Rita & Satine.
22.12.2012 à 13h20.



Je n'avais eu l'occasion de sortir que très peu de fois depuis que je me trouvais dans cette aventure. Les seules pièces que je connaissais sur le bout des doigts étaient la chambre, la salle d'eau, la cuisine et le salon. Le reste restait un grand mystère pour moi, mais j'étais bien décidé à remédier à cela et aujourd'hui même. J'enfilais une écharpe, un bonnet, des gants et un manteau par dessus mes vêtements avant de rejoindre l'extérieur du chalet pour entreprendre une visite du jardin et de ses alentours. C'est ainsi que je passais non loin du patio, que je connaissais déjà, avant de m'aventurer près d'un lac entièrement recouvert de glace. Mes yeux brillaient à chaque fois un petit plus lorsque je venais à découvrir un nouvel endroit. J'avais l'impression d'être Alice lorsqu'elle parcourrait le pays des merveilles. Finalement, mon périple se terminait en plein coeur de la neige, au beau milieu du jardin. Je venais poser mes petites fesses sur un banc tout en croisant mes jambes l'une par dessus l'autre. La fraîcheur du jour venait caresser mon visage. Je fermais les yeux un très court instant avant de pousser un soupir de bien-être. Je me sentais apaisée ici, c'était étrange. La neige masquait quasiment la totalité des bruits, mais je parvenais tout de même à entendre des pas non loin de moi. Je tournais la tête pour apercevoir Rita, l'une des jolies blondes de l'émission. Lui adressant mon plus beau sourire je venais la saluer. « Belle journée n'est-ce pas ? » Stupide. Je n'étais même pas capable d'entamer une conversation comme toute jeune femme de mon âge.

J'arrivais dans les jardins si souvent visité. Encore une fois, j'aimais ces paysages enneigés. J'aimais la tranquillité de ces lieux. Même s'ils étaient également visité par une autre personne. Satine, que je reconnaissais au loin. Satine, Satine, Satine, que dire d'elle. Cette gamine me faisait pitié, en même temps elle était à la limite de m'attendrir. Elle me donnait également envie de la secouer. Elle est belle à croquer cette nana, elle pourrait se faire remarquer, mais non, j'avais cette impression qu'elle s'effaçait le plus possible consciemment jusqu'à en devenir un meuble. Ouai, j'ai des avis sur tout le monde, plus ou moins bon, plus ou moins véridique. Je m'approchais d'elle, pas vraiment dans le but de lui parler, mais pas non plus dans le but de passer à côté d'elle en l'ignorant. En fait, je ne savais pas trop ce que je voulais faire et sa petite voix, décida finalement pour moi. « Belle journée n'est-ce pas ? » Je lui jetais un léger coup d'oeil, tordant un peu mes lèvres en une petite grimace. Après quelques secondes, je lui montrais ma boîte à cigarettes, lui parlant d'un ton monocorde, sans l'accabler ni la provoquer, mais sans non plus être gentille. « Tu fumes ? » Ouai bon, je ne lui répondais absolument pas à sa question, mais j'en avais aucune envie. Une belle journée ? Qu'est-ce qu'on en avait à faire, sérieux. Quoiqu'elle fasse, je venais m'asseoir à côté d'elle. « Tu sais que tu vas avoir le privilège d'être la première à qui je m'intéresse réellement. » Et privilège est un bien grand mot. « Sérieusement, pourquoi tu participes à ce jeu ? » Que je lui demandais finalement, me faisant un peu mal au cœur au passage, parce que l'on pourrait croire que j'en ai un maintenant.

« Non, je ... Non, non je ne fumes pas. » arrivais-je à bredouiller alors qu'elle me montrait un paquet de cigarette qui représentait le diable lui-même pour ma petite personne. Je ne comprenais pas les gens qui arrivait à se détruire la santé, à s'intoxiquer uniquement par pur plaisir ou bien à cause - soit disant - de stress. Il y avait pourtant bien d'autre façon de calmer ses nerfs, mais enfin je n'étais pas ici pour faire des cours sur le tabac et puis de toute façon je n'aurais jamais le courage de jouer les donneuses de leçons à des gens qui, eux, pouvaient tenir une conversation plus de deux secondes. Rite reprenait la parole en m'indiquant que j'allais avoir le privilège d'être la première personne à qui elle allait s'intéresser réellement. Connaissant le caractère de la piquante blonde j'avais un petit peu peur de la suite, mais je ne prenais pas la fuite et me contentais de me redresser légèrement. J'ouvrais la bouche, mais elle était bien plus rapide que moi. Pourquoi participais-je à ce jeu ? Très bonne question. Si je ne cherchais pas à quitter le jardin, mon regard fuyait tout de même le sien soudainement. « Je veux simplement m'ouvrir à de nouveaux horizons, casser la routine monotone dans laquelle je suis ancrée depuis quelques années. Je me suis dis que c'était peut-être un bon moyen pour corriger certains de mes défauts. Il s'agit peut-être d'une manière un peu radicale, mais si ça marche alors je serais la plus heureuse. L'argent et la gloire ce n'est pas vraiment ma tasse de thé. » répondais-je d'une petite voix toute douce alors qu'au fur et à mesure que je parlais ma gorge se serrait légèrement. Je tentais de paraître à l'aise en adressant un sourire à Rita avant de lui demander: « Et toi ? Pourquoi es-tu ici ? »

