PÂCOME
pretend that you're feeling a little more pain

J'ai toujours aimé chanter. Allez savoir, peut-être était-ce tout simplement un moyen comme un autre d'évacuer la pression ? J'étais créative et inspirée seulement lorsque j'en venais à ressentir la solitude. C'était peut-être ça qui allait le plus manquer dans ce genre d'aventure, le fait de ne plus réellement avoir de moment à soi, le fait de constamment avoir à prendre la parole pour répondre aux actes et aux dires d'un tel ou d'un tel. Rien n'y faisait, j'étais presque certaine que ça me manquerait. Peut-être même, me changerait. Bien que ce dernier point me semblait un peu irrationnel. J'étais incapable de changer, préférant encore me pouponner dans mon coin, en boule, plutôt que d'avoir à évoluer. J'étais une femme, mais je ne me trouvais pas forcément jolie et ne savais pas forcément me mettre en valeur, oui, j'étais simplement naturelle. Agrippant ma guitare, je laissais échapper quelques notes alors que la lumière tranchait les bois, à travers quelques feuilles, la lune éclairait encore mon visage. Mais bien vite, et alors que l'endroit semblait paisible, la pluie tomba en cordes et ce sans que je n'eu le temps de réagir, me retrouvant seule, dans le noir, mouillée et sans rien pour m'abriter. Génial.

Et voilà, parce qu'avec ma malchance habituelle, je n'avais bien évidemment pas échappé à la pluie. J'avais juste envie de me fracasser contre un rocher à l'heure actuelle. Quelle genre de fille devais-je être pour sortir à une heure pareille sans aucune précaution et en m'éloignant encore un peu plus de la maison. Et puis j'étais frigorifiée, je pouvais me voir trembler et ce malgré ma veste en laine. Oui, vraiment, je n'étais pas très maline là tout de suite. Et me voilà maintenant mouillée, j'avais tout gagné. N'osant même pas bouger, réalisant que j'étais juste seule, dans la forêt, et que tout et n'importe quoi pouvait alors à ce moment ci m'arriver, je tentais juste de ne pas paniquer. Y'avait des ours dans cette région ? Non, calme toi, ça ne sert à rien de t'imaginais de pareilles choses, de toute façon, ce n'est clairement pas le croquemitaine qui va venir de manger et... Oh mon Dieu, mais qu'est ce qu'il m'a pris. Je laisse la guitare que j'ai piqué dans le nid tomber par terre, alors que j'entends au loin quelqu'un crier mon nom. Mes yeux se plissèrent un peu plus alors que je tentais un regard dans la direction de cette fameuse voix. Une voix que j'arrivais étrangement à reconnaître. « Pacôme ?! » que faisait-il ici ? Bientôt, je pouvais apercevoir sa silhouette se découper entre les feuillages. Il était trempe, tout au moins autant que moi, à la différence qu'il ne semblait pas trembler. Quelle chance.

Cela m'étonnait d'entendre la voix de quelqu'un d'autre à une heure pareille. Et surtout prononcer mon nom. Parce qu'autant pouvait-il être sorti pour la même raison que moi, autant je ne voyais pas comment il pouvait se douter que je me trouvais ici, dans un état pitoyable. Peut-être me cherchait-il ? Cette pensée me semblait tout de même quelque peu illusoire, puisqu'après tout il ne me connaissait simplement pas, alors pourquoi en viendrait-il à me chercher ? Tant de pensées qui se bousculaient dans ma tête alors que sa silhouette m'apparaissait comme par miracle, face à moi. Il se précipita alors vers moi, à une vitesse incroyable que j'aurais facilement pu croire à une sorte de remake -peut-être certes un peu mieux- du premier Twilight, lorsque Bella se rend compte qu'il est un vampire. Ce qui était totalement stupide, puisque Pacôme, lui, ne semblait pas briller au soleil. Enfin je crois... Il se dévêtu et me passa son manteau autour de mes épaules, rabattant la capuche sur ma tête. Je voulais protester, pour dire qu'il allait attraper froid à son tour, mais je n'eus pas le temps ni le courage. « Tu vas te mouiller Pacôme, tu n'aurais pas du sortir... » dis-je d'une voix timide en croisant son regard, commençant légèrement à avancer, la terre s'effondrant à chacun de mes pas, comme si elle tentait de m'aspirer. Sensation peu ragoutante. Cependant je n'avais aucune idée du chemin à suivre. Aucune. Surtout dans ce noir.

Il insiste en un sourire que je n'aurais peut-être pas non plus sortir. oui, bon, il n'avait pour le coup pas tout à fait tord, même si je ne pouvais clairement pas prévoir que la pluie allait en venir à me défigurer à ce point. Heureusement que je ne portais pas réellement de maquillage, vous me direz, je n'en portais presque jamais. Peut-être un simple rose à lèvre et quelques gommages, mais rien de bien affriolant. Puis, je le vis faire demi tour, saisissant la guitare que j'avais oublié derrière nous. Mince. Je devais passer pour une totale cruche, qui, en plus de sortir un jour de pluie, en venait à perdre la tête, troublée. Allez, Charline, ressaisi toi, ce n'est pas comme si tu étais dans un endroit dont tu ne connaissais jusque là ni l'existence, ni rien d'ailleurs. Et entouré d'inconnus. Surtout entouré d'inconnus. J'étais sociable, n'allez pas croire le contraire, seulement il me fallait un temps d'adaptation, d'autant plus lorsque j'en venais à rentrer après les autres... Je m'apprêtais à saisir la guitare, mais il se contenta de la garder avec lui. Bien. « Musicienne je ne sais pas... » dis-je en un léger rire avant de reprendre « Disons que ça m'aide à m'évader. Ce n'est vraiment pas grand chose, je ne suis même pas bonne d'ailleurs. » je continue à rire tout en avançant. « Et toi ? Alors, qui se cache derrière cette apparence de jeune homme galant ? T'as bien au moins un défaut non ? Histoire que j'arrête de complexer. » un sourire s'esquisse alors sur mon visage.