J'avais la poisse. Mais genre plus malchanceux que moi, il n'y avait pas. La veille, j'avais eu l'occasion de draguer et me faire draguer par une des plus belles de la maison et à cause de Rosa, tout avait été gâché. Pourquoi les filles étaient-elles aussi vicieuses ? Du coup, Lenny m'avait quitté comme une vieille chaussette directement après. J'avais passé la soirée à me balader torse nu dans la maison, visitant les différentes pièces, parlant à certaines personnes mais uniquement rapidement. Je n'avais pas réussi à bien m'intégrer et cela m'embêtait. Car si je n'y arrivais pas maintenant, je n'y arriverais sûrement jamais. Un soupir s'échappa de ma bouche, alors que j'étais allongé sur mon lit dans la dépendance. Au moins, j'avais été placé dans le bon endroit : la luxure. C'était bien mon principal péché. Je n'allais sûrement pas goûter aux plaisirs de la chair dans la maison puisque j'étais en couple à l'extérieur, mais je pensais bien que ma petite amie ne se formaliserait pas de quelques dragues pour le plaisir du jeu. Elle ne me tromperait sûrement pas, elle. Du genre à me suivre comme un petit toutou partout où j'allais. Finalement, je décidais d'arrêter de me morfondre sur mon lit, revêtais un t-shirt et un jean et partais à l'aventure dans la maison. Je fis un petit saut par la cuisine pour prendre un fruit et ensuite m'allongeais sur un canapé du salon. Alors que j'étais tranquillement en train de croquer dans ma pomme, un bruit m'attira. Je relevais le regard pour voir Lennon qui passait dans la pièce. « Lenny ! » Je me levais rapidement pour me mettre devant elle, histoire qu'elle prenne pas la fuite. « hey à propos d'hier, rosa est complètement cinglée faut pas lui en vouloir mais .. elle m'en veut pour un petit accident à l'hôtel. Du coup, il est tout à fait logique qu'elle veuille détruire mes relations avec les autres habitants. Je suis gentil, moi ! » dis-je en lui faisant un sourire colgate.

Rassurez vous, j'avais déjà eu l'occasion de faire ma bêtise de la journée ce matin même en renversant une tartine de Nutella en plein sur Leander, donc pas de crainte je ne risquais pas d'en refaire une. Remarquez, je suis une catastrophe ambulante, on ne savait jamais à quoi s'attendre avec moi, mais j'essayais de ne pas me faire remarquer, de ne pas m'approcher des objets fragiles et je veillais à ne pas marcher trop vite pour ne renverser personne, mais je ne savais pas comment faire passer le temps et je tournais en rond, un petit peu comme une gamine de quatre ans qui s'embête dans sa chambre alors qu'elle avait, pourtant, tout un tas de distraction à sa portée. J'arpentais la villa de haut en bas, de droite à gauche lorsque je venais à traverser le salon, n'adressant pas un seul regard à Graham qui se trouvait sur l'un des divans. Lui, m'accordait de l'importance apparemment. Il prononçait mon prénom, mon surnom, afin que je m’intéresse à lui, mais il n'y avait rien à faire. Il prenait les choses en main, se levant pour venir me barrer la route, enchaînant sur un discours dont je me foutais royalement. Mes bras se croisaient sous ma poitrine alors que je posais sur lui un regard froid, limite méprisant. « Et je peux savoir ce que lui a fait à cette pauvre fille pour qu'elle débarque comme une furie dans la salle de bain en te traitant de tous les noms d'oiseaux. » Je tournais les talons, faisant quelques pas en avant avant de reprendre sans même prendre la peine de me retourner. « Et ouai, je n'en doute pas que tu sois gentil. Je suis même certaine que t'es un ange non ? »

