Le seul avantage de vivre dans la rue c’est que l’on devait vite faire une croix sur les longues et bonnes grasses matinées. Avant que ma mère se soit rangée du côté de son nouvel amant j’étais en effet un habitué des grasses matinées jusqu’à treize heures minimum, qui à mon âge n’était pas prêt à faire une telle nuit de sommeil après tout ? Bon, si je dormais autant ça n’était pas par plaisir ou je ne sais quoi, je me couchais simplement très tard, il y avait en quelque sorte un effet de compensation. La différence une fois à la rue avait été frappante, je n’arrivais pas à m’endormir tôt, mes vieilles habitudes au niveau de mes heures de pointe pour le sommeil n’arrangeant rien à mes difficultés pour m’habituer à dormir sur un simple bout de carton ou dans une poubelle hideuse dans la ruelle la plus discrète que je trouvais. Non mais la fatigue avait à un moment précis repris le dessus sur mes habitudes et je m’étais facilement retrouvé à dormir tôt le soir et a être réveillé tôt le matin, avec le soleil pour être plus précis. Du coup depuis le début de l’aventure je me retrouvais face au phénomène inverse, je me couchais tard et avait droit à un réveil tôt, j’allais vite retrouver mes anciennes habitudes mais en attendant j’étais tout de même fatigué. Ce matin j’étais une nouvelle fois réveillé et affamé en plus de ça, comment réussir à retrouver le sommeil dans des conditions pareilles ? Impossible vous avez raison. Je m’étais donc glissé hors de mon lit après avoir pris soin de ne pas réveiller mon camarade qui partageait ce même lit, simplement vêtu d’un boxer j’avais tout de même pris soin d’enfiler un simple petit short blanc à deux doigts de la transparence qui me permettait de ne pas passer pour un mec exhibitionniste même si je pouvais l’être parfois. Me trainant dans la cuisine en pleine forme pour affronter une journée qui s’annonçait riche comme d’habitude je me retrouvais face à une autre candidate qui se laissait aller à un rot légendaire. Toussant sans le faire exprès je sentais son regard me toiser. « Quoi ? Et oui je casse le mythe. C'pas parce que j'ai une apparence de princesse, que je pète pas et que je rote pas. Regarde Fiona dans Shrek. Je suis son inspiration, aha » Je pouffais de rire venant m’asseoir contre le plan de travail au milieu de la cuisine tout en lui répondant du tac au tac. « J’aime les filles qui n’ont pas peur d’être masculines sur certains points... C’est plus sympa que les petasses qui contrôlent tout jusqu’au plus petit gargoullis de leur ventre. » Je lui adressais un petit clin d’oeil observant les morceaux de poulet, je n’étais pas vraiment attiré par le salé au petit matin mais chacun son truc. « Heu c’est pas moi c’est maurice !! » Je pouffais de rire me relevant quelques secondes pour venir chercher le petit plat sur lequel était installé le gâteau de la vieille, un gros gâteau au chocolat qui me faisait saliver depuis le début de la nuit, tant pis si je le ruinais, j’allais l’attaquer à la cuillère. « Je comprends... Maurice va avaler le gateau en plus du poulet... Oh... Je ne suis pas très poli, moi c’est Caleb !»