La villa c’est bien sympa, mais visiter les alentours c’est encore mieux. Enfin... quand on arrive à rester dans la ville même parce que les champs et tout ce qui va avec c’est pas pour moi ni pour mes escarpins de fashionista. Aujourd’hui j’avais opté pour mes Casadei Barbie qui m’avaient coûté un bras. J’avoue avoir pleuré quand j’ai reçu le relevé de compte à la fin du mois mais l’investissement valait largement le coup. Je me demande si je n’allais pas le regretter d’ailleurs. A force de flâner je ne m’étais pas aperçue que je m’éloignais dangereusement de la ville, les champs présents me rappelant à la réalité. Un peu trop tard d’ailleurs. Lorsque je rêvasse j’ai tendance à jouer avec la précieuse bague offerte par mon premier amour que je garde comme s’il s’agissait de la moitié de mon cœur. Oui je sais c’est un peu romantique cucul mais tant que personne n’en sait la signification y a pas de problème nan ? Bref le soucis avec cette bague c’est que j’aime bien la balancer pour la rattraper entre mes deux mains, sauf que là elle en décida autrement. M’échappant malencontreusement des mains la bague vint à rouler par terre en direction des champs. Peu habile sur mes chaussures de poupée ambulante je ne pus la rattraper et fut désarmée face à sa disparition dans les champs. Elle ne devait pas être bien loin, genre sur le bord ou quelque chose du genre. Je me penchais pour y voir plus clair et m’avançait maladroitement à quatre patte dans les champs, le cul à l’extérieur.

13 août ; w/ nancy

Une petite ballade dans la nature, il n'y avait rien de tel. Ce que j'aimais dans cette aventure, ce que j'appréciais le plus c'est que nous n'étions pas enfermés dans une villa, entre 4 murs sans y respirer l'air de la nature elle-même. On pouvait aller là où on le désirait, une ville étant notre terrain de jeu. C'était le pied, franchement ! Je marchais sur un chemin de terre, une paille à la bouche - comme un bon paysan. J'aurai bien fait cette escapade auprès de ma mère. Soit, elle n'était pas là. Je pensais à elle, j'espérais qu'elle allait bien et qu'elle souriait en me voyant à la télévision. J'espérais ne pas la décevoir non plus. Je m'étais promis de rester moi-même. Jusqu'à présent c'était le cas. Il n'y avait pas de raisons pour que ça ne continu pas sur cette lancée. Un caméraman collé au cul, ce n'était pourtant pas ça qui allait m'empêcher de profiter de ma sortie. Il faisait chaud. J'en étoufferait presque malgré le fait que je ne portais qu'une chemise à moitié ouverte et un short. Je ne marchais pas pieds nus non, mais bon ma tenue on s'en fichait pas mal là... Je déboutonnais les derniers boutons de ma chemise et c'est avec délicatesse que je sentais un peu d'air frais, bien qu'il soit chaud en fait, caresser ma peau. Je fermais les yeux puis les ouvrais à nouveau. Je voyais au loin, quelque chose de suspect, dans un champ. Plus je m'approchais et plus je distinguais des jambes, des chaussures à talons roses. Qui donc se promener là, ainsi chaussée ? Je fronçais des sourcils puis progressais plus rapidement vers la dite personne. Sa peau était halée, avec le peu que je voyais. Elle portait un short. Bref... Une fois à sa hauteur, je ne pouvais m'empêcher d'ouvrir la bouche. Un villageois où une candidate égarée ? Besoin d'aide peut être ? Je la toisais et décrivais la courbe de son dos.

