraction. Mes yeux brillaient de milles feux. Les bras chargeaient de bout de tissus je passais en cabine d'essayage, enfilant une robe, m'admirant dans le miroir, passant un short et un haut, m'admirant une toute nouvelle fois avant de mettre une toute nouvelle robe. Cette pièce là pourrait être parfaite pour un prime à venir. Laissant apparaître quelques morceaux de mon anatomie, elle pourrait en faire baver plus d'un. J'avais besoin de l'avis d'un vendeur et sans attendre je sortais de la cabine pour partir à la recherche d'un jeune homme qui travaillait par ici. Après quelques sourires et deux ou trois échanges de parole, voilà que je retournais tout pimpante vers ma cabine et c'était là où ... je tombais nez à nez avec Rosaline, portant la même robe que moi. « Finalement, je crois que je ne vais pas prendre cet article. » Méprisante, je regardais la blonde de la tête aux pieds. Hors de question que je porte la même robe qu'elle. Hors de question qu'elle vienne marcher sur mes bandes.

Accro du shopping, je ne lui suis pas, absolument pas ! J’aime les vêtements certes, j’aime rentrer dans un magasin et sentir les odeurs de différents tissus se mêler, mais je me sens bien plus à l’aise dans une salle de sport à transpirer, c’est mon élément. Dans les magasins je me sens, trop moche et trop grosse par rapport à ces mannequins montées sur talons aiguilles qui ne se permettent même pas une part de gâteau pour leur anniversaire. Je ne me sens pas réellement à ma place dans ce genre d’endroit. Parfois j’ai l’impression d’être Rebecca Bloomwood, elle au moins n’a pas besoin d’être comme Alicia pour se sentir bien. Elle aime les vêtements, et les cartes de crédits aussi, il faut bien l’avouer. Parfois j’aimerais bien être comme elle, après tout, à présent elle a une vie rêvée, elle a un job qui vaut de l’or, elle n’a plus de dettes, des amis, sait parler le finnois et surtout, elle a une chose que je n’aurais sûrement jamais vu comme c’est parti, elle a un mari qui est un prince charmant vivant ! Bref, je veux sa vie ! Mais bon, ce n’est qu’un livre, et un film aussi d’ailleurs, mais bon. Un homme comme Luke Brandon ça n’existe pas dans la réalité. Il est un peu mon homme idéal, et l’homme idéal de beaucoup de femmes je pense. Il beau, riche, intelligent, romantique, il est parfait, quoique un peu trop collé à son travail mais il est tout bonnement irrésistible ! Voilà, à présent vous savez qui est l’homme de ma vie, l’homme que je n’aurais jamais parce qu’il n’existe pas. Aujourd’hui, enfin plutôt en cette fin de matinée, juste avant d’aller manger – oui encore manger, je ne pense qu’à ça, tout le temps, je vous l’accorde. Manger et encore manger, je ne suis peut être pas une accro du shopping, mais sans doute une accro à la nourriture. Les dettes ne se comptent pas en euros, livres, dollars ou encore yen, mais en kilo ou en grammes. Sauf que moi, je n’ai pas de dettes, que ce soit en argent ou en graisse. Je fais du sport, pour faire fondre ces kilo en trop. Je m’élançais dans le magasin un grand sourire aux lèvres, aujourd’hui, pas question d’acheter quoi que ce soit. Je n’ai besoin de rien, alors je n’achète pas, je vais regarder, peut être essayer. J’adore essayer les vêtements, je me sens un peu comme Julia Roberts dans Pretty Woman, en plus la musique est à tomber, j’adore ! Bref, je vais dans la cabine d’essayage, une pile d’habits en tous genres dans les bras. En premier lieu j’essaie une robe qui ne m’ira sûrement pas et que jamais je ne mettrais de ma vie, ce n’est pas tellement mon style, mais il faut que je l’essaie ! En sortant de la cabine je tombe nez à nez avec Lennon, portant la même robe que moi. « non vazy tu peux la prendre, je ne comptais pas l’acheter de toute façon. Elle te va très bien en tout cas. » dis-je un sourire sincère aux lèvres.

hj : désolé pour ce pavé et pour ce bavardage sur confessions d'une accro du shopping.

