nathanaël & graziella.

Ma journée avait été drôlement remplie, sans que je ne me rendes vraiment compte. Il faisait déjà nuit lorsque je rentrais au chalet où se trouvait déjà attelé les nombreux habitants dans la cuisine. Que faisait-il ? Il cherchait tout simplement quelqu'un qui leur ferait à manger. Je trouvais qu'ils ressemblaient tous à des enfants dont il fallait vraiment s'occuper au risque d'en perdre un affamé ou un truc comme ça. J'allais pour une fois éviter de me la jouer égoïste et faire à manger pour tout ces petits. Il ne fallait pas s'attendre à ce que je leurs fasse le repas le plus délicieux de leur vies et si certains n'étaient pas content, ils n'auraient qu'à lever leurs culs de gosse de riche pour se préparer quelques choses eux-même. Une bonne paire de pâtes à la sauce napolitaine, voilà ce que je prévoyais pour eux et ils n'auraient pas à se plaindre, j'étais sûr de faire les meilleures pâtes dans ce chalet. Au bout d'une demi-heure quand tout fut prêt, je me servis en première, puis laissa la casserole au morfale qui n'allait pas tarder à la vider. Je préféra m'isoler dans le petit salon, pour pouvoir manger au son des clips musicaux passant à la télévision. Au bout de quelques minutes, assise en tailleur sur le fauteuil, je mangeais tout en regardant le clip d'une de mes chansons préféré, sur laquelle j'avais déjà dansé d'ailleurs. Puis alors que je piquais une fois de plus une pâte dans mon plat, quelqu'un fit irruption dans la pièce que je n'avais pas l'occasion de bien voir, puisque la pièce n'était éclairé que par la télévision, mais je pouvais voir à son ombre qu'il s'agissait certainement d'un des garçons de l'aventure.

Alors là c'était mon jour de chance ! Une casserole de pâtes bolognaise trônait fièrement sur la gazinière et personne ne semblait encore avoir mis la main dessus. Mieux, elle fumait encore. En gros j'avais juste à me prendre une assiette et à me servir sans même avoir à faire réchauffer; c'est qui qui a une veine de cocu ? Me servant une généreuse portion de pâtes qui avaient l'air mmmmh délicieuses, je pris des couverts et m'en alla au loin. Bien sûr avant je pris la peine de goûter, histoire de remettre ça dans la casserole si vraiment c'était immangeable. Le fait est que le goût était à la hauteur de l'esthétique donc je pouvais aller manger en paix ailleurs. Non pas que partager le repas avec eux me dérangeait mais là j'avais vraiment envie de m'écarter un peu pour retrouver mes petites habitudes. Manger devant la télé gros ! J'entrais dans le petit salon qui était plongé dans le noir, gesticulant les épaules au rythme de la musique comme le font les danseuses orientales, mon assiette dans une main et les couverts dans l'autre. Il faisait noir mais la lumière de la télé suffisait pour que je puisse m'asseoir sur le canapé sans risquer de me foirer. C'est que, en fait, je n'étais pas seul. Je ne disais mot, commençant à manger, avant que je ne visualise le contenu de l'assiette de ma voisine. Eh je pensais avoir été le premier ! Ah mais... « C'est toi qui a cuisiné ça, babyyyyy ? » Le baby c'était pour chanter en même temps que le mec à la télé.

Plus l'ombre s'approchait, plus je pouvais distinguer les traits de la personne qui se rapprochait de moi et il s'agissait là du petit asiatique de la maison dont le nom m'échappait encore. Je voyais dans ces mains une assiette et le contenu ne m'échappa pas. Je me doutais bien que je n'aurais pas été la seule à manger mon plat, c'était sûr à cent pourcent. Finalement il s'installait à côté de moi, sans prononcer un mot, préférant se fourrer des pâtes dans la bouche en silence, jusqu'à ce qu'il voit le contenu de mon assiette à son tour et qu'il me demande au rythme de la musique qui défilait à la télé si j'étais l'investigatrice de ce plat de pâtes. Un fin sourire de satisfaction se dessina sur mes lèvres. « Yes ! D'ailleurs profites-en, je ne suis pas aussi généreuse en général. J'avais juste peur que les moins doués d'entre nous se mettent à faire des crises d'adolescent pour qu'on les nourris. » lui dis-je en souriant, concentrant mon regard une nouvelle fois sur la fille à moitié vêtue qui passait à la télé, avant de poser de nouveau mon regard sur le jeune garçon. « Alors tu trouves ça bon euh ... Non, ça ne va pas me revenir, ton nom c'est ? » lui demandais-je alors en souriant, me remettant à manger, alors que je commençais déjà à sentir mon ventre rempli. Puis alors que j'attendais sa réponse, un nouveau clip passa à la télé et je ne pus cacher ma joie en sautillant sur mon fauteuil poussant un cri vraiment pas très élégant. « Regarde, regarde ! » lui dis-je en secouant son bras comme une gamine hystérique. « C'est moi qui danse dedans. » rajoutais-je, me calmant finalement pour regarder pour la énième fois ce clip que je connaissais par cœur et pour me voir danser. J'étais sûr que la production l'avait fait exprès, il devait surement s'agir des chansons préférés de chacun et comme il savait que j'avais dansé dans de nombreux clips, c'était un mini kiffe pour moi.

