J’aime les fringues, j’aime le luxe, j’aime les dressings mais j’aime pas CE dressing. Il est beau, il est spacieux mais qu’est-ce qu’il contient du mauvais goût ! J’ai jamais vu autant de fringues démodées en même temps, y en a à la pelle ! Et dire que des petits africains tout nus aimeraient avoir de quoi se vêtir... parfois il faut savoir faire un bon geste en envoyer ses tissus à carreau ailleurs, loin de soi. Heureusement que ma présence ici relevait le taux de bonassitude. Soit, il faisait beau et le soleil cognait, rien de tel pour faire trempette telle magicarpe. WARNING. La pièce était déjà en grand bordel, à croire que j’avais raté la partouze de bienvenue. Je mis aisément la main sur le bas de mon bikini, or le haut restait introuvable. A force de balancer des fringues un peu partout, je me retourna pour me rendre compte qu’une grande brune faisait son entrée dans la pièce. « Eh ! T’aurais pas vu un haut de bikini signé Dior bella ? » C'était une question existentielle, un bikini du genre de toute façon ça ne se rate pas, tout comme moi.

Elle était en train de faire quoi la grande perruche là ? Non, parce que je n'étais pas spécialement d'accord qu'elle balance mes fringues un peu partout dans toute la pièce et encore moins qu'elle vienne mettre son nez de cochon dans mes affaires. C'est qu'elle s'en donnait à coeur joie en plus la garce. Instinctivement, mes bras venaient se croiser sous ma poitrine et l'un de mes sourcils s'arquait. Hors de question que je laisse passer cela.Elle allait passer un sale d'heure. Ou pas. Si elle avait une bonne raison, alors, peut-être, que je serais gentille et que je la laisserais vivre encore quelques heures, quelques jours de plus. Je pouvais me montrer cruelle par moment. Elle se tournait, me parlait. Un haut de bikini Dior ? « Non, je n'ai pas vu. » Je m'approchais, ramassant une robe ainsi qu'un haut au passage. « En revanche, j'ai pu observer que tu ne te gênais pas pour fouiller dans les affaires des autres. Tu as trouvés quelque chose d’intéressant au moins ? » Je lui adressais un sourire presque hypocrite.« Non, je te demande ça car je n'ai pas pensé à prendre des capotes et je risque d'en avoir grandement besoin si je ne veux pas me retrouver en cloque et, par la suite, devoir faire des tests de paternités sur mon enfant pour savoir quel homme de cette maison est le père. » Lenny la catin, le retour.

Au premier regard elle avait l’air d’une conne effarouchée. Suffisait qu’elle ouvre la bouche pour que ça se confirme. Je ne comprends pas ce genre de fille qui fait sa maligne simplement parce qu’un pays entier la regarde. Moi par exemple je suis naturelle. Pour le peu qu’il me reste quoi. Le pire c’est qu’elle osait me demander si je trouvais quelque chose dans les affaires des autres. Blague. « Prends pas ton cas pour une généralité, j’ai des fringues potables moi. Et comme je l’ai dit avant, je cherche quelque chose. » Je ne tournais même pas mon regard vers elle et continuais mes recherches. Elle me cherchait, tout bêtement. Etonnement je crois qu’il n’y avait aucun feeling avec cette fille. Venant d’une gamine comme elle, sa déclaration m’étonna… un peu ? Je me redressais, une discrète grimace imprimée sur mon visage. Elle voulait s’assurer que personne ne pensait qu’elle était vierge ou quoi ? Le genre de nana qui se vante comme ça c’est super lourdingue, en fait c’est souvent les filles avec un complexe d’infériorité. C’est pas parce que j’étais mille fois plus bonne qu’elle qu’elle devait faire sa pute. « T’es frustrée un peu non ? C’est pas cool pour ta mère qui doit regarder la télé en pleurant là.» Genre j’allais donner des leçons de morale. En fait c’est surtout qu’elle me faisait chier avec ses grands airs qui cachaient un grand vide de personnalité.

« Des fringues potables ? Prends moi pour une conne meuf. Je te file un rideau de douche bien pourri en te disant que c'est signé Chanel et tu te le fous sur le dos tsei. » J'avais du mal avec cette nana depuis que j'étais entrée dans la maison. Le genre de pétasse qui se croyait bonne et qui se baladait avec des fringues de luxe sur le dos uniquement pour se faire remarquer, pour attirer les regards, très peu pour moi. Cette nana respirait la connerie à des kilomètres à la ronde. La poussant légèrement, j'attrapais un cintre, histoire d'y ranger la petite robe que je tenais avant de plier mon haut et de la mettre sur la pile qui se trouvait juste à côté de la penderie. Elle ouvrait la bouche encore une fois. Désespérant. Je levais les yeux au ciel, poussant un soupir d’exaspération. Soit cette nana était complètement conne, soit elle ne connaissait pas le second degrés. Bizarrement, j'optais pour les deux hypothèses à la fois. « Dis la chaudasse asiatique qui ne pense qu'à se foutre à poil dès le premier soir pour attirer les regards. » Je me baissais, attrapant un autre vêtement se trouvant sur le sol avant de le ranger et de tourner la tête en sa direction. « C'est d'ailleurs bizarre que tu ne décide pas de piquer une petite tête en tenue d'Eve, toi qui est si exhibitionniste. » Un sourire hypocrite au coin des lèvres, je l'observais du coin de l'oeil. Sérieux, elle se croyait bonne elle ? La blaaaaaaaaague.

Je dévisageais sa tenue, poussant un léger soupir laissant sous-entendre un « mon dieu arrête de me parler lààà », pour qui arrive à le décoder. Sa remarque sur le rideau Chanel n’était que pur provocation, étonnement j’arrivais à garder mon calme. Peut-être parce que je suis plus maligne et je sais que la mode ça ne se résume pas à ça. Cela dit je peux comprendre que pour une fille qui s’habille à Kiabi ça peut être difficile à comprendre. Lennon, c’est bien simple, je n’arrive pas à la cerner. Lorsqu’elle est avec des mecs elle est douce comme un agneau, adooorable alors qu’en fait ce n’est qu’une vipère qui a besoin de bras masculins pour rassurer son égo. Pourtant si elle savait s’habiller autrement que comme une bergère peut-être qu’elle n’aurait pas besoin de faire tout ça… dommage pour elle, mais vu comment elle me prenait de haut elle pouvait bien aller se faire foutre. Nan en fait, je crois que c’est tout ce qu’elle attend. Me mettre à poil ? Par comparaison depuis le début de l’aventure j’étais sûrement bien plus pure qu’elle. L’hôpital qui se fou de la charité quoi. Par refus de lui donner raison en me retournant, je restais penchée sur mes recherches. Ou pas, là je ne pouvais ne rien dire face à cette allumeuse de première. « Oh mais ne t’inquiètes pas chérie, c’est déjà prévu tout ça. T’es jalouse de mes petits seins pomme c’est ça ? Faut pas vaaa. Toi aussi t’es un tant soit peu intéressante pour les caméras lorsque tu lèches le visage des habitants un par un. » Je rentrais dans son jeu, cela dit à partir du moment où je trouverais mon bikini j’installerais une énorme distance de sécurité entre nous deux. Lui foncer dessus comme une furie dès la première semaine c’était assurément un mauvais plan.