RITA FT/JASON

Ca me faisait un peu chier de rester dans le chalet, le soir, alors que la ville vivait à mille à l'heure à côté de nous. Ce n'était pas avec ce flot de personnes aussi inintéressantes les unes que les autres, que j'allais passer des soirées funs. Alors j'étais bien décidé de bouger mon cul dans le froid nordique pour aller à la rencontre d'habitants qui en valait peut-être plus la peine. J'enfilais un jean slim moulant mes formes, associé à un pull fin façon marinière française, et une veste au col en fausse fourrure. Une fois dehors et après avoir marché un bon moment avec mes bottes de couleur taupe, un flot de personne se dirigeait vers un même endroit. Je fronçais les sourcils, ma curiosité portant mes pas dans ce même endroit. En chemin, des mecs, me trouvant bien canon, me proposèrent de venir, car il s'agissait d'un grand concours de bowling. Ni une ni deux, en haussant les épaules, j'avais accepté. Deux heures plus tard, je me retrouvais à jouer au billard, sous les lumières basses des lampes vertes. Je jouais contre des inconnus, dont certains ne pétaient pas un mot d'anglais. C'était plutôt drôle, plutôt. Je relevais les yeux, remarquant au loin une silhouette que je crois connaître : et si je crois la connaître, c'est qu'il était lui aussi était candidat. Je relevais le haut de mon corps et lui fit un large signe. Qu'il vienne ! Un sourire sur mes lèvres l'accueilli, oui oui, je vous assure, un sourire. « Un cocktail ça te dit ? Ils sont délicieux ici ! » Lui demandais-je, en le regardant dans les yeux tout simplement.

Il y avait des jours comme ça où l’ennui était la seule chose que l’on pouvait retenir d’une émission pourtant intéressante comme l’était The Werewolf Game. Depuis dimanche il y avait eu tellement de pièces à visiter, de petits allers et retours en ville à faire, de candidats à apprendre plus ou moins à connaitre que je n’avais pas vu le temps qui défilait sous mes yeux, aujourd’hui les choses avaient été différentes, nous n’étions que mardi et je commençais à m’ennuyer, pourquoi est-ce que la production me semblait être si molle lorsqu’il était question de mettre l’ambiance par le biais d’une fête ou quelque chose dans le genre ? Je n’étais pourtant pas le mec le plus fêtard au monde, être un toubib me laissait rarement le temps d’aller en boite pour boire jusqu’au petit matin et être obligé de prendre un taxi tellement l’ivresse avait fait des dégâts sur mes capacités, pourtant je m’en sortais toujours pour faire une fête ou deux dans l’année, c’est dans ces moments-là que j’aimais faire une pause professionnellement mais comme tout le monde a pris pour habitude de le dire… Le retour à la réalité est toujours brutal. Du coup, allez savoir comment mais je me retrouvais dans ce bar ne comprenant pas le moindre des habitants du coin, la Suède c’était bien mais niveau langage c’était tout de suite difficile. « Un cocktail ça te dit ? Ils sont délicieux ici ! » Cette fille me disait quelque chose, il me semble même qu’elle s’appelait Rita, sans me faire trop attendre je la rejoignais. « J’vais te faire confiance… Allons-y pour un cocktail… Rita c’est ça ? »

L'alcool a tendance à me transformer : j'étais sacrément gentille depuis que j'avais mis les pieds dans ce bowling. Même avec ces inconnus, contre qui je jouais au billard et il faut le dire, contre qui j'avais aucune chance, j'avoue. Je crois bien qu'ils m'avaient reconnu en fait, c'est cool. Puis, dans le flot des nouvelles personnes qui entrait, un homme que je crois savoir être dans le jeu. « J’vais te faire confiance… Allons-y pour un cocktail… Rita c’est ça ? » Je le regardais, mon sourire s'élargissant un peu plus. Oui c'est ça, en même temps, qui ne sait pas encore que mon prénom c'est Rita et que je suis la bombe hyper classe du jeu. « C'est bien ça... Et toi monsieur muscle, tu t'appelles... ? » Oui, non, je n'ai pas de mémoire pour les prénoms et en même temps, j'ai pas l'impression de lui avoir parlé déjà ne serait-ce qu'une seule fois. Je pris l'initiative alors de le prendre par le bras, l'emmenant jusqu'au bar, ou je tapais du plat de ma main. « Chef ! Deux cocktails s'il te plait ! » M'exclamais-je dans mon américain natal, puisqu'il le comprenait. Je m'asseyais ensuite sur l'une des chaises hautes devant le bar, m'accoudant à celui-ci. « Bon je sais pas faire connaissance ! En vrai, je me fou totalement de la vie des autres... Maiiiis, tu m'as l'air sympa ! » Et plutôt sexy. J'avais envie de faire un effort pour lui et de l'écouter parler. « Je t'écoute, par le moi de toi ! » Lui demandais-je trèèès gentiment, prenant finalement le cocktail que nous tendais la propriétaire du bowling.

