Rosy se leva, son ventre gargouillait légèrement, elle avait faim. Elle se rend comte qu’en fait par rapport aux autres c’est une lève tôt, cela fait deux jours que c’est la première à se lever. Il faut dire que bien vite l’appel de la cuisine ou de la salle de sport se fait sentir pour elle, c’est limite si ne pas faire du sport ou manger l’empêche de dormir. Elle n’était pas tout de même réveillée, elle pensait déjà au bol de céréales qui l’attendait patiemment dans la cuisine. Rosaline ne mange quasiment que ça au petit déjeuné, à part le dimanche où c’est différent, là elle mange de la confiture, des tartines, du lait, du café, des gâteaux, du nutella, bref, un vrai festin de rois ! Elle ne regardait pas où elle mettait les pieds, visant du regard la porte, mais elle se prit les pieds dans le lit et en plus de se faire mal, elle s’écroula sur le lit devant elle, en l’occurrence celui de Clarence, qu’il partageait avec Esteban. En effet, il y a un lit double et les deux garçons acceptèrent de le prendre, geste que Rosaline trouva galant, même si elle avait déjà son lit étant arrivée la première dans la chambre. Elle n’avait pas encore discuté avec lui, elle connaissait simplement son nom car il était écrit sur la porte, mais c’est tout. « ah merde. Désolé » dit-elle, lorsqu’elle remarqua qu’elle l’avait réveillé.

15 août ; &ROSALINE

Deux jours qu'ils avaient tous fait leur entrée dans la ville somptueuse de Rollington et déjà ils faisaient la fête jusqu'à pas d'heure, discutaient et rigolaient jusqu'au bout de la nuit. Si certains n'étaient pas dérangés de veiller aussi tard, Clay, habitué à se coucher à l'heure des poules pour son travail, ne tenait pas aussi bien le rythme. Il avait à la fois l'impression de retrouver sa jeunesse avec l'insouciance qui régnait dans la maison pour l'instant et le désagréable sentiment d'être le papy de la maisonnée. Il avait donc suivi le mouvement et s'était couché dans la nuit du matin. Il ronflait depuis déjà longtemps, happé par de sympathiques rêves de victoire et d'argent. C'était bien la première fois qu'il ne s'inquiétait pas pour son boulot qu'il avait du délaisser le temps du tournage et Clay se sentait presque revivre, à ne penser qu'à lui. Seulement quelqu'un semblait décidé à ne pas le laisser faire de grasse matinée puisqu'il sentit un poids s'écraser brutalement sur lui. Le souffle coupé, il poussa un grognement digne d'un animal sauvage. Il avait plus qu'horreur d'être réveillé e la sorte, sans qu'il n'ait le temps d'émerger tranquillement avec son café. Esteban s'était déjà levé ou avait migré pour la nuit, c'est pourquoi il se redressa pour voir à qui il avait affaire. Une de ses colocataires, Rosaline, était affalée sur lui, visiblement confuse. Clay se redressa, rejetant en arrière les mèches blondes qui s'étaient collées sur son visage puis grommela, la voix enrouée digne d'un dessin animé: « Dis-moi que y'a le feu... Tu viens pour le calin du matin ? » Il plissa les yeux pour les ouvrir lentement et finit par esquisser un faible sourire endormi: « C'est pas grave, je comptais me lever de toute façon hein. » C'était bien entendu faux mais maintenant qu'on l'avait secoué comme ça, il n'avait plus le choix. « Tu as bien dormi ? Qu'est-ce que tu fais à cette heure-là tout le monde dort. »