Rosaline était la dernière personne que je pensais voir, que je voulais voir, dans ce magasin. Je jetais sur elle un regard de mépris. Comment pouvait-elle oser porter cette robe alors que moi j'étais en train de la traîner sur mon dos, cherchant les compliments d'un vendeur, d'une cliente. Je ne voulais pas des siens. Je n'en avais rien à faire qu'elle trouve que ce bout m'allait bien. Voilà qu'en plus elle me souriait comme si nous étions de vieilles amies. Cette fille me dégoûtait au plus haut point, j'en venais même à me demander comment elle pouvait faire pour se regarder dans un miroir. J'ouvrais la bouche avant de la fermer, ne sachant que dire, ne sachant par où commencer. Mes pupilles croisaient ma silhouette qui se reflétait dans l'un des nombreux miroirs présent autour de nous. J'avais l'air cruelle, méchante. Un air qui me ressemblait si peu. Fermant les yeux, poussant un soupir d’exaspération je finissais par conclure. « Prends là. Après tout je ne peux pas t'interdire de l'acheter si elle te plait. » Tout comme je ne pouvais pas lui interdire de s'approcher de Graham si elle avait envie et tout comme je ne pouvais pas empêcher Graham de tomber dans ses bras, de lui faire des compliments s'il le voulait. Chaque fois que je croisais son regard, elle me rappelait que rien ne m'appartenait, que je n'étais certainement qu'un prénom de plus sur une liste et que j'étais sur le point de faire la plus grosse connerie de toute ma vie, mais je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était elle qui m'avait fait devenir infect en essayant de m'ouvrir les yeux dès le premier soir. Je ne pensais pas tomber d'aussi haut dès le début. « J'en trouverais une autre, de toute façon j'ai la chance de pouvoir porter ce que je veux et de paraître à la pointe de la mode. » Ou pas. Sans un regard, je retournais dans ma cabine, le dos appuyait contre la paroi avant de pousser un long soupir et de me laisser glisser le long du mur fin pour venir m’asseoir sur le sol, encerclant mes jambes de mes bras, posant mon menton sur mes genoux.

Mes relations avec Lennon sont assez, comment dire spéciales et complexes. En fait, elle ne m’aime pas vraiment, enfin c’est ce que j’ai pu comprendre les seules rares fois où elle m’a adressé la parole, mais j’ignore pourquoi elle ne m’aime pas. Peut être que ma tête ne lui revient pas ou quelque chose dans ce genre là. Moi, je n’ai pas de raisons de ne pas l’aimer, elle a l’air sympa et je ne sais rien sur elle qui pourrait m’inspirer du dégoût. Peut être que c’est à cause de Graham si elle ne m’aime pas, j’en sais rien. Je sais qu’ils ont, eux aussi, une histoire compliqué, mais pas dans le même genre que celle que j’ai avec Lenny. Et sachant que je suis amie avec Graham, ça vient peut être de là. Ah mais non, c’est à cause du premier prime ! Ce soir là je ne m’étais pas vraiment montrée sous mon meilleur jour, c’est le moins que l’on puisse dire. En fait, j’ai débarqué dans la salle de bain, alors qu’elle et Graham étaient en train de flirter bien comme il faut. Je me suis mise en colère, à cause du truc dans la chambre d’hôtel quelques jours plus tôt, du coup Lennon est partie et Graham n’a plus voulu me parler. Mais en fait je ne suis pas si emmerdeuse que ça, c’est juste que ce soir là, j’étais toujours énervé contre lui, il m’a quand même foutu à poil dans le couloir d’un hôtel ! J’espère que ce n’est pas à cause de ça qu’elle me déteste, parce que ce n’est rien du tout ! Elle alla s’asseoir dans sa cabine et je la suivis. « nan mais, c’est pas mon genre de toute façon, je l’essayais juste comme ça. Mais…euh…tu veux parler ? Parce que tu sais, tu peux si tu veux. » dis-je un sourire aux lèvres.