Ft. Scampi


Mon coeur cognait contre ma poitrine que je commençais à en avoir mal à la tête. J'avais pris soin de fermer la porte derrière moi pour ne pas attirer les regards des candidats, de passage dans le couloir, à la vue de ma silhouette dans une chambre qui n'était pas la mienne. Je m'approchais du lit de Graham avant de me mettre à genoux pour sortir une valise de dessous le lit et sans le moindre scrupule je l'ouvrais. Rien de bien intéressant sur le dessus. Quelques vêtements se trouvaient ici et là et je ne me gênais pas pour les sortir, les poser sur la couette avant de continuer à fouiner dans les affaires du beau mâle qui vivait dans cette chambre. Des bruits de pas se faisaient entendre. Je me stoppais quelques secondes avant de reprendre ma recherche. Je tombais sur une boîte de préservatif, signe que monsieur avait prévue de tirer son coup dans la maison ou alors il voulait simplement dépanner certains de ses futurs amis en cas de besoin. Je fronçais les sourcils légèrement alors que mon visage devenait de plus en plus pâle. Bizarrement, je ne me rappelais pas qu'il en ai utilisé lors de notre rapport de la semaine passé. Ce n'était pas vraiment rassurant, mais essayons de ne pas penser y penser et au pire une mst - maladie sexuellement transmissible pour les incultes - c'est vite soigné, enfin tout dépend laquelle bien entendu et puis pour le reste, c'était tout bonnement impossible et puis au pire on n'en avait rien à faire pour le moment hein. Je continuais mes recherches, trouvant la photo d'une jeune femme à laquelle Graham était en train d'offrir un baiser sur la joue. Sa copine peut-être ? Je n'en avais que faire, j'étais bien plus jolie. Je jetais un coup d'oeil vers la porte et ... merde. Maintenant il me fallait trouver une excuse. Ou pas. « Tiens Scampi, que fais-tu là ? » Quelle cruche, la réponse était pourtant si évidente. Instinctivement, je venais passer mes mains derrière mon dos pour éviter qu'elle ne tombe sur les deux choses que je tenais.

Ce moment où on coince quelqu’un qui fait un truc un peu bizarre, qu’on sait pas trop quoi, mais qu’on arrive au mauvais, mauvais moment, et qu’on se sent supérieur, parce que c’est jouissif d’interrompre des trucs un peu secret à la base. Soit. En clair, je viens d’entrer dans la chambre Luxure (c’est-à-dire, ma chambre, avec mon lit, avec mes affaires, là où je dors toutes les nuits (exceptés quand Graham devient trop chiant à ronfler) ) et je viens d’interrompre Lennon dans un truc. Et j’ai envie de dire, d’une voix vachement sadique « je sais ce que tu fais. » genre, mettre la pression. Même si, au fond, je m’en fiche, et que je ne sais pas ce qu’elle faisait. Enfin, elle cache des trucs dans son dos. Et là, moi, comme une gosse, je crève d’envie de passer en mode ninja et de glisser derrière elle pour lui dérober ces choses en question, qu’elle a visiblement besoin de cacher. Hhhm. Mais bon. Je me maitrise. Parait que j’ai plus dix ans, alors j’essaye de me comporter un peu plus normalement, vous voyez. Elle me demande ce que je fais là. Et toi, ma vieille ? C’est toi qu’est douteuse wsh. « Je viens prendre quelque chose. Dans mes affaires. » Je jette un coup d’œil sur le lit. « Et toi ? Tu viens chercher un truc pour Graham, j’imagine. » enfin. J’imagine pas du tout ça. Mais bon. « Et t’as l’air d’avoir du mal à le trouver. » vu le gros bordel sur la couette. « Tu veux que je t’aide ? » Un immense sourire. Genre, je vais me porter volontaire pour chercher un truc innocemment tsais.