Rosaline, en dehors de ses domaines de prédilections, c’est à dire le sport et le rubik’s cube, est assez voir très maladroite ! Il n’est pas rare qu’elle tombe, rentre dans des gens ou autre lampadaire, ou encore qu’elle se prenne les pieds dans un lit, comme là. Elle aurait préféré tomber sur un lit vide, ou bien sur une fille, plutôt que sur Clarence car la situation pourrait prêter à confusions. On pourrait penser qu’elle l’a fait exprès pour tenter une approche, assez peu subtile, il faut l’avouer, vers Clarence. La demoiselle n’est pas subtile pour un sou, si elle veut dire quelque chose à quelqu’un que ce soit en bien ou en mal, elle n’ira pas par quatre chemins et dira tout sans réellement réfléchir et sans aucune subtilité. Ais, si quelqu’un pensait réellement qu’elle va faire semblant de tomber sur Clarence pour le draguer, elle se trompe carrément. Après tout elle ne le connaît pas, alors ce serait parfaitement débile, surtout qu’elle ne sait même pas s’il est célibataire. Elle n’imagine même pas la tête de sa femme s’il est marié qui s’imagine peut être qu’une gamine veut lui piquer son mari. Rosy se redressa assez vite, histoire de ne pas être proche de Clay trop longtemps. « tu parles que t’allais te lever, t’as même pas les yeux en face des trous ! En plus je vois ma quelqu’un se lever avant, moi t’as vu l’heure qu’il est. J’me lève tout le temps tôt en fait, j’sais pas pourquoi, sans doute l’appel du sport…et de la cuisine aussi. Ouai j’ai bien dormi, et toi ? Enfin, avant que je ne te réveille. » et voilà, un monologue de dix pages pour dire qu’elle a bien dormi et qu’elle est désolé. A présent, elle ne pensait plus à son bol de céréales, qui pourrait bien attendre cinq minutes. Maintenant que Clay est réveillé, elle va pouvoir discuter avec lui et le connaître un peu mieux, et pourquoi pas découvrir quelques petites informations.

15 août ; &ROSALINE

Clarence ne s'était pas attendu à faire connaissance avec les demoiselles d'une telle façon. Il fallait croire que les méthodes d'approche étaient de plus en plus théâtrales et l'homme peinait à se sentir dans le coup pour cette fois-ci. Il ignorait quelles étaient les réelles motivations de Rosaline pour lui tomber dessus comme ça si tôt - moyen d'engager la conversation parce qu'il intimidait les gens ou pure maladresse donc lui-même aurait pu faire preuve. Enfin, mieux valait que les rôles ne se soient pas inversés, Rosaline aurait pu périr plus tôt que prévu sous le poids écrasant du garde-forestier. Quand il tenta de minimiser la situation en clamant qu'il avait de toute façon prévu de se lever, celle-ci lui fit remarquer combien il avait l'air bougon. Ouais, Clay faisait partie de ces gens qui ont du mal à sortir du sommeil et qui ont tout simplement une tronche de cake au réveil, appelons un chat un chat. « Je suis toujours très frais le matin, un vrai rayon de soleil. » Il ouvrit un peu plus l'oeil pour observer sa réaction qui demeurait dubitative. Douce ironie bien sûr. Elle expliqua pourquoi elle était si lève-tôt et Clay ne put s'empêcher d'être surpris. « Mademoiselle est donc une sportive ? Une danseuse ou quelque chose dans le genre ? On peut pas dire que ta silhouette brille de puissance. » C'était une petite boutade bien sentie pour lui faire regretter de l'avoir sorti de son lit aussi tôt pour rien. Mais il ne pouvait pas lui en vouloir. Se redressant un peu plus sur son lit double pour lui laisser la place, il désigna du menton la place vide: « Plutôt bien. tu ne croiras jamais mais je crois qu'Esteban ronfle. C'était donc plutôt chantant cette nuit. » Lui savait pertinemment qu'il ronflait comme une locomotive la nuit mais il avait l'intime conviction qu'il n'était pas aussi bruyant que le jeune homme frisé qui dormait à ses côtés. En revanche, il était persuadé de l'avoir cogné deux ou trois fois durant la nuit. Clay était agité dans ses rêves, toujours. Son ventre se mit à gargouiller sous l'évocation d'un bon petit déjeuner mais il n'en tint rigueur. C'était le moment pour faire connaissance avec une de ses colocataires de chambrée.