Zut. Elle semble pas prêter attention à ma bouille d'ange mais plutôt à la bêtise que j'ai fait hier soir. Que faire pour lui prouver que je suis un mec sympa qui en veut pas qu'à ses jumeaux aka sa poitrine ? Il faut que je sois irréprochable. Que je veuille être son ami, ce genre de truc. Mais merde je sais pas comment faire ça moi, une fille c'est pour sauter pas pour grand chose d'autre. Tu te remets en ligne Graham et tu lui fais comprendre qu'elle a de l'importance pour toi. Ouais. Ça a l'air bien simple en théorie mais c'est plus difficile en pratique. Elle croise ses bras et me regarde comme si je venais de lui dire que ses fesses étaient sacrément belles dans son jean. Ce qui est vrai. Mais je vais pas lui dire sinon je vais me recevoir une nouvelle claque. Pourquoi Rosa est comme ça ? J'en sais rien. Ptet parce que je l'ai foutue à poil en dehors de ma chambre d’hôtel et que j'ai gardé ses vêtements en trophée. Quelque chose du genre. Elle s'éloigne de moi et je revais vers elle en mode petit chien battu. « Disons qu'on a eu un accident à l'hotel. Elle me chauffait et j'ai pas apprécié, on aurait dit que j'étais un bout de viande pour elle. Du coup je l'ai foutu à poil en dehors de ma chambre et j'ai gardé ses vêtements voilà. Ouais je suis un mec mais j'ai des sentiments. » Je l'observe les yeux qui brillent. « Je te promet que je vais être plus sage à présent. Genre on peut être amis ! Amis ça te va ? Amis ça me va ! »

Oh la salope. Avec sa petite bouille d'ange et sa silhouette de Barbie grandeur nature, je n'aurais jamais imaginé que Rosaline soit en réalité, d'après Graham, une meuf chaude comme la braise. J'avais du mal à imaginer la petite blonde lui faire du rentre dedans, mais après tout, ouai pourquoi pas. Un rictus moqueur venait bercer mon sourire hypocrite. Ainsi monsieur n'avait pas apprécié qu'on le traite comme un vulgaire bout de viande. La blague. J'étais sûre qu'il était comédien dans une autre vie. Lui qui n'avait pas hésité à se jeter sur moi dès le premier soir, à jouer les dieux grecs, les monsieur muscles, pour m'impressionner voilà qu'il venait se plaindre maintenant. Quel culot de me demander de jouer aux amis avec lui. Un tout nouveau rictus moqueur, railleur s'échapper d'entre mes lèvres. « T'es en train de me prendre pour une conne là non ? » Je venais lui faire face, laissant une distance de sécurité entre lui et moi. Ma main était à deux doigts de venir s'écraser contre sa joue. « Je suis certaine que tu n'as rien fait pour qu'elle en vienne à te chauffer. Je suis sûre que tu ne lui a pas fait un seul sourire charmeur. Je ne sais pas pourquoi, mais je pourrais même affirmer que tu es innocent, voire même puceau en réalité. Arrête de me prendre pour une idiote. J'ai bien du mal à croire à tes histoires lorsque je vois comment tu as fait avec moi l'autre soir. » Je n'étais pas tendre avec lui, mais après tout il le méritait. Ou pas. Je n'aimais pas spécialement qu'on me prenne pour une idiote, pour une débutante. Je faisais l'impasse sur sa proposition. « Explique moi ce qui c'est réellement passé pour qu'elle t'en veuille à ce point et peut-être que je réfléchirais à l'idée d'être ta pote. » Parce que oui, son hypothèse ne tenait pas debout.

Garde l'air de petit chien Graham. Elle va craquer. C'est ce que je pense, mais apparemment, c'est pas la réalité. Je la prend pour une idiote ? Non. J'ai juste pas envie de dire la réalité des choses qui me ferait passer pour un encore plus grand connard. Mais bon au point où j'en suis .. Elle me propose un deal. La vérité contre la peut-être amitié. Bon. C'est peut-être la meilleure option que j'ai à ce moment précis. Pourquoi draguer toutes les filles si seule Lennon me fait craquer ? Je sais pas. J'ai peut-être une maladie qui m'oblige à sauter sur tout ce qui bouge. Mais je veux réellement avoir une deuxième chance avec la jeune femme. J'ai même avoué à Caesar et à Rosa qu'elle me plaît. « La vérité c'est que .. Elle est arrivée dans ma chambre à moitié à poil pour demander une serviette. J'ai un peu flirté, je l'avoue ! Et après je l'ai appelée « charmeuse », elle a pété un câble et je l'ai mise à la porte. Trente minutes plus tard, elle était toujours là alors je l'ai rinvitée dans ma chambre. Je l'ai déshabillée pour qu'elle aille prendre sa douche et après je l'ai vraiment mise à la porte sans ses vêtements .. Une blague je pensais, mais elle l'a pas bien pris. » Je pousse un soupir après toute cette explication. Oui. Graham n'est pas un gentil garçon. Je n'arrive pas à croire que j'ai fait l'effort de dire la vérité pour Lennon. « Je sais ça doit te paraître un coup de salop ce que je lui ai fait mais .. je veux vraiment que tu me donnes une seconde chance. Je l'ai dit à plusieurs candidats, je regrette ce qui s'est passé et tu me plais vraiment .. » Je me tais. Je lui ai dit qu'elle me plaît, voilà. Je ne sais pas ce qu'elle va faire avec cette information.