Ainsi la rouquine venait chercher quelque chose dans ses affaires. Logique, après tout je me trouvais dans sa chambre en train de fouiner dans les affaires d'un autre candidat uniquement pour ma culture personnelle. Mes lèvres s'étiraient en un bref sourire forcé que je tentais de dissimuler à l'aide d'un regard rieur, mais faux. Je venais de me faire prendre les deux mains dans le sac et les deux pieds dans le plat, autant dire que j'étais dans de beaux draps si jamais Graham venait à l'apprendre. Elle reprenait aussi sec, insinuant que je venais prendre quelque chose pour le jeune homme, que j'avais l'air d'avoir du mal à trouver, qu'elle pouvait m'aider et là, sans savoir réellement pourquoi, j’acquiesçais d'un signe de la tête pour la première question avant de remuer ma petite bouille de droite à gauche lors de ses derniers mots. « Bingo. » Machinalement, l'une de mes mains sortaient de derrière mon dos pour venir montrer à la jeune femme la boîte de préservatifs que je tenais presque comme un trophée. « Enfin, Graham ne m'a pas vraiment demandé de venir en chercher dans ses affaires, mais j'avais envie de lui faire une surprise au cas où, enfin tu vois quoi, je ne vais tout de même pas te faire un dessin, et comme je ne trouvais pas c'est un petit peu le bordel on va dire. » Une surprise, n'importe quoi. Je ne savais plus quoi dire pour me sortir de ce merdier dans lequel je venais de plonger. Mes mots se mélangeait pour former des phrases qui ne voulaient strictement rien dire et j'en avais honte. « Bon et bien, je vais y aller que s'il débarque ma surprise risque de tomber à l'eau. » Je m'enfonçais encore plus, mais il fallait que je l'ouvre. J'avais envie de me taper la tête contre un mur tout en m'insultant moi même de tous les noms d'oiseaux que je connaissais. En avançant, je manquais de trébucher en me prenant les pieds dans quelques vêtements qui gisaient sur le sol. La photo s'envolait pour venir s'écraser juste aux pieds de Scampi. Et merde.

Lennon sort de son dos, avec genre, une fierté comme pas possible, une boîte de préservatif. Huuum. J’ai donc l’une des deux choses qu’elle tente par-dessus tout de garder secrètes. Intéressant. Elle commence à parler, et à s’emballer, genre, pire que moi lors du tout premier prime. Je l’écoute en me demandant combien de temps elle pouvait tenir sa tirade sans reprendre son souffle, c’est qu’elle a un fort débit de mots, la nana. Un peu le bordel ? Euphémisme ma jolie. Crève, je t’aiderai pas à ranger. Y’a pas marqué bonne à tout faire sur mon front. Genre, elle a cru quoi elle. Enfin. J’hoche la tête. Et puis, elle me dit qu’elle va filer. Genre ? Elle compte laisser le bordel là elle ? Finalement, j’ai peut-être raison, elle s’imagine peut-être que JE vais lui ranger son truc. On va pas être potes je crois tiens. Et puis, elle se prend les pieds dans des fringues en voulant partir. Enfin, non, pardon, elle se prend presque les pieds. Et toc. On la rappelle à l’ordre. Bien fait. Et puis, la seconde chose qu’elle tenait derrière elle s’échappe de sa main et atterrit à mes pieds. Je la ramasse, bien entendu, et tire une moue déçue. Genre, c’est tout ? Une photo de Graham et d’une fille ? Moi qui espérais qu’elle cachait des trucs supers importants. Je m’apprête à lui redonner la photo, avant qu’il n’y ait un « clic » dans ma tête, je la ramasse aussitôt. « Noooooooooooon, me dis pas que t’es jalouse de cette fille ! » ça devait donc être ça. Lennon, jalouse ? Alors, elle est vraiment à fond sur Graham ? Déjà ? Hm. Je vais m’abstenir de commenter. « Regarde ses cheveux quoi, tu peux pas être jalouse d’une meuf qui a totalement raté sa teinture ! » un peu d’humour, huhu.

Comme je m'y attendais Scampi ne se faisait pas prier pour ramasser le bout de papier que je venais de faire tomber à ses pieds et, alors qu'elle allait me rendre ce torchon, voilà qu'elle jetait un coup d'oeil bien plus intéressé à la photographie avant de prendre la parole. Moi, jalouse ? Je fronçais les sourcils comme pour masquer une pointe de gêne, de timidité. Physiquement, je n'avais rien à envier à cette nana et la rouquine ne tardait pas à me le faire remarquer, mais Graham était en train de déposer ses lèvres sur son visage rieur à cette nana là et je devais avouer que cela avait le don de m'agacer, mais de là à parler de jalousie tout de même il ne fallait pas pousser mémé dans les orties comme dit l'expression. Je n'aimais juste pas voir mes proies entre d'autres bras que les miens et c'était totalement diffèrent. D'un geste sec, j'attrapais la photo pour la contempler un instant de plus avant de me laisser tomber sur le lit, poussant un soupir d'agacement, d’exaspération, d'admiration. « Je ne suis pas du tout jalouse, regarde moi ses joues toutes bouffies à celle là. Je trouve juste que Graham est tombé bien bas en sortant avec ce cajot, c'est limite si on dirait pas qu'elle s'est prit une porte fenêtre en pleine face la pauvre. » J'haussais les épaules avant d'adresser un sourire complice à la rouquine alors que mes mains se posaient sur le rebord de la couchette sur laquelle je me trouvais. « Et sinon, tu dors où ? » Mon regard balayait la pièce rapidement.