J’avais beau chercher, rien de brillant n’était à l’horizon. Mes recherches s’avéraient non fructueuses, à moins que… une voix ?! Personne ne m’avait jamais dit qu’une bague pouvait parler ! Franchement là y avait de quoi être sur le cul. Je me retournais vivement, pensant y voir un anneau, debout à terre. Trop pas, c’était des pieds. What’s that ?! Des pieds qui parlent ? C’est trop dingue ! Cette émission est dingue ! Ah oui nan en fait c’était un mec. Canon. Qu’est-ce qu’il m’avait dit déjà ? Je marquais une pause pendant qu’un long silence nous envahissait. Lui aussi était candidat au jeu, bien que je ne lui ai pas réellement parlé depuis le début de l’aventure ce n’est pas le genre de type qu’on ne remarque pas et dont on ne se souvient pas. Disons que son visage est très caractéristique. En plus de ce torse appétissant. Soit, il disait quoi déjààà ?! Éclair de génie ! « Ah ! M’aider ? … ouais je veux bien. T’es un peu du genre Tom Sayer nan ? Tu devrais être fort en recherche de métaux. » Blablabla, comme d’habitude je baratinais sans pour autant mettre mon interlocuteur au courant de la situation. J'téais super sérieuse, il avait des airs d'homme fort, c'était tout bon pour ma ruée vers l'or (soit ma bague, quoi). Dans un élan de bonté, en position super inconfortable c’est-à-dire à quatre pattes demi-retourné (c’est une figure de gymnastique), je lui résumais enfin la scène concrètement. « Ma bague est tombé dans le champ, en fait. » Ca fait loseuse mais j’assume.

13 août ; w/ nancy

J'attendais qu'elle se redresse. Oui, cette personne ne pouvait pas être une homme, à moins qu'il soit très androgyne et aime s'épiler en plus de porter des talons... Soit. J’apercevais enfin son visage. Et je pensais. Oui, je l'avais bien sûr déjà vu dans la villa mais je ne lui avais pas encore parlé une seule fois depuis le début de l'aventure. Nous étions tellement de candidats aussi, qu'en un soir, c'était plus ou moins impossible. Pas totalement en fait, mais disons que j'avais préféré observer pour commencer. Elle avait d'une personne agréable. Aussi bien un peu disjonctée. Je souriais en coin en l'écoutant. Non, je n'avais jamais rechercher des métaux. Avais-je véritablement une tête de chercheur d'or ? […] J'arquais un sourcil, attendant quelques indications de plus histoire de pouvoir l'aider. Non, je n'étais pas encore très avancé sur sa situation. Ma bague est tombée dans le champ, en fait. Je comprenais alors mieux son manège. Et bien, c'était malin ! Comment est-elle cette bague? Mais sans vraiment attendre son explication, je me retrouvais déjà à ses côtés, à genoux en train d'écarter les hautes herbes. Non mais sans rire, c'était comme chercher une aiguille dans du foin. Totalement impossible. Je n'étais pas du genre pessimiste mais la retrouver révéler de l'exploit ! Comment s'appellait-elle déjà ? Son prénom m'échappait totalement ! C'est quoi ton prénom, déjà? Si j'étais désolé ? Non. Elle ne devait pas non plus savoir qui j'étais. Caesar.

A deux on avait plus de chances de la retrouver… enfin espérons qu’il n’ait pas deux mains gauches. « Elle est ronde. Ca fait un anneau un peu. » Je marquais une pause et réfléchit, à quatre pattes l’index droit posé sur mes lèvres. Genre réflexion intense. A la voir tous les jours finalement on y fait plus vraiment attention et ce n’est pas si facile que ça de s’en rappeler, surtout de la décrire. « Moi c’est Tommy. Euh Nancy ! » Je fronçais les sourcils de confusion, les yeux un peu dans le vague. Il était préférable que je me noie dans mes recherches. « Enchantée Caesy. » C’était classe comme surname. Soit, j’avais toujours pas retrouvé la constitution de ma bague, parfois j’me dis que je crains un peu quand même. « La bague, la bague…. elle est en or, toute fine et y a un petit saphir dessus. OH PUTAIN UN SAPHIR ! » Sur les genoux, je l’attrapais d’un coup par les épaules et le secouait autant que je pouvais, les yeux écarquillés comme des billes. « CA VAUT UNE FORTUNE ! Faut la retrouver ! Viiiiiiiiiiiiiite ! Je t'offrirais un bout du prix de la fonte si tu veux! ... enfin non, quand même.» Ouais, je parlais un peu seule là.