Ma qué ma qué j'avais affaire à la mama italienne de la maison ! J'avais jamais pas vraiment fait gaffe à son accent jusqu'à maintenant mais lorsqu'elle me conseilla de profiter des pâtes car elles ne nous supportait pas, nous "adolescents"', je ne pus m'empêcher de décrocher un sourire amusé. Repartant dans ma dégustation, je fus interrompu par ma compagnie qui ne semblait pas se souvenir de mon prénom. Boh elle avait le droit, je ne connaissais pas le sien. J'avais retenu Gozilla mais je doutais franchement d'avoir juste sur ce coup là. « Nate. Ouais c'est super bon. » En tout cas je me régalais comme un porc... jusqu'à ce qu'elle ne se mette à secouer mon bras tenant ma fourchette ce qui me fit manquer mon piquage de pâtes. Toute une technique. « Regarde, regarde ! » Mon regard se levant sur l'écran, je pus en effet constater une fille au visage familier se dandinant comme une déesse dans un corps de rêve. Écran, Gozilla, écran... ouais c'était bien elle. Alors là j'hallucinais. « 'Tain t'es trop canon ! » Trop bonne. Mais je me retenais, pas envie qu'elle me reprenne mon assiette. « Mais qu'est-ce que tu fous là alors ? » C'était exactement le genre de nana qui se trouvait un rappeur bien friqué pour l'entretenir, alors que venait-elle glander dans une émission aussi... jeune ? Ahah. Non pas qu'elle avait pas l'air vieille mais... pas mal retouchée quand même. Bon cela dit j'étais aspiré par le clip maintenant.

J'étais habitué de me voir à la télé, j'avais tellement joué dans des nombreux clips que me voir n'était plus une chose surprenante, malgré tout je ne m'en lassais pas. Je n'étais pas forcément narcissique, mais j'étais fière de mon travail, de comment j'étais arrivé là sans vendre mon corps, ni devoir passer sous le bureau d'un producteur. Non, je ne le devais qu'à ma bonne étoile et à mon talent. Je n'avais pu m'empêcher malgré tout de m'enthousiasmer auprès de Nathaniel en l'attrapant par le bras pour qu'il puisse me voir et sa réaction ne me rendit que plus fière. Oui, j'étais canon dans ce clip, je ne pouvais pas le contredire, j'entretenais mon corps voilà tout, mais je n'allais faire aucune réflexion là-dessus, je devais rester humble tout de même. Puis alors que j'avais la tête plongeait dans le clip, me rappelant des coulisses de celui-ci et des bons moments qu'on avait passé à le tourner, la voix du jeune asiatique à mes côtés me sortit de mes pensées. Pourquoi je faisais cette émission ? Je me mis à lui sourire d'un air malicieux. « Crois-moi chéri, on a jamais assez d'argent. » lui déclarais-je, sans pour autant rentrer dans les détails. Oui, j'étais là pour l'argent et pour rien d'autres. Ma notoriété n'était plus à faire, l'amour je n'en avais pas besoin, l'amour de ma fille me suffisait et il est vrai que l'argent j'en avais, mais tout pouvait disparaître d'un coup, c'est pourquoi je voulais toujours autant d'argent. « Et puisqu'on en est a parlé de ce qu'on fait dans cette émission, t'es là pour quoi toi ? » lui demandais-je alors m'enfonçant dans le canapé, avalant une nouvelle bouchée de pâtes. « L'amour peut être ? » ajoutais-je d'un air complice. Je voyais pertinemment que Nate n'était pas ce genre de type ou alors peut être que si et que mon jugement était faussée.