Plus le temps passe, et plus je stresse. Les mêmes réflexions refont toujours surface "non Sahara, tu n'es pas faite pour la télé. Tu as passé l'âge, prends tes affaires et rentre chez toi." Il faut dire que je n'ai plus vingt ans, et je n'ai plus non plus l'ignorance qui va avec. Peut-être que ce jeu ne m'amusera pas en fait. Tant de question, de réflexions qui hantent mon esprit. Qui me hantent et qui font que je ne me sens pas vraiment à l'aise ici. J'suis pas quelqu'un d'extravertie, c'est pas nouveau. J'suis le genre de femme qui reste dans sa bulle sans gêner le reste de la population. Alors encore une fois, je ne veux gêner personne avec mes réflexions qui ne valent rien et le seul moyen d'oublier un peu tout ça, c'est d'aller à la piscine. Ca ne pourra que me faire du bien. J'enfile mon maillot de bain, un trikini bleu que j'avais acheté l'an dernier pour mes vacances à Saint-Tropez. Je rejoins la piscine, un peignoir autour de moi et je laisse tomber celui-ci sur le sol. Je me pose au bord du bassin, me contentant pour le moment d'y mettre mes jambes. L'eau, ça m'a toujours apaisée, rien que comme cela, je me sens beaucoup mieux. Je peux enfin souffler et me sentir à mon aise et étonnement, il n'y a personne à cette heure-ci. Enfin, faut dire qu'il est seulement dix heures du matin et que certains doivent encore dormir comme des marmottes. Clac. J'ai parlé trop vite, la porte s'ouvre, je me retourne et aperçoit un jeune homme. Ne sachant quoi dire, je reste muette. Bonjour, j'suis une antisociale de première catégorie.

Mais bon sang où es-tu ? Con de portable qui sonne à neuf heures du matin ! Le cherchant dans mes affaires d'une main, je finis par tomber du lit et me retrouver la tête dans mes affaires. C'est là que je trouvai mon portable. Je me chuchotai à moi-même. « Qui m'appelle ? Ah, c'est Chloé. » Je finis par décrocher le téléphone. Au bout du fil, ce n'était autre que ma grande soeur Chloé qui s'inquiétait pour moi car, je ne l'avais pas appelée depuis maintenant deux jours. C'est vrai que ce n'est pas en mon habitude. Ma soeur et moi nous nous appelons régulièrement. J'ai toujours étais très proche d'elle puisque, n'ayant que deux ans d'écart, nous avons grandi ensemble. Et nous avons gardé ce lien très fort qui nous unit elle et moi. Bien que depuis mon déménagement à New York, nous nous sommes un peu perdus de vue. « Je suis désolé de pas t'avoir appelée soeurette ! Mais tu devrais voir, ici c'est génial. Je partage ma chambre avec un coloc' plutôt sympas, la piscine est magnifique et j'ai fais de belles rencontres. Holala, j'ai tellement de choses à te raconter... » Blablabla et blablabla... Je vous passerai les détails de la discussion qui a duré presque une heure. « Je t'embrasse bien fort. Je t'aime soeurette. Bisous ! » Et voilà que je raccrochais. Après m'être rincé le visage, la tête dans le cul, je décide d'enfiler mon maillot short et de me rendre à la piscine. Un bain matinal me fera le plus grand bien. Je me rendis donc à la piscine où je pensais être seul jusqu'à ce que je voie une fille au bord de la piscine. Me frottant les yeux, j'ai d'abord cru voir une sirène. Mais non, c'était bel et bien une fille ! Je m'approchai d'elle pour la saluer. « Bonjour ! Moi c'est Justin. Et comme on risque de se recroiser, autant faire les présentations maintenant ! » Lui dis-je, souriant. Puis je fis un petit plongeon dans l'eau avant de revenir sur le bord de la piscine. Je restai dans la piscine m'accoudant contre le bord et me plaçant juste à côté de la jeune femme. « T'es plutôt matinale, toi ? En même temps on est bien là. Il fait bon. » Oui, avec moi faut parler parce que je parle beaucoup en général.