Enfin, nous en venions au fait. Graham était un connard, un macho de première qui ne pensait qu'à draguer, qu'à baiser à droite, à gauche. Ses paroles ne faisaient que conforter l'idée que j'avais de lui et je ne pouvais m'empêcher de lui adresser un sourire hypocrite. Je ne répondais pas. Je n'avais rien à dire. Il reprenait disant que ce qu'il avait fait était un coup de bâtard, que je lui plaisais, qu'il voulait une seconde chance avec moi et qu'il l'avait même dit à plusieurs candidats. Pardon ? Je lui plaisais ? Je pouvais sentir le feu montait à mes joues et, instinctivement, je venais me pincer le lobe de l'oreille, histoire qu'il ne vienne à s'apercevoir de rien. Je ne pouvais pas le nier, ce qu'il venait de m'avouer me faisait plaisir, me toucher même. Je faisais un pas en avant, puis un autre avant de me retrouver devant lui, tout près de lui. « C'est vrai, je te plais ? » Ma voix était toute timide, toute innocente. J'avais l'air d'une gamine avec mon regard naïf et ma bouille angélique. Et voilà, il suffisait qu'on me fasse un compliment pour que je change de cape, pour que je devienne folle, pour que je tombe sous le charme de quelqu'un. Mes bras entourait sa taille. Je ne le quittais pas dans yeux. Bizarrement, j'avais du mal.

Elle se rapproche. Bon dieu elle se rapproche, j'ai peur qu'elle lève la main et qu'elle me foute une gifle. Mais au lieu de ça, elle me pose une question. Une simple question. Que lui dire ? Que lui répondre ? Et puis elle a l'air d'un ange, comme ça. Devant moi, en train de faire les yeux de chien battu, de gamine innocente tout combiné. Elle entoure ma taille de ses mains et me rapproche encore plus d'elle ce qui, je dois l'avouer, me plaît particulièrement. Elle m'observe dans les yeux et je lui rends son regard, un doux sourire prenant place sur mon visage. « Ouais. Tu me plais. » Mes yeux brillent. Je me rapproche encore plus d'elle ce qui n'est pas physiquement possible. En fait, je ne fais que me coller contre son corps en l'observant dans les yeux et pas autre part. Elle est tellement jolie. Et son regard est hypnotisant. « A ton avis, pourquoi tu es la fille à laquelle j'ai parlé en premier ? J'aurais pu choisir n'importe qui, mais je t'ai choisie. Je l'ai même dit aux autres qui me draguaient. Il y a Lennon. » Je prends une mèche de ses cheveux et la met derrière son oreille. J'ai envie de me baisser pour l'embrasser, mais j'attends un signe de sa part. Au lieu de ça, je rapproche mon visage du sien. Je sens son odeur, son parfum enivrant. Graham, reprend toi, c'est qu'une fille ..

Avec son physique à faire baver une bonne soeur, il ne pouvait laisser aucune nana indifférentes, mais je ne préférais pas ouvrir la bouche pour le lui dire de peur que monsieur prenne la grosse tête et déjà qu'il avait une pastèque à la place du melon, autant le préserver. Il se rapprochait de moi. Je venais me blottir dans ses bras, tout contre lui. Il confirmait, je lui plaisais. Un sourire béat venait bercer mes fines lèvres alors que mes yeux ne quittaient pas son doux visage. Je me hissais sur la pointe des pieds afin de pouvoir déposer mes lèvres sur l'une de ses joues. « Je vais finir par croire tu as eu un véritable coup de foudre pour la gamine que je suis. » Ou pas. Je murmurais presque comme pour préserver le cocon dans lequel nous étions. Pourtant je faisais un pas en arrière, brissant quelque peu le contact qu'il y avait entre nous. « Mais je ne veux pas passer pour la catin de la maison ou tomber dans le piège d'un coureur de jupon, voire de la femme fatale déguisé en homme, donc tu devras me prouver que ce que tu viens d'avancer est la stricte vérité. » Il ne fallait pas oublier que nous étions dans un jeu et que tout était possible. Je m'étais fait avoir une fois, je n'avais pas envie d'être le dindon de la farce une deuxième fois et puis s'il voulait une seconde chance, j'étais en train de la lui offrir sur un plateau d'argent. J'haussais les épaules, prenant un air désolé avant de tourner les talons. Allait-il commencer à me le prouver maintenant ?