Clarence sortit une phrase parfaitement ironique disant qu’il est tel un rayon de soleil le matin, chose que Rosy, bien qu’extrêmement naïve, ne crut pas une seule seconde, tellement la supercherie était énorme. Il lui demanda ensuite pourquoi était-elle aussi sportive, et aussi si elle était danseuse. Il est vrai qu’elle aime bien danser et elle en fera sans doute démonstration à la prochaine soirée, mais ce n’est pas une de ses passions, de plus elle n’est pas extrêmement douée pour ça, contrairement à d’autres sports dans lesquels elle excelle, tel la gymnastique, le tennis ou encore le football. Elle a quelques bases en baseball, son frère l’ayant initié à ce sport, mais elle n’est vraiment pas doué, sinon elle se débrouille dans un peu près tous les autres sports. « nan, avant j’étais gymnaste, mais bon plus maintenant, là j’suis étudiante, et toi ? » dit-elle avant d’ajouter « ouai il doit ronfler, mais t’es pas non plus hyper calme toi, avant que je te réveille, tu faisais pas mal de bruit. » elle s’assit à ses côtés, histoire de ne pas rester plantée là comme une gourde. Après ça, il va peut être penser qu’elle l’a réveillé juste parce qu’elle ne supportait plus de l’entendre ronfler, mais c’est totalement faux ! Cela ne l’empêche pas de dormir, elle ne ronfle pas, enfin personne ne le lui a dit si c’est le cas, mais que les autres le fasse, n’est pas pour la déranger, loin de là.

15 août ; &ROSALINE

Clarence avait déjà pu remarquer le panel large et diversifié des caractères et des passions qui animaient les participants du jeu. Il en était plutôt satisfait, il n'était pas entouré de fils à papa dont l'argent dépassait des poches et de filles écervelées qui se préoccupaient plus de leur reflet dans le miroir que le jeu pour lequel elles étaient censées être là. C'était là le gros préjugé qui l'avait hanté durant son attente avant le prime. Il avait fouiné ci et là pour apercevoir quelques têtes mais ce fut la surprise jusqu'à son entrée à Rollington. Aujourd'hui il tentait tant bien que mal de se faire une place et si une fille lui tombait dessus un beau matin, il voulait croire au destin. « Gymnaste ? C'est super, pourquoi tu as arrêté ? » Clay mettait peut-être les pieds dans le plat, il se risquait peut-être sur un sujet tabou mais c'était là le petit charme de l'homme: il était souvent maladroit mais jamais sans mauvaise intention. Quand il devait être mauvais, il savait l'être sans scrupule ni remord. « Et tu étudies quoi ? La sociologie des gens dans les télé-réalités ? Tu comptes me sonder c'est ça ? » Sans attendre, elle en profita pour lui rappeler que lui non plus n'était pas silencieux en matière de silence nocturne. Quand elle s'assit à ses côtés, Clay en profita pour lui donner un léger coup de coude dans les côtes qui fut un peu plus brute que prévu. « Avoue, c'est pour ça que tu m'as réveillé. Mais je tiens à dire pour ma défense, qu'une des trois filles ronfle aussi mais j'ignore encore son identité. » Le moins que l'on puisse dire c'était que la chambre était agitée la nuit, mais lorsque tout le monde dormait quoi.