Je suis muette comme une carpe, j'sais pas quoi dire. Contrairement à lui d'ailleurs qui semble tout à fait à l'aise. Bon sang, les gens qui ont de telles facilités me fascineront toujours un peu. « Bonjour ! Moi c'est Justin. Et comme on risque de se recroiser, autant faire les présentations maintenant ! » Il a pas tord et j'suis là pour ça. J'suis venue ici pour reprendre un peu confiance en moi et pour rencontrer des gens. Pour montrer à mes proches que je suis tout à fait capable de créer des liens. Oui, il faut que j'y arrive, c'est vraiment important pour moi. J'avale péniblement ma salive avant de prendre la parole à mon tour. « Bonjour, j'suis Sahara. » C'est court, mais c'est tout ce que je peux faire pour le moment et puis l'information qu'il recherchait est présente dans les mots que je viens de prononcer. Mon prénom, il le voulait et bien il l'a. Je le vois plonger dans la piscine et venir s'y accouder à mes côtés. Mes pieds quant à eux, se contente de dessiner des cercles dans l'eau. « T'es plutôt matinale, toi ? En même temps on est bien là. Il fait bon. » Faudra vraiment que je pense à le remercier pour engager ainsi la discussion puisque moi j'en suis incapable pour le moment. J'suis persuadé que j'y arriverai avec le temps. Que je retrouverais toutes mes capacités communicatives. « Oui, je n'arrivais plus à dormir... J'crois qu'il faut juste que je m'habitue à tout ça. A cette hôtel et au fait d'être seule. Enfin, sans ma famille. » Léger sourire, j'sens déjà que le stress s'estompe un petit peu. Tant mieux. « Oui, l'eau est vraiment bonne et c'est un bon moyen de commencer la journée. » A moi maintenant de lancer un sujet de discussion, n'importe lequel. « Tu as quel âge toi ?» Parce qu'il m'a l'air bien jeune lui, j'lui donne un peu plus que la vingtaine mais c'est tout. Il a pas vingt-cinq ans. Sont-ils tous aussi jeunes que lui ? Suis-je la seule à avoir dépassé les vingt-cinq ans ?

J'étais aux côtés de la fille, qui était ravissante et je ne pouvais m'empêcher de remarquer qu'elle semblait péniblement gênée. Elle avait l'air timide. « Bonjour, j'suis Sahara. » Ah beh voilà, un nom, une information, c'est un début ! « Sahara ? Comme le désert ? Ah ouais, c'est plutôt original comme prénom ! Et après tout, pourquoi pas ? » Espérons juste qu'elle ne soit pas calme comme le désert du Sahara. Sinon, bonjour l'ennuie ! « Oui, je n'arrivais plus à dormir... J'crois qu'il faut juste que je m'habitue à tout ça. A cette hôtel et au fait d'être seule. Enfin, sans ma famille. » Seule ? Je n'aurais pas dit ça. Il y avait un paquet de monde dans cet hôtel ! Je dirais qu'on est une soixantaine, plus le personnel. « La famille... C'est marrant que tu me parles de ça parce que c'est justement ce qui m'a réveillé ! Ma grande soeur qui voulait des nouvelles, enfin je te passe les détails ça ne t'intéresse pas ! » Un petit sourire s'affiche sur mon visage, tout comme sur le sien. J'essaie de la mettre à l'aise. « Oui, l'eau est vraiment bonne et c'est un bon moyen de commencer la journée. » Ah bah voilà ! Elle commence à être plus à l'aise ! Enfin, c'est mon impression. « Non seulement l'eau est bonne, mais en plus dehors il fait bon aussi ! le paradis quoi ! » Ouais, je me contente de peu. Mais, "peu" est un bien grand mot ! Je suis tout de même dans un hôtel quatre étoiles, hébergé gratuitement et je suis dans une piscine de luxe ! « Tu as quel âge toi ? » Je lui souris. Elle semble faire des progrès. Elle s'accorde même de trouver un sujet. « J'ai 22 ans. Tu dois être un poil plus âgée que moi, j'me trompe ? Oh et je me permets de rajouter quelque chose qui n'a rien avoir avec mon âge mais je suis français ! Je viens de Paris. D'où mon accent et mon prénom à consonances françaises. » Je me dévoile petit à petit. Doucement mais sûrement.

