Scampi, 24 ans.

Scampi, vingt-quatre ans. Scampi, oui. Comme dans le dessin animé. La famille pirate. Mon père, quand il a vu que j’étais prédestinée à être comme ma mère (donc une rouquine) a trouvé l’idée génialissime. Il a fait erreur. Je dois vous avouer que je suis un peu gênée, enfin, je n’ai pas franchement l’habitude de devoir me présenter comme ça. D’autant plus qu’il faut forcément essayer de faire une bonne impression, enfin, vous voyez pourquoi, mine de rien, ça me fout une pression terrible, et je .. je. J’ai pas l’habitude. Et puis, il faut vraiment que j’assure là, si je suis pas prise, je vais me faire égorgée par des amis qui m’ont forcée à m’inscrire ici « TU SORTIRAS DE TA CAVERNE MON DIEU » qu’ils m’ont dit. Mais en vérité, c’est pas de ma faute si j’suis enfermée dans ma caverne hein. Enfin ma caverne, j’entends par là ma maison. C’est à cause d’un ami, un enfoiré d’ami, qui m’a mis au défi de rester enfermée chez moi, genre, super longtemps. (c’est-à-dire huit mois, une semaine et deux jours) Enfin, oui, je l’ai fais, je sais pas comment j’ai tenu, c’était horrible. D’un côté, j’suis un peu une geek au fond de moi-même, et puis, avec mon travail, je reste déjà pas mal de temps chez moi sans sortir, mais, hm, là, quand même. Je vous le dis, je devenais folle. Au point où je me souviens lui avoir arraché sa chemise, un soir, lorsqu’il est venu chez moi, parce que je voyais tellement peu de gens, et puis, zut, j’étais en manque, oui, voilà, j’avais besoin de sexe. DE SEXE. Je peux le crier encore plus fort si vous voulez. Enfin, bref. Au moins, j’ai gagné de l’argent, et beaucoup, genre, assez pour m’acheter trois tablettes graphiques super-cool, donc vous voyez, c’est quand même pas mal. Merde ! J’en étais où ? Désolée, quand je stresse, j’ai tendance à parler beaucoup, très vite. Et de n’importe quoi. C’est vrai que vous vous en foutez, que j’avais besoin de sexe. Ouais, ça ne vous concerne pas. Vous, vous devez être tranquille, vous n’étiez pas enfermée chez vous pendant huit mois, une semaine et deux jours, tout ça. Donc oui, appelez-moi Scampi, et j’ai vingt-quatre ans. Je suis une illustratrice. J’ai débuté par un blog, www.scampi.com (oui, bonjour l’originalité, vous allez dire, mais au moins, j’ai ma page wikipédia avec ce blog, et tooooc ) que je tiens toujours aujourd’hui en fait, où j’ « expose avec humour des anecdotes de ma vie quotidienne » d’après wikipédia. Il faut croire que mon blog a son petit succès (j’ai ma page facebook aussi, oui, oui) puisque grâce à lui, j’illustre également pour la presse. Et j’ai illustré deux livres pour adolescentes et publier un premier volume où je me suis chargée de l’illustration et du texte, haha. Et le premier qui me dit « ouais, en gros, tu bosses pas toi, tu dessines » je le .. hm. Vous voyez. Parce que je vous prie de croire que c’est du travail. Mes hobbies, vous dîtes ? J’imagine que vous l’avez deviné avec ma profession ? Je dessine depuis toute petite. J’écris aussi. Je suis multi-fonction. Oui. Surtout quand je reste enfermée longtemps chez moi. J’ai découvert de nouvelles passions. Genre, faire des châteaux de flans. Dieu sait que ce n’est pas tâche aisée.

Une pipelette moi ? Ah oui, c’est vrai. Excuuuuuuuse. Ca fait longtemps que je n’ai pas vu du monde. Du monde, mise à part l’autre abruti qui me sert d’ami et qui m’a enfermée chez moi. Mon caractère. Je sais pas. Je sais plus. Ca dépend. Des jours, des gens, de mon humeur. Enfin, je suis bavarde, mais c’est surtout parce que je ne suis pas sortie de chez moi depuis longtemps, j’ai l’impression de parler pour la première fois à quelqu’un là, vous voyez. Je suis gentille. Je crois. J’espère. Il paraît que je suis drôle. Enfin, ça reste à prouver, parce qu’en fait, je me trouve pas drôle moi, mais bon, les gens, ils aiment bien mes illustrations, partout, et ils disent que c’est marrant, donc j’imagine que je suis drôle. Et puis, je suis une anxieuse. Je stresse tout le temps, pour rien. C’est gênant hein. Et je n’ai aucune répartie. Enfin, si, mais ça vient seulement après. Donc j’évite les disputes, tout ça, parce que lorsque je m’énerve (et c’est hélas souvent), je me mets à perdre mes mots et à bagayer, c’est super gênant et ça impressionne pas du tout. Donc en général, je pars en courant quand je commence à m’énerver. Je suis lâche. Je sais. Je suis une pile électrique, en bref. Surtout en ce moment. Parce que je sors enfin de chez moi. Je suis libreee !