Clarence lui demanda innocemment pourquoi elle avait arrêté sa carrière pourtant si prometteuse de gymnaste. Il est vrai que raconter cette histoire était pour elle un peu douloureux, car ce n’est pas réellement de son plein gré que cette carrière s’est arrêtée. Mais ça ne la dérange pas d’en parler, car après tout les gens on le droit de savoir ! C’était un peu après les jeux olympiques de pékin, jeux auxquels elle a participé, malheureusement sans médaille, mais c’était tout de même une expérience incroyable. Une petite compétition régionale qui semblait gagnée d’avance vu son niveau, mais lorsqu’elle passa au saut de cheval, elle se réceptionna mal et eut une rupture du tendon d’achille et la cheville cassée. Après plusieurs mois d’arrêt, elle dut renoncer à reprendre une carrière de haut niveau, n’ayant plus toute l’assurance et le niveau qu’elle avait auparavant. Il lui demanda ensuite ce qu’elle étudiait tout en faisant une blague qui fit rire la demoiselle. Il lui mit un coup de coude qui semblait être plus fort que ce qu’il aurait voulut et reparti sur les ronflements de ses camarades. « en fait j’ai fait une mauvaise chute une fois et je n’ai pas réussi à revenir à mon plus haut niveau. Non pas de la sociologie je te rassure, plu de l’astronomie d’ailleurs ! Et je suis sure que ce n’est pas moi qui ronfle, enfin peut être que si mais bon c’est un secret d’accord ? »

15 août ; &ROSALINE

Clarence ne craignait pas qu'elle prenne mal ses questions un peu trop insistantes. Il était le premier à reconnaitre qu'il était toujours bon de parler des choses même si elles étaient douloureuses. En l'occurrence, ça ne l'était pas pour Rosaline qui lui expliqua que suite à une chute, elle avait du renoncer au haut niveau. « Tu es jeune pour du haut niveau, tu devais être prometteuse. C'est dommage. Mais t'as su rebondir. » Haha, le jeu de mots était pas si mal placé non ? Clarence connaissait la pression des parents quand il s'agissait d'un gosse qui était bon en sport. Lui c'était le surf et à l'époque quand il habitait dans les quartiers calmes et paisibles de banlieue, on avait souhaité pour lui qu'il devienne un champion, qu'il excelle à l'école autant que sur l'eau. Mais c'était trop de pression pour le jeune homme qui aspirait à la liberté et l'indépendance. Le haut niveau était trop de contraintes, trop de responsabilités pour quelques récompenses... Il avait fini par abandonner le surf tout autant que ses parents, dès la majorité atteinte. Rosaline ajouta également la matière qu'elle étudiait et ce fut une surprise de plus pour Clay. Autant être honnête: elle était fine, élégante, peut-être un peu trop sympathique au premier abord pour ne rien dissimuler. En fait, c'était une athlète et une tête. Parce que l'astronomie, Dieu que c'était morbide comme sujet. « Je tire mon chapeau respect madame ! » Il inclina la tête comme pour une révérence avant de la relever, tout souriant. Rosaline s'avérait pleine de secrets et de rebondissements, il aimait ça. Elle laissa cependant supposer qu'elle était l'auteure des ronflements féminins et le blond laissa une fausse moue déçue s'affiche sur son visage. Puis il reprit du poil de la bête, n'ayant pas oublié sa précédente question. « Moi je suis garde-forestier du parc de Yellowstone. C'est du boulot mais j'en suis tout autant fier. »

Ils étaient partis sur les ronflements de chacun et les soupçons qu’ils avaient à propos de ça. En réalité, Rosy n’avait tout bonnement aucune idée de qui pouvait être cette fille qui ronfle, elle espérait juste que ça ne soit pas elle, ça foutrait un sacré coup à son élégance et glamour naturel. Naturellement, elle a une certaine tenue, une certaine classe, sans pour autant être hautaine ou arrogante, elle est même plutôt proche des gens et sympathique. Forcément, avec un physique pareil elle ne peut pas être une bauf qui boit, fume, pète et rote, cela paraît évident, enfin c’est toujours possible, et ce serait même plutôt marrant, vu l’écart entre le physique et le caractère, mais là, ce n’est pas le cas, Rosaline n’est pas comme ça. Si elle apprenait qu’elle ronfle, elle ferait sans doute un petit tour dans le cellier histoire de chercher des plantes médicinales ou autres choses du genre contre les ronflements intempestifs. Cela ne dérange surement pas ses colocataires, même si elle ne leur a pas posé la question, mais il y a tout de même des caméras qui scrutent ses moindres gestes, et elle n’a pas envie que les gens se fichent d’elle parce qu’elle ronfle. Rosy a une très mauvaise image d’elle même, alors la plupart du temps elle prend les compliments comme des moqueries et lorsque quelque chose en elle ne lui convient pas elle tente de le cacher pour ne pas paraître encore pire qu’elle ne l’est déjà. La demoiselle accepte les compliments, mais bien souvent elle ne les prend pas comme il faut, mais maintenant elle a décidé de ne pas penser à ce que ses interlocuteurs pourraient avoir derrière la tête. Pour en revenir à Clarence, celui-ci lui avoua être garde-forestier au parc de Yellowstone. Rosa ne put s’empêcher de faire un grand sourire, elle trouvait ce métier fantastique, quoique un peu dangereux. L’astronomie n’est pas sa seule passion « intellectuelle », elle aime bien regarder des reportages sur un peu tout à la télé et plus particulièrement sur les volcans et autres phénomènes terrestres. « ouah ! Vraiment ? C’est génial comme boulot ! Mais t’as pas peur de vivre à côté des volcans ? Parce que s’ils se réveillent y’a genre moitié des Etats-Unis qui pètent, c’est l’apocalypse et tu seras surement mort. Tu en as du courage ! » elle a un don inné pour rassurer les gens !