« Sahara ? Comme le désert ? Ah ouais, c'est plutôt original comme prénom ! Et après tout, pourquoi pas ? » Original c'est bien le mot. Je ne connaissais pas beaucoup d'autres Sahara. A vrai dire, j'en connaissais aucune. « Oui, comme le désert. C'était le rêve des mes parents d'y aller mais ils avaient pas assez d'argent pour financer ce voyage. Alors ils m'ont donné le prénom de leur endroit de rêve. » J'sais pas pourquoi je lui racontais tout ça. Faut croire qu'il me mettait en confiance ce jeune homme. Et moi, j'étais là pour faire des efforts et apprendre à parler de moi. J'lui souris légèrement, plonge un instant mes iris dans ses yeux bleus. « La famille... C'est marrant que tu me parles de ça parce que c'est justement ce qui m'a réveillé ! Ma grande soeur qui voulait des nouvelles, enfin je te passe les détails ça ne t'intéresse pas ! » Un nouveau sourire se dessine sur son visage, j'ai toujours été proche de ma famille et elle est à mes yeux, ce qu'il y a de plus important. Il m'a très peu parlé de sa soeur pour le moment mais elle semble avoir de l'importance pour lui. « Tu sais, ça me gêne pas que tu parles d'elle. Au moins, tu as des choses à dire. » pas comme moi. Mais il avait au moins eu le don d'attiser ma curiosité, j'étais prête à entendre des choses à son sujet et si jamais j'arrive à me sentir en confiance, peut-être parviendrais-je à discuter comme quelqu'un de normale. Quelqu'un qui ne se paralyse pas dès qu'il s'agit de rencontrer de nouvelles personnes. « J'ai 22 ans. Tu dois être un poil plus âgée que moi, j'me trompe ? Oh et je me permets de rajouter quelque chose qui n'a rien avoir avec mon âge mais je suis français ! Je viens de Paris. D'où mon accent et mon prénom à consonances françaises. » Un poil plus âgée, il est gentille lui. Moi je me sens carrément vieille maintenant, j'serai presque gênée de lui dire mon âge. Il doit se demander ce qu'une vieille comme moi vient faire dans un jeu comme ça non ? Ou alors est-il assez sympa pour ne pas me juger. « J'ai vingt-huit ans. C'est donc un peu plus qu'un poil plus âgée. » Je grimace légèrement avant de reprendre la parole. « J'viens des Usa, mais j'ai déjà été en France quand ... » Je m'arrête soudainement de parler. « Quand j'en avais encore les moyens.» Ce n'est pas avec mon salaire de serveuse que je pourrais à nouveau me payer des vacances en Europe.

Dehors il faisait bon. Le soleil était au rendez-vous, mais il n'était pas trop fort et un petit air frais venait me caresser le torse. Et j'étais là, au bord de la piscine à discuter avec une fille. C'était le pied ! « Oui, comme le désert. C'était le rêve des mes parents d'y aller mais ils avaient pas assez d'argent pour financer ce voyage. Alors ils m'ont donné le prénom de leur endroit de rêve. » Ses parents étaient vraiment des originaux. Mais après tout, comme je lui avais dit, pourquoi pas ? Il est bien bête de faire tout comme les autres. Au moins, eux, ils ont donné un prénom unique à leur enfant. « Tu sais, ça me gêne pas que tu parles d'elle. Au moins, tu as des choses à dire. » Je lui souris. Mais elle ne savait pas dans quoi elle s'engageait. Quand je parle de ma soeur Chloé, cela crée des discussions interminables ! Mais c'était son désir. Elle l'aura voulu ! « Enfaite j'ai trois soeurs. La plus grande s'appelle Julia et elle a 33 ans, la moyenne s'appelle Isabelle et elle a 29 et la plus petite s'appelle Chloé et elle a 24 ans. C'est cette dernière qui m'a appelé. Chloé et moi on a toujours étaient très proches. Avec seulement deux ans d'écart, on a grandi ensemble et fait toutes nos conneries ensemble. On avait même un groupe commun de copines ! Et tu as bien entendu, un groupe de copines. Je n'ai jamais été très proche des mecs, la plupart sont des cons. Les filles sont bien plus intéressantes à mon goût. Mais je ne sais pas pourquoi je te dis tout ça, moi... Je suis fou de raconter ma vie à une étrangère comme ça ! On sait pas, autant t'es une pédophile ! » Je ris. Ce n'était pas le sujet des pédophiles qui était marrant, bien au contraire, mais le contexte. J'avais 22 ans, maintenant les pédophiles c'était sans danger pour moi ! Le fait que je parle comme si j'étais un petit garçon qui répétait ce que lui disait sa maman, voilà ce qui était rigolo. « J'ai vingt-huit ans. C'est donc un peu plus qu'un poil plus âgée. » Je lui souris. A l'entendre parler, on aurait dit qu'elle se désignait comme étant une vieille. « Bah... Six ans de plus, six ans de moins... C'est que dalle ! » Après tout c'est vrai quoi ! On aurait été adolescents, alors cette différence d'âge aurait été énorme. Mais avec l'âge les esprits se stabilisent, les mentalités ne changent plus et la différence d'âge devient plus minime. « J'viens des Usa, mais j'ai déjà été en France quand ... » Elle marque une pause. Mais quand est-ce qu'elle est allée en France ? Quand ? Quand ? Allé accouche ! Je ne suis pas patient, moi ! « Quand j'en avais encore les moyens.» Tout compte fait j'ai bien fait de me taire et de ne pas la presser à parler. Ce qu'elle venait de me dire n'était pas forcement très gaie. « Toi aussi t'es une galèrienne ? Moi je galère grave depuis que je me suis installé aux States ! Mais entre deux petits boulots, j'essaie de m'en sortir un maximum ! » Après tout, la vie aux Etats-Unis est bien différente que celle que l'on a en France. Les gens sont plus agréables. Mais pour s'en sortir, c'est beaucoup plus dur !