Quelqu’un dans ma vie ? Après mes huit mois, une semaine et deux jours d’hibernation ? Hahahaha. J’avais seulement mes do-. Mes Do. Enfin. On va dire que je n’avais que moi-même. Et c’était long, je peux vous dire. Huit mois, une semaine et deux jours sans relations sexuelles, hormis avec moi-même. L’autre abruti qui m’a enfermée ne voulait même pas de moi, pourtant, je lui en ai fait, du charme, pour m’occuper, beaucoup, mais non. Bon, il faut dire aussi, il est gay. Mais quand même. C’est vachement douloureux quand quelqu’un refuse vos avances, même lorsqu’il s’agit d’un gay. Donc oui, je suis célibataire. Et si je suis prise, j’ai peur de sauter sur tout et tout le monde. Filles, garçons, plantes de vertes. Je suis encore en manque je vous dis. Je pense au sexe tout le temps, c’est affreux ! Tomber amoureux ? Hahaha. Question suivante.

Mes amis. Enfin. Ils ne savent pas eux, qu’à la base, si je suis restée enfermée chez moi aussi longtemps, c’était pour un défi. Au début, ils pensaient que j’étais débordée côté travail (ce qui est vrai, toujours vrai, et sera toujours vrai) et puis, au bout de trois mois, quand ils ont capté que je n’avais toujours pas mis le nez dehors, ils ont pensé à une dépression. Ce qui à la limite n’est pas faux. C’est dingue les différentes réactions qu’on peut avoir, à être enfermée. J’ai eu ma phase déprime. J’ai eu ma phase euphorique, ma phase folie (la construction de cabane en rouleau de papier toilette était dans cette phase-là), un peu tout quoi. Bref, à leurs yeux, je suis une névrosée qui a peur de l’extérieur, maintenant. Ils m’ont dit que ça me ferait du bien, de voir des inconnus (ils pensent que j’en ai la trouille, oui, oui, mais je me demande s’ils captent que je serais encore enfermée, si je suis prise ici) et puis, bien évidemment, l’autre abruti a sauté sur l’occasion. Je gagne encore des billets, pleins de billets, si je participe à cette émission. J’ai l’impression d’être une marionnette en fait. Genre, il me demanderait de danser toute nue dans une ville, pour des billets, je le ferais. J’aime trop l’argent je crois.

Je sais pas. Loup-garou blanc. Femme fatale. L’homme mystère (excepté que ce serait la femme mystère, puisque j’ai, pardonnez-moi, un vagin au lieu d’un pénis, d’ailleurs, vous devriez dire ‘l’individu mystère’ ce serait plus correct hein !)

Stratégie ? Il faut une stratégie ? J’ai pas réfléchis moi. Je savais pas. Je sais pas. Je verrais bien. J’essayerai d’être aimée, vous pensez bien ! Mais bon, je garantie rien, je suis un peu bizarre, il parait, surtout là que ça fait huit mois, une semaine et deux jours que je n’ai pas rencontré de personnes, je sais plus vraiment comment je dois me comporter, enfin, c’est difficile, et puis, zut, vous m’énervez avec vos questions.

Motivations ? Réussir mon défi. Et l’argent. Et c’est tout en fait, haha. Mon petit plus ? Hm. Pas grand-chose j’en ai peur. Je suis qu’une rouquine nymphomane et un peu tarée, j’en ai bien peur. Pas de quoi se faire remarquer ni apprécier à fond dès le premier soir, hélas. Je vous avais déjà dis que vous m’agaciez, avec vos questions ? Je le redis. Ca demande réflexion, alors ça me fatigue. J’ai l’impression d’avoir perdu mon cerveau pendant ces huit mois, une semaine et deux jours.

Hahahaha, merci. Je sais pas si t’es sincère, parce que t’as l’air d’une pouffiasse hypocrite à souhait, mais bon, je vais prendre ça comme un vrai compliment, tu comprends !

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