15 août ; &ROSALINE

Clarence n'avait jamais été très études. Il avait toujours aspiré à quelque chose de plus inspirant. Sa mère, avocate de renommée à la carrière brillante, avait d'abord cru qu'elle avait mis au monde un artiste borné qui persisterait à croire en ses œuvres médiocres, pourtant il n'en était rien. Il avait été très bon à l'école, avait fini son cursus comme tout le monde. Quelle ne fut donc pas sa déconvenue quand il annonça qu'il quittait ses parents pour aller s'exiler près de Yellowstone pour y travailler. Elle avait imaginé mille scénarios: lui se faisant happer par des geysers assoiffés, se faire attaquer par une horde de pumas sauvages., ou pire lui habitant dans une cabane rudimentaire bâtie dans les arbres. Il n'en était rien. S'il ne roulait pas sur l'or, il demeurait à l'abri du besoin et surtout il se sentait épanoui. Les gens pouvaient bien avoir les jobs les plus incongrus du monde du moment qu'ils y prenaient du plaisir. Si regarder des étoiles ou étudier l'histoire de l'univers passionnait Rosaline, pourquoi devrait-elle s'en cacher sous prétexte qu'elle fut jadis une gymnaste de haut niveau ? Quand elle s'extasia sur son métier, Clay eut d'abord envie de se jeter sur elle pour lui dire combien il était soulagé d'une telle réaction. Puis il se souvint qu'il était capable de l'étouffer en l'espace de quelques secondes et resta donc bien sage sur son grand lit vide. Il éclata d'un rire tonitruant: « Depuis le temps qu'ils sont là, s'ils avaient décidé de péter, ils l'auraient fait depuis longtemps crois-moi. Et puis t'as déjà vu les geysers impressionnants de là-bas ? Je peux te le garantir: la vue vaut quand même quelques imprudences ! Puis une baignade sous les jets d'eau valent tous les saunas du monde. » C'était bien sûr une plaisanterie. L'eau des geysers dépassaient une température supportable par l'homme, quelques gouttes vous brûlaient rapidement, il en avait déjà fait les frais dans son inexpérience. Clay ne craignait plus de se faire manger par la nature maîtresse, c'était même lui qui rassurait les touristes. « Puis mon job là-bas, c'est les bêtes. Je veille à ce qu'elles évoluent bien et ne s'entretuent pas entre espèces. Par contre pour ici, je ne peux rien te promettre... » Il insinuait donc que certains ici étaient plutôt dangereux et il se sentait totalement dans le vrai. Au moment même où il finit de parler, son ventre eut un gargouillement plutôt dégoutant, signe que son estomac criait famine. « Et si on continuait de discuter autour d'un bon petit-déjeuner ? C'est jamais bon pour un ours de le laisser crever de faim... »