Je ne connaissais pas vraiment Rita, je crois même avoir entendu quelques candidats l’autre fois qui parlaient d’elle en disant qu’elle était une garce ou un truc dans le genre. Pour le moment je ne voyais pas cette partie de sa personnalité, au contraire elle semblait être cool comme fille alors pourquoi ne pas faire un petit effort pour apprendre à la connaitre ? Je m’étais avancé pour la rejoindre lui demandant confirmation qu’elle s’appelait bien Rita, une chance que je sois totalement dans le vert, j’avais juste. « C'est bien ça... Et toi monsieur muscle, tu t'appelles... ? » Je souris, il est vrai que je suis plutôt bien foutu dans tous les sens du terme sans être trop vantard. « Jason… Mais tu peux m’appeler Jay si ça te fais kiffer ! » Un petit clin d’œil pour accompagner mes paroles puis elle me traine jusqu’au bar. Elle commande deux cocktails sans attendre, au départ je m’étais demandé si le chef comprendrait ce qu’elle disait, il devait connaitre l’anglais puisqu’il avait répondu lui aussi dans notre langue. Je prenais place sur une chaise haute ne la quittant pas du regard. « Bon je sais pas faire connaissance ! En vrai, je me fou totalement de la vie des autres... Maiiiis, tu m'as l'air sympa ! » Elle était un peu exubérante et j’aimais bien ça chez mes proches, nous allions peut-être bien nous entendre. « Je t'écoute, par le moi de toi ! » Je m’emparais de mon cocktail réfléchissant à ce que je pourrais bien lui dire de moi. « Alors… J’ai vingt-sept ans, je suis chirurgien… Célibataire… Je suis père d’un garçon de cinq ans… » Je voulais voir sa réaction à cette dernière information me concernant.

Je ne connaissais pas son prénom : j'ai pas honte, j'en connais même pas un tiers alors... Pourtant, aussi surprenant soit-il, il m'intéressait ce mec. Même si c'est plus son physique que ce qu'il a dans la tête, hm... Il n'était pas censé le savoir. « Jason… Mais tu peux m’appeler Jay si ça te fais kiffer ! » Encore une fois, c'était autre chose qui me faisait kiffer chez lui, mais bon. « Non, Jason ça me va... » Je lui rendais son clin d'oeil. Je n'aime pas les surnoms. À moins les surnoms gentillets du style : la grosse, pétasse ou Cruella, parce que oui, Cruella est avec nous... Et puis Jay c'est pas sexy. Une commande plus tard, je lui annonçais clairement et naturellement que je me foutais de la vie des autres. Apparemment il n'en semblait pas traumatisé par ça et pas plus étonné que je m'occupe alors de lui. « Alors… J’ai vingt-sept ans, je suis chirurgien… Célibataire… Je suis père d’un garçon de cinq ans… » Je l'écoutais attentivement, buvant un peu mon cocktail, mais mon regard s'arrondissait un peu. Ah merde, ça commençait bien... Un mioche. C'est comme lorsque l'on te décrit un gâteau qui à l'air délicieux, avec toutes les fioritures qui le faut et que l'on t'annonce à la fin que c'est au goût que tu détestes le plus au monde. Que répondre à ça alors ? Je buvais de nouveau un coup. Non, alors là non, contrairement à toutes les salopes de mon genre – j'avoue – dans le genre stéréotypée alors, je n'étais pas contre les mioches. Je ne les adore pas, mais ils ne me dérangent pas. Surtout quand ils ont dépassé le stade couche culotte. Hmmm Un sourire se dessina alors sur mes lèvres, amusée. « Tu l'fais souvent alors l'coup du père célibataire pour draguer les nanas fleur bleue qui trouvent ça trop mignon hein ? » C'est une technique de drague comme une autre après tout. Je n'en serais pas choquée de le savoir. Maintenant, je supposais que c'était à moi de faire ma présentation et ne sachant quoi dire, je reprenais son modèle : « Alors moi j'ai vingt-quatre ans. Je suis 'voix off' pour des pubs et je l'ai déjà fait aussi pour une émission. Célibataire et sans enfant. » J'haussais de la tête, voilà ce qu'il faut savoir. « Et je suis américaine. »