Satine semblait fragile et à la fois parfaite. Trop parfaite. C'est peut-être l'une de ses facettes qui m'énervait. Je n'aime pas les gens parfait, parce que seul moi l'être et ce sont mes petites imperfections, que j'assumais, qui me rendait alors à ce point parfaite. Elle ne fumait pas, je pouvais aisément parier qu'elle ne buvait pas non plus. Grrrr, il fallait vraiment, mais vraiment que quelqu'un la secoue avant qu'elle ne devienne aussi vieille que Graziella. Je la regardais de coin, lui envoyant en pleine figure qu'elle pouvait être fière d'avoir mon attention. Alors elle était là pour s'ouvrir à d'autre... Rien que cette phrase me donnait envie de rire, mais j'évitais. Elle le prendrait peut-être très mal si je venais à rire à son nez alors je repris le cours de son explication : « pour corriger certains de mes défauts. Il s'agit peut-être d'une manière un peu radicale, mais si ça marche alors je serais la plus heureuse. L'argent et la gloire ce n'est pas vraiment ma tasse de thé. » Je haussais de la tête, en fait je n'était pas vraiment capable de m'intéresser aux gens. Vraiment, même avec le plus grand effort du monde. Par contre, je ne pu pas m'empêcher de laissais échapper un léger bruit d'amusement, tout en venant allumer une cigarette entre mes lèvres. Me fichant un peu qu'elle ne fumait pas, elle. Ca m'amusait parce que ce qui n'était pas sa tasse thé était ce qui me poussait à participer au jeu. « Et toi ? Pourquoi es-tu ici ? » Un large sourire naquit sur mes lèvres, alors que j'expulsais ma fumé au dessus de ma tête. « Pour l'argent et pour la gloire. » Et là je sentais qu'elle allait être hyper gênée. « Surtout pour la gloire... » Car de l'argent, j'en avais un peu déjà, même un peu beaucoup. « J'ai toujours voulu être célèbre. Mes voix le sont déjà, maintenant je veux mettre un visage dessus » Que je lâchais avec un sourire en coin. Elle devait se demander de quoi je pouvais bien parler.

Rita était, mentalement, tout le contraire de moi et pourtant nous ne semblions pas si différentes d'un point de vue physique. Sans me vanter je pensais même pouvoir dire que nous étions, très certainement, deux des jeunes femmes les plus jolies du chalet. Je m'étonnais moi même à penser ce genre de chose qui semblait être des propos narcissiques, mais après tout ce n'était que la stricte vérité et puis de toute façon ce n'était pas comme si j'étais en train de le dire à vois haute. Suite à notre début de conversation je venais apprendre que la jeune femme n'était ici que pour la gloire et l'argent, mais surtout pour la gloire. C'était étrange, mais le contraire m'aurait étonné. Je me contentais de lui adresser un regard plein d'interrogation alors qu'elle continuait de parler en m'indiquant que elle rêvait de célébrité depuis sa plus tendre enfance et que de toute façon elle ne voulait que mettre un visage sur ses voix qui étaient déjà célèbres. Je fronçais les sourcils tout en continuant de la regarder avant de lui demander d'une petite voix toujours aussi douce: « Et ta voix est célèbre dans quel domaine ? » Oui j'étais une grande curieuse. Je réfléchissais quelques secondes à ce qu'elle venait de me dire avant de reprendre: « Enfin je pense que si ta vois est déjà célèbre tu n'a pas vraiment besoin de venir ici pour que ton visage le devienne aussi. » Ce que je disais était peut-être stupide, mais pour ma part je le voyais comme cela.

Je suis narcissique et j'aime le profit. Je suis encore un archétype : celui de la femme vénale. J'assume et j'aime. Evidemment que j'avais toujours rêvé d'être célèbre, j'ai toujours été faite pour ça. Pourtant, je n'ai jamais tout essayé pour y arriver : non, je ne fais pas partie de ces personnes essayant la télé réalité car il ne leur restait que ça. Je n'ai jamais participé au concours de Miss de la foire au maïs ou de la fête de la patate. Ni ce genre de mini miss ou je ne sais quoi d'autre hyper réducteur. J'ai travaillé et par ma seule force de caractère, j'ai réussi à écraser les autres d'un seul regard. Le seul titre que je détiens est celui de reine de promo, j'avoue. Bref, j'étais parvenu rapidement à me faire une place dans le monde de la pub : parce que je pensais et respirais argent et profit. Pas par amour d'un produit, non, j'en ai vraiment rien à battre des paquets de céréales dont je fais la pub, non ce qui m'intéresse c'est que grâce à ma voix, le nombre de vente augmente et que cela se répercute en zéro sur le chèque de mon salaire. Je sais bien que je venais de la perdre et qu'elle se demandais où je voulais en venir. « Et ta voix est célèbre dans quel domaine ? » J'aime parler de moi, c'est mon péché mignon. J'esquissais un sourire : « dans la publicité. Je suis voix off pour pub, j'ai déjà fait une émission télé en voix off... et mon ambition serait de devenir voix off de film... » Pas doubler non, mais être cette voix qui parfois, dans des films, raconte l'histoire. Ma vraie ambition, bien que j'aimais mon métier, était d'être actrice. Régner sur Hollywood en maîtresse. Car pour faire une voix, il faut être comédienne. Comme pour ce jeu finalement. « Enfin je pense que si ta voix est déjà célèbre tu n'a pas vraiment besoin de venir ici pour que ton visage le devienne aussi. » Je tirais sur la cigarette que je m'étais allumée. « Tu penses trop... » Commençais-je à dire, nonchalamment. La pure vérité. 'Tu voix, c'est comme un coup de com. D'la pub. Mettre mon don de comédienne au service de ce jeu, pour pouvoir prouver que je peux jouer dans des films...' Enfin c'est ce que j'aurai pu lui répondre... « Cherche pas blondie, c'est plus compliqué que tu ne le crois de se faire connaître... » Je marquais une pause, avant de reprendre. « Pourquoi t'es aussi coincée ? » Lui demandais-je d'un coup, d'un seul, ne comprenant pas comment pouvait-on l'être.