Leur sujet de conversation était des plus atypiques, mais bon cela divagua sur d’autres bien plus conventionnels comme les passions, les métiers ou les études. Rosa était passionnée par Clay, il a vraiment l’air d’adoré son métier et cette adoration est contagieuse. Après tout, faire un métier pour le détester, cela n’a aucun intérêt. Choisissez un travail que vous aimez et n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie, tel disait Confucius, grand philosophe, qui contrairement à ses amis aux cheveux longs, ne disait pas que des conneries ! Elle souvint avoir vu cette citation dans la salle de classe de l’un de ses profs. Cette maxime la fit beaucoup réfléchir autrefois. Elle comprit que cela ne servait à rien de faire quelque chose qui ne lui plaisait pas, il fallait qu’elle aime ce qu’elle fait, comme une passion. A l’époque, elle venait de voir sa carrière de gymnaste s’arrêter à son plus grand regret. Elle voulait reprendre le magasin de sport de sa mère, mais elle se rendit compte que cela ne lui plaisait pas. Un soir, à dîner, elle annonça à ses parents vouloir faire des études d’astronomie. Ils l’avaient bien pris, souhaitant le meilleur pour leurs enfants. Clarence le retira de ses pensées en lui proposant de continuer de discuter autour d’un petit déjeuner. Elle ne pouvait pas refuser une offre aussi alléchante que celle-là. Déjà elle pourrait manger, enfin, ses céréales, et en plus continuer de faire connaissance avec Clarence, qu’elle trouvait fort sympathique. « oh oui ! Super idée ! Tu sais tu n’as rien d’un ours, ou alors t’es un ours trop mignon et même plutôt sexy. » sans langue de bois, elle l’est. Clay n’est pas un vieux geek boutonneux, il est grand, fort et musclé, pas de quoi déplaire à Rosy. Elle se leva et commença à se diriger vers la porte tout en attrapant la main de Clarence.

15 août ; &ROSALINE

Rosaline et Clarence apprenaient simplement à se connaitre. Ce dernier avait pourtant l'impression que tout allait la vitesse supérieur dans ce jeu. Il ne se serait certainement pas ouvert aussi vite envers une inconnue aussi jeune qu'elle et puis il plaisantait alors qu'il était encore à moitié nu dans son lit. Clay avait beau n'avoir aucun complexe - les caméras avaient déjà eu vent qu'il prenait sa douche nu sans craindre que son image ne soit véhiculée dans tous les États-Unis, il était malgré tout pudique quand ça concernait son intimité. Ils discutaient de son travail, sa compagne de chambrée s'émerveillant sur la chose. Parfois, être garde-forestier avait bien des mauvais côtés: les blessures inopinées, les attaques nocturnes, les bêtes qui ne survivaient pas, les épidémies qui menaçaient non pas une mais toutes les espèces du parc. Le moins qu'on puisse dire c'est que sa vie était riche en rebondissements, chaque jour qu'il se levait de son lit. D'ailleurs, même ici, il allait bien falloir s'extirpe du pieu tôt ou tard. C'est pourquoi Clay lui proposa de continuer cette discussion autour d'un petit-déjeuner, proposition qu'elle s'empressa d'accepter. Le jeune homme bondit hors du lit et saisit le pantalon de jogging gris qu'il enfilait tous les matins depuis qu'il était là. Faire partager son anatomie à ses colocataires n'était pas sa priorité pour l'heure. A sa remarque, il eut un ricanement plutôt ironique. « C'est plutôt toi qui n'a pas les yeux en face des trous ce matin ! » Quand Rosaline s'empara de sa main, Clay se trouva fort dépourvu. Il avait beau être affectueux quand il connaissait les gens, il demeurait quelqu'un de réservé sur ce genre de démonstrations. Il contourna donc la gêne en lâchant la main de la jeune fille. Cependant, il se baissa et la souleva avant de la mettre sur son épaule comme un vulgaire sac à patates en se dirigeant vers la cuisine. « Petit paquet en vue ! »