J'parle pas facilement de moi, mais encore moins de ma famille. La raison à cela est très simple, je veux les protéger et ne pas étaler leur vie à des inconnus. Pas maintenant. Un jour, quand je serai prête, je pourrais prendre le temps de parler de chacun d'eux. Dire à quel point ils sont importants mais aussi que sans eux, ma vie serait vide de sens. La réalité, c'est que je vis pour ma famille. Justin, au contraire n'a aucune difficulté à parler de la sienne, et j'suis pas prête de le critiquer pour cela. Chacun est libre de faire ce qu'il a envie et ça me fait plaisir qu'il m'en touche deux mots alors que nous ne nous connaissons pas. Cela signifie-t-il qu'il se sent aussi à l'aise avec moi, que moi avec lui ? Sans aucun doute. Oui, ça doit être ça et c'est très flatteur. « Enfaite j'ai trois soeurs. La plus grande s'appelle Julia et elle a 33 ans, la moyenne s'appelle Isabelle et elle a 29 et la plus petite s'appelle Chloé et elle a 24 ans. C'est cette dernière qui m'a appelé. Chloé et moi on a toujours étaient très proches. Avec seulement deux ans d'écart, on a grandi ensemble et fait toutes nos conneries ensemble. On avait même un groupe commun de copines ! Et tu as bien entendu, un groupe de copines. Je n'ai jamais été très proche des mecs, la plupart sont des cons. Les filles sont bien plus intéressantes à mon goût. Mais je ne sais pas pourquoi je te dis tout ça, moi... Je suis fou de raconter ma vie à une étrangère comme ça ! On sait pas, autant t'es une pédophile ! » J'écoute attentivement chacun de ses mots, je les note dans mon esprit Pour moi, ça a toujours été important que de prêter oreilles aux paroles des gens. J'suis quelqu'un de plutôt à l'écoute qui n'hésite pas à donner de son temps pour ses proches. C'est vraiment pas difficile de voir quelle sorte de nana j'suis. « regarde moi un instant, tu trouves vraiment que j'ai une gueule de pédophile ? Et puis amen, tu es majeur. » Cela exclut donc totalement le fait que j'sois une pédophile en train de fantasmer sur un gamin. De toute façon, on le voit bien que je suis pas ce genre de nana. Pour dire vrai, j'ai connu très peu d'homme dans ma vie. Un seul en réalité, David. Il a été longtemps l'homme de ma vie, celui qui faisait briller mon soleil alors je ne suis pas habitué à en convoiter d'autres. J'suis mauvaise dans l'art de la séduction. Vraiment mauvaise. « Bah... Six ans de plus, six ans de moins... C'est que dalle ! » J'souris légèrement et me laisse doucement glisser dans l'eau, à ses côtés. « Tu as sans doute raison, mais crois-moi, je traîne un paquet de truc derrière moi.» Mais ça, j'en parlerai bien plus tard. Sans aucun doute quand je serai prise dans ce jeu. Pas avant. Il faut d'abord que j'sache à qui je peux faire confiance et à qui je ne le peux pas. « Toi aussi t'es une galèrienne ? Moi je galère grave depuis que je me suis installé aux States ! Mais entre deux petits boulots, j'essaie de m'en sortir un maximum ! » J'dois dire que j'étais pas habitué à galéré avant, c'est soudain comme situation et malheureusement, j'vais galérer encore un moment si je veux garder la tête hors de l'eau. « Avant, j'avais pas besoin de travailler ... Mon mari le faisait pour moi, il était chirurgien, alors il gagnait bien. » J'baisse un instant les yeux, m'enfonce un peu dans l'eau, la laissant arrivée à mon menton. « On a divorcé le mois dernier et depuis, j'suis serveuse. » Devrais-je dire 'il a divorcé' ? Et j'viens à l'instant de lui lâcher une info que je comptais garder pour moi encore un moment. Tant pis, c'est fait et je ne connais personne capable de m'aider à ravaler mes paroles.