13 août ; w/ nancy

Sa langue donnait comme l'impression de fourcher mais en fait, c'était fait exprès. Je n'y prêtais pas vraiment attention, concentré à chercher cette fameuse bague. Elle commençait d'un seul coup à paniquer et ce n'était pas vraiment la bonne solution, bien que je pouvais la comprendre. Elle avait sans doute pour elle, une signification particulière. Dans le sens où la perdre était impossible à imaginer. Je me redressais puis tâchais de la calmer quelque peu. Ça va aller, on va le retrouver ! Ses mains agrippaient d'un seul coup mes épaules et mine de rien, malgré le fait qu'elle était menue - ses doigts étaient drôlement serrés. Wow ! Doucement Nancy. Calme toi. Je lui attrapais les poignets et ramenais ses bras le long de son corps. Je lui adressais un sourire. Elle ne doit pas être très loin. J'espérais, je ne voulais pas qu'elle s'effondre... En or, fine - avec un saphir. Elle devait coûter une fortune mais je crois qu'elle était plus attaché au côté sentimental. Ou pas, je ne savais pas. J'espérais, frôlant à présent la terre de mes doigts. Elle était sèche. Puis d'un seul coup, à quelques centimètre de ma main gauche, par miracle je croyais voir un anneau. Je me penchais en avant. Dans ma paume, le bijou. Qui pendant quelques instant était devenu un Graal. Je pense que c'est ça, n'est ce pas ? Je lui montrais, en souriant.

A le voir agir je me rendais compte de mon hystérie. La bague y était sûrement pour quelque chose même si mon côté diva devait pas mal y jouer quand même. Contrairement à la plupart des gens concernés par ce statut de drama queen je n’ai aucun mal à l’avouer, à moi-même en tout cas. Sur ses ordres je me calmais et respira longuement. Je crois que si je ne retrouvais pas ce bijou j’étais capable de pleurer comme une larve même devant les caméras. C’est là qu’on se rend compte que certaines choses sont plus importantes qu’une garde de robe à la Anna Wintour. A peine m’étais-je remise aux recherches que la voix de Caesar m’interpella, j’y percevais quelque chose de triomphant, comme une once d’espoir. C’était bien elle. Je marquais un temps de pause, les yeux rivés sur l’objet tant convoité. Au même rythme qu’un sourire se dessinait sur mes lèvres, mon regard remonta jusqu’à lui. « Merci. » Je pris la bague, le remerciant encore et le passa à mon doigt en l’admirant longuement, les yeux émerveillés comme une mère regardant son enfant, ou plutôt comme une gamine regardant sa poupée… niveau maturité je crois que je suis plus de ce côté-ci. « Heureusement que t’es passé par là, toi et ta chance sinon j’aurais peut-être finie broyée par un tracteur à force de la chercher. J’suis trop contente. » Je crois que c’était la première fois depuis le début de l’aventure que le calme prit possession de mon être. Forcément à un moment donné les piles s’épuisent, mais là pour le coup c’était vraiment un gros coup de chaud. « Quitte à être mon super-héros... tu vois rien de mal à ce que je te suive comme un chihuahua jusqu'à la villa? » Assise dans le champ d'une façon des plus étrange, une jambe sous les fesses et l'autre tendue, je le regardais en attendant le verdict décisif. S'il me rejetais comme un vieux jus d'orange périmé j'étais fichue et bonne pour passer la nuit sur le bord de route comme une péripatéticienne, ou alors à faire ami-amie avec le caméraman.

13 août ; w/ nancy

Pour être hystérique, oui elle l'était. Mais elle avait réussi à se calmer ce qui était un bon point ! Excellant même car c'était avec calme que je pouvais poursuivre mes minutieuses recherches qui en fin de compte, malgré ce que j'avais put pensé, arrivaient vite à terme. Nancy me remerciait. Il n'y avait pas de quoi. Je souriais en coin. Je comprenais qu'elle soit contente, j'en étais même persuadé. J'étais même plus ou moins choquée de voir cette sérénité l'habiter tout d'un coup. Quitte à être mon super-héros... tu vois rien de mal à ce que je te suive comme un chihuahua jusqu'à la villa ? Je souriais de plus belle. C'était un sacré personnage ! Sans doute moins folklorique que Scampi mais elle avait bel et bien, son caractère à elle. Et voilà que je repensais à ce matin, diable ! Aucun. Non, pourquoi voir un problème à travers le fait qu'elle voulait m'accompagner jusqu'à la villa ? Cependant, je voulais encore me promener, étant dehors depuis peu de temps. Mais je veux encore traîner un peu. Alors si elle le désirait, elle pouvait me suivre - ou alors, c'était comme elle préférait. Sa présence ne me dérangerait pas, nullement.