Je crois vraiment qu'on va s'embrasser. On se rapproche, on se rapproche, et elle se met sur la pointe des pieds .. Pour m'embrasser sur la joue. Sur ce coup là, je ne l'avais pas vu arriver. N'empêche que ce baiser me fait bien plaisir et un grand sourire reste quand même sur mon visage. J'ai pas l'habitude des femmes qui tombent pas tout de suite dans mes bras, et d'en avoir une devant moi .. Cela me fait de l'effet. Pire que de l'effet. Peut-être que c'est le jeu de séduction à venir qui me met dans cet état. Et le fait qu'elle ne veuille pas tomber dans mon piège -qui n'en était pas un- remonte l'estime que j'ai d'elle. Et après tout, si tout était facile, tout serait ennuyeux. Maintenant, j'ai un vrai défi, et une femme qui me plaît vraiment à charmer. Elle hausse les épaules et part dans la direction inverse. Moi, je reste comme deux ronds de flan pendant une minute avant de la rejoindre en courant, de lui attraper la main pour la retourner et de la prendre comme si nous allions danser la valse. « J'ai quelque chose à te proposer. Ça te dit un dîner aux chandelles concocté par mes soins, demain soir ? » Je lui souris. Ce sera l'occasion de nous connaître et j'ai vraiment envie d'en apprendre plus sur elle. Nous sommes dans un jeu bien évidemment et je ne peux pas me fier à tout le monde, mais je n'arrive pas à imaginer mon aventure sans elle à mes côtés, comme une amie ou plus. J'ai envie de rire avec elle. « Dis oui ? »

Je n'avais pas le temps d'aller bien loin qu'il s'approchait de moi, attrapant l'une de mes mains, geste qui me forçait à me tourner, à le regarder, à le contempler. Un dîner aux chandelles ? Demain soir ? Tout cela faisait bien officiel, mais je ne pouvais pas refuser alors que je venais de lui dire qu'il fallait qu'il me prouve que je lui plaisais réellement. Un bref sourire amical se dessinait sur mes lèvres. J’acquiesçais d'un signe de la tête sans pour autant prendre la parole. Tout un tas de question venait se bousculer dans ma tête. Je pensais à lui. Je pensais à moi. Je pensais même à Leander. Je jouais avec le feu, c'était certain. J'allais passer pour une catin, une salope, une allumeuse. Bon sang, pourquoi je craquais si vite devant un sourire, un regard, une attitude. Tant pis, pour une fois que j'avais plusieurs prétendants je n'allais pas me plaindre. Mon sourire s'intensifiait, se faisant plus franc. « Donne moi une heure, un lieu et j'y serais. » J'allais avoir l'occasion de le connaître un petit plus ce qui était un bon point pour ma relation avec lui comme pour le reste de l'aventure. J'allais peut-être, certainement même, découvrir des informations intéressantes sur sa carte.

J'ai peur un moment. Peur qu'elle me rejette, peur qu'elle me dénigre, peur qu'elle ne fasse que se moquer de moi. Et je comprends enfin ce que les filles doivent ressentir en ma présence, lorsque je m'inquiète si peu de leurs sentiments. J'ai l'impression que Lennon se sent forcée, qu'elle ne m'apprécie pas autant que je l'apprécie. Pour lui prouver que je ne suis pas un goujat fini, je ferai des efforts. Comment passer à côté de mon ego surdimensionné et de mes chevilles si enflées qu'elles pourraient exploser ? J'ai peur tout d'un coup d'avoir fait le mauvais choix. Me concentrer sur une seule fille, c'est bien, mais quand elle n'est pas intéressée, ça l'est moins. Et ça me vexe profondément. « à 20h sur le toit ? » lui dis-je en ayant perdu un peu de ma motivation. J'ai l'impression qu'elle se joue de moi et que tout cela n'est qu'une stratégie. Enfin nous verrions bien. Je m'avance pour l'embrasser sur la joue avant de partir vers une autre pièce où je pourrais déprimer en silence. Quelle joie.

Sujet terminé.