Attend, sérieusement ? Tu penses que j'suis pas cap de venir visiter une usine abandonnée à vingt-trois heures ? C'est mal me connaître et puis, j'adore relever des défis. Depuis que j'étais arrivée dans l'émission, j'avais prouvé à tout le monde que j'étais pas un trouillard ou un couard et que j'adorais faire des trucs stupides. Alors cette nuit, je ne sortirai pas en boîte, mais j'irai du côté de chez Swann... ou plutôt de l'usine abandonnée. Un méli-mélo de bric-à-brac, un vrai foutoir. Il faisait sombre et, armé de seule ma lampe de poche, j'avançais parmi les décombres, m'inspirant des films que j'avais pu voir... fan des émissions du genre spiritisme ou épouvante, je me plongeais dans une atmosphère glauque mais excitante. J'étais seul, tout seul ! Il n'y aurait personne pour mettre à crédit ce que je vivais à l'instant mais j'm'en fichais, de toute façon, j'comptais pas me vanter de ma petite virée nocturne dans les décombres d'un entrepôt désaffecté. A l'image de Buffy ou encore de Samuel Winchester, j'portais la lampe de poche proche de mon épaule, j'avançai les jambes légèrement pliées, l'oreille aux aguets. Si y avait un fantôme, qu'il se manifeste maintenant, ou jamais ! C'était sur cette dernière pensée que j'entendis bouger derrière moi. Tressautant, je fis volte-face en hurlant. « Qui qu'tu sois, fais plus un geste. J'suis armé ! » J'éclatai alors de rire, nerveusement... brandissant ma lampe de poche comme une arme, éclairant les alentours. « J'ai sur moi la patte d'un poulet féroce qui n'demande qu'à t'macérer l'visage... » Okay, j'étais peut-être plus trouillard que j'voulais bien l'admettre.

Les films d’horreurs, les scènes qui te donnent envie de vomir ou de prendre ta veste, tes chaussures pour partir en courant le plus loin possible de la télévision… Ce n’étaient clairement pas ma tasse de thé, je vivais un scénario de film d’horreur différent à chaque enquête que mon équipe prenait en charge et je peux vous dire que lorsque je me retrouvais seule chez moi j’étais plutôt motivée à me mettre devant 2 Broke Girls que devant je ne sais quel truc glauque. Malgré tout je me retrouvais très régulièrement interpellée par cette fameuse usine, le fameux fantôme d’une chèvre qui hantait les lieux m’avait fait davantage rire qu’elle n’avait pu me faire frissonner mais j’étais toujours curieuse de m’y rendre. J’y avais mis les pieds quelques minutes l’autre fois avec Hestia mais nous n’étions pas vraiment motivées pour avoir droit à une visite improvisée des lieux. Ce soir, l’envie d’y retourner m’était venue comme une envie d’aller aux toilettes, ma lampe torche à la main je me promenais donc au premier étage de cette grosse usine, des bruits venaient régulièrement m’interrompre mais croyez-moi, il m’en fallait bien plus pour avoir peur, je vivais tellement pire lorsque j’étais en train de courir après des psychopathes qui, eux étaient bien réels pas comme cette fameuse chèvre… En parlant de chèvre, quelqu’un était arrivé et à la voix je soupçonnais Beau d’être présent, me taisant j’écoutais plus attentivement alors qu’il se rapprochait. J’éteignais ma lampe, pourquoi ne pas m’amuser un peu avec ses nerfs ? « Qui qu'tu sois, fais plus un geste. J'suis armé ! » Je souriais amusée le laissant rire, il était nerveux, pas besoin d’être devin pour le remarquer. « J'ai sur moi la patte d'un poulet féroce qui n'demande qu'à t'macérer l'visage... » Je rejoignais discrètement le jeune homme prenant son bras pour faire tomber sa lampe torche, il tentait de me mettre un petit coup que j’évitais en m’emparant de sa deuxième main, souriant amusée je le lâchais allumant ma lampe pour qu’il comprenne que je n’étais pas un monstre. « On ne t’a jamais dit que les lieux sombres et soit disant hantés étaient dangereux le soir ? » Okay et qu’est-ce que je foutais là dans ce cas-là ?

Eh merde, t'es un abruti Beau ne pouvais-je m'empêcher de penser en scrutant alentour. Quel con, vouloir jouer les caïds alors que, sur l'coup, j'étais carrément mort de trouille. Félicitations ! La lampe brandie en avant, j'redoutais ce qui m'attendait mais bon. Lorsqu'une main agrippa mon bras pour baisser ma torche, j'eus comme réflexe de balancer mon poing devant moi mais avant même que j'aie eu le temps de réagir, je reconnus le visage d'Amanda. Son réflexe m'avait surpris, surtout qu'elle avait réussi à intercepter mon poing de plein fouet. Incroyable ! Esquissant un sourire, j'accueillais sa remarque en souriant. « J'sais, mais c't'excuse c'est bon pour le fillettes. » J'lui fis un clin d'oeil en bombant le torse. « Moi j'en ai dans l'fut, mam'zelle. » Je fis un pas en arrière pour me dégager légèrement, bien que la proximité ne me dérangeait pas, surtout avec une femme aussi plantureuse et aguichante. Je plongeai mes yeux dans les siens, tout sourire. « Dis moi, t'as d'sacré réflexe quand même. T'étais dans l'armée ou quoi ? » J'avais pas de peine à l'imaginer en uniforme, c'était même sacrément excitant. Amanda était bien foutue, et j'adorais la répartie dont elle faisait preuve... surtout lorsqu'elle s'en prenait gratuitement à Rita !