w/ Nancy

La première journée s’était écoulée et manifestement j’y avais survécu, ce dont je n’étais pas peu fier. Contre toute attente, je me plaisais bien ici, et j’espérais sincèrement ne pas avoir à quitter la villa en fin de semaine. Non seulement je redoutais de faire partie des deux éliminés, mais je craignais également de faire simplement partie des nominés : je savais déjà que cela me blesserait, et que le peu d’assurance que j’avais réussi à afficher jusque-là en prendrait un coup. Pourtant, il était évident que je serai nominé à un moment ou l’autre du jeu : j’espérais simplement que ce moment surviendrait le plus tard possible.

La nuit tombée, j’avais ressenti le besoin de m’isoler, plus pour faire le point avec moi-même qu’autre chose. Dans la vie quotidienne, j’avais toujours plutôt été un solitaire, pas vraiment par choix, et à présent cela me faisait bizarre d’être constamment entouré, d’avoir en permanence des gens autour de moi avec lesquels interagir. C’était agréable mais également déstabilisant, dans la mesure où je n’y étais pas encore habitué. Alors, une fois qu’une partie des candidats était allée se coucher tandis que d’autres erraient par-ci par-là, j’avais pris l’ascenseur en direction du toit, n’ayant qu’une idée en tête : terminer cette première journée en regardant les étoiles dans le ciel. À minuit, j’étais donc confortablement installé sur un des matelas prévus à l’occasion, les bras croisés derrière la tête, plus paisible que jamais. J’avais presque envie de rester dormir là. Ce n’est qu’au bout d’une demi-heure que ma tranquillité est troublée, par un bruit dont je soupçonne une origine humaine. Alerte, je me relève à moitié et, en position assise, je plisse les yeux en regardant en direction de l’ascenseur. « Il y a quelqu’un ? » je lance à la cantonade.

Cette villa regorge de surprises et la meilleure, après le sauna et tout ce qu’il y a de luxueux ici, c’est bien le toit. Franchement c’est une trop bonne idée, il fallait que j’aille en profiter dès maintenant. L’heure était propice à une nuit sombre et probablement pleine d’étoiles à admirer. J’y montais par l’ascenseur et accéda à l’air frai que dégageait les brises de cette belle nuit. Je me postai à regarder la vue de là où j’étais, il n’y a pas à dire cet endroit était parfait pour se recueillir. Non pas que je prie ou un truc dingue dans le genre mais parfois il y a des moments où j’aime bien me retrouver, comme tout le monde. Ok ici y avait pas de miroir mais bon… faisons avec. Même si c’est un peu inadmissible, je ne peux pas me retrouver dans ces conditions. « Il y a quelqu’un ? » C’est toi y a quelqu’un ouais ! Je ne sais pas qui c’est mais il m’a fait sursauter, en tout cas la voix m’est inconnue. « Nan y a personne ! » Après cette phrase lancée sur un ton quelque peu sarcastique, j’avançais à pas d’aveugle vers ce qui me semblait être un point de relief, sûrement un matelas ou truc du genre. Hm oui ça devait sûrement être ça puisque je buttai violement contre quelque chose qui me fit faire le grand plongeon. Nan je ne suis pas passée par-dessus le balcon. J’ai simplement attérit sur… sur quoi ? « Ouch … c’est quoi ça ?! » Etrange, je tâtais… une matière de jean… un point culminant, ah oui…oui… intéressant. Oh je vois ! Je venais de mettre la main sur un entre-jambe ! Intéressant. « Heeeeeeeey salut baby! » Je me redressais, en effet de la proximité où nous étions je pouvais apercevoir nettement la personne qui se trouvait en face de moi. J’avais sûrement du la croiser depuis notre entrée mais son visage ne me disais pas grand-chose…

Le « Non y’a personne » me fait comprendre que j’ai affaire à une petite rigolote (j’avais déduit du type de voix qu’il devait en effet s’agir d’un individu de sexe féminin et je ne pensais pas me tromper sur ce point) mais je n’imaginais pas encore à quel point. Quoique, dans un premier temps, le comique de la scène ne m’apparaît pas dans toute sa splendeur quand la jeune fille de l’ombre me tombe littéralement dessus, gesticulant et me palpant comme si j’étais un melon bien mûr qu’elle s’apprêtait à goûter – ce qui m’effrayait au plus haut point. Je pousse d’abord un petit cri de stupeur et essaye de manifester ma présence tant bien que mal, histoire de lui faire comprendre que j’étais un être humain non dénué d’émotions qui ne voyaient pas forcément d’un bon œil toute cette situation pour le moins ambigüe. Sans trop savoir si je devais rire ou pleurer, j’essaye de me dégager de là en reculant comme je le pouvais, mais ne peux m’empêcher de sourire devant sa façon complètement naturelle et spontanée de me saluer, comme si rien de gênant ne s’était passé. « Euh, bonsoir… Nancy c’est ça ? » j’articule faiblement, reprenant mon souffle tandis qu’elle se redresse.