Sauvée de mon sens de l’orientation pourri par super-Caesar, quelque chose me sauta aux yeux. Façon de parler. Pourquoi lui demander si ça allait poser un problème ? Habituellement c’est pas le genre de chose qui me gêne, faire chier les autres n’est pas ma préoccupation. C’est même amusant. Je jetais un coup d’œil à ma bague, c’était elle la fautive. Elle était la raison de cette vulnérabilité. La jeter une bonne fois pour toute à la poubelle me libèrerait de beaucoup, j’y avais déjà pensé plusieurs fois, de nombreuses fois même. Quelque chose m’en avait pourtant empêché car peut-être que j’y perdrais là le seul soupçon de vulnérabilité qu’il me restait. Cette peur qui en émanait m’empêchait de m’en séparer, c’était pathétique. Soit… découvrir la ville en sa compagnie ne me dérangeait pas. L’envie de lui demander si ma présence pour visiter la ville ne le dérangerait pas me traversa l’esprit. Cette fois-ci je me repris, me pinçant le bras à m’en mordre l’intérieur de la joue. Un sourire s’en suit, accompagné d’un ton enjoué. « Ah cool j’ai pas vraiment visité les alentours en plus ! » Parfois j’me faisais flipper toute seule ; un peu l’impression d’être skizo. En stilettos dans un champ, c’est pas cool. Marchant à quatre pattes jusque sur le bord de route, je me relevais, frottant mes mains entre elles pour enlever les petits cailloux de goudron. « Tin j'ai jamais compris pourquoi les champs n'étaient pas adaptés aux escarpins. Il pourraient inventer un sol je sais pas! Avec tous les trucs inutiles qu'ils font de nos jours. Sauf que là pour une fois ce serait pas inutile. » Innover les nouvelles technologies était un métier qui m'irait à ravir je sais, mais être hôtesse de casino c'est bien mieux. Beaucoup plus intellectuel, déjà, et en plus on peut s'habiller en bonasse. Bref, tout bon.

13 août ; w/ nancy

Nancy avait l'air décidée à me suivre. Pour tout avouer, j'étais aussi sorti de la villa histoire de me dégourdir plus que les jambes. Autrement dit, me dépenser. Je voulais faire un peu de sport. Oui, il y avait une salle approprié mais courir en plein air me tentait davantage. Pour tout avouer je pensais aussi courir. Et je la regardait de haut en bas. Non pas pour la reluquer sur toutes les coutures. Je constatais que sa tenue n'était pas franchement appropriée à ce que je voulais faire personnellement. Mais bon...on peut aussi bien marcher. Je lui adressais un sourire. Nous marchions et elle commençait à parler sur les champs. Je riais alors, amusé par sa stupidité. Nous sommes à la campagne Nancy. En demandait-elle trop ? Sans doute.

Caesar était du genre perspicace. En plus de retrouver ma bague, bien que ça n’ait rien à voir, il reconnaissait que ma tenue n’était pas appropriée à un petit footing improvisé. Je m’en voyais désolée mais aussi confuse lorsqu’il me déclara que nous étions en pleine campagne. La ville n’était pourtant pas loin, on ne pouvait pas déclarer à proprement parler qu’on était en campagne, c’était trop étrange et irrationnel m’voyez. « Ah ouais, la campagne. Je connais pas vraiment. » Mais je comptais dur lui pour m'offrir sa science sur les céréales qui nous entouraient. Il avait l'air du genre genre patient, tant mieux pour moi sinon il m'aurait probablement offert un retour en solitude. Le chemin continua donc, ponctué de bavardages et de silences; ce qui permettait de découvrir les paysages des alentours en bonne compagnie.