J'étais bien arrivé, bien installé, j'avais rencontré des gens intéressants comme des idiots complets et je m'ennuyais maintenant plus que n'importe quoi. Je n'étais pas homme à rester à rien faire la plupart de son temps -quoi que si-, et j'aimais jouer et m'amuser. Des soirées n'étaient pas encore organisées à l’hôtel alors je ne pouvais qu'aller à la piscine, parler à des jolies filles, draguer, boire un peu. Ce jour là, j'avais décidé de me rendre au bar pour prendre de la boisson, la seule chose qui semblait me calmer. Ce n'était pas bien de boire autant d'alcool mais je ne finissais jamais bourré, ce qui était la principale chose à laquelle je m'intéressais. J'arrivais à la réception et me dirigeais vers le bar qui était non loin, avant de prendre un tabouret et de demander une bière. C'était bien ma boisson préférée et en plus, elle n'était pas si alcoolisée que ça. Je restais à siroter ma boisson pendant un long moment lorsque je sentis quelqu'un s'asseoir à côté de moi. Je ne disais rien. Je n'avais pas spécialement envie de faire la conversation, et seuls des soupirs s'échappaient de ma bouche là et ici. « On s'ennuie dans cet hôtel, non ? J'ai hâte que le jeu commence. » J'étais persuadé que j'allais être sélectionné pour le jeu, vu mon caractère et mon côté sexy qui ne passait pas inaperçu. J'étais là habillé d'une simple chemise et d'un bermuda, avec quelques boutons défaits pour donner un aperçu de mon torse musclé. Au cas où une demoiselle passait par ici.

L'ennuie quand on a trois grandes soeurs, c'est que l'on est surveillé constamment ! Et ce, même quand elles ne m'ont pas sous les yeux. Pour une fois, je n'étais pas au téléphone avec Chloé mais, avec Julia, la plus grande de mes trois soeurs. Elle me racontait l'évolution de la vie en France qui était mon pays natal, les difficultés de son boulot et tout le tralalala... Bien que je ne voyais pas ce qu'il y avait de difficile dans le boulot de mannequin, je tentais d'être compréhensible. « Ah ouais ma pauvre, ce doit être terrible ! » Ce qui est marrant avec Julia, c'est qu'elle ne comprend jamais quand j'ironise ! Après m'avoir parlé de son quotidien, elle décida de me passer le mari de mon autre soeur Isabelle. Ses discutions d'informaticiens étaient chiantes à en mourir et je ne comprenais jamais rien à ce qu'il me racontait. Mais, encore une fois, je faisais style de m'y intéresser. Je l'écoutais tout en m'habillant pour sortir de ma chambre et me rendre à l'accueil afin de boire une petite bière au bar. Lorsque j'arrivais à l'accueil, mon beau-frère se décidait à me passer ma soeur Isabelle. Et heureusement car, j'étais à deux doigts de m'assoupir. Ce n'est pas que je l'aime pas mon beau-frère, mais il est quelque peu ennuyeux. Je m'installai au bar et demandai une bière. Isabelle commença par me saluer chaleureusement et nous rigolâmes un peu sur deux ou trois blagues, nous parlâmes de mes anciennes conquêtes et de mes conneries d'adolescence. Puis, la discussion prit une autre tournure lorsqu'elle me parla de ma mère qui voulait me faire passer un message comme quoi je n'avais pas intérêt à déshonorer la famille à la télévision. Que je devais me tenir droit et être un gentil garçon. Blablabla... Un peu agacé, je tentais de changer de sujet et lui demandai de me passer ma nièce, sa fille de huit ans qui s'appelait Mélissa. « Oui, oui... Oui d'accord... oui... Bon, pourrais-tu me passer la petite ? » A m'entendre parler on aurait pût croire que je parlais à ma femme. La discussion pouvait prêter à la confusion pour les gens qui n'étaient pas dans le contexte. « On s'ennuie dans cet hôtel, non ? J'ai hâte que le jeu commence. » Un homme qui était assis à côté de moi engagea une discussion. Je lui fis mine d'attendre deux secondes parce que j'étais en discussion téléphonique. C'est alors que j'entendis la douce voix d'ange de ma nièce. « Coooucooou ! C'est tonton ! Oui, je suis encore aux Etats-Unis. Oui, l'hôtel est superbe ! Je te rapporterais des photos de l'hôtel comme je t'ai promis ! Tu pourras même me voir à la télévision dans peu de temps ! Comment je suis rentré dans la télévision ? Oh c'est toute une histoire, tu sais ! Tu me repasses maman, s'il te plait ? Merci. Oui, moi aussi je t'embrasse bien fort. Bisooooous ! » Isabelle me souhaita bonne chance et nous raccrochâmes. C'est alors que je revins sur la discussion qu'avait engagée le mec qui était à côté de moi. « Tu disais ? » Oui, car quand il avait parlé je n'étais pas vraiment concentré sur ce qu'il disait.

J'avais l'habitude d'avoir tout tout de suite, et sans attendre. Et en effet, lorsque le jeune homme me fit signe d'attendre pour pouvoir lui parler comme un de ces hommes d'affaire constamment occupés, je fus vexé. Je descendais ma bière avec une mine maussade, assez énervé à cause de cet inconnu qui ne pouvait même pas répondre à une simple phrase. Du coup pour passer mon ennui, j'avais décidé d'écouter un peu ce qu'il disait au téléphone.  « Coooucooou ! C'est tonton ! Oui, je suis encore aux Etats-Unis. Oui, l'hôtel est superbe ! Je te rapporterais des photos de l'hôtel comme je t'ai promis ! Tu pourras même me voir à la télévision dans peu de temps ! Comment je suis rentré dans la télévision ? Oh c'est toute une histoire, tu sais ! Tu me repasses maman, s'il te plait ? Merci. Oui, moi aussi je t'embrasse bien fort. Bisooooous ! » Un sourire vint sur mon visage tandis qu'il parlait à ce qui semblait être sa nièce. Il parlait comme un débile au téléphone, ce qui me rappelait que tous les adultes étaient censés faire ça avec les enfants. De toute façon, les enfants, ce n'était pas ma tasse de thé. En général, je leur achetais une console de jeux et les enfermais dans une pièce entre eux, lorsque j'avais la malchance d'avoir leur garde. Mais la plupart du temps, lorsqu'on me demandait une de ces « faveurs », je disais non. Je disais non pratiquement à tout quand on y réfléchissait, mais à quoi bon dire oui, après tout ? Il fallait bien agacer un peu les gens pour obtenir un peu de pouvoir et de respect. Le jeune homme semblait avoir fini sa conversation téléphonique.  « Tu disais ? » Un sourire grandit encore sur mon visage. Je pris une gorgée de bière sans lui répondre avant de me retourner vers lui et de le regarder dans les yeux. « Je disais juste que je m'ennuyais dans cet hôtel. Mais cela n'a pas l'air de vraiment t'intéresser. Tu t'appelles comment ? » je n'allais surtout pas demander des nouvelles de sa nièce ou de sa famille ou quoi que ce soit. Cela ne m'intéressait pas du tout, en bon égocentrique. J'avais l'habitude de beaucoup parler de moi mais de ne pas vraiment écouter ce que les autres avaient à dire. Pour mon propre bien. Pas pour celui de